Kahena

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Kahena, de son vrai nom Dihya ou Dahia (Tifinaghe : en tifinagh ⴷⵉⵃⵢⴰ), est une reine guerrière Berbères Zénète de la tribu Dejrawa [1] qui combattit l'expansion islamique en Afrique du Nord au VIIe siècle. Elle est la principale figure, avec Kusayla (chef de la tribus des Aurébas ou Awarba) de la région des Aurès, actuellement la région de la wilaya de Batna et de Khenchela, etc, pour mener la résistance berbère en Afrique du Nord à l'avancée des troupes musulmanes entre 695 à 705.



Sommaire

[modifier] Histoire selon Ibn Khaldoun

La tribu des Dejrawa était forte et puissante de la confédération des Zénètes. La conquête de l'Afrique du Nord sera ordonnée par Muawiya ( chef de la dynastie Omeyade).

À l'aube de l'arrivée des Arabes en Afrique du Nord, l'unité politique et administrative de la Berbérie Orientale et centrale (les Aurès, actuellement à l'est de l' Algérie et de la Tunisie) était en grande partie réalisée par Kusayla. Par la suite, Kusayla entre en conflit avec Okba Ibn Nafe. Àprès la mort de Kusayla en 688, Dihya prend la tête de la résistance. Dihya a commandé la tribu des Dejrawas pendant 65 ans, d'après les Bakur Ad Darisi,qui ont été rapporté par Ibn Khadloun, la Kahina a vécu 127 ans.

Dihiya ordonne la mort de Oqba Ibn Nafi Al Fihri . Les Berbère Tahuda exécutent l'ordre de tuer Oqba Ibn Nafi Al Fihri. La guerre se déclenche entre les Berbères et les Omeyades. La tribu berbère des Banou Ifren Zénète sera la première tribu à défendre les territoires au côté de la Kahina [2].

La Dihya sortira vainqueur et triomphante de cette guerre.

Hassan demandera les renforts musulams. En 693, Après le renforcement des troupes musulmanes, Hassan a culbuté les troupes berbère commandés par la Kahina. Cent mille berbères seront masacrés par Hassan dans les Aurès.

La Kahina Dihya sera tuée par Hassan et ses fils adoptent l'Islam par la suite.

Avant sa mort, elle ordonne à ses fils d'aller rejoindre Hassan.

Ibn Khaldoun ne donne aucun renseignement sur sa religion sauf pour son arbre généalogique qui remonte jusqu'a Medghassen ( Madghis) et Amazigh.

[modifier] Parcours

Issue de la tribu des Djerouas Dejrawa, une tribu Zénète implantée dans les Aurès (à l'est de l'actuelle Algérie), comme le furent les premiers rois (agellid, pluriel igelliden) berbères de Numidie - a été élue ou nommée à cette charge par le conseil de la confédération des tribus. Dihya procèda également à la réunification des tribus de l'Afrique du Nord orientale et du Sud.

Alors que les musulmans ont déjà conquis un vaste territoire ils butent sur la résistance des byzantins (chrétiens), implantés essentiellement sur les côtes et en particulier à Carthage et Septum, mais aussi celle des Berbères.

Les troupes musulmanes dirigés par Hassan Ibn Numan cherchaient à s'emparer de Carthage pour posséder l'Ifriqiya et se frayer un chemin vers l'Ouest. Le roi Kusayla ou AKSIL (Guépard en berbère) les Carthaginois et Dihya se liguèrent pour empêcher ce passage. Carthage finit par tomber aux mains des troupes musulmanes en 695 et Hassan Ibn Numan se fait nommer gouverneur d'Ifriqiya. L'empereur Leonitos récupère Carthage pour trois ans. La seule résistance qui demeurait alors était celle de Dihya.[réf. nécessaire]

À la première bataille, Dihya remporta une victoire sur les troupes d'Ibn Numan à Miskyana, entre Tebessa et Aïn Beïda, dans la région constantinoise) :
Dans la vallée de la rivière, déserte et à sec, la Dihya décide d'y dissimuler son armée pendant la nuit,[réf. nécessaire] en partie dans la montagne, en partie derrière, sa cavalerie et ses troupeaux de chameaux, pour prendre en embuscade les troupes d'Ibn Numan. Lorsque les Arabes attaquent, ils sont accueillis par une pluie de flèches tirées entre les jambes des chameaux des Berbères.[réf. nécessaire] Les Arabes sont écrasés. Les Aurésiens les poursuivront jusqu’à Gabès. La Dihya vient de remporter sa plus prestigieuse victoire, celle de la Meskiana, qu'on appellera « La bataille des chameaux »,[réf. nécessaire] et parvient à repousser les troupes du Calife jusqu'en Tripolitaine. Ibn Numan sera à nouveau battu en 695 prés de Tabarqa par la Dihya.

