Médée

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Médée, peinture murale romaine, v. 70-79, Galleria Nazionale di Capodimonte (Naples)
Médée, peinture murale romaine, v. 70-79, Galleria Nazionale di Capodimonte (Naples)

Dans la mythologie grecque, Médée (en grec ancien Μήδεια / Mếdeia, en latin Medea) est la fille d'Éétès, roi de Colchide. Elle est magicienne, comme sa tante Circé (ou sœur dans certaines traditions qui la font naître d'Hécate).

Sommaire

[modifier] Le mythe : de Colchide en Colchide

Particulièrement sombre, la légende de Médée est constituée d'une succession de meurtres ponctués de fuites, qui la voient accomplir un voyage à travers la Grèce.

[modifier] Les Argonautes en Colchide

L'histoire de Médée débute avec l'arrivée des Argonautes en Colchide. Ceux-ci recherchent la Toison d'or sous le commandement de Jason (la quête ayant été initiée par son oncle Pélias, roi usurpateur d'Iolcos). La Toison est détenue par le roi Éétès qui accepte de la céder si les héros accomplissent certaines tâches apparemment impossibles.

Or Médée tombe amoureuse de Jason sitôt qu'elle le voit,car elle a été ensorcelée par la déesse Aphrodite qui est l'une des déesses protectrices de l'expédition. Le héros convoite surtout l'aide providentielle que ses pouvoirs pourraient apporter, aussi il donne la réplique, promettant à Junon (femme qu'il aime et femme de Jupiter) de s'enfuir avec elle et de l'épouser dès qu'ils seraient parvenus en Grèce et qu'il aurait tranché le cou de Médée. C'est ainsi que les Argonautes peuvent triompher des différentes embuches et conquérir la Toison d'or.

Furieux, Éétès, qui n'a en fait pas l'intention de laisser échapper la Toison, entreprend de les poursuivre, mais Médée favorise leur fuite en tuant son frère cadet Apsyrtos : selon une version de l'histoire, elle le tue et le découpe en morceaux, les dispersant, si bien que son père, à la poursuite des Argonautes, s'attarde à ramasser les fragments du corps ; dans d'autres versions, Apsyrtos est déjà adulte et mène lui-même la poursuite jusqu'au moment où Médée le tue.


Jason et Médée, sarcophage romain de la fin du Ier siècle, Palazzo Altemps (Rome)
Jason et Médée, sarcophage romain de la fin du Ier siècle, Palazzo Altemps (Rome)

[modifier] Arrivée à Iolcos

De retour à Iolcos, Jason constate que Pélias a profité de son absence pour tuer son père et se débarrasser de sa famille. Médée met alors au point une ruse pour le venger : elle se présente au palais de Pélias comme une prétresse d'Artémis et devant les filles du roi, elle rajeunit un bélier en le faisant bouillir dans un chaudron avec des herbes magiques ; elle les persuade ensuite d'en faire autant avec leur père, mais elle leur donne des herbes sans aucun pouvoir, et les filles de Pélias causent malgré elles la mort de leur père.

[modifier] Exil

Jason et Médée sont bannis d'Iolcos par Acaste, fils de Pélias ; ils se réfugient alors à Corinthe, où ils sont accueillis par le roi Créon. Mais Jason tombe amoureux de la fille du roi, Créüse, et il se marie avec elle, répudiant Médée. Celle-ci se venge en tuant sa rivale en lui offrant une robe magique qui la brûle ainsi que son père, puis incendie le château. Elle tue ensuite de ses mains les enfants qu'elle avait eus avec Jason (Phérès et Merméros). De désespoir, Jason se donne la mort.

[modifier] Fuite vers Athènes

Médée, ménacée par les Corinthiens, s'enfuit et trouve refuge auprès d'Égée, roi d'Athènes : elle lui promet ce qu'il convoite le plus — un fils —, et il accepte de l'épouser. Un enfant, Médos, naîtra effectivement peu après, pour qui Médée nourrira un destin royal ; cependant l'arrivée de Thésée (dans le minotaure) (fils inconnu d'Égée) à Athènes bouleversera ses plans et la dressera contre le nouveau-venu. Après plusieurs tentatives infructueuses, Médée réussit à convaincre son époux que Thésée est un traître, et qu'il convient de l'empoisonner : le drame est évité de justesse, Égée reconnaissant son fils à son épée au dernier moment. Folle de rage, elle s'empara alors du trésor d'Athènes, plusieurs tonnes de diamant. Dans sa fuite sur son char de feu tiré par des cobras, elle laissa échapper la moitié du trésor royal.

[modifier] Retour en Colchide

Médée, par Eugène Delacroix (1862)
Médée, par Eugène Delacroix (1862)

Découverte, Médée doit fuir Athènes : elle rentre alors vers sa Colchide natale avec son fils Médos. Là, elle trouve sur le trône Persès, son oncle, qui avait détrôné son père après la fuite des Argonautes. Elle le tue et restitue le pouvoir à son père, Éétès.

Dans certaines traditions, Médée est présentée après sa mort comme l'épouse d'Achille dans les Îles des Bienheureux.

