Joseph Angellier

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Joseph Angellier (Amboise 1778-Montlouis 1857) premier Polytechnicien amboisien sous-préfet pédagogue

A la vérité, nous ne connaissons pas grand-chose de la jeunesse du futur préfet Joseph-Jérôme-Hilaire Angellier, si ce n'est qu'il est né à Amboise et a été baptisé le jour même de sa naissance le 13 janvier 1778 dans la paroisse Saint-Denis d'Amboise. Sa mère est Marie-Anne-Françoise Coullon et son père Joseph Angellier, qui a vu le jour lui aussi à Amboise, appartient au milieu des officiers seigneuriaux de l'Ancien Régime, pépinière «d'administrateurs» : il est conseiller du roi et son procureur au grenier à sel d'Amboise lorsque surviennent les événements de 1789. Le ci-devant conseiller du roi fera l'acquisition de biens nationaux et se portera acquéreur en 1791 des terres et des communs du domaine de la Bourdaisière, qui n'avaient pas été détruits sis sur la commune de Montlouis ou plutôt MontLoire comme il était d'usage à cette époque de désigner cette commune viticole à trois lieues d'Amboise comme de Tours. Joseph Angellier est décédé à Amboise en 1821. Le jeune Joseph Angellier a fait ses études, comme plus tard Balzac, au collège de Vendôme et il doit poursuivre des études de mathématiques à Paris puisqu'il se porte candidat à l'admission de la toute nouvelle École Polytechnique créée par la Convention. Il subit un concours oral et les examinateurs d'entrée l'admettent dans la promotion de l'an VI (1798). Cette promotion dont le major est un jeune homme de 17 ans né à Pithiviers, Siméon-Denis Poisson, compte dans ses rangs un ancien élève de l’école centrale de Rennes Paul-René Binet (1779-1856) et un autre Tourangeau, Louis Gaultier fils d’un Constituant, qui embrassera une carrière dans l’enseignement de la géométrie descriptive à l’école de dessin du Conservatoire des arts et métiers. Après deux ans de formation auprès de maîtres comme Monge, qui ne semble pas l'avoir convaincu de poursuivre des recherches en géométrie descriptive, il quitte l’École Polytechnique en l'an VIII (i. e. 1801) sans rejoindre les cadres de l'armée ; il se retire se sentant irrésistiblement attiré par l'Administration et il entame une carrière «d'administrateur».

Il débute comme attaché à la Caisse d'amortissement. En 1804, le 5 germinal an V, il est envoyé à la préfecture de Sésia dans le Piémont comme secrétaire général et prend une part active à l'organisation de ce département français d'outre-Alpes. La création en l'an IX par le Premier Consul, du corps des préfets lui offre le cadre où il va pouvoir faire sa carrière. C’est ainsi qu’il accède successivement aux fonctions de sous-préfet à La Rochelle (24 mars 1809), Saintes (11 juin 1810) où il connaît la fin de l'Empire et la première et seconde Restauration (avec une parenthèse de presque Cent jours où il redevient brièvement sous-préfet de La Rochelle). Le roi Louis XVIII le nomme successivement sous-préfet de Lannion (16 avril 1817) et de Libourne (3 septembre 1817) : c’est à ce titre, qu’il rend compte d’une expérience d’introduction de l’enseignement du dessin linéaire selon la méthode de Francœur dans le Journal de l’éducation (tome 6, 1818, 211-213 ; cf Renaud d’Enfert, L’enseignement du dessin en France. Figure humaine et dessin géométrique (1750-1850), Paris, Belin, 2003).

Joseph Angellier  est nommé préfet des Landes (10 février 1819), du Tarn (19 mars 1819) et de l'Aude (19 juillet 1820) où il est remplacé le 1er septembre 1824. 