Ibn Numan reporta ses efforts sur Carthage en 699, qu'il reprend, avec la maitrise des mers et du bassin occidental de la Méditerranée. Il demanda alors un supplément d'hommes au calife Ibn Marwan pour s'attaquer aux Aurès, seul rempart restant. Sachant sa défaite imminente, Dihya fit pratiquer la politique de la terre brûlée [réf. nécessaire] en vue de dissuader l'envahisseur de s'approprier les terres, s'aliénant par là une partie de son peuple : Berbères sédentaires citadins, nomades et des campagnes.[réf. nécessaire]

Kahena s'engagea une dernière fois dans la bataille en 702 à Tabarqa [réf. nécessaire]. La défaite des troupes de Dihya est en partie due à la trahison par Khalid,[réf. nécessaire] jeune Arabe que la reine avait épargné et adopté selon la coutume de l'anaïa (« protection ») en vigueur chez les anciens Berbères [réf. nécessaire] [3].[réf. nécessaire]

Faite prisionnière, Dyhia fut décapitée, et sa tête apportée au calife[réf. nécessaire]. Ses deux fils, Ifran et Yezdia, sont forcés de se convertir à l'islam et rejoignent les troupes maures en partance pour l'Espagne. Elle eut également une fille nommé Khenchela .

[modifier] Divergences historiques

Le rôle joué par Dahia a constitué un enjeu considérable pour ses commentateurs. Les sources que nous avons sur La Kahina, symbole indirectement du frein à l'expansion musulmane, proviennent en grande partie des historiens musulmans. C'est donc pour certains d'entre eux, sur des arrière-pensées et vues politiques que sont basées leurs affirmations. Cela est d'autant plus difficiles à vérifier que les autres sources sont rares.

[modifier] Véritable nom

Son véritable nom reste inconnu[réf. nécessaire]. Elle s'appelait peut être Kahena, Kahya, Dihya, Dahya, ou Damya. "Dhiya Bent Matya Bent Tifane"

En effet, cet élément fait objet de nombreuses interprétations idéologiques, ainsi le surnom de Kahina, qui signifierait en un sens « sorcière » ou "Prophetesse" ou encore "Devineresse", car décrite comme un personnage haïssable par certains historiens musulmans[réf. nécessaire], comme Ibn Ben Attir et Le Bayan [réf. nécessaire]. Mais le sens n'est probablement pas péjoratif, puisqu'à l'origine, ce terme dérive de l'hébreu "Cahen, Cohen" qui signifie prêtresse et du grec être pure. Ces mêmes historiens rapportent que son vrai nom serait Dihya.[réf. nécessaire]

De même le surnom Damya, dérivé du verbe amazigh edmy signifie « devineresse », « prophétesse ». Dihya, en berbère signifie « la belle ». Elle fut souvent appelée Reine Dihya Tadmayt/Tadmut (« La belle Reine gazelle »).

[modifier] Religion

La religion de cette Berbère, d'origine noble et descendante probablement d'une longue lignée royale des Aurès, n'est pas établie de manière sûre. Était-elle chrétienne ? Animiste ? Les sources historiques apportent des témoignages bien divergents.

On distinguait les Djeraoua, tribu qui habite l'Aurès, et à laquelle appartient la Kahena ». Aussi, selon l'historien et géographe français, le professeur Émile Félix Gauthier : « Les Djeraouas ne sont plus des chrétiens comme les Aurébas, mais bien des juifs  » . Auparavant, Strabon avait témoigné à l'époque romaine que les juifs étaient nombreux en Afrique du Nord. Certains y étaient venus librement au fil des siècles avec les phéniciens, dès le temps des Carthaginois, tandis que d'autres y avaient été déportés par Trajan, après avoir tenu tête en Cyrénaïque aux légions romaines. Ainsi avaient-ils participé à la conversion de nombreuses tribus berbères.

(c'est le cas de Gabriel Camps dans son livre Berbères - Au marges de l'histoire) pensent que Dihya était chrétienne parce qu'elle était la fille de Matya lui-même fils de Tifan. Des noms qui seraient les déformations de Matthieu (comme l'Apôtre) et Théophane (repris par de nombreux Saints chrétiens). Aussi le christianisme était largement répandu, une grande partie des populations berbères du nord avaient été christianisés sous l'empire romain.

