Khieu Samphân

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Khieu Samphân (né le 27 juillet 1931) est un homme politique cambodgien. Il a été le Président du Présidium d'État du Cambodge de 1976 à 1979.

Il était un des dirigeants les plus importants du gouvernement des Khmers rouges, bien que Pol Pot ait été le véritable leader du mouvement. Avec Hun Nim, Hou Yuon, Pol Pot et Ieng Sary, il est un des théoriciens et des fondateur de l'Angkar, l'organisation suprême khmère rouge, responsable entre 1975 et 1979 de la mort d'un peu moins de deux millions de Cambodgiens[1].

[modifier] Action politique

En 1955, étudiant à l'Université de Montpellier, il publie une thèse sur la paysannerie et la politique cambodgienne dans laquelle on peut déjà trouver toute la trame de l'utopie meurtrière qui va frapper le Cambodge : il met en cause le développement des villes et les compare à un fardeau pour les campagnes[2]. De retour au Cambodge, il fonde un journal d'opposition, pour lequel le prince Norodom Sihanouk le fait arrêter et fouetter, ce qui n'empêchera pas le prince de le nommer Secrétaire d'État au Commerce, poste qu'il occupe jusqu'en 1967, date à laquelle il rejoint les maquis Khmers rouges.

Après leur prise du pouvoir, il est Vice-premier ministre et Ministre de la Défense jusqu'en 1975, époque où il devient le véritable chef de l'État du Kampuchea. De par sa fonction, il porte une responsabilité importante dans la déportation des habitants des villes vers les campagnes et les massacres des militaires vaincus que le procès qui s'est ouvert tente de déterminer[3]. Cette déportation s'est accompagnée du « génocide cambodgien », qui, selon les sources, a entrainé la mort de 800.000 à 3 millions de cambodgiens[1].

Après la chute des Khmers rouges en 1979, Khieu Samphan dirige un gouvernement rebelle qui conserve une reconnaissance internationale jusqu’en 1982.

En 1987, il organise la mise à la retraite de Pol Pot et lui succéde officiellement comme chef des Khmers Rouges, titre qu'il gardera jusqu’à sa reddition au gouvernement cambodgien en 1998. En 1987, il confie le commandement des forces armées à Ta Mok. Khieu Samphân confirme aussi à son poste Lok Wan accusé par les organisations humanitaires d'innombrables crimes contre l'humanité. À l'automne 1988, il oblige des milliers de prisonniers à ravitailler les troupes des Khmers Rouges sous le feu de l'artillerie vietnamienne, plus d'un demi-millier d'entre eux seront massacrés.

En juillet et août 1989, il représente le Kampuchea, lors de la Conférence internationale sur le Cambodge, organisée à Paris.

Il a accompagné Pol Pot jusqu'à sa mort.

[modifier] Jugement

Khieu Samphan réside à Païlin, l'un des anciens bastions des Khmers rouges dans le nord-ouest du Cambodge.

Il a été arrété le lundi 19 novembre 2007 et devrait comparaître en 2008 devant un tribunal de l'ONU chargé de juger les responsables du génocide cambodgien. Il sera défendu gratuitement par l'avocat français Jacques Vergès[4].

[modifier] Références

  1. ab Programme d'étude des génocides de l'université de Yale
  2. Laure de Vulpien, "Cambodge, le pays des tigres disparus", in Sur les Docs, émission radiodiffusée sur France Culture le 12/05/2008. Le reportage se structure autour d'une intervieuw de Khieu Samphân. Sa thèse a été imprimée en Anglais et n'est plus disponible en Français. Au sujet de son futur procès, il déclare : "Je veux montrer à mes compatriotes et surtout à mes jeunes compatriotes, la vraie histoire du Cambodge, la vraie je vous dis et non pas l'histoire qu'on est en train de difuser. [...] Je suis resté fidèle à Pol Pot jusqu'à sa mort en 1998. Fidèle en ce sens que je le considère comme un patriote qui a fait tout pour maintenir l'indépendance du Cambodge vis-vis des Américains aussi bien que des Vietnamiens. Pol Pot était acculé dans une situation ou quelque soit qu'il fasse (sic), il ne pouvait éviter des morts." (57ème minutes du reportage)
  3. article de l'Express : mercredi 23 avril 2008, mis à jour à 10:13, "Khmers rouges: le procès de Khieu Sampan s'est ouvert" in LEXPRESS.fr. Citation : "Arrêté en novembre et mis en examen pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, Khieu Samphan, 76 ans, est resté impassible au moment où le juge Prak Kimsan a lu des éléments de son dossier".
  4. « Jacques Vergès assurera la défense de Khieu Samphan », Le Nouvel observateur, 27 juillet 2007.