Lionel Groulx

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Groulx.
Le chamoine Lionel Groulx, entre 1925 et 1935
Le chamoine Lionel Groulx, entre 1925 et 1935

Lionel-Adolphe Groulx (Chenaux, 13 janvier 1878 - Vaudreuil, 23 mai 1967) aussi connu sous ses titres d'abbé Groulx ou de chanoine Groulx, était un prêtre catholique, un historien, un écrivain et un nationaliste québécois.

Sommaire

[modifier] Biographie

Après sa formation au séminaire, il enseigna au Collège de Salaberry-de-Valleyfield, puis à l’Université de Montréal, où il édita une revue mensuelle appelée l’Action française. À la Ligue d'Action française, Groulx rejoignait un groupe de nationalistes qui avait milité d'abord dans la Ligue des Droits du français en faveur du bilinguisme au Québec — ce qui signifiait la restauration du français, langue de la majorité, dans l'espace public. Ils travaillaient non seulement à rétablir le sens de la fierté comme antidote au mépris colonial, à la subordination et à l'assimilation, mais à l'essor d'un nationalisme économique. Plusieurs d'entre eux enseignaient ainsi aux HEC Montréal, tel Esdras Minville. Le Père Archambault quant à lui développait la doctrine sociale de l'Église à L'École sociale populaire, dont les directives influencèrent l'Action libérale nationale dans les années 1930, parti réformiste et patriote qui fut absorbé par l'Union nationale.

Groulx a tracé un programme de développement national du Québec sur les plans économique, social, culturel et intellectuel. Selon lui, cela passait d'abord par l'éducation nationale et la réforme à Québec : l'instauration d'un véritable « État français », selon son expression, impliquait de ne plus négliger cet instrument de taille qu'était l'État provincial, à la disposition des Canadiens-français pour se tirer du sous-développement. Son souverainisme n'était jamais totalement fermé à l'optique de la réforme de la Confédération. Mais il faut dire qu'il tendait alors le plus souvent à entendre « Confédération » au sens strict, union d'états souverains, plutôt que fédéraliste. Il tenait à souligner l'accession du Canada à l'indépendance après le statut de Westminster. De plus, son sentiment nationaliste était modéré par le christianisme catholique et il vint à comprendre les bienfaits de l'universalisme chrétien.

Groulx développa aussi un programme d’études d’histoire du Québec dans lequel il réfutait la théorie de la Conquête providentielle ou bénévole par la Grande-Bretagne, courante à l’époque, et enseigna plutôt que la Conquête fut un désastre pour les Canadien français. À la différence de la future École de Montréal, il croyait cependant ce malheur réversible, et croyait particulièrement que diverses étapes de l'histoire du Québec depuis lors pouvaient apparaître comme des étapes de reconquête de la liberté, quoique encore bien incomplète.

Il mit l'accent sur l'acquisition de droits et de reconnaissance nationale par les Canadiens français : l'Acte de 1774, le gouvernement responsable avec Baldwin et Lafontaine en 1849 (Lord Elgin) et enfin la restauration de l'autonomie provinciale en 1867. Il critiqua également la Confédération canadienne de 1867, insistant sur la faillite de ses promesses de reconnaissance des droits des provinces et de minorités, tel que démontré par la longue succession d'interdictions des écoles françaises hors-Québec et l'hostilité manifestée envers le fait français à travers le Canada.

Lionel Groulx épousa la théorie selon laquelle le seul espoir de survie pour le Québec était d’encourager un Québec français et catholique comme rempart contre la puissance anglo-protestante. Pour lui, la réforme et le redressement de la condition canadienne-française passaient donc par des mesures du gouvernement de Québec. Il s’est réjoui au moment de l’adoption du fleurdelysé en 1948.

Les écrits majeurs de Lionel Groulx sont notamment La Confédération canadienne (1917), Notre maître le passé (1936), Notre grande aventure. L'Empire français en Amérique du Nord (1534-1760) (1958), Histoire du Canada français depuis la découverte (1951) et Le Canada français missionnaire (1962). Il est connu pour avoir dit « Notre État français, nous l'aurons ». Il est redevenu davantage fédéraliste vers la fin de sa vie, sans jamais se désintéresser de l'indépendantisme.

