Métis

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Représentation d'un Mestizo à la fin du XVIIIe siècle en Nouvelle-Espagne
Représentation d'un Mestizo à la fin du XVIIIe siècle en Nouvelle-Espagne

La notion de métis (du mot latin *mixtīcius, < mixtus qui signifie mélangé/mêlé) désigne le mélange de deux éléments distincts. À partir du XIIIe siècle, il désigne le croisement de deux espèces animales ou végétales différentes (un mestis). En 1615 le mot « métice », emprunté au portugais, désigne alors une personne née de parents appartenant à des populations présentant des différences phénotypiques importantes (comme la pigmentation de la peau). Ce terme fut notamment utilisé pour désigner les nombreux descendants de parents européens et « indigènes » issus de la colonisation. Enfin, on parle de métis pour des tissus (ex. toile métisse), des métaux (ex. fer métis), des mots, etc. issus du mélange de deux éléments distincts.

Sommaire

[modifier] Le métissage dans le monde

Le phénomène de métissage apparaît dans toutes les sociétés qui ne sont pas géographiquement isolées des autres, mais il peut avoir une ampleur différente selon les époques et les circonstances historiques.

Quand le sud de l'Espagne était sous domination maure, par exemple, le métissage des peuples espagnols, maures, et juifs était relativement courant. Le Brésil est aujourd'hui un pays dont la population résulte d'un métissage entre les Amérindiens, les Noirs et les Blancs, et même si l'on peut trouver des communautés formées selon l'origine, le métissage y est considéré comme une valeur nationale, comme un emblème du pays, de la même façon que la musique latine est la résultante des influences africaines, européennes et indigènes.

De même pour la petite île française de La Réunion dont le métissage et la coexistence harmonieuse de cultures et de religions est considéré aujourd'hui comme un atout et un exemple. Dès l'origine, le peuplement de l'île par un groupe de français et de malgaches (l'île était inhabitée)s'est effectué par le métissage. L'afflux massif de population est issu de l'esclavage (malgaches, africains), puis du recours à des "engagés" indiens (appelés aujourd'hui "zarabes" ou "malbar"), et enfin à l'arrivée plus tardive de chinois. Chaque flux a créé sur le moment des tensions, notamment, en raison du faible nombre de femmes. Les derniers arrivés sont les Comoriens et les Mahorais dont l'intégration est en cours. Un terme particulier est appliqué aux enfants nés à la Réunion d'au moins un parent "zoreil" ou "métro" (c'est-à-dire venant tout juste de métropole) : "zoreol".

L'Amérique est une zone de peuplement humain où le métissage a une influence non négligeable. À l'inverse, les mariages mixtes, que ce soit entre des groupes nationaux, ethniques, religieux ou raciaux différents peuvent être découragés par la pression sociale, par la loi (à Athènes, n'était citoyen que celui dont les deux parents l'étaient eux-mêmes), voire simplement interdits (ainsi en Afrique du Sud pendant l'apartheid, dans certains États des États-Unis jusque dans le courant du XXe siècle, en Chine durant la période mandchoue entre Chinois et Mandchous). La Déclaration universelle des droits de l'Homme interdit dans son article 16 toute restriction au droit au mariage pour des raisons de race, de nationalité ou de religion.

À l'inverse, certains pays ont peu connu de métissage, pour des raisons géographiques ou historiques. La Chine, longtemps séparée du reste du monde par des déserts et des chaînes de montagnes infranchissables, est aujourd'hui un des pays les plus ethniquement homogène, surtout si l'on considère les provinces côtières et centrales et qu'on exclut les vastes régions autonomes peuplées en grande partie de minorités ethniques.

À part quelques éventuelles cultures traditionnelles hermétiquement isolées sur des îles de la Micronésie, il n'existe pourtant pas de peuple qui ne soit pas le résultat d'un certain métissage, remontant parfois très loin dans le temps, ni de culture qui n'ait été influencée par des éléments extérieurs.

En France, la population est initialement constituée de Celtes (Gaulois). La conquête de la Gaule par Jules César verra l'installation de vétérans romains principalement dans le sud de la France (Orange, Aix) et la diffusion de la culture latine sur l'ensemble du territoire. Durant les grandes invasions entre le IV et le VII siècle de nombreux peuples traverseront la France mais seuls deux auront une influence notable, les Wisigoths qui formeront un royaume à Toulouse avant d'être battus par les Francs déjà maîtres du reste de la Gaule qui prendra désormais le nom de "Rex Francorum" ou Royaume des Francs qui deviendra la France. Entre le règne de Charlemagne et le début du XXe siècle, c'est à dire quinze siècles l'immigration en France fut extrêmemnt limitée. Le métissage a continué dans l'histoire récente avec la colonisation et les migrations économiques ou politiques, volontaires ou forcées : Italiens et Polonais pour l'industrie minière, Italiens et Espagnols fuyant le fascisme et le franquisme, occupation allemande et libération par les troupes américaines, britanniques et d'outre-mer, besoin de main d'œuvre pour la reconstruction, et la facilité de circulation entre les pays. Certains n'hésitent pas à parler de la France « black, blanc, beur» pour désigner cette multiethnicité récente, et à scander qu'à la « première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d'immigrés ». Cette affirmation d'une France métisse se transcrit dans un modèle politique dit d'« intégration », qui se heurte actuellement à une montée des « communautarismes ».

