Lebensraum

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Le Lebensraum, mot allemand habituellement traduit par « espace vital », est un concept qui renvoie à l'idée de territoire suffisant pour, dans un premier temps, assurer la survie d'un peuple et, dans un deuxième temps, favoriser sa croissance. Ce territoire peut s'obtenir en l'« épurant » (la « solution finale » nazie) ou en le conquérant (par la guerre, le plus souvent).

Cette idée est généralement connue pour avoir été l'une des justifications principales des Nazis pour la politique expansionniste de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, elle n'est pas à considérer comme une « idée nazie », car elle est, à l'instar de nombreuses autre politiques nationalistes (par exemple, le Manifest Destiny américain), une simple explicitation de l'expansionnisme.

Sommaire

[modifier] Origines

L'idée d'un peuple germanique manquant d'espace est bien antérieure à Adolf Hitler, mais c'est lui qui l'a portée à son apogée[1].

Le terme Lebensraum a été inventé par Friedrich Ratzel vers la fin du XIXe siècle et a été employé comme slogan en Allemagne pour l'unification du pays et l'acquisition de colonies selon les modèles britannique et français. Ratzel croyait que le développement d'un peuple était principalement influencé par sa situation géographique et qu'un peuple s'étant adapté avec succès à un endroit envahirait naturellement à un autre endroit. Selon lui, il fallait remplir l'espace disponible. L'expansion était donc un dispositif normal et nécessaire de toutes les espèces saines.

Ces croyances ont été mises en avant par Karl Haushofer et Friedrich von Bernhardi. Dans son livre de 1912, Allemagne et la nouvelle guerre, Bernhardi a complété les hypothèses de Ratzel et a, pour la première fois, clairement identifié l'Europe de l'Est comme source de nouvel espace.

En 1926, le livre (de) Volk ohne Raum de Hans Grimm (Un peuple sans espace) fut publié. Il deviendra un classique en Allemagne et son titre un slogan du NSDAP.

[modifier] Utilisation coloniale

Icône de détail Article détaillé : Empire colonial allemand.

Vers la fin du XIXe siècle, sous l'Empire allemand, la situation socio-économique allemande est problématique : le chômage est particulièrement élevé et beaucoup de personnes sans-abri dorment sur les trottoirs, même à Berlin.

Le gouvernement allemand étudie la théorie du Lebensraum de Ratzel, et en conclut que la colonisation est un moyen d'augmenter à la fois l'empire et l'« espace vital » pour les Allemands. Le Deuxième Reich considère le sud-ouest de l'Afrique (Namibie, entre autres) comme la colonie la plus appropriée pour la croissance de l'empire.

[modifier] Utilisation nazie

Dans Mein Kampf, Hitler change le concept de Lebensraum : plutôt que d'ajouter des colonies pour rendre l'Allemagne plus grande, il veut agrandir son pays à l'intérieur de l'Europe. Il relance ainsi l'idée d'une expansion vers l'Est (Drang nach Osten) et ajoute des éléments racistes au Lebensraum.

À partir de 1931, ces théories seront notamment mises en pratique par le Rasse- und Siedlungshauptamt (« Bureau de la race et du peuplement » ou RuSHA), dirigé par Walther Darré jusqu'en 1938 puis, entre autres, par Otto Hofmann et Richard Hildebrandt.

Le 1er septembre 1939 la Pologne est envahie, les opposants politiques et les élites intellectuelles et religieuses sont enfermées dans les camps de concentration. Hitler caractérise les habitants de l'Union soviétique et les Slaves en général comme des « sous-hommes » et se donne le droit de conquérir les terres soviétiques. Il engagera alors sa politique d'extermination antisémite conduite par les Einsatzgruppen et fera multiplier les camps d'extermination.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Notes

  1. Selon Ian Kershaw (Hitler, tome 1, note 74, p. 77), Hitler n'utilisa cependant qu'une seule fois l'expression Lebensraum avant le putsch de la Brasserie de 1923.