D'autres laissent entendre que Dihya aurait pû être animiste sans pouvoir pour autant préciser de quel culte il s'agirait, les Berbères ayant été païens avant l'arrivée du christianisme. Ainsi, la signification prêtresse et être pure de son nom Kahena, correspondrait à une tradition animiste en Afrique du Nord, selon laquelle les prêtresses subiraient un rituel de purification.
En prenant pour exemple la reine touareg Tin Hinan que l'on supposait, de la même manière, chrétienne, alors que la découverte récente de son tombeau laisse penser qu'elle était animiste.

D'après les propos d'Abu Yazid el Ifrini que Ibn Khaldoun raportera par la suite, il dira que les berbères ont apostasié l'Islam douze fois avant de l'adopter [4]

[modifier] Politique de la terre brûlée

L'historiographie a également mis l'accent sur la politique de la terre brûlée [réf. nécessaire]qui aurait été pratiquée sous la Kahena, d'après Ibn Khaldoun, Ibn El Athir et Le Bayan, ce qui aurait motivé le mécontentement des cultivateurs de la côte. Cette version est contestée par certains selon lesquels, il se serait agi, pour les historiens musulmans, de discréditer la reine berbère hostile à l'expansion musulmane[réf. nécessaire] : des villes et des villages auraient certes effectivement été brûlés, mais cela s'expliquerait non par l'invasion arabe, mais par le fait que l'Afrique du Nord, depuis la chute de l'empire romain d'Occident, était le théâtre d'affrontements entre Byzantins et autochtones, voire entre Berbères nomades et sédentaires.[réf. nécessaire]


[modifier] Archéologie

En Algérie, dans la région des Aurès en Algérie, aucune étude sérieuse n'a été entreprise à ce jour malheureusement. Mais depuis 2006, les autorités algérienne affirment entreprendre des recherches [5] [1]

En Tunisie, le seul endroit qui témoigne de l'existence de cette femme est l'amphithéâtre d'El Djem. [6] [2]

[modifier] Anecdotes

Entre l'antique Thevest romaine (aujourd'hui Tebessa) et l'agglomération de Bir El Ater se trouve un puits appelé « Bir el kahina » (le puits de la kahina), en référence ou en souvenir du lieu où elle aurait été tuée. À Baghaï, actuellement petit village à une vingtaine de kilomètres de Khenchela, les habitants désignent certaines ruines anciennes comme étant les ruines du « palais de la Kahina ».
Le nom de la rivière Meskian, où Kahina y remporta sa première victoire contre le général Ibn Numan, ainsi que celui du village de Meskiana qu'elle traverse, viendrait des mots berbères Mis n Kahina qui signifie « les fils de Kahina ».
Certains berbères chaouis des Aurès disent qu'ils ont le « nez de la Kahina » qui d'une grande beauté aurait eu, un peu comme Cleopâtre, un nez particulier, mais cette fois non pas long mais doté d'une petite bosse.
Dans toute la region des Aurès, le nom Diyya est assez courant chez les chaouis. Aussi, le personnage historique de Dihya est devenue de nos jours un symbole, aux cotés de Massinissa et de Jugurtha, etc. La tradition orale des chaouis ne donne presque aucuns renseignements précis sur le parcours de la Kahina ni même sur sa tribu des Dejrawa ni d'ailleurs sur les Zénètes ni des Houaras ni des Aurébas. Plusieurs écrivains français de la période coloniale ont écrits sur la Kahina sans référence préalable. Plusieurs romanciers ont écrits sur cette femme mystérieuse et légendaire.

[modifier] Notes et références

  1. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères
  2. Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères , partie des Zénètes , traduit par Slane, édition Berti, Alger 2003
  3. L'Anaïa était accordée obligatoirement à toute personne qui en faisait la demande. Par exemple, le roi Massinissa l'avait accordée à ceux qui furent au départ ses ennemis (Meztul, Lacumazes, Sophonisbe, etc).
  4. Ibn Khaldoun, Histoire des Berberes et el mokadima
  5. le jour du soir d'Algérie
  6. REVUE AFRICAINE

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

Voir références sur Dihya/Dimya (Kahina) sur http://www.mondeberbere.com/
  • Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères (traduit de l'arabe par le Baron de Slane), Tome I, Alger, 1852-1856, p.208.
  • Émile Félix Gauthier, Les Siècles obscurs du Maghreb, Payot, Paris, 1927, p.245.
  • André Chouraqui, "Histoire des Juifs d'Afrique du Nord" PUF, Paris, 1952.
  • Nabile Farès, Mémoire de l'absent, Éditions du Seuil, Paris, 1974.
  • Tahar Djaout, L'Invention du désert, Éditions du Seuil, Paris, 1987, pp. 31-33.
  • Gisèle Halimi, La Kahina (roman), Plon, 5 octobre 2006