Julien Gracq

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Julien Gracq
Naissance 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil
Décès 22 décembre 2007 à Angers
Activité Écrivain
Nationalité France Française
Langue français
Genre roman
Œuvres principales Le Rivage des Syrtes, Un balcon en forêt, etc.
Éditeurs José Corti, Gallimard (Pléiade)
Récompenses prix Goncourt 1951 (refusé) pour Le Rivage des Syrtes

Julien Gracq (de son vrai nom Louis Poirier) est un écrivain français, né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil et mort le 22 décembre 2007 à Angers.

Il s'est révélé être un auteur discret, estimant que l'écrivain doit disparaître derrière son œuvre. Inspirée par le romantisme allemand et le surréalisme, l'œuvre de Julien Gracq mêle l'insolite et le symbolisme fantastique. De son vivant, il a été publié dans la collection de la Pléiade (Gallimard) et mis au programme de l’agrégation de Lettres (session 2008). Il a été traduit en vingt-six langues[1].

Professeur agrégé d'histoire et de géographie dans le secondaire, il a exercé ce métier jusqu'à sa retraite en 1970.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il fait ses études au Lycée Georges-Clemenceau à Nantes puis au Lycée Henri-IV à Paris, à l'École normale supérieure (promotion 1930) et à l'École libre des sciences politiques. Choisissant d'étudier la géographie, il est élève d'Emmanuel de Martonne et d'Albert Demangeon[2] ; il est reçu à l'agrégation d'histoire et géographie en 1934. Durant sa carrière de professeur, il est successivement en poste aux lycées de Quimper, ville où il anime le cercle d'échecs, Nantes, et Amiens. Entre 1942 et 1946, il est en poste à l'Université de Caen, années dont il tirera Carnets du grand chemin en 1992[3]. Nommé au lycée Claude-Bernard de Paris en 1947 – où il aura comme élèves Jean-René Huguenin et Renaud Matignon, puis l'écrivain Jean-Paul Goux – il enseigne l'histoire et la géographie jusqu'à son départ en retraite en 1970.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans l'infanterie. Fait prisonnier en juin 1940, il est rapatrié d'Allemagne à titre sanitaire.

Après le refus de Gallimard, il publie sa première œuvre, Au château d'Argol, chez l'éditeur José Corti qui publiera également ses autres oeuvres. André Breton remarque le roman et à sa suite, la critique littéraire. Gracq reste fidèle à la personne de Breton, sans jamais appartenir au mouvement surréaliste. Il écrit d'ailleurs un essai intitulé André Breton, quelques aspects de l'écrivain en 1948.

La découverte en 1943 de Sur les falaises de marbre, le roman emblématique d'Ernst Jünger, est pour Gracq une révélation. Des similitudes stylistiques et thématiques se retrouvent dans les deux œuvres[4] et les deux hommes entrent en relation. Jünger note dans son journal à la date du 2 avril 1980 en évoquant des personnes venues pour fêter son quatre-vingt-cinquième anniversaire : « Avec mes amis parisiens, Julien Gracq était venu : c'est lui qui, après la mort de mon cher Marcel Jouhandeau, écrit la meilleure prose française[5]. »

Après avoir publié en 1950 dans la revue Empédocle un pamphlet, « La Littérature à l'estomac », sur la situation de la littérature et sur les prix littéraires, Gracq refuse l'année suivante le prix Goncourt pour Le Rivage des Syrtes, ce qui provoque une polémique médiatique.

Il publie en 1958 Un balcon en forêt, un roman qui prend appui sur son expérience de soldat dans les Ardennes au début de la Seconde Guerre mondiale et qui renouvelle le thème de la naissance de l'amour dans le contexte ambigu et tragique de la « Drôle de guerre ». Touché par le caractère étrange du personnage féminin Mona et de la situation amoureuse, le metteur en scène Michel Mitrani en tire en 1979 une adaptation cinématographique qui conserve le même titre.

À partir des années 1960, il publie plusieurs textes de critique littéraire (Préférences, Lettrines I, Lettrines II, En lisant en écrivant).

Se tenant à l'écart de la vie mondaine parisienne et des médias, il reste fidèle à son éditeur José Corti – il n'a changé d'éditeur qu'à l'occasion de la publication de ses œuvres complètes chez Gallimard dans la Pléiade – en continuant à publier, en particulier des notes de lectures tirées de nombreux « cahiers » qu'il intitule Lettrines, ou encore des récits de voyage ou de promenades, comme Autour des sept collines pour Rome en 1988 et Carnets du grand chemin en 1992. Sa manière d'écrire, en particulier sa capacité à décrire les paysages, et sa formation de géomorphologue en font une référence pour de nombreux géographes.

Saint-Florent-le-Vieil
Saint-Florent-le-Vieil


Il vit retiré dans son village natal de l'Anjou, avec sa sœur aînée, dans la maison de famille de Saint-Florent-le-Vieil, le long de la vallée de la Loire.
Il meurt, des conséquences d'un malaise à l'âge de 97 ans, en décembre 2007, après avoir signé 19 ouvrages qui ont fait de lui une figure majeure de la littérature contemporaine.

[modifier] Œuvres

Ses Œuvres complètes (jusqu'en 1992) ont été éditées en 2 volumes dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1989 et 1995.

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages

  • Jean-François Marquet, Gracq, la blessure du contingent, dans Miroirs de l'identité, Hermann, 1996.
  • Jean Pelletier, Julien Gracq, vérités et légendes, Éditions du Chêne, 2001, 171 pages.
  • Hubert Haddad, Julien Gracq. La Forme d'une vie, Éditions Zulma, 2004.
  • Farid Laroussi, Écritures du sujet : Michaux, Jabès, Gracq, Tournier, Éditions Sils Maria, 2006, 184 pages.
  • Jean-Louis Leutrat, Julien Gracq, Seuil, coll. « Les contemporains », 1991, 288 pages, (ISBN 202010699X)
  • Bernard Vouilloux, Julien Gracq. La Littérature habitable, Éditions Hermann, 2007.

[modifier] Revues

  • Revue 303, n° 93, novembre 2006. Numéro entièrement consacré à l'écrivain.
  • « Dossier sur Gracq », Le Magazine littéraire, n° 465, juin 2007.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Georges Cesbron, « Le Fonds Julien Gracq de la Bibliothèque Universitaire d'Angers » in Revue 303, n°93, novembre 2006, p. 244.
  2. Julien Gracq, « Carnets du grand chemin », José Corti, 1992, p. 148-150
  3. Xavier Alexandre, « Julien Gracq, le prof de géographie à Caen », Ouest-France, 28 décembre 2007
  4. Patrick Marot, « Figures de la lecture dans trois romans des années de guerre : Sur les falaises de marbre, Le Désert des Tartares et Le Rivage des Syrtes » dans Voix d'Ouest en Europe, souffles d'Europe en Ouest, colloque d'Angers 1992, Presses Universitaires d'Angers, 1993.
  5. Ernst Jünger, Soixante-dix s'efface II, Gallimard, 1985, p. 542.