Klemens Wenzel von Metternich

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Klemens Wenzel von Metternich
Klemens Wenzel von Metternich

Klemens Wenzel Nepomuk Lothar von Metternich, comte puis prince de Metternich-Winneburg-Beilstein (All.:Klemens Wenzel Nepomuk Lothar Fürst von Metternich-Winneburg-Beilstein), né le 15 mai 1773 à Coblence et décédé le 11 juin 1859 à Vienne, était un diplomate et un homme politique autrichien. Il consacra sa vie au maintien de la société d'ancien régime face au bouleversement qu'engendra la Révolution française puis au maintien de la position autrichienne et de l'équilibre des puissances.

Sommaire

[modifier] Origine et jeunesse

Metternich est né à Coblence, en Allemagne, il est le fils de Franz Georg von Metternich, et de la fille du comte de Kagenneg. Issu de la haute noblesse rhénane, il est envoyé à l'université de Strasbourg, le 12 novembre 1788, en compagnie de son frère, pour y étudier le droit. Là-bas, il rencontre Benjamin Constant, mais aussi le futur prince André Rasoumovski, le général Tolstoï, et Czernichev. Le 27 septembre 1795, il épouse à Vienne, la petite fille du puissant chancelier Comte Wenzel von Kaunitz, Marie-Eleonore von Kaunitz-Rietberg (la fille unique du prince Ernest de Kaunitz et de la princesse de Œttingen). Ce mariage a lieu au château d'Austerlitz où, dix ans plus tard, presque jour pour jour, Napoléon remportera sa plus belle victoire. C'est un mariage de convenance (Metternich est alors épris de Marie-Constance de la Force), qui lui permet de mener une vie conforme à ses goûts. Éléonore lui donnera sept enfants. Les Metternich s'installent peu après dans le palais Kaunitz, à Vienne, où il fréquente la Cour.

[modifier] Parcours

En 1803, il devient ambassadeur à Berlin. En 1806, il est à la cour de Saint-Pétersbourg quand Napoléon demande un membre de la famille Kaunitz. Il maîtrise parfaitement le français et devient ambassadeur à Paris de 1806 à 1809. Il devient l’amant de Laure Junot et de Caroline Bonaparte. Il entretient de bonnes relations avec Talleyrand.

[modifier] Rôle

En 1808 il adresse des rapports selon lesquels le pouvoir de l’empereur français chancelle, alors même qu'il prêchait peu auparavant l'alliance. L’Autriche déclare la guerre à la France : elle est battue à Wagram en juillet 1809. Nommé ministre des affaires étrangères et chancelier, Metternich doit signer l’humiliante paix de Vienne. Il décide de temporiser et faire semblant d’être amical, notamment en organisant le mariage avec Marie-Louise d'Autriche en 1810.

À la veille de la Campagne d'Allemagne (1813), il se propose comme médiateur mais Napoléon refuse la moindre concession territoriale. Pour conclure un entretien tenu à Dresde, Metternich lance avec superbe :

« Vous êtes perdu, Sire ! Je m'en doutais en venant ici, maintenant je le sais ! »

L’Autriche joint alors 200 000 hommes à la sixième coalition.

D’abord favorable à l'Aiglon — fils de Napoléon mais surtout petit-fils de l'empereur d'Autriche — et à une régence de l'impératrice Marie-Louise, il en vient à accepter la proposition du ministre des affaires étrangères britannique pour une restauration des Bourbons. Sa relation avec l'empereur russe est mauvaise notamment en raison de leur conception du rôle de la Pologne et de leur rivalité dans l'obtention des faveurs de la belle Wilhelmina von Sagan.

Il est l’un des principaux acteurs du congrès de Vienne et modère l'esprit de revanche des alliés contre la France tout en se montrant soucieux de rétablir l’influence autrichienne en Italie.

Il est le personnage le plus influent de la Sainte-Alliance, notamment face au tsar Alexandre Ier puis auprès de Nicolas Ier de Russie sur lequel il exercera une déterminante influence grâce à son éminence grise le comte Charles Louis de Ficquelmont auquel il confie l'ambassade de Saint-Petersbourg.

Metternich est alors un garant de l'ordre issu du congrès de Vienne qui va assurer à l'Europe une soudaine stabilité (qui durera jusqu'en 1914) après les longues guerres napoléoniennes.

À l'intérieur, en Autriche, il promeut l'absolutisme. À l'extérieur, par les congrès ou par la force de la Sainte-Alliance, il impose l'ordre : les décrets de Karlsbad, de 1819, sont particulièrement liberticides pour la presse de la Confédération germanique et l'Université allemande.

Cet ordre dure jusqu'en mars 1848. Des émeutes éclatent en Autriche. L'empereur Ferdinand Ier d'Autriche abandonne Metternich qui démissionne. Il doit fuir, à 75 ans, caché dans une corbeille à linge. Il part donc pour un exil (temporaire) aux Pays Bas. De nombreux États d'Europe connaissent cette année-là des révoltes populaires , c'est le «printemps des peuples».

Après les troubles, Metternich finit sa vie à Johannisberg en Autriche.

La mort de Metternich à 86 ans précède la division des Alliés. La politique russe en Pologne avait déjà affecté la Sainte-Alliance; l'avènement d'un Bonaparte en France, Napoléon III, montre sa faiblesse. Mais c'est surtout le principe des nationalités défendu par ce dernier qui va libérer les passions nationalistes et provoquer l'irrémédiable déclin de l'Autriche des Habsbourg alors même que la Russie se renforce. L'équilibre est rompu.

[modifier] Postérité

Un autre grand diplomate, Henry Kissinger, lui voue une grande admiration et vante en lui l'architecte d'un subtil équilibre des pouvoirs entre puissances qui a permis une paix durable après Waterloo.

[modifier] Citations

  • « Le plus grand don de n'importe quel homme d'État n'est pas de savoir quelles concessions faire, mais de reconnaître quand les faire. [1]»
  • « L'erreur n'a jamais approché mon esprit. [2]»
  • « Le mot "liberté" ne signifie pas pour moi un point de départ mais un vrai point d'arrivée. Le point de départ est défini par le mot "ordre". La liberté ne peut exister sans le concept d'ordre. [3]»

[modifier] Notes

  1. Traduction libre depuis The Wordsworth Dictionary of Quotations
  2. Traduction libre depuis The Wordsworth Dictionary of Quotations
  3. Traduction libre depuis The Wordsworth Dictionary of Quotations
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