Lazare Kaganovitch

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Lazare Kaganovitch 1893-1991
Lazare Kaganovitch 1893-1991

Lazare Moïsseïevitch Kaganovitch (Лазарь Моисеевич Каганович) né à Kabany le 22 novembre 1893 et mort le 25 juillet 1991 est un homme politique de l'Union soviétique, collaborateur de Joseph Staline.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Un fidèle de Staline

Kaganovitch est issu d'une famille juive pauvre des environs de Kiev. Il travaille dès son enfance dans des fabriques de chaussures et, rejoignant son frère aîné Mikhaïl, adhère au bolchévisme en 1911. Il se voit confier des tâches politiques mineures dans l'armée rouge pendant la guerre civile et se bat sur le front sud. En 1920, il est envoyé en Asie Centrale. Dans son poste, il est à l'origine de l'abandon du nom Turkestan alors utilisé pour désigner cette région, estimant qu'il manifestait « une aspiration grand-turque qui devrait être rayée au plus tôt de la terminologie soviétique ».

Faisant partie de la toute première équipe de Staline, Kaganovitch connait alors une rapide ascension : candidat au Comité Central en 1923, il en est membre l'année suivante. Premier secrétaire du Parti Communiste Ukrainien de 1925 à 1928, il dirige les opérations d'élimination des oppositionnels et joue un rôle considérable dans la mise en œuvre des purges staliniennes des années trente dans cette province totalement bouleversée par la collectivisation.

Élu suppléant au Politburo, il en devient titulaire en 1930 et, longévité remarquable, y demeure jusqu'en 1957, ayant par ailleurs rejoint le Praesidium en 1952. De 1930 à 1935, il est à la tête de l'organisation du parti à Moscou et, jusqu'en 1939, l'un des trois secrétaires du Comité Central, supervisant notamment successivement l'industrie, l'agriculture et les transports. A ce poste, il se distingue par son action dans la modernisation de Moscou et en particulier dans la construction de la première ligne du métro de la capitale.

[modifier] Un collaborateur zélé

Durant les années 1930, Kaganovitch participe avec zèle et sans état d'âme à la mise en œuvre des réformes économiques et sociales de Staline, notamment la collectivisation de l'agriculture et l'industrialisation aussi rapide que violente de l'URSS, ainsi qu'aux purges politiques[1]. Vice-président du Conseil des commissaires du peuple de 1938 à 1957, il fait partie pendant la seconde guerre mondiale du Comité d'État à la Défense. Il est, le 5 mars 1940, l'un des responsables soviétiques qui contresignent l'ordre d'exécution par le NKVD de 25 700 officiers polonais faits prisonniers par l'Armée Rouge (Massacre de Katyń).

Lazare Kaganovitch
Lazare Kaganovitch

Durant la Grande Guerre Patriotique, Kaganovitch est nommé Commissaire (et membre du Conseil Militaire) sur le front du Nord Caucase. En 1943-1944, il reçoit encore une fois la responsabilité des chemins de fer, élément stratégique essentiel dans la lutte contre l'Allemagne nazie. En 1943, il obtient la distinction rare de "Héros du travail socialiste". De 1944 à 1947, enfin, il assure le ministère des Matériaux de construction et devient cette dernière année, 1er secrétaire du parti communiste ukrainien. A partir de cette période, Kaganovitch est chef du Gossnab[2], poste important dans une économie administrée soumise à la planification. Sur le plan politique, bien que d'origine juive, il démontre qu'il est un stalinien pur et dur quand il n'hésite pas à soutenir le GenSek (secrétaire général) quand celui-ci lance, lors de ses dernières années de pouvoir, en 1953, de violentes campagnes antisémites.

[modifier] Une victime de la déstalinisation

Après la mort de Staline, Kaganovitch réussit à conserver son influence. De mai 1955 à juin 1956, il est ministre du Travail et des Salaires. En 1957, il remplace Khrouchtchev pour quelques mois au poste de premier secrétaire du Parti en Ukraine et contribue à la montée au pouvoir de ce dernier. Pour autant son influence décroît très rapidement. Avec ses collègues de la tendance conservatrice Molotov et Vorochilov, il fomente une intrigue pour éliminer son ancien protégé devenu entre-temps un détracteur de plus en plus virulent des méthodes staliniennes. Accusé d'avoir fomenté les activités du groupe "antiparti", Kaganovitch est démis de ses fonctions au gouvernement, puis du Praesidium en juin 1957, pour être relégué à la direction d'une cimenterie en province.

Violemment critiqué au XXIIe Congrès du PCUS d'octobre 1961 qui défend une ligne de déstalinisation radicale, il n'est pourtant pas exclu du Parti, élimination qui ne surviendra que trois ans plus tard. Tombé dans l'oubli, Kaganovitch retrouve une certaine notoriété au début de la Glasnost quand des journalistes obtiennent du vieux dirigeant l'exhumation de révélations controversées. Il le doit aussi à sa longévité. Ayant réussi à atteindre l'âge vénérable de 97 ans, il meurt en 1991, très peu de temps avant les évènements qui aboutissent à la disparition d'une l'Union soviétique qu'il a largement contribué à façonner.

[modifier] Notes

  1. Son frère Mikhaïl qui était un responsable de l'industrie aéronautique à Kazan est menacé en janvier 1941 d'être exclu du Parti si les objectifs de production ne sont pas atteints. En juin, Staline prévient Kaganovitch que son frère serait associé aux agissements de "l'opposition de droite". Lazare, qui ne prend pas sa défense, l'appelle toutefois aussitôt pour l'informer de la situation. Le même jour, 1er juin, Mikhaïl se suicide.
  2. Comité d'État pour les marchandises techniques et matérielles de l'URSS.