Kapo

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Le mot kapo désigne les personnes qui étaient chargées d'encadrer les prisonniers dans les camps de concentration nazis. Les kapos étaient souvent recrutés parmi les prisonniers de droit commun les plus violents[réf. nécessaire] ou parmi ceux dont la ruse ou la servilité avait permis de figurer parmi les anciens, en échappant provisoirement aux "charrettes" menant à l'extermination.

Sommaire

[modifier] Étymologie

L'origine du mot kapo est discutée et plusieurs interprétations s'opposent :

  • l'une le fait dériver du latin caput, la tête, à l'origine de l'italien capo et du français Caporal ;
  • une autre y voit la contraction du néologisme germanique Kameradenpolizei, signifiant «camarade policier» (attestée par plusieurs dictionnaires).

[modifier] Une des clés de l'enfer concentrationnaire

Selon le système de dilution de la responsabilité explicité par l'expérience de Milgram, décrite entre autres dans le film "I... comme Icare" de Henri Verneuil, l'utilisation de certains prisonniers pour encadrer les autres a pour intérêt d'une part de leur faire effectuer les basses besognes dont la participation à l'extermination de leurs semblables, et d'autre part de canaliser les rancœurs des détenus contre l'un des leurs, au point de faire parfois passer les vrais gardiens, beaucoup moins exposés, pour plus humains et ainsi écarter les risques de représailles contre ces derniers.

Néanmoins, certains s'entendent pour déclarer que tous les kapos ne se seraient pas comportés en brutes ignobles; seule une poignée d'entre eux ayant été condamnés à mort, après la Libération des camps (rares étant les détenus encore valides à avoir la force ou le courage de témoigner de l'horreur de la réalité concentrationnaire).

Cette technique décrite et appliquée depuis l'Antiquité est toujours utilisée dans les domaines les plus divers, tels que le management, aussi bien civil que militaire et de manière généralisé par la plupart des sociétés, y compris celles se présentant comme les plus progressistes et civilisées, pour stigmatiser et persécuter les minorités, en particulier sexuelles (LGBT).

Dans certains camps, une véritable rivalité interne aux déportés existait entre les «triangles verts» (déportés de droit commun) et les «triangles rouges» (déportés politiques) pour les postes de kapo. Quand les triangles verts dominaient, comme ce fut toujours le cas à Mauthausen, le régime du camp était plus dur; en revanche, les triangles rouges, vivant non sans ambigüités dans la «zone grise» dont parle Primo Levi, parvenaient à adoucir la vie dans le camp. Ce fut le cas à Buchenwald, selon le témoignage de David Rousset [1].

Quand aux "triangles roses" désignant les homosexuels, ces derniers furent traités comme des intouchables aussi bien par les gardiens que par les autres catégories de prisonniers, allant même après leur libération jusqu'à leur interdire l'accès aux cérémonies commémoratives ainsi que celle d'ériger le moindre monument témoignant de leur propre martyr, ou de toucher la moindre indemnisation de déportés ou prisonniers. [2].

[modifier] Anecdote

Silvio Berlusconi, alors qu'il était premier-ministre italien et président du Conseil de l'Europe nouvellement élu, provoqua un scandale au parlement européen le 2 juillet 2003 en proposant à Martin Schulz, vice-président (allemand) du groupe social-démocrate, de lui trouver un rôle de kapo « qui lui irait très bien » dans un film tourné par un ami à Rome lorsque celui-ci l'avait critiqué.[3]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

  1. cf. un extrait de David Rousset, Les jours de notre mort, Tome 2, 10/18 Union Générale d'éditions, 1974 sur le site Mémoire juive et éducation
  2. cf.Pierre Seel Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel, Éditions Calmann-Lévy, 1994 (ISBN 978-2702122778)
  3. cf. fiche média ina

[modifier] Bibliographie

[modifier] Filmographie

[modifier] Liens externes