Jehan II d'Allonville de Réclainville

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Jehan II d'Allonville de Réclainville
Naissance : 1526
Pays chartrain
Décès : 1599 73 ans)
Origine : France
Allégeance : Armée royale française
Arme : Gendarmes
Service : 1540 - 1599
Commandement : Gouverneur de Chartres
Député aux États généraux de 1593
Gouverneur de Blois.
Distinctions : Chevalier de l'ordre du roi
Famille : Famille d'Allonville, branche de Réclainville
Photo: Blason d'Allonville

Jehan II d'Allonville de Réclainville est né en 1526 dans le pays chartrain et mort vers 1599.

Ardent catholique, d'une probité à toute épreuve, et dont la mémoire sera toujours chère au pays chartrain, écrira l'historien de la ville de Chartres[1], ce chevalier de l'ordre du roi jouit d'une haute considération acquise par de longs services. Ennemi à la fois des huguenots, et des ligueurs, Jehan II d'Allonville de Réclainville est, dans ces temps difficiles, souvent et utilement employés par Henri III et Catherine de Médicis[2]. Il est gouverneur de Chartres, puis de Blois, mais aussi député aux États généraux de 1593 des ligueurs nobles des pays du Centre.

Sommaire

[modifier] Sa famille

Blason des Morainville
Blason des Morainville

Jehan II d'Allonville de Réclainville est un membre de la Famille d'Allonville qui compte trois branches principale :

Il est le fils de Nicolas II d'Allonville de Réclainville (1500-1553), écuyer et sieur de Réclainville et du Grand Coudray (de 1532 à 1553).

Son père se marie par contrat du 12 juin 1524, à Louville-la-Chenard, devant Philippe Rossard, prêtre tabellion avec Marguerite de Morainville. La mère de Jehan II d'Allonville est la fille de Gervais de Morainville de Poupry (1480-1523) et Jeanne des Fiefs[3].


Nicolas d'Allonville de Réclainville (1407-1483)
x Hélye Moulart 
 |               
 | --> Jehan d'Allonville de Réclainville (1450-1522)
         x Bertranne du Monceau (1480-1565)
         | 
         | --> Nicolas II d'Allonville de Réclainville (1500-1553)
                 x Marguerite de Morainville
                 |
                 | --> Jehan II d'Allonville de Réclainville (1526-1599)
                         x Maria de Mesmes (1540-1631)
                         |
                         |--> Louis d'Allonville de Réclainville (1561-1619)
                               x 1) Suzanne de Hallot
                               |
                               | --> Pierre d'Allonville de Réclainville  (1586-1661)
                                     x Marie de Maillard
                                     |
                                     | --> Charles Louis d'Allonville de Réclainville (1641 -1713)
                                           x  Charlotte du Gast (1643-1680)
                                          

Au XVIIe siècle, les d'Allonville de la branche des Réclainville, quittent la Beauce et deviennent une famille des Yvelines (canton de Houdan). Ils sont seigneurs entre autres du Claquin et vivent à La Hauteville, mais aussi à Versailles, Paris et Montfort-l'Amaury.

Charles Louis d'Allonville de Réclainville (1641 -1713)
x  Charlotte du Gast (1643-1680)
|
| --> Nicolas d'Allonville de Réclainville (1678-1758)
     x Marguerite Perrier de La Chaussée (1679-1762)
     |
     | --> Nicolas Louys d'Allonville du Claquin (1715-1785) 
          x  Marie Chauvin (1737-1802)
          |
          | --> Armand Henry d'Allonville (1772-1866)
               x Anne Adelaïde Tocquiny de Villarceaux (1765-1816)                                                                                    
               |                                                                                                                                                                                                                                                             
               |--> Henri Amédée d'Allonville (1804-1885)
                    x Thérèse Françoise Gaudelet d'Armenonville (1800-1877)

[modifier] Biographie

[modifier] Sa jeunesse

Jehan II est chevalier de l'ordre du roi.
Jehan II est chevalier de l'ordre du roi.

Jehan II d'Allonville, seigneur de Réclainville, du Grand Coudray (1572-1599), de Bierville et de Maisonneuve, dans la Beauce. Il est tout d'abord lieutenant à la compagnie de gendarmes de M. de Fontaine-la-Guyon, puis chevalier de l'Ordre du roi, un des cent gentilshommes de la chambre.

