Madame de Maintenon

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Françoise d'Aubigné
Françoise d'Aubigné

Françoise d’Aubigné Marquise de Maintenon, (27 novembre 1635, prison de Niort - 15 avril 1719, Saint-Cyr-l'École), plus connue comme Madame de Maintenon, fut secrètement l'épouse de Louis XIV (16831715), roi de France et de Navarre.

Sommaire

[modifier] Enfance

Françoise d’Aubigné est née le 27 novembre 1635 à la prison de Niort, geôle de son père Constant d'Aubigné, le fils du célèbre poète Agrippa d’Aubigné. Née catholique, elle passe sa petite enfance chez Mme de Vilette, sa tante huguenote, au Chateau de Mursay, au nord de Niort. Elle va ensuite avec ses parents en Guadeloupe où son père est nommé gouverneur de Marie-Galante, un séjour qui lui vaudra le surnom de « Belle Indienne ». Elle revient en France en 1645 après la disparition de son père Constant d'Aubigné et est prise en charge par Mme de Neuillant, sa marraine, qui la place immédiatement chez les Ursulines pour la reconvertir au catholicisme, et abjurer sa foi calviniste.

[modifier] Premier mariage

Le poète Paul Scarron, premier mari de Françoise d'Aubigné
Le poète Paul Scarron, premier mari de Françoise d'Aubigné

En avril 1652, à l'âge de seize ans, elle épouse l'écrivain et poète paralytique Paul Scarron (16101660) de vingt-cinq ans son aîné, protégé de Madame de Neuillant, alors gouvernante des filles d'honneurs de la reine mère. Elle fut son épouse de 1652 à 1660. Devenue « Madame Scarron », elle devient l’animatrice, du salon ouvert par son mari, rapidement fréquenté par les écrivains de l'époque. Elle se tisse alors, de son côté, un solide réseau de relations avec les beaux esprits du Marais parmi lesquels se trouve Athénaïs de Montespan, Ninon de Lenclos, Bonne d'Heudicour et bien d'autres... À vingt-cinq ans, elle devient veuve et, si Scarron lui avait inculqué une grande culture, il la laisse sans le sou. De son mariage, Françoise avait gagné l’art de plaire et en avait conservé les relations, ainsi Anne d’Autriche, sollicitée par des amis communs accorda à la veuve Scarron une petite pension. À la mort de la reine mère, sa pension est rétablie par une Mme de Montespan, non encore favorite ; les deux femmes s'étaient rencontrées chez le maréchal d'Albret, cousin par alliance de Mme de Montespan et proche de Scarron. Si Athénaïs de Montespan pensait à elle pour devenir la gouvernante des bâtards royaux, c'était que la veuve Scarron avait su la divertir et qu’elle était discrète mais aussi et surtout parce que Françoise savait bien que l’on gagnait toujours à servir le roi.

[modifier] Au service des enfants du roi

En 1669, sous la Proposition de Madame d'Heudicourt, elle accepte la charge de gouvernante des enfants illégitimes du roi et de Madame de Montespan alors qu’elle vient de refuser d'être la dame de compagnie de la reine du Portugal. Elle s’installe donc à Vaugirard et y rencontre pour la première fois le roi qui s’y aventurait pour voir ses enfants. Elle réapparaît à la cour en 1673 lors de la légitimation des bâtards royaux.

Sa véritable relation avec le roi débuta en 1675, d’ailleurs Louis XIV écrivit dans son journal « il y a quelques jours, un gentilhomme de gris vêtu, peut-être un prince errant incognito entreprit durant la nuit une nymphe égarée dans le parc de Saint-Germain. Il savoit le nom de cette nymphe qu’elle étoit belle, bonne, pleine d’esprit mais sage. La nymphe cependant se laissa faire et ne lui refusa aucune faveur. Cette nymphe ressemblait à s’y méprendre à Mme Sc. ; et je crois deviner qui étoit le prince vêtu de gris. Ce prince est comme moi, il déteste les femmes légères, il honnit les prudes, il aime les sages. », sa faveur commença à se déclarer lorsque en 1675, le roi la nomme « marquise de Maintenon[1] ».

Louis XIV en 1661 par Charles Le Brun.
Louis XIV en 1661 par Charles Le Brun.

Elle s’acquitta avec succès de sa tâche puisque le roi lui conféra en 1680, la charge de « dame d’atour » de la dauphine. C’est à l’occasion de cette charge qu’elle se rendit à Barèges pour soigner le duc de Maine, franchissant le col du Tourmalet en 1675. Par la suite tout s'accéléra, sa faveur grandit, elle forma avec le roi le vrai couple parental des bâtards dont le duc de Maine.

[modifier] Le mariage secret

Madame de Maintenon
Madame de Maintenon

La disgrâce progressive de Mme de Montespan, compromise dans l’affaire des poisons, et la mort, le 30 juillet 1683 de la reine Marie Thérèse d'Autriche (1638-1683) mettent fin au cas de conscience qui se posait à Mme de Maintenon concernant sa relation avec Louis XIV et lui permettent de prendre un ascendant grandissant sur le roi. Celui-ci, amoureux, a besoin d'une femme, mais sa « conversion » l'incite à fuir le péché de la chair. Ne voyant pas d'utilité en une union politique avec l'infante du Portugal ou la princesse de Toscane, pourtant citées comme favorites pour le trône, le roi penche vite pour un mariage d'inclinaison avec celle qu'il aime.