Groulx fonda l’Institut d’histoire d’Amérique française (IHAF) en 1946, un institut situé à Montréal dévoué à l’étude historique de la présence française en Amérique du Nord, à l'histoire du Québec, et qui rassemble la majeure partie des historiens québécois.

[modifier] Critique et analyse de l'oeuvre

Les auteurs David Rome et Jacques Langlais ont accusé Lionel Groulx d’être antisémite - sous le couvert de ses pseudonymes; dans ses memoires, Groulx se trahit en révélant ses pseudonymes. Esther Delisle a réalisé des études controversées sur sa personne et son époque. Pierre Trépanier, spécialiste de Groulx, a réfuté une partie des liaisons entre la pensée de Maurras et celle de Groulx soutenues par Delisle. Pierre Anctil, auteur de l'ouvrage "Le Devoir, les Juifs et l'immigration au Québec : de Bourassa à Laurendeau", diverge profondément avec Delisle.

Gérard Bouchard, dans Les deux chanoines et Michel Bock dans Quand la nation débordait les frontières ont apporté d'autres analyses. Quant à Ronald Rudin, dans Faire de l'histoire au Québec, il rappelle le rôle de pionnier de Lionel Groulx dans le développement de la discipline historique au Québec. Groulx fut titulaire de la première chaire d'histoire du Canada et bâtisseur des fondations du futur département d'histoire de l'université de Montréal dans les années 1930 et 1940 : ce département prit son envol après la Seconde Guerre mondiale, et Groulx avait travaillé, comme c'était la coutume à l'époque, à se trouver un successeur. Après plusieurs tentatives, il misa sur Guy Frégault. Mais ce fut Maurice Séguin qui le remplaça à l'Université de Montréal.

Le chanoine Groulx fut dans ces années d'après-guerre le fondateur de l'IHAF et de la RHAF. Rudin met cela en relief tout en mettant en évidence les préjugés de Lionel Groulx mais dans leur contexte d'époque, où ils ne différaient guère de ceux d'un Mackenzie King, premier ministre canadien durant deux décennies, pour prendre un exemple significatif.

[modifier] Pseudonymes[1]

  • Aymérillot II
  • Jacques Brassier
  • Alonié de Lestres
  • Jean Dombreval
  • David La Fronde
  • André Marois
  • Isidore Legrobeur
  • Léo
  • Lionel Montal
  • Nicolas Tillemont

[modifier] Notes

  1. Voir à ce sujet: Juliette Rémillard. « Lionel Groulx - Bibliographie (1964-1979) », Revue d’histoire de l'Amérique française, 32, 3 (décembre 1978), p. 468.