En 1568, Charles IX, dont il possède la confiance, le charge d'assister le sieur d'Eguilly au gouvernement de Chartres. Sa prudente intrépidité contribue puissamment au salut de cette place importante, lorsqu'elle est attaquée par les huguenots, puis il est, toujours en 1568, gouverneur à Chartres en l’absence du marquis François d'Escoubleau de Sourdis[4].

Jehan II d'Allonville de Réclainville est cité comme parrain le 24 février 1571 à Beauvilliers et en 1581 à Gommerville, lors d'une donation de cinq boisseaux de terre champtier. Il échange une importante correspondance avec Henri III (1574-1599) et Catherine de Médicis. Il leur sert de diplomate et d’officier de renseignements dans la Beauce[5].

[modifier] Lieutenant ou remplaçant du gouverneur de Chartres

Bataille de Dreux en 1562.
Bataille de Dreux en 1562.

Jehan II d'Allonville de Réclainville est nommé, en 1582, gouverneur intérimaire de Chartres, pendant l'absence de François d'Escoubleau de Sourdis, envoyé en Italie. Ce capitaine arrive le 23 janvier 1583, au grand contentement des échevins qui comptent sur sa fermeté pour réprimer les pillages des gens de guerre et les vexations de quelques seigneurs du voisinage. Théodore des Ligneris, seigneur d'Ormoy et de Morancez, qui s'était mis dans la tête l’idée d'interdire la traversée de ses domaines aux marchands venant pour commercer à Chartres, est atteint le premier par sa nouvelle administration. Dans les mois de mai et de juin, Réclainville parvient à dissoudre des réunions suspectes qui se tenaient dans certaines maisons des champs[6].

En 1584, il est toujours gouverneur, comme le montre la lettre qui suit.

M. de Cheverny à Réclainville.

Lettre de M. de Cheverny à M. de Réclainville annonçant que le roy doit venir prochainement en la ville avec notable compagnie en dévotion, et que son intention est d'estre receu avec sa dicte compagnie tout ainsi qu'ont esté receus les habitans de Dreux qui sont venus en procession, et que le clergé et autres principaux de la ville s'acheminent pour trouver et recevoir Sa Majesté jusqu'au gué d'Oysesme.

Henri III, un roi au milieu des ruines.
Henri III, un roi au milieu des ruines.

Donné a Paris le 9e jour de mars 1584[7].

Réclainville, nommé par lettre du roi du 7 avril 1585, reste à Chartres.

Henri III aux échevins de la ville de Chartres

'De par le roi.

Chers et bien amés, ayant retenu près de nostre personne pour nos affaires et service le seigneur de Sourdis nostre lieutenant général au gouvernement de Chartreset pais chartrain, nous avons bien voulu escrire la présente pour vous dire que nous avons telle confiance de la fidélité et sincère affection que le sieur de Réclainville porte au bien de nostre service qu'il se scaura dignement acquitter de la charge qu'il a de nostre lieutenant commandant audit gouvernement en l'absence du dit seigneur de Sourdis, mesme pourveoir à toutes choses qui dépendront de la seureté et conservation de la ville de Chartres en nostre obéissance avec tel soin et vigilance qu'il la gardera bien de surprise en ce temps plein de troubles et remuement d'armes, comme il a bien seu faire durant les guerres civiles durant le voyage que le dit seigneur de Sourdis a fait en Italie pour nostre service, à vostre commun bien, repos et contentement; au moyen de quoy nous désirons et vous ordonnons que vous ayés à luy obéir et respecter en tout ce qu'il vous commandera pour nostre dit service, seureté, deffense et conservation de la dicte ville, tout ainsy que vous feriés au dit seigneur de Sourdis , sans y faire aucune difficulté. Et à ce ne faites faute, car tel est nostre plaisir.

Donné à Paris le 7e jour d'avril 1585[8].

Réclainville fait expulser, au mois de septembre 1586, les vagabonds et bandits étrangers qui contribuent à la misère publique. Cette exécution est commandée, d'ailleurs, par la sureté générale.

M. d'Entraigues, bailli d'Orléans, informe, au mois de juin 1587, le gouverneur de Chartres de certains projets formés par quelques rebelles contre la ville, et il est parvenu de plusieurs côtés des avis annonçant l'approche de bandes de gens de guerre inconnus.

Catherine de Médicis, lui écrit le 26 octobre 1587 pour lui demander de réquisitionner les blés des environs et de les faire amener à Chartres afin qu'ils ne puissent servir aux ennemis. Il est particulièrement estimé d'Henri III et de Catherine[9].

Le roi se défie du gouverneur intérimaire de Chartres, qu'il pense entièrement dévoué à la politique des Guise ; sous prétexte que la garnison n'est pas suffisante pour garder une place aussi grande et aussi menacée, il dépêche, le 3 novembre 1587, avec sa compagnie, M. de Pougny, de la famille d'Angennes, chevalier de l'ordre du roi, et capitaine de 50 lances des ordonnances.

Henri, duc de Guise, 1588
Henri, duc de Guise, 1588

Henri III veut que ce seigneur partage le commandement avec Réclainville. Mais ce dernier ne consent pas à souscrire à un pareil partage. Sur son invitation, la Chambre municipale de Chartres fait observer à Henri III, par lettre du 7, qu'il est à craindre que deux gouverneurs égaux en dignité ne soient pas d'accord ensemble et qu'il semble plus convenable de laisser Jehan II d'Allonville de Réclainville seul en possession de la charge, en raison de la grande concorde qui existe entre lui et les habitants. En même temps on éconduit courtoisement Pougny et ses gens, sous prétextes que la crainte des soldats empêche les paysans de venir travailler aux fortifications.

Le Roi n'ose pas insister, mais pour reléguer Réclainville au second rang, il donne ordre à François d'Escoubleau de Sourdis, gouverneur titulaire, d'aller regagner sur-le-champ son poste. La défiance du Roi se manifeste à la même époque en nommant le lieutenant-général François Chouayne, en méprisant l’avis des échevins, qu’il craint manipulés pas Réclainville.

Lors du siège de Chartres, par Louis Ier de Bourbon-Condé en 1587, l'émoi avait été grand lors de la marche à travers la Beauce des troupes de reîtres, arrêtées aux portes de Chartres par la victoire remportée à la bataille d’Auneau par le duc de Guise.


Désireux, encore une fois, de recueillir des épaves du désastre des Allemands, les Chartrains conduits par Jean d'Allonville, vont déterrer et ramènent à Chartres, deux pièces d'artillerie, ou gros pétards, que les vaincus avaient enfouies avec quantités de boulets, entre Santeuil et Saint-Léger-des-Aubées. Ce sont deux belles pièces chacune de 6.468 livres, jetant des boulets de 22 livres. En l'une d'icelle estoit empreint un lion, en l'autre une lionne avec les armes du Danemark.

Cependant, après la Journée des barricades (1588), lorsque Henri III, échappé par l'adresse de sa mère, vient se réfugier auprès de Réclainville et résider à Chartres.

Sans doute Jehan II d'Allonville de Réclainville est déjà acquis aux ligueurs, puisqu'on le voit refuser au roi d'user de son influence et de faire élire aux États généraux de 1588-1589, Jacques d'Angennes, sieur de Maintenon, dont le frère est protestant. Le sieur de Maintenon était capitaine des gardes du roi sous Charles IX. Réclainville est en famille ou ami avec une bonne partie des nobles beaucerons, donc il connaît bien leur état d’esprit. Il dit au roi qu'un député aux États devant tenir pour la religion catholique contre la nouvelle, il n'y avait pas apparence qu'il se portât pour les catholiques, puisqu'il supportait les huguenots ; que voilà pourquoi l'on ne pouvait faire choix de sa personne pour député aux États[10]. Le dialogue est difficile. Jehan est bègue et très énervé. Il n’ose pas lui dire que la noblesse du pays chartrain déteste son protégé et le roi est comme en colère[11].

Néanmoins, Henri III, en voyant les canons de d’Allonville, les trouve à son goût et les amène à sa suite. Vers ce temps-là, François d'Escoubleau de Sourdis étant de retour, Jean d'Allonville reprend ses fonctions subalternes de lieutenant.

[modifier] Gouverneur de Chartres (1588)

Charles de Mayenne le nomme gouverneur de Chartres.
Charles de Mayenne le nomme gouverneur de Chartres.

Le Conseil du Roi envoie Réclainville prévenir les ducs de Guise, mais ce gentilhomme beauceron étant bègue manque de l’éloquence pour convaincre ces princes[12].

Après l'assassinat des ducs de Guise (23 décembre 1588), soit qu'il est indigné du crime commis, soit, comme l'insinuera Pierre Victor Palma Cayet, soit qu'il veuille comme d'autres lieutenants-gouverneurs profiter de l'occasion pour supplanter son chef, Jehan II d'Allonville de Réclainville jure et fait jurer la sainte union à la ville de Chartres, dont il devient gouverneur. Il décide d’organiser de la place forte contre les troupes réunies des deux rois de France et de Navarre[13].

Sur la demande des Chartrains, il reçoit du duc de Mayenne, Charles de Mayenne le gouvernement de la ville[14]. Son premier acte, bien que ligueur, est de sauver un défenseur du roi, François d'Escoubleau de Sourdis[15] que le duc de Mayenne voulait faire décapiter, puis il oblige le reste des habitants à jurer l'union. Réclainville fait aussi chasser les huguenots de la ville, en fait emprisonner quelques-uns, et se prépare à défendre énergiquement la place contre les troupes d'Henri III.

Jehan II d'Allonville de Réclainville signale son entrée en fonctions par une activité remarquable ; il fait prêter serment aux paroisses de la banlieue, envoie des émissaires à M. de La Perrière, bailli, alors à sa maison de Saint-Maurice-de-Galou, près La Loupe, pour découvrir quel parti tiennent certaines troupes rassemblées dans ces quartiers, hâte la levée d'une compagnie d'arquebusiers destinée, sous les ordres de M. de Tivernon, son gendre, à partager avec la milice le service du guet, met à l'étude une restauration générale des murailles et parvient à expédier aux princes catholiques, généraux de l'Union, 200 chevaux d'artillerie pour la part du bailliage de Chartres. Tout cela est fait avant le 1er mars 1589[16].

Le 16 mars, M. de Réclainville adresse à tous les nobles et gentilshommes du pays une circulaire pour les inviter à venir jurer l’Union[17].

Afin que les réparations des murailles puissent être mieux suivies, Jehan II d'Allonville de Réclainville fait substituer, le 17 mars 1589, à la commission temporaire des fortifications, un bureau permanent siégeant en la chambre aux bourgeois de la Tour-le-Roi, les lundi, mercredi et vendredi de chaque semaine[18]. Il parcourt la Beauce avec des cavaliers et est très craint des troupes protestantes[19]. Néanmoins Réclainville, en se rendant à Bonneval pour encourager les habitants à la rébellion, est attaque par l'avant-garde de l'armée des huguenots, et perdit cinq hommes[20].

Le gouverneur est autorisé, en cas d'affaires délicates, à ne convoquer au conseil que douze personnes (17 avril et 18 avril)[21]. Pour compléter les rouages de ce conseil directeur, Réclainville communique, le 28 avril, une décision du Conseil général de Paris, prescrivant aux Chartrains de faire choix d'un substitut du procureur-général de l'Union, à la résidence de Chartres.

Sa fonction fait aussi des jaloux, surtout dans la famille d'Angennes : Comme aussi pour la ville de Chartres, je puis dire avec vérité que les habitans d'icelle ayant sceu que le sieur de Maintenon, leur voisin, qui de tout temps estoit fort haï et mal voulu d'eux, poursuivoit de leur faire oster le sieur de Réclainville, qui y commandoit en mon absence, et du sieur de Sourdis qui y estoit infiniment aimé, et que le sieur de Maintenon, lors en faveur près du Roy, les menassoit d'y en mettre un autre avec bonne et forte garnison à sa dévotion, ils se laissèrent facilement emporter aux persuasions du sieur de Lignery, aussi voisin de ladite ville, homme d'esprit et de faction, lequel s'estoit rendu ennemy dudit sieur de Maintenon, et ensemble dudit sieur de Réclainville, parce qu'ils l'avoient ensemble traversé en la vraye eslection qui avoit esté faite de sa personne pour aller ausdits estats de la part de la noblesse du bailliage dudit Chartres, ledit sieur de Maintenon l'ayant emporté[22].

Aussi le roi, le 20 juillet 1589, rend un arrêt contre Jehan II d'Allonville de Réclainville et sa famille, comme coupables de lèse-majesté. Pour répondre à l’avis de cet arrêt de lèse-majesté rendu, le 20 juillet, par le parlement de Tours contre Réclainville et son gendre Tivernon, il est prescrit à chaque bourgeois, le 31, de faire provision, sous trois jours, de trois setiers de farine, de deux livres de poudre et de balles et cordages, de travailler aux murailles et de détruire les bâtiments élevés clans un rayon de 200 pas des murs[23].

Quand Henri III est assassiné, Jean d'Allonville refuse de reconnaître Henri de Béarn comme roi de France.

[modifier] Sous les ordres de Georges Babou de La Bourdaisière (1590)

Cependant, Jehan II d'Allonville de Réclainville trouve à Chartres des ligueurs qui l'accusent de tiédeur et même de trahison. On prétend qu'il a, par négligence, laissé prendre un lieutenant que lui envoyait Mayenne. On lui reproche d'avoir relâché François d'Escoubleau de Sourdis et le baron de Courville auquel il a refusé les pleins pouvoirs soulève le peuple. Il y a contre lui des émeutes, il est même emprisonné par les plus extrémistes des ligueurs, le 15 septembre 1589. Le Conseil Général de l’Union avait pourtant écrit à Réclainville le 26 juin 1589 et lui souhaite que Dieu lui donne santé, longue et heureuse vie[24].

Il refuse de reprendre le poste de gouverneur et le cède à Georges Babou de La Bourdaisière. Car, selon Réclainville, il ne peut dompter les mutins sans une forte garnison, ni la recevoir sans incommoder les bourgeois[25]. Son gendre et ses enfants emprisonnés dans la grosse tour sont libérés[26].

Charles de Mayenne accepte à la condition qu'il prenne les conseils du sieur de Réclainville[27]. La Bourdaisière ne le fait pas et bientôt les habitants regrettent d'Allonville qui, tout en servant la Ligue, ménageait leurs intérêts.

La Bourdaisière partage les quartiers entre les capitaines. Il se réserve la porte Saint-Michel, donne à MM. de Pescheray et de Longny la porte des Épars, à MM. de Rochambeau et de Réclainville, la porte Chatelet, à MM. de La Pinellière, de La Patrière de Beauce et de La Croix-Cottereau, la porte Drouaise, à MM. de Gramont et d'Intigny, la porte Guillaume[28].

[modifier] Le siège de Chartres (1591)

Henri IV essaie de négocier avec Charles de Mayenne et Réclainville. Celui-ci lui fait porter le message suivant : Mes ancêtres n'ont servi que des rois catholiques, je suivrai leur exemple. Je serais infidèle à ma religion si je reconnaissais pour souverain un prince non catholique[29].

En février 1591, Henri IV met le siège devant Chartres, parmi les défenseurs de la place se trouvent Jehan II d'Allonville de Réclainville et sa famille. Louis d'Allonville sieur de L'Etang, d'Intigny, de La Rivière, de Mézières, de Lamarre et de La Boujardière, est capitaine de compagnies détachées[30].

Henri IV arrive devant Chartres le 15 février 1591.

Les troupes régulières et les six compagnies de la milice bourgeoise forment un effectif de 3.500 hommes de pied et de 300 chevaux, environ. Mais toute la population, accrue d'un grand nombre de paysans réfugiés, travaille aux fortifications et aux brèches.

Le premier défenseur de Chartres tué par l'ennemi est un soldat de la suite de Réclainville, qui reçoit un coup d'arquebuse au ravelin de la porte des Epars[31].

Jeudi 28. Jehan II d'Allonville de Réclainville, commandant au rempart de la porte Saint-Jean, est blessé d'une pierre que la boule d'une artillerie lui fait voler contre la tête, dont il fust longtemps entre les mains des barbiers, mays enfin grâces à Dieu il en guérit[32]. Il dit à propos de ce siège long et coûteux en vies humaines : J’ai été en nombre d’occasions, mais jamais en d’aussi périlleuses[33].

Réclainville, de Vaux et d'Intigny tiennent la porte aux Cornus. De tous les gens de guerre, La Pinellière, La Croix-Collereau et Réclainville sont à peu près les seuls qui souhaitent négocier. Le Roi, informé par ses amis chartrains de la désunion qui règne dans la ville, juge le moment venu de tenter un accommodement[34].

Cette fois, la ville se rend en avril 1591, et d'Allonville est un de ceux qui protestent contre cette capitulation sans conditions acceptables. Engagé par serment avec ses autres défenseurs à mourir pour leur religion, disant que : la couronne de France n'appartenait qu'à un roi catholique; que s'il (Henri IV) avait eu cette qualité, on lui aurait porté les clefs de la ville, comme au légitime prince. Jean d'Allonville décide donc de refuser de signer.

[modifier] Gouverneur de Blois (1592)

Dalle funéraire de l'un de ses cousins, Antoine d'Allonville du Plessis-Saint-Benoist et de sa seconde femme, Jacqueline de Lisle, mort en 1598.
Dalle funéraire de l'un de ses cousins, Antoine d'Allonville du Plessis-Saint-Benoist et de sa seconde femme, Jacqueline de Lisle, mort en 1598.

D’Allonville est gouverneur de Blois, pour la Ligue. Henri IV essaie de l'acheter : Aujourd'hui, répond-il, le roi est catholique, je lui dois obéissance et service de sujet, comme j'ai dû le lui refuser avant sa conversion. Ce service n'est pas de nature à être ni vendu, ni acheté[35]. C'est la paraphrase assez laborieuse du mot célèbre de Lhuillier, le prévôt des marchands de Paris, au gouverneur Brissac : Rendre et non pas vendre.

La ville de Blois n'a jamais été ligueuse, et Henri IV y entre avec apparat, cinq mois avant son abjuration, le 19 février 1593. Henri IV abjure solennellement le protestantisme, le 25 juillet 1593 en la basilique Saint-Denis.

[modifier] Député de la noblesse aux États généraux de 1593

La nouvelle de la convocation des États de la Ligue à Paris, sous la présidence du duc de Mayenne, Charles de Mayenne, fait revenir Henri IV à Chartres, le 13 décembre 1592, avec ses principaux conseillers. Le but avoué de l'assemblée ligueuse est de procéder à l'élection d'un roi catholique[36].

Le 19 janvier 1593, Jehan II d'Allonville de Réclainville, qui est encore gouverneur de Blois est désigné député aux États généraux de 1593 de la Ligue nobiliaire des pays du Centre : Anjou, Touraine, Maine, pays Chartrain… des nobles qui s'étaient réfugiés à Orléans. Son cousin, François II d'Allonville d'Oysonville, avait déjà été député de la noblesse aux précédentes convocation des États généraux. Il est admis aux États le 25 mai 1593. Entre sa désignation et son admission, la ville de Blois s’est ralliée à Henri IV.


Icône de détail Article détaillé : États généraux de 1593.

[modifier] La fin de sa vie

Cossé-Brissac, chèrement payé, fait sa soumission à Henri IV, en disant : II est juste de rendre à César ce qui appartient à César, et s'attire cette réponse méritée : Oui, mais il ne faut pas le lui vendre. Réclainville se retira des affaires politiques. La fin de la vie de Jehan II d'Allonville de Réclainville est plus calme. Il se retire au milieu de ses terres, fait son testament en 1597. Il jouit d'une haute considération dans le royaume acquise par de longs services. Il termine sa carrière dans un âge très avancé[37].

[modifier] Sa descendance

Blason des Mesmes
Blason des Mesmes

Jehan II d'Allonville se marie par contrat du 5 novembre 1560 devant Nicolas Petit, substitut au lieu de Marolles, sous Guillaume Prieur, tabellion à Montlhéry, à Marie de Mesmes (1540-1631), fille de Philippe, seigneur de Marolles et Madeleine Bertholle. Marie est née au château de Marolles[38]. Son père est cité au niveau d’un document : 200 livres tournois de rente à Philippe de Mesmes, écuyer, seigneur de Marolles, le 10 avril 1510 (1511), rente rachetée le 23 août 1510[39]. Elle survivra de longues années après le décès de son mari et elle sera inhumée le 6 avril 1631 dans l'église de Gommerville, devant l'autel Saint-Claude et Saint-Fiacre.

Les Mesmes de Marolles seront présents à la Cour, jusqu'en 1789, ils portent : D'argent au chevron d'azur, accosté de trois merlettes de sable, 2 en chef et 1 en pointe[40]. Marie de Mesmes est l'arrière-petite-fille d'un Jean, seigneur de Marolles en 1481, qui fit labourer et mettre en culture toutes les terres non cultivées de la région.

Jehan II d'Allonville de Réclainville et Marie de Mesmes ont trois enfants :

Blason des Hallot : D'argent, à 2 fasces de sable, accomp. de 3 annelets de mesme, en chef.
Blason des Hallot : D'argent, à 2 fasces de sable, accomp. de 3 annelets de mesme, en chef.
  • Louis d'Allonville de Réclainville (1561-1617), chevalier, seigneur de Réclainville, vivant en 1615. Selon les Mémoires de Sully, il commande 400 cavaliers ligueurs qui pourchassent les cavaliers partisans du roi de Navarre[41]. Il est cité le 13 juin 1606, à Sours. Il écrit : Déclaration de Louys de Dalonville, sieur de Reclainville en Beausse... par laquelle il expose les raisons qui l'ont meu à quitter l'Église romaine pour faire profession de la vraye religion[42]. Cette conversion à la religion protestante est surprenante dans une famille de partisans de la Ligue, mais bien entendu postérieure à la mort de son père. Louis d'Allonville de Réclainville se marie trois fois :
  • Une seconde fois, vers 1590, avec Anne Lamy (1565-1600), fille de Méry Lamy de Loury (1510-1572)et d’Anne de Baraton[43]. Cette famille des Lamy possèdera Loury pendant près de deux cent cinquante ans. Méry Lamy, seigneur de Loury, ayant épousé, en 1563, Anne Barathon, dame d'Aschères, beaucoup plus jeune que lui, eut souvent à se plaindre de ses infidélités. Hector de Morainville, seigneur de Poupry et de La Roncière, entretint avec elle des relations. Il tua le père d’Anne Lamy. Lui et la mère d’Anne eurent la tête tranchée. La future mariée et son frère, par lettres données à Fontainebleau en 1573, par la reine Catherine de Médicis, régente, obtiennent confiscation des biens de leur mère. En 1583, à l'époque de la réformation de la coutume d'Orléans, nous voyons encore figurer parmi l'état de la noblesse Jean Lamy, sieur de Romville, près Neuville, comme baillistre des enfants de Méry Lamy, à cause de leur seigneurie d'Aschères et celle de Loury[44]. Louis d'Allonville de Réclainville est parent d’Hector de Morainville, seigneur de Poupry, par sa grand-mère paternelle.
  • En 1601, il se remarie avec Françoise de Crémainville, veuve de Christophe de Maillard, seigneur de La Boissière. Elle est la fille de Jacques de Crémainville et d’Antoinette de Villebranche. Françoise de Crémainville, veuve de Louis d'Allonville de Réclainville, demeurant à Réclainville, en son nom et comme tutrice de leurs enfants mineurs constitue procureur pour consentir au profit de Maître de La Chaise, seigneur du Mesnil (Saint-Arnoult-en-Yvelines), président d'Abbeville, les intérêts au dernier seize (118 livres 15 sols) de 1.900 livres en laquelle elle lui est obligée à la décharge de Loise de Languedoue et de Étienne de Havard son gendre, par contrat du 8 décembre dernier[45].
  • Deuxième enfant du couple Réclainville-Mesmes, Charlotte d’Allonville (1562-1590), baptisée à Saint-Saturnin de Chartres, le 3 mars 1562, se marie avec Jehan de Gombert, conseiller à la Cour du Parlement de Paris[46].
  • Adrien d’Allonville, (1567-1617), fils cadet, est écuyer, seigneur de Bierville, en 1597. Il se marie avec Madeleine de Maillard. Elle est citée comme veuve en 1618, lors d'une donation d'un setier de terre, au dit Champtier de Bierville. Ils ont quatre enfants, mais cette branche tombera en quenouille rapidement[47].

[modifier] Notes et références

  1. Doyen, t. II, p.91.
  2. Biographie universelle, ancienne et moderne… p.368.
  3. [http://htw.free.fr/higeal.htm La Maison d'Allonville, auteur : Guy de Rambaud, D'après une généalogie manuscrite dressée au cabinet des ordres du roi, déposée aujourd'hui au cabinet des titres de la Bibliothèque royale. Il y en a un double exemplaire dans le cabinet d'Hozier.
  4. François d'Escoubleau de Sourdis, gouverneur de Chartres et premier écuyer de la Grande Écurie, père d’Henri d'Escoubleau de Sourdis.
  5. Biographie universelle, ancienne et moderne…, p.368.
  6. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.280.
  7. Extrait, Anciens registres des échevins, tome II, p. 100.
  8. Henry Brulart, Anciens registres des échevins, tome II.
  9. On conservera jusqu'en 1792 en l'étude du notaire Gibé, sa correspondance avec la reine-mère. Biographie universelle, ancienne et moderne… p.368.
  10. Les Hommes illustres de l'Orléanais biographie générale des trois ..., par Charles Brainne, J. Debarbouiller, Charles Ferdinand Lapierre, p.170 et suivantes.
  11. André Chédéville, Histoire de Chartes, p.206.
  12. André Chédéville, Histoire de Chartes, p.206.
  13. Les Hommes illustres de l'Orléanais biographie générale des trois ..., par Charles Brainne, J. Debarbouiller, Charles Ferdinand Lapierre, p.170 et suivantes.
  14. Histoire de Chartres, Ernest de Buchère de Lepinois, p. 618.
  15. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre..., p. 499, article de Thou.
  16. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.297.
  17. Pièce cataloguée, Lb 14, n° 695'; Bibl. imper.
  18. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.299.
  19. Mémoires de Maximilien de Béthune, duc de Sully, principal ministre d'…, p.230.
  20. Orléanais histoire des ducs et du Duché d'Orléans ..., de V. Philipon de la Madelaine, p.380.
  21. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.301.
  22. Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, de Louis-Jean-Nicolas, p.132.
  23. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.304.
  24. Anciens registres des échevins, tome II, p. 249.
  25. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre..., p. 399, article Réclainville.
  26. Histoire de Chartres, de Eugène de Buchère de Lépinois, p.306.
  27. Mémoires, par Société archéologique de l'Orléanais, p.184.
  28. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.316.
  29. Les Hommes illustres de l'Orléanais, biographie générale des trois ..., par Charles Brainne, J. Debarbouiller, Charles Ferdinand Lapierre, p.170 et suivantes et Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre..., p. 399, article Réclainville.
  30. Histoire de Chartres, de Eugène de Buchère de Lépinois, p.316.
  31. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.317.
  32. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.321.
  33. Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre..., p. 399, article Réclainville.
  34. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.332.
  35. Les Hommes illustres de l'Orléanais, cours d'histoire de France par A. Mazas, t.III, p.71.
  36. Histoire de Chartres, par Eugène de Buchère de Lépinois, p.348.
  37. Les Hommes illustres de l'Orléanais biographie générale des trois ..., par Charles Brainne, J. Debarbouiller, Charles Ferdinand Lapierre, p.170 et suivantes.
  38. Patrimoine de la famille de Mesmes de 1481 à 1680, puis par la suite en 1788 de Louis Alexandre de Montmorency, Prince de Robecq. Ce château est incendié par les nazis en 1944.
  39. Chantilly, Les Archives. Le Cabinet des titres, de Musée Condé Archives, p.156.
  40. Histoire des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, p.205.
  41. Mémoires de Maximilien de Béthune, duc de Sully, principal ministre de... p.336.
  42. La Rochelle : les héritiers de H. Haultin, 1616, Description matérielle : In-8, 36 p., Notice n° : FRBNF30296274.
  43. Société d'archéologie de Rambouillet. Mémoires, 1910, t.21, p.489.
  44. Bulletins de la Société littéraire de l'Orléanais, p.199 et suivantes.
  45. Minutes chartraines.
  46. Société d'archéologie de Rambouillet. Mémoires, 1910, t.21, p.489.
  47. Archives départementales d'Eure-et-Loir.

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