Avec le soutien actif de l'Église de France, Françoise d'Aubigné, veuve Scarron et âgée de près de cinquante ans épouse secrètement, dans la nuit du 9 au 10 octobre 1683, le roi de France et de Navarre, « le plus grand roi du monde » selon les dire de Louvois. Ce mariage « secret » ne restera secret que pour le peuple. À la Cour, l'on sait bien ce qu'il en est : le roi passe une grande partie de son temps dans les appartements de sa femme, et, lorsque madame de Maintenon se déplace en chaise à porteurs, les princesses doivent suivre immédiatement derrière. Ce qui fera dire à Madame de Maintenon : « Mon bonheur est éclatant ».

[modifier] Son influence sur Louis XIV

Mme de Maintenon fait planer sur la cour une ère de dévotion et de rigueur. On lui prête une grande influence, faite de rigueur et d’austérité sur le roi et sur la Cour, notamment concernant la décision ayant conduit à la révocation, en 1685, de l’édit de Nantes, qui, « interdisant » les protestants, provoqua l’exode massif de ceux-ci et de leurs capitaux, ce qui eut pour effet de ruiner la France, ou l’incitation au déclenchement de la guerre de Succession d'Espagne en 1701. Les historiens se sont beaucoup interrogés et s’interrogent encore sur le rôle réel joué par Mme de Maintenon, accusée de tous les maux. En ce qui concerne précisément la révocation de l'Édit de Nantes, l'ensemble des historiens souscrit aujourd'hui à la démonstration résumée par François Bluche dans sa biographie de référence sur le grand roi : « La marquise de Maintenon se réjouit des conversions, quand elles lui semblent le résultat de la persuasion et de la douceur. Mais elle répugne à la contrainte envers ses anciens coreligionnaires. Seules une polémique outrancière, puis une légende sans fondement pourront faire croire qu'elle ait encouragé le monarque à la dureté. » Son influence n'était que d'« ordre morale », car le roi ne supportait pas qu'une femme s'ingère dans la politique.[réf. nécessaire]

Il est sûr que son statut ambigu (elle était une simple mondaine en public, reine en privé mais aussi collaboratrice, belle-mère et belle grand-mère) fut source pour elle d'une grande tension psychologique. Peu aimée de la famille royale, elle le fut encore moins des courtisans et du peuple qui lui prêtaient un pouvoir disproportionné et voyaient en elle le « mauvais génie » de Louis XIV.

[modifier] Dernières années et destin ultérieur

Trois jours avant la mort du roi en 1715, elle se retire jusqu'à sa propre disparition à Saint-Cyr dans la Maison royale de Saint-Louis, fondée en 1686 (où elle reçoit la visite du tsar Pierre le Grand), maison d'éducation pour jeunes filles nobles et désargentées. En 1793, la Maison royale devint un hôpital militaire pour finalement accueillir, de 1808 à 1940, l’École spéciale militaire de Saint-Cyr et, depuis les années 1960, un lycée d'enseignement des enfants des décorés de la Légion d'honneur. À sa mort en 1719, Madame de Maintenon est embaumée et ensevelie à Saint-Cyr. Son corps, bien conservé, est déterré en 1793 par les révolutionnaires (« Ce jour-là, elle fut traitée en reine », écrit un de ses biographes, cité dans L'Allée du Roi) et sa trace se perd.

L'établissement occupé par les Allemands est détruit par les bombardements de 1944. C’est pendant des travaux de reconstruction qu’on découvre, dans les greniers de Saint-Cyr, une caisse marquée « Ossements de Madame de Maintenon ». Ces restes, d'abord placés dans la chapelle royale du château de Versailles, sont enterrés depuis le 15 avril 1969 dans la chapelle de l'école militaire de Saint-Cyr, alors que toutes les dépouilles des Rois de France ont été dispersées à la Révolution. Conformément à ses souhaits, Madame de Maintenon est inhumée dans l'ancienne Maison Royale de Saint-Louis à Saint-Cyr, Saint-Cyr dont elle aurait dit en 1715 en s'y retirant à la mort du roi : « Ces murs fermant ma retraite seront aussi ceux de mon tombeau ».

Curiosité de l'Histoire de France, la « reine sans couronne » est arrivée jusqu'à nous.

À noter qu'il existe dans le château de Maintenon un cénotaphe de Madame de Maintenon comportant le fac-similé de la plaque épitaphe du premier tombeau de Madame de Maintenon à Saint-Cyr.

[modifier] Œuvres en ligne

[modifier] Bibliographie sélective

  • Françoise Chandernagor, L’allée du roi : souvenirs de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, épouse du Roi de France, Paris, Julliard, 1995 ISBN 2266067877
  • André Lambert, La reine sans couronne : Françoise de Maintenon, l'épouse secrète de Louis XIV, Paris : Del Duca, 1962 ISBN 2866470087
  • Alain Niderst, Autour de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon : actes des Journées de Niort, 23-25 mai 1996, Paris : H. Champion, 1999
  • Simone Bertière, Les Femmes du Roi-Soleil, Éditions de Fallois, 1998, ISBN 2-253-14712-5
  • André Castelot, Madame de Maintenon, La reine secrète, Éditions Perrin, 1996, ISBN 2-262-01249-0
  • Louis Mermaz, Madame de Maintenon - Livre de poche
  • Eric Le Nabour, La Marquise de Maintenon, Paris, Pygmalion, 2007 ISBN 9782857048930

[modifier] Notes et références

  1. Après un quart d'heure humiliant que lui a infligé Madame de Montespan à propos de son mariage avec Monsieur Scarron, le roi lui dit, peu de temps après cette dispute et en public : « Je vous sais un gré infini de toutes les choses que vous faites pour mon service Marquise de maintenon. », et d'une seule phrase, il balaya ainsi le vieux poète Scarron dont Françoise d'Aubigné disait elle-même: « Ce passé malheureux qui collait à ma peau. »

[modifier] Voir aussi

[modifier] Inspiration

[modifier] Articles connexes

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