Le roi Louis XVIII le crée baron de la Bourdaisière à titre personnel avec anoblissement lettres patentes du 22 janvier 1825). Après avoir participé aux travaux de la Commission chargée de la liquidation de l'indemnisation de Saint-Domingue au bénéfice des anciens colons, sur ordre de Charles X, il sera enfin préfet dans les départements de la Corse (3 mars 1828) et du Var (du 2 avril au 23 août 1830) et décoré de l'ordre de la Légion d'Honneur. Il a épousé à Saintes Adèle-Marie Lys, fille de Charles Lys conseiller général de Charente-Inférieure et de Marianne Garesché. Un fils naîtra à Saintes le 8 juillet 1815 Gustave-Louis-Charles puis une fille. Après la Révolution de 1830 et après avoir servi sous l'Empire et la Restauration, Joseph Angellier se retire en Touraine, à Montlouis où il va se consacrer à la restauration de bâtiments de son domaine de la Bourdaisière et à la défense de la mémoire des hommes et du patrimoine de la Touraine. C'est lui qui fera édifier l'actuel château de la Bourdaisière vers 1850 sur les bases de l'ancien château construit par Philibert Babou le surintendant des finances de François Ier, et « déchiffreur du roi » . Choiseul avait fait détruire le château de la Bourdaisière notamment pour construire les extensions de son château de Chanteloup. Secrétaire puis président (1842-1850) de la Société d'Agriculture, sciences et arts d'Indre-et-Loire, héritière de la Société d'Agriculture instituée en 1761 pour la généralité de Tours, et l'ancêtre de l'Académie de Touraine, il compose divers ouvrages. On lui attribue de plus une Notice Historique sur le château de la Bourdaisière publiée à Tours en 1850, sans nom d'auteur. Après 1850 fut installée sur son domaine une grande éolienne pour puiser l'eau nécessaire à l'arrosage. Le baron Angellier créa dans l'enceinte du château un haras d'où sont issus des chevaux de course qui ont gagné des grands prix tels "Hébron" et"Kefalin". Joseph Angellier est mort à Montlouis le 19 mars 1857. Son fils Gustave-Louis-Charles sera confirmé baron de la Bourdaisière par décret impérial du 21 juillet 1860 et sera maire de Montlouis de 1856 à 1864. Il meurt au château de la Bourdaisière le 15 mai 1890. De son mariage avec Césarine Bacot est issu Gabriel né à Montlouis en 1841. Le baron Gabriel Angellier de la Bourdaisière épouse à Marolles le 30 octobre 1871 Elisabeth Bonneau mais le couple n'aura pas d'enfant. Après la mort du baron à Paris le 30 octobre 1871, son épouse habita seule le château. Vers 1905, au moment de la séparation de l'église et de l'Etat, elle contribua à la restauration du presbytère et à l'embellissement de l'église de Montlouis. L'héritière des Angellier, la comtesse de Montlivault vendit la propriété au comte des Monstiers-Merinville en 1920 qui l'occupa jusqu'en 1933. Le château fut vendu par la suite à un Anglais Watson dont la fille épousa un ancien champion d'Europe de boxe Dupré avant qu'il ne soit transformé en maison de retraite puis plus récemment accessible - contre monnaie sonante et trébuchante - aux visiteurs des châteaux de Touraine sous l'égide d'un prince-jardinier.

Jacques Borowczyk


sources

Archives Nationales F/1bI/155/5 Registre des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse Saint-Denis d'Amboise, 1778. Registre des décès de la commune de Montlouis, 1857. Dossier Joseph Angellier, Archives de l'Ecole Polytechnique. Biographie des préfets, Paris, 1826. Notice historique sur le château de la Bourdaisière , Tours, A. Mame, 1850, in-12, 148 p. Carré de Busserolles J.-J.-X., Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire, Tours, 1878. Chalmel J.-L, Tablettes chronologiques de l'histoire civile et ecclésiastique de Touraine , Tours, 1818. Grandmaison L. de, Notice Angellier in Dictionnaire de biographie française, col. 1074-1075. Sourdeval Ch.-M. de, Eloge de M. le baron Angellier, Annales de la Société d'Agriculture, sciences et arts d'Indre-et-Loire, t. XXIII, 1857, 179-188. Tanchou Rodolph, Montlouis Son histoire, ses souvenirs, 1976. Révérend A., Titres, anoblissements de la Restauration 1814-1830, t. I, Paris, Champion, 1901. Robert Pierre, Répertoire des personnes citées dans le Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire avec notes biographiques et généalogiques, t. I, p. 20.

Publications du baron Joseph Angellier :

Essai sur les jardins paysagers, Annales de la Société d'Agriculture, sciences et arts d'Indre-et-Loire, t. XII, 1832; 145. De la culture des fleurs à Tours, Annales de la Société d'Agriculture, sciences et arts d'Indre-et-Loire, t. XIV, 1834; 140 De l'influence de la culture presque exclusive de la vigne sur les mœurs, les habitudes et la prospérité des habitants d'un pays, Annales de la Société d'Agriculture, sciences et arts d'Indre-et-Loire, t. XVI, 1836; 135. Des citernes et de leur construction sur un point élevé pour l'arrosement des jardins d'agrément, Annales de la Société d'Agriculture, sciences et arts d'Indre-et-Loire, t. XX, 1840; 277.