Koulak

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Koulak (russe : « poing » (кулак), c'est-à-dire « tenu fermement dans la main ») désignait, de façon péjorative, dans la Russie tsariste, un paysan qui possédait de grandes fermes sur lesquelles il faisait travailler des ouvriers agricoles salariés.

Dans la Russie du XIXe et du début du XXe siècle, le terme "koulak" désignait la « classe sociale » des paysans ayant un certain niveau d'aisance (gros bétail, terrain suffisamment grand pour produire des excédents agricoles qui seraient ensuite vendus, etc.) par rapport à la majorité de paysans appauvris par la guerre civile et la famine. Plus encore, les bolchéviks assimilaient au koulak tout paysan mécontent de leur politique. Grigori Zinoviev déclare en 1924 : « On aime parfois chez nous qualifier de koulak tout paysan qui a de quoi manger »[1].

Pendant la « collectivisation » stalinienne, prévue dans le premier Plan quinquennal (1928-1932) une campagne de dékoulakisation (expropriation de la propriété privée des koulaks au profit des kolkhozes) a amené aux déportations, incarcérations, voire la mort de 5 millions de paysans (notamment par extermination par la faim), particulièrement en Ukraine et dans le Kouban.

La loi du 7 juillet 1932 prévoit la peine de mort ou le goulag pour « toute escroquerie au préjudice d'un kolkhoze ». En 1930-1932, 2 millions de paysans (soit 380 000 foyers) sont déportés dans des villages d’exilés[2], 100 000 dans les camps du goulag[3]. On évalue à 10% par an la mortalité des "déplacés spéciaux"[4].

En 1935, le régime déclare officiellement que les koulaks en tant que classe sociale ont cessé d'exister.

« L'opération koulak » définie par l'ordre opérationnel n°00447 du 30 juillet 1937 fit le plus grand nombre de victimes. Elle visait les éléments socialement nuisibles et appartenant au passé : les ex-koulaks enfuis cherchant du travail (les sources policières indiquent 600 000 ex-koulaks assignés à résidence). Pour cette opération, des quotas par régions et des catégories (la première catégorie signifiant l'exécution, la seconde, une peine de dix ans de camp) furent établis par Staline auprès des dirigeants du Parti. Les quotas furent largement dépassés par les responsables locaux voulant afficher leur zèle. Les suppléments demandés furent souvent ratifiées par le Politburo. Devant l'engorgement des prisons, la catégorie n°1 fut augmentée. Au lieu des 4 mois prévus, l'opération en dura 15. Les quotas initiaux furent pulvérisés: 387 000 personnes furent fusillées et non pas 75 950, 380 000 déportés et non pas 193 500. Selon les chiffres du NKVD, des opérations similaires entre juillet 1937 et novembre 1938 comptabilisèrent l'arrestation de 335 513 personnes, dont 75% furent classés catégorie n°1[5].

[modifier] Articles connexes

[modifier] Notes et références

  1. Cité par Boris Souvarine, Staline (1935), Lebovici, 1985, p. 364.
  2. Collectif, Le Livre noir du communisme, 1998, p. 14.
  3. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 84.
  4. Nicolas Werth, « Goulag : les vrais chiffres », L'Histoire, n° 169.
  5. Nicolas Werth, « Repenser la Grande Terreur », Le Débat, n° 122, nov-déc 2002, extraits ici