Lapo Saltarelli

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Lapo Saltarelli, (?-1320) poète italien, juriste de renom et homme politique de Florence, fut un ami puis adversaire de Dante Alighieri.

Sommaire

[modifier] Biographie

Fils de Guidone Saltarelli, Lapo naquit en Toscane, à Pontassieve, dans la résidence familiale de Torre a Decima[1]. Il était l’aîné d’au moins deux frères : Bino et Simone Saltarelli (1261-1342), procurateur général de l’Ordre des Dominicains, évêque de Parme et archevêque de Pise. Cette noble famille possédait à Florence, à côté de la place de la Seigneurie, une maison-tour, la Torre dei Salterelli[2], sise à l'emplacement de l'actuelle Piazza dei Salterelli.

[modifier] Un des premiers poètes italiens

Lapo fut très lié dans sa jeunesse à Dante Alighieri. Ils admiraient ensemble un poète bien oublié, Dante de Maïano. Ces jeunes gens, férus de poésie, couvraient de louanges leur vieux maître d’amour et sa muse, la Nina, que le barbon célébrait comme sa noble Panthère.

On sait aussi que Saltarelli et Guido Cavalcanti (1250-1300) correspondaient sur des questions de droit et rimaient leurs demandes et leurs réponses.

[modifier] Un juge controversé

Lapo, homme puissant et brillant, de vaste influence et aux relations importantes, ne sut pas garder ses meilleurs amis.

Dino Compagni (1255-1324), poète et gonfalonier de justice, qui avait écrit en son honneur une Canzone a Lapo Saltarelli, le traita ensuite de corrompu et de fraudeur dans sa Cronica delle cose occorrenti ne’ tempi suoi, .

Quant à Dante, il l’apostropha en ces termes dans sa Divine Comédie (Paradis, XV, 128) : « Saria tenuta allor tal maraviglia / una Cianghella, un Lapo Saltarello, / qual or saria Cincinnato e Corniglia. »

(« On eût été surpris d’y voir une Cianghella, un Lapo Saltarello, plus qu’on serait de voir aujourd’hui Cincinnatus ou Cornélia »).

[modifier] L’homme politique

En mars 1300, Lapo Saltarelli, le gonfalonier Lippo Rinucci-Becca et ser Bondone Gherardi découvrirent et déjouèrent le complot que trois citoyens de Florence, Noffo di Quintavalle, Simone di Gerardo et ser Cambio da Sesto, tramaient à Rome contre l’indépendance de leur cité avec la bénédiction de Boniface VIII.

Leur condamnation, le 18 avril 1300, provoqua l’indignation du pape qui prétendit annuler la sentence. Le 24 avril, il donna des ordres en ce sens à Francesco Monaldeschi, l'évêque de Florence.

Les conseillers de la commune non seulement récusèrent nettement la prétention pontificale, mais défièrent le pontife en appelant Lapo à la charge priorale (la charge municipale la plus haute à Florence) pendant un bimestre du 15 avril au 15 juin 1301.

[modifier] L’exil en Sardaigne

Le 10 mars 1302, Lapo Saltarelli, Guelfe blanc, comme Dante, fut condamné à mort par la faction noire. Sa peine fut commuée en exil et dans la sentence de Cante Gabrielibus le bannissant, il est désigné comme Dominum Lapum Saltarelli judicem.

Il se réfugia en Sardaigne dans le couvent des franciscains de Cagliari et resta dans l’île jusqu’à sa mort. En 1320, il fut inhumé dans l’église San Francesco de Stampace. Sa pierre tombale sur laquelle est gravé son blason a été retrouvée et identifiée [3].

En 1326, ses biens confisqués furent restitués à ses héritiers grâce à l'intervention de Jean XXII sollicité par Simone, l'archevêque de Pise[4].

[modifier] La descendance des Saltarelli

On ne connaît pas d’enfants légitimes de Lapo Saltarelli. Mais l’on sait que son frère Bino eut quatre fils Andrea, Lapo, Donato et Simone Saltarelli. Ce dernier entra chez les dominicains et devint évêque de Trieste (1396-1408).

C’est de la branche d’Andrea di Bino que sont issus au XVe siècle, l’orfèvre Giovanni, qui tenait boutique sur la via Vacchereccia à Florence, et son frère Jacopo Saltarelli, qui défraya la chronique, en 1476, par ses relations avec Léonard de Vinci. Un siècle plus tard, la divine Maddalena Saltarelli[5], une courtisane, et ses amies Tullia d’Aragon et la Tortora, affolèrent Florence par leurs frasques amoureuses et leurs tenues vestimentaires.

[modifier] Œuvres

Il nous reste quelques sonnets de Lapo dont :

Contr’aggio di grand’ira benvollenza,
Chi se medesmo inganna per negghienza
Vostra quistione è di sottil matera

[modifier] Contr’aggio di grand’ira benvollenza

« Contra’ggio di grand’ira benvollenza ;
E per paura ardimento ho mostrato :
Perduto ho il pianto vinto per sentenza ;
E tuttor vò seguendo, e son cacciato.
Del compimento sono alla comenza ;
Fuggemi’l loco, dove era locato :
E il guadagnar mi par, che sìa perdenza ;
Amar mi sembra dolce assaporato.
Così m’ha travagliato accorta cosa,
Cioè Amore ; che a vegliar dormendo,
Mi face straniare, ove io son conto.
Che spesse volte appello fior la rosa ;
E contradico là ve non contendo :
D’amar credo asbassare, e pur sormonto.
 »

Ce fut au cours de son exil en Sardaigne qu’il composa ce poème. Par l’élégance et le rythme de sa langue, le grand pétrarquien, Pietro Petteruti Pellegrino[6], le considère comme un précurseur de Pétrarque.

[modifier] Notes et références

  1. La Torre a Decima fut le berceau de la famille Saltarelli dès le XIIe siècle. L’antique tour de ces riches notaires florentins fut transformée en château fortifié au cours du XIVe siècle.
  2. page sur la wiki italienne
  3. Cf. Sergio Serra, L’araldica nella Sardegna mediovale, Milites, atti del convegno, Cagliari, 1997.
  4. Cf. Scipion Ammirato, Istorie fiorentine, T. I, L. VI, p. 331, Florence, 1600.
  5. Maddalena Saltarelli fut la muse de Niccolò Martelli (1498-1555) qui composa pour elle un Canzoniere.
  6. Pietro Petteruti Pellegrino : La “gloria della lingua” e la “fixa tramontana” dell’imitazione. Petrarca nella teoria cortigiana romana e nel canone critico dell’Equicola fra polemiche e parodie.

[modifier] Bibliographie

  • Filippo Nissardi, Lapo Saltarelli a Cagliari: contributo alla storia fiorentina dei tempi di Dante, Cagliari, Tipografia G. Dessì, 1905.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes