Kurt Schwitters

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Petite soirée Dada
Petite soirée Dada

Kurt Schwitters est un peintre et poète allemand, né à Hanovre en 1887 et mort en 1948. Il incarne l'esprit individualiste et anarchiste du mouvement Dada, dont il constitue le chef de file dans sa ville natale de Hanovre, fondant un mouvement parallèle qu'il appelle « Merz »[1]. Il a exercé une influence importante sur les néo-dada américains et sur Robert Rauschenberg en particulier, qui lui a emprunté l'idée de ses combine-paintings.

Sommaire

[modifier] Biographie

Kurt Schwitters étudie la peinture et le dessin de 1909 à 1914 à l'Académie de Dresde puis à celle de Berlin et participe à la revue Der Sturm de Berlin. Il est d'abord l'auteur d'œuvres figuratives, avant de subir l'influence des mouvements d’avant-garde du début du XXe siècle dans des œuvres au fusain ou à l'aquarelle. À partir de 1918, il se détourne définitivement de la peinture traditionnelle et élabore, entre 1918 et 1920, un vocabulaire propre fondé sur l'emploi de déchets et de détritus de toutes sortes[2] et l'utilisation des procédés de collage pour assembler des matériaux de manière « harmonieuse ».

Grand ami de Raoul Hausmann et de Arp, refusé par le Club Dada de Berlin c'est à dire par Richard Huelsenbeck, Schwitters réagit en fondant un mouvement parallèle qu'il nomme « Merz », d'après son tableau Merzbild I (1919) dans lequel le mot « Merz » est ironiquement tiré de la partie centrale du mot « Kommerzbank » découpé dans une annonce imprimée[3]. Le mouvement Merz cherche en effet à s'approprier les rebuts de la société industrielle et urbaine, faisant entrer la réalité quotidienne dans l'art, sans idée de message politique ou d'esthétique d'opposition, mais en avec la volonté, à partir de 1920, de fonder un « art total Merz », embrassant l’architecture, le théâtre et la poésie.

De 1920 à 1923, dans sa maison de Hanovre, Schwitters entreprend de construire une vaste structure en plâtre et matériaux divers, la Schwitters-Säule (colonne Schwitters), dans laquelle s'encastrent, dans des cavités, ses œuvres et celles de ses amis. La construction envahit peu à peu toutes les pièces et même tous les étages de la maison et l'artiste lui donne le nom de Merzbau (construction Merz)[4].

Après 1922, Schwitters se lie avec les constructivistes Theo van Doesburg et le russe El Lissitsky. Avec eux, il publie entre 1923 et 1932 la revue Merz et crée même une centrale de publicité Merz, qui travaille pour des firmes comme Pelikan, Opel ou Bahlsen. En 1919, il publie An Anna Blume, collage de chansonnettes, de proverbes et de citations. Son chef d'oeuvre de poésie phonétique (Ursonate, 1921-1932) sera publié dans le 24e et dernier numéro de la revue Merz. Il a été réédité en CD en 1990 et de nombreuses fois depuis.

Entre 1930 et 1945, Schwitters vit pour l'essentiel en Norvège. Après 1937, il ne revient plus en Allemagne, où ses œuvres sont retirées des musées[5]. Après l'invasion de la Norvège par les nazis, il s'installe en 1946 en Angleterre, à Ambleside dans le Westmoreland où il entreprend un nouveau projet dans l'esprit du Merzbau, le Merzbarn (grange Merz).

Son recueil de poèmes, Anna Blume, a été traduit en France aux éditions Champ Libre / Gérard Lebovici où ont aussi paru quatre cents pages de ses écrits, choisis et traduits par Marc Dachy et Corinne Graber en 1990 sous le titre Merz avec le CD de l'Ursonate (Sonate de sons primitifs).

[modifier] Principales œuvres

  • Merzbild I, le Psychiatre (1919, assemblage, Malborough-Gerson Gallery, New york)
  • Breite Schnurchel (1923, relief en bois, collection Hoech, Berlin)

[modifier] Principales expositions

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. D'après son tableau Merzbild I de 1919 dans lequel le mot « Merz » est la partie centrale du mot « Kommerzbank » découpé dans une annonce imprimée.
  2. des billets d'autobus, des lambeaux d'affiches ou de journaux, des chiffons, des boutons, des morceaux de tissus, des cigares, des bouchons...
  3. L’assemblage comporte des objets usuels disposés sur un fond peint de couleurs violentes, encore expressionnistes.
  4. Détruite par des bombardements en 1943, cette œuvre unique a été partiellement reconstruite par Peter Bissegger à la demande de Harald Szeemann dans une version réduite que l'on a pu voir lors de la biennale de Lyon en 1993.
  5. Quatre d'entre elles figurent dans l'« exposition de l'Art dégénéré » à Munich.