[modifier] Le mythe de Médée à Éleusis

Sur un cratère à volutes apulien du Peintre de Darius (ca. 340 av. J.-C. - 320 av. J.-C.), apparaît une variante du mythe selon laquelle Médée se serait rendue à Éleusis. Sur ce cratère aujourd'hui au musée de l'Université de Princeton, Médée se trouve dans le temple d'Éleusis comme l'atteste l'inscription ΕΛΕΥΣΙΣ ΤΟ ΙΕΡΟΝ. L'interprétation du vase par Arthur Dale Trendall laisse penser que, dans une tradition mythologique perdue, Médée n'aurait finalement pas tué ses deux enfants.

[modifier] L'interprétation de Christa Wolf

L'auteur se réfère à des sources antérieures aux textes des Tragiques, et décharge le personnage de tout meurtre. Médée est une femme libre et étrangère, qu'on accuse d'être une magicienne, dès que sa présence dérange.

La reine muette Mérope révèle à Médée le meurtre fondateur de la cité. Le caveau mortuaire caché contient un squelette d'enfant, celui d'Iphinoé, la première fille de Créon et Mérope, tuée sur l'ordre de Créon, qui redoutait son arrivée à la tête de la cité.

Cette révélation brise le silence, le faux oubli, la peur. La peste s'empare de la ville. Le peuple cherche un coupable et le trouve dans l'étrangère, vite bannie par Créon, et qui doit laisser ses enfants. Elle les confie, furieusement, à la déesse Héra, dans son temple. Le peuple les lapide, et accuse Médée de les avoir tués.[1]

[modifier] Évocations artistiques

Infanticide, fratricide et régicide, le personnage de Médée a inspiré de très nombreux artistes, dans tous les domaines et à toutes les époques. On peut notamment citer les œuvres homonymes :

Œuvres littéraires 
Œuvres picturales 
Œuvres musicales 
  • Médée, tragédie lyrique de Marc-Antoine Charpentier sur un livret de Thomas Corneille, 1693 ; elle n'a pas été reprise au XVIIIe siècle, car ce fut un échec ; elle a en revanche été enregistrée deux fois par William Christie (chez Harmonia Mundi avec Jill Feldman, chez Erato avec Lorraine Hunt-Lieberson) et une fois par Hervé Niquet (DVD chez Armide, version de concert, avec Stéphanie d'Oustrac) ;
  • Médée et Jason, tragédie lyrique de Joseph François Salomon sur un livret de l'abbé Pellegrin, 1713, [parodiée au Théâtre-Italien par Biancolelli, Riccoboni et Romagnesi en 1727, par Carolet en 1737 et sous le titre La femme jalouse par Valois d'Orville en 1749. À l'inverse de la tragédie lyrique de Charpentier, cette œuvre eu un certain succès et fut reprise quatre fois au XVIIIe et rééditée à chaque reprise ;
  • Médée, ballet tragi-pantomime de Jean-Joseph Rodolphe, chorégraphié par Jean-Georges Noverre, 1762 ; repris par le chorégraphe avec une musique de Louis Garnier en 1776 ; un ballet parodique a aussi été écrit par Jean-Étienne Despréaux et représenté en 1780 à la cour ;
  • Medea, mélodrame de Georg Benda, 1784 ;
  • Medea in Corinta, opéra de Giovanni Simone Mayr sur un livret de Felice Romani, 1813 ; cet opéra a été enregistré sur le vif avec Leyla Gencer, mais le disque édité chez MYTO est désormais introuvable ;
  • Medéé, opéra de Luigi Cherubini sur un livret de François Benoît Hoffman créé dans sa version française le 13 mars 1797 ; Cherubini a aussi fait une version italienne de cet opéra, Medea, repris avec grand succès par Maria Callas ;
  • Medea, opéra de Saverio Mercadante, 1851 ;
  • Médée, opéra de Darius Milhaud, 1939 ;
  • Medea, opéra de Mikis Theodorakis;
  • Freispruch für Medea, opéra de Rolf Liebermann;
  • Medea, opéra de Gordon Kerry, 1990-1992;
  • Medea, opéra de Pascal Dusapin sur un texte de Heiner Müller, 1990;
  • Medea in Korinth, oratorium de Georg Katzer 2002;
  • Medea, chœur en corse de A filetta 2005;
  • Medea, chanson du groupe allemand Vland Stut;
  • Songe de Médée, ballet d'Angelin Preljocaj, musique : Mauro Lanza - création en 2005, pour l'Opéra national de Paris avec Marie-Agnès Gillot, Wilfried Romoli, danseurs étoiles et Eleonora Abbagnata, première danseuse.
Œuvres cinématographiques 

[modifier] Sources

[modifier] Notes et références

  1. Annie Defourmantelle, La femme et le sacrifice, Denoël, 2007, (ISBN 978-2-207-254-127).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • (en) Emma Griffiths, Medea, Routledge, New York, 2005 (ISBN 0-415-30070-3).
  • Alain Moreau, Le Mythe de Jason et Médée. Le Va-nu-pied et la Sorcière, Les Belles Lettres, coll. « Vérité des mythes », Paris, 1994 (ISBN 2-251-32420-8).

[modifier] Liens externes

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