[modifier] Bibliographie

  • L'Education de la volonté en vue du devoir social, 1908
  • Une Croisade d'adolescents, 1912
  • L'Appel de la race, 1912
  • Petite histoire de Salaberry-de-Valleyfield, 1913
  • Ceux qui viennent, 1914
  • Nos luttes constitutionnelles, 1915
  • Les Rapaillages, 1916
  • Par nos champs et nos rives... , 1917
  • L'Histoire acadienne, 1917
  • L'Action française, 1917
  • Pour l'Action française, 1918
  • La Confédération canadienne, 1918
  • La naissance d'une race, 1919
  • Silhouettes paroissiales, 1919
  • Si Dollard revenait..., 1919
  • Méditation patriotique, 1920
  • Chez nos ancêtres, 1920
  • Lendemains de conquête, 1920
  • Consignes de demain : doctrine et origines de l'Action française, 1921
  • Vers l'émancipation (première période), 1921
  • L'Appel de la race, 1922
  • L'Amitié française d'Amérique, 1922
  • Lendemains de conquête : saynète, 1922
  • La France d'outre-mer, 1922
  • Chez nos ancêtres, 1922
  • Notre avenir politique, 1923
  • Dix ans d'Action française, 1926
  • Nos responsabilités intellectuelles, 1928
  • La mission de la jeunesse, 1929
  • Thérèse de Lisieux, 1929
  • Marguerite Bourgeoys, 1930
  • Quelques causes de nos insuffisances, 1930
  • La Déchéance incessante de notre classe moyenne, 1931
  • L'Enseignement français au Canada, 1931
  • Une Formule du patriotisme canadien-français, 1932
  • Soirées de l'Action française, 1932
  • Au cap Blomidon, 1932
  • Le Français au Canada, 1932
  • Le Dossier de Dollard, 1932
  • Chez nos ancêtres, 1933
  • La Découverte du Canada : Jacques Cartier, 1934
  • L'Éducation nationale à l'école primaire, 1935
  • Nos positions, 1935
  • Orientations, 1935
  • L'Économique et le national, 1936
  • Directives, 1937
  • Une heure avec l'abbé Groulx à propos des Patriotes de '37, 1937
  • Faites-nous des hommes, 1938
  • Une Croisade d'adolescents, 1938
  • Vers un civisme régénérateur, 1939
  • Jeanne Le Ber, première recluse du Canada français (1662-1714), 1939
  • L'Avenir de notre bourgeoisie, 1939
  • Soirées de l'Action française, 1939
  • Notes d'Histoire du Canada recueillies aux cours de M. l'abbé Lionel Groulx, 1939
  • Notre mystique nationale, 1939
  • Nos problèmes de vie, 1940
  • Ville-Marie, joyau de l'histoire coloniale, 1642-1942, 1940
  • L'An 1940, 1940
  • Paroles à des étudiants, 1941
  • Notre mission française, 1941
  • Toi, l'homme nouveau!, 1941
  • Les Beaux jours viendront, 1941
  • Vers l'indépendance politique, 1942
  • Pour un commencement de libération, 1942
  • Pourquoi nous sommes divisés, 1943
  • Pointe au Chêne, 1943
  • Le Drapeau canadien-français, 1944
  • Louis Riel et les événements de la Rivière-Rouge en 1869-1870, 1944
  • Le drapeau canadien-français, ce qu'il est et pourquoi?, 1944
  • Confiance et espoir, 1945
  • Un Modèle de père de famille et de patron chrétien, 1946
  • Témoin de la Lumière, 1946
  • Monseigneur Philippe Perrier, 1870-1947, 1947
  • Professionnels et culture classique, 1948
  • Le Nationalisme canadien-français, 1949
  • L'Indépendance du Canada, 1949
  • Louis Jolliet, vie et voyages (1645-1700), 1950
  • Mère Bourgeoys (1620-1700), 1950
  • Histoire du Canada français depuis la découverte, 1950
  • Crise de fidélité française?, 1952
  • Pour bâtir, 1953
  • Une petite québécoise devant l'histoire, 1953
  • Les Clochers de Montréal et d'ailleurs, 1953
  • L'Agriculteur canadien-français, 1953
  • Où allons-nous?
  • Jeanne Mance, 1954
  • Rencontres avec Dieu, 1955
  • Martyre du silence, 1956
  • Une Femme de génie au Canada, 1957
  • Rôle d'une société nationale en l'an 1958, 1958
  • Dollard est-il un mythe?, 1960
  • L'histoire du Canada français : son enseignement, 1961
  • Le Canada français missionnaire, 1962
  • La vie orageuse d'Olivar Asselin, 1962
  • Chemins de l'avenir, 1964
  • Au seuil d'une ère nouvelle...une nouvelle génération est venue, 1964
  • Histoire du Canada français depuis la découverte, 1965
  • Chemins de l'avenir, 1965
  • La Grande dame de notre histoire, 1966
  • Constantes de vie, 1967
  • Lionel Groulx, 1967
  • Roland-Michel Barrin de La Galissionière, 1693-1756, 1970
  • Mes mémoires, 1970
  • Notre grande aventure, 1976
  • Lendemains de conquête, 1977
  • Lionel Groulx : journal, 1895-1911, 1984
  • Correspondance, 1894-1967, 1989
  • Une anthologie, 1998

[modifier] Revues et journaux

[modifier] Disciples

[modifier] Honneurs

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Autres langues