John Fante

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John Fante (8 avril 1909 - 8 mai 1983) est un romancier, essayiste et scénariste américain.

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[modifier] Vie

Fils d'émigré italien, John Fante naît au Colorado, États-Unis, en 1909, au sein d'une famille croyante et conservatrice. Son enfance de gamin des rues turbulent se fera au sein d'une école jésuite, où Fante découvrira douloureusement le besoin de liberté, la sexualité, et l'écriture.

Il commence à écrire très tôt et, si on en croit ses romans autobiographiques, se montre comme un enfant particulièrement sensible, enflammé, charismatique et avide de la beauté du monde.

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Ses premières nouvelles attireront l'attention du célèbre H. L. Mencken, rédacteur en chef de la prestigieuse revue littéraire The American Mercury, qui publiera régulièrement la prose du jeune Fante (sa première nouvelle est publiée alors qu'il a 26 ans, mais il se fait passer pour plus jeune, par orgueil et goût de la mise en scène de son propre talent) et gardera même une correspondance de 20 ans avec le jeune écrivain (voir Correspondance Fante/Mencken, 10/18).

Son premier roman Bandini, parait en 1938 (bien qu'il ait déjà écrit précédemment le livre La route de Los Angeles' en 1933 et corrigé son ébauche vers 1936, lequel ne sera publié qu'après sa mort en 1986). Largement autobiographique, on y suit les pérégrinations du jeune Arturo Bandini, fils d'immigrés italiens, habile rhéteur, manipulateur, joueur et jouisseur, chercher une place au soleil à partir de son Colorado natal. L'œuvre est habile, élégante, montre un Bandini/Fante sûr de lui et de sa folie, bien en adéquation avec la personnalité de Fante : menteur, joueur, il n'a pas hésité ici, et comme il ne cessera de le faire, de travestir la réalité, pour lui donner plus de substance, plus de goût, plus de puissance. Et l'effort marche à merveille : Bandini est un héros inimitable, border-line, toujours à chercher l'extrême et la nausée dans ses envies : l'art, la philosophie, les femmes. Bandini constitue le premier quart d'un cycle autobiographique constitué de La route de Los Angeles, Demande à la Poussière, et beaucoup plus tardivement de Rêves de Bunker Hill.

À l'époque de Demande à la poussière (1939), Fante est encore un gamin torturé et impulsif, qui s'est installé dans un petit hôtel tenu comme une pension de famille par une dame patronnesse. Fante vit alors seul, envoie de l'argent à sa mère dès que tombe un cachet de l'American Mercury, prophétise le monde, est sans cesse tendu entre deux abîmes : les femmes et la littérature.

Fante épouse en 1937 une jeune et belle éditrice, Joyce, puis publie Plein de Vie dont le succès lui ouvrira les portes d'une carrière de scénariste à Hollywood. Cette carrière fut vraisemblablement alimentaire pour Fante, qui regrettait la cruauté bruyante de son travail de romancier. Il ne quittera cependant jamais ce dernier, dictant encore à sa femme Joyce les épreuves de Rêves de Bunker Hill à 74 ans, rendu aveugle par des complications de son diabète.

Fante eut quatre enfants, dont l'écrivain Dan Fante.

[modifier] Regard sur l'Œuvre

Comme l'a relevé Charles Bukowski (qui a toujours vu en Fante un maître, le comptant comme une influence majeure sur son envie d'écrire ; il a même été l'artisan de la réédition des œuvres complètes de Fante chez Black Sparrow Press, éditeur de Charles Bukowski), l'œuvre de John Fante est marquée par le goût de l'excès, de la provocation, de la remise systématique en cause des certitudes, des conventions. Là où d'autres gosses font ce qu'on leur dit lorsqu'on leur demande de ne pas s'approcher de la fenêtre, Fante saute. Ce même besoin de goûter la vie ad-nauseam s'est reproduit dans sa vie, avec des situations de chaos permanent. John Fante/Bandini était un homme joueur, impulsif, et toujours effrayé à l'idée de passer à côté de la moëlle de la vie, angoissé par le train-train ronflant des gens heureux. Ce besoin de saveur a précipité l'auteur comme le personnage dans une vie troublée, infiniment riche, mais aussi invivable pour ses proches.