[modifier] Aspects ethniques et culturels

Dans l'imaginaire de nombreux peuples, l'unité ethnique est symbolisée par le sang comme dans l'expression « sang bleu » des nobles français, le métissage est alors considéré comme un mélange de sang, les métis sont des « sang mêlés ». On parle ainsi du « droit du sang » lorsqu'un pays n'accorde la nationalité que lorsqu'un des parents a déjà la nationalité (par opposition au « droit du sol » qui accorde la nationalité aux individus nés dans le pays). La devise de la Légion étrangère est par ailleurs "Etrangers devenus fils de France, non par le sang reçu, mais par le sang versé."[1]

Lorsqu'il y a tension entre des groupes ethniques, il arrive que les métis soient rejetés par leurs deux communautés d'origine. Il en va différemment du métissage culturel qui ouvre souvent de nouvelles possibilités, en particulier dans le domaine artistique.

Le métissage des peuples s'accompagne quelquefois d'un métissage culturel dont il résulte de nouveaux modes de vie ou expressions artistiques. Toutefois, les simples échanges culturels, qui peuvent être de nature strictement informelle, ne se définissent pas comme les produits du métissage. Celui-ci procède d'une véritable émulation dont il résulte une nouvelle culture avec ses propres modes d'expression.

On peut citer parmi les régions du monde caractérisées par cette culture métisse les pays d'Amérique latine ou encore les Caraïbes. Le métissage, tant de la culture que des peuples, fait partie intégrante de l'histoire de ces régions et est revendiquée comme une identité culturelle.

Le country-blues, musique très populaire dans l'Amérique rurale, est le produit du métissage entre la musique irlandaise, apportée par les Irlandais fuyant la répression au XIXe siècle, et le blues des esclaves noirs américains.

[modifier] Approche idéologique

Avec le développement des idéaux pacifistes, la fin du XXe siècle a été marquée par une forte valorisation du métissage. Il devient un canon de beauté et l'on observe en effet l'élection des premiers top-models métis. Mais aussi, le métissage se forge une identité musicale avec la popularisation de la world music, tandis que la mode vestimentaire connaît une vague du « style ethnique ».

D'un point de vue idéologique, les enjeux sont profondément enracinés dans les débats sur le racisme. Le racialisme, théorie considérée non scientifique par ses détracteurs, subdivisant l'espèce humaine en races nettement distinctes, nomme métisse une personne dont les parents sont de races différentes. Cette définition était appliquée dans certains pays effectuant un classement officiel de leurs ressortissants en terme de race, par exemple l'Afrique du Sud à l'époque de l'apartheid. Aux États-Unis, en revanche, même si les parents appartiennent à des classifications ethniques différentes (Hispanic, Caucasian, Asian, Chinese, Japanese, Italian, African American), les enfants étaient rattachés à une seule de ces catégories dans les questionnaires de recensement. Depuis le Census 2000, les catégories "Multiracial", "Two or more races" and "Other" sont proposées.

[modifier] Les grands groupes métis

[modifier] Métis du Canada

Au Canada, Métis (avec majuscule) désigne un peuple autochtone habitant principalement l'ouest du pays, descendants des femmes cries, ojibwés, saulteaux et d'hommes français, ou écossais et anglais venus pour exploiter la pelleterie. L'origine de ce peuple remonte au XVIIe siècle. Il y a aussi des Métis en Ontario, au Québec, et au Labrador.

Le Métis le plus célèbre du Canada est Louis Riel qui négocia avec le gouvernement canadien la création de la province du Manitoba et qui mena deux « rébellions » (plusieurs les considèrent comme de légitimes mouvements de résistance, et la première ne reçut le titre de rébellion qu'après sa conclusion) contre les gouvernements britannique et canadien. Après la seconde rébellion, des spéculateurs réussissent à déposséder les Métis de leurs terres en exploitant un programme établi par le gouvernement canadien pour acheter ces terres.

Le gouvernement canadien ne reconnaît pas les Métis comme « première nation », mais la constitution canadienne de 1982 les reconnaît comme peuple autochtone, ce qui leur permit de regagner des droits traditionnels, par exemple les droits de chasse.

Différentes communautés métisses parlent différentes langues. Certaines parlent une variété de français nommée métchif (mitchif, mechif ou michif), mais que les linguistes nomment français métis, pour la distinguer de la langue mixte français/cri du même nom parlée par d'autres communautés et souvent méprise pour un langage. D'autres communautés parlent l'anglais métis, le cri métis ou le saulteaux/ojibwé métis. Les écoles établies par l'église catholique se consacrèrent à remplacer cette langue par le français standard, et peu de gens le parlent encore aujourd'hui. Actuellement, l'anglais est souvent employé par les Métis.

Du fait d'une définition peu précise du peuple métis, la population concernée est difficilement estimable. Les estimations varient de 300 000 à 800 000 personnes.

[modifier] Métis d'Amérique latine

En Amérique latine et dans l'Amérique du Nord francophone, métis/métisse (mestizo/mestiza en espagnol) désignait à l'origine plus particulièrement une personne née d'un père indigène et d'une mère européenne ou d'un père européen et d'une mère indigène. En effet, les personnes issues d'un parent africain étaient appelés zambos ou créole (les personnes issues d'un parent africain et d'un parent européen étant les mulâtres). Bien que le terme soit généralement encore utilisé pour les enfants dont l'un des parents est de type européen, le métissage concerne plus globalement tous les couples de type visiblement différent.

[modifier] Métis du Mexique

De nombreux Mexicains sont métis, c'est-à-dire qu'ils possèdent des ascendants européen et indigène. Parmi les personnalités mexicaines célèbres d'origine métisse :

[modifier] Métis du Brésil

[modifier] Notes

  1. La Legion Etrangere

[modifier] Voir aussi

wikt:

Le Wiktionnaire possède des entrées pour « Métis » et « métis ».

[modifier] Liens externes