Joseph Van Praet

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Profil de J. Van Praet par Gonnord
Profil de J. Van Praet par Gonnord

Joseph Basile Bernard Van Praet est un bibliothécaire et savant français originaire de Flandre, né à Bruges le 27 juillet 1754 et mort à Paris le 5 février 1837.

[modifier] La jeunesse

Fils de Joseph Van Praet (1724-1792), imprimeur-libraire de Bruges, Van Praet travaille d’abord chez son père avant de partir à Paris où il travaille pour le libraire Desaint puis chez Guillaume Debure (1734-1820), libraire de la bibliothèque du roi. Ce dernier est chargé de rédiger le catalogue de la vente du duc de La Vallière : Van Praet est alors remarqué par l’abbé Desaulnays, garde des imprimés de la Bibliothèque du roi, qui l’engage comme commis le 1er juillet 1784.

Dénoncé en septembre 1793, il se cache pendant deux mois chez un parent de Debure. Il est encore dénoncé après la Terreur en raison de ses origines belges, mais n’est pas inquiété. Il est alors l’un des deux gardes du Département des imprimés. L’organisation de la bibliothèque est revue en 1795 : il prend alors le titre de « conservateur des imprimés » et le garde pendant 42 ans.

[modifier] À la BN

Pendant la Révolution, il multiplie par trois le fonds dont il a la charge : le nombre d’imprimés de la Bibliothèque nationale passe de 300 000 à plus d’un million. Il effectue des choix habiles dans les dépôts littéraires de Paris et de Versailles. Après l’incendie de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés (19-20 août 1794), il parvient à obtenir une partie de ses fonds, passant plusieurs jours dans les caves de l’abbaye ruinée. Enfin, il en profite pour acheter en librairie ou en vente publique.

Il obtient enfin pour la BN des bibliothèques entières au fur et à mesure de l’avancée des troupes françaises en Europe (notamment en Italie). Au moment de rendre les livres ainsi obtenus, nombreux sont ceux qui furent opportunément « égarés ». Parfois, des exemplaires de la BN, moins bien conservés, furent substitués au véritable exemplaire confisqué. Un réseau de savants informateurs lui signalent également les bibliothèques privées proposées à la vente : il entretient ainsi une copieuse correspondance et achète de très importantes bibliothèques privées pour le compte de la BN (vente Loménie de Brienne (1792), vente Panzer (1807), vente du comte MacCarthy (1817), etc.)

Son rôle dans l’accroissement des collections, sa longue présence à la BN et sa science bibliographique en font longtemps un interlocuteur obligé pour la consultation des ouvrages anciens de la BN. À une époque où les livres ne sont pas catalogués, on la qualifie parfois de « catalogue vivant ». Lui-même s’intéresse particulièrement aux incunables sur vélins, dont il donne une bibliographie.

Au fil de ses visites dans les magasins, Van Praet y repère un grand nombre d’ouvrages très précieux qu’il juge prudent de classer à part, dans des fonds particuliers : vélins, incunables, éditions annotées, riches reliures, etc. Ainsi naît la notion de « réserve » : il y en a une par type de livre, jusqu’à ce que l’ensemble de ces collections soient rassemblées dans un unique local en 1836. Van Praet lègue sa propre collection de vélins à la BN.

Plus que son action comme président du conservatoire de la BN de 1830 à 1831 et en 1832, les 53 ans passés à la BN ont été fondamentaux dans l’évolution de cette dernière. Van Praet est élu le 19 mars 1830 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres et meurt en 1837.

[modifier] Sources

  • D. Varry, « Joseph Van Praet » dans Histoire des bibliothèques françaises, tome III, Les Bibliothèques de la Révolution et du XIXe siècle 1789-1914, Paris, Promodis-Cercle de la librairie, 1991
  • P.-C.-F. Daunou, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Van Praët, Paris, s.d. [1839]
  • Nouvelle biographie française, vol. 40, Paris, 1862
  • « Joseph Van Praet », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail édition]
  • S. Balayé,La bibliothèque nationale des origines à 1800, Genève, 1988
  • J.-F. Foucaud, La bibliothèque royale sous la Monarchie de Jullet, Paris, 1978
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