[modifier] Bibliographie française

  • La Route de Los Angeles, écrit en 1933, publié en 1986 chez Bourgois, existe aux éditions 10/18 (n°2028).
  • Bandini, 1938, publié chez Bourgois en 1985, existe aux éditions 10/18 (n°1915).
  • Demande à la Poussière, 1939, publié en 1986 chez Bourgois, existe aux éditions 10/18 (n°1954).
  • Les Compagnons de La Grappe, 1977, éditions 10/18 ( n°2111).
  • Pleins de Vie, 1952, éditions 10/18 ( n°2089).
  • Mon Chien Stupide, 1987, éditions 10/18 ( n°2023).
  • Rêves de Bunker Hill, 1982, éditions 10/18 ( n°2056).
  • L'Orgie 1933 fut une mauvaise année, 1985, éditions 10/18 (n°2071).
  • Le Vin de la Jeunesse, 1985, éditions 10/18 (n°1998).
  • Correspondance Fante/Mencken, éditions 10/18 (n°2344).
  • Grosse Faim (nouvelles 1932-1959), publié chez Bourgois en 2001. Parution en 10/18.

[modifier] Biographies publiées

  • John Fante, la détresse et la lumière, par Silvain Reiner, publié en 1999 aux éditions du Castor Astral.
  • Plein de Vie, par Stephen Cooper, publié en 2001 chez Bourgois. Parution en 10/18, novembre 2002.

[modifier] Extraits

  • « Une belle journée, aussi belle qu'une fille. Il roula sur le dos et regarda les nuages filer vers le sud. Tout là-haut le vent soufflait en tempête ; il avait entendu dire qu'il venait du fin fond de l'Alaska et de la Russie, mais les hautes montagnes protégeaient la ville. Il pensa aux livres de Rosa, à leurs couvertures de toile cirée aussi bleue que le ciel ce matin. Une journée paisible, deux chiens en balade, s'arrêtant brièvement au pied de chaque arbre. Il colla son oreille contre le sol. Là-bas, au nord de la ville, dans le cimetière des hautes terres, on descendait Rosa dans sa tombe. Il souffla doucement sur le sol, l'embrassa, mit un peu de terre sur le bout de sa langue. Un jour, il demanderait à son père de tailler une stèle pour la tombe de Rosa » (Bandini, Christian Bourgois éditeur, 1985, p. 242).
  • « Un soir je suis assis sur le lit dans ma chambre d'hôtel sur Bunker Hill, en plein coeur de Los Angeles. C'est un soir important dans ma vie, parce qu'il faut que je prenne une décision pour l'hôtel. Ou bien je paye ce que je dois ou bien je débarrasse le plancher. C'est ce que dit la note, la note que la taulière a glissée sous ma porte. Gros problème, ça, qui mérite la plus haute attention. Je le résous en éteignant la lumière et en allant me coucher » (Demande à la poussière, Editions 10/18, 2002, p. 11).
  • « Elle m'a passé le bras autour du cou. Elle m'a tiré la tête et m'a enfoncé ses dents dans la lèvre inférieure. Je me suis débattu pour me dégager parce que ça faisait mal. Elle est restée à me regarder regagner l'hôtel, tout sourire, un bras passé par-dessus le dossier du siège. J'ai sorti mon mouchoir pour m'essuyer les lèvres. Le mouchoir avait du sang dessus. J'ai suivi la grisaille du couloir, jusqu'à ma chambre. À peine j'ai fermé la porte que tout le désir qui m'avait fait défaut juste un moment auparavant s'est emparé de moi. Il me cognait le crâne et m'élançait dans les doigts. Je me suis jeté sur le lit et j'ai déchiré l'oreiller avec mes mains » (Demande à la poussière, Editions 10/18, 2002, pp. 113-114).

[modifier] Liens externes