Jan Bucquoy

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Jan Bucquoy est un réalisateur de cinéma né le 16 novembre 1945 à Harelbeke. Il a débuté comme régisseur de théâtre. Après une carrière de scénariste de bande dessinée, il s'est lancé dans le cinéma. Il a été conservateur du musée du slip. Il est surtout connu pour ses interventions intrépides à la télévision et son coup d'état annuel à Bruxelles. On pourrait le catégoriser comme un artiste post-surréaliste [1]et situationniste.[2] Il est aussi écrivain.[3]

Jan Bucquoy
Jan Bucquoy lors de la conférence de presse pour la sortie du film La vie politique des Belges au Actor's Studio à Bruxelles (en mai 2002)
Jan Bucquoy lors de la conférence de presse pour la sortie du film La vie politique des Belges au Actor's Studio à Bruxelles (en mai 2002)

Nom Jan Bucquoy
Naissance 16 novembre 1945
Harelbeke
Films notables La vie sexuelle des Belges, Camping Cosmos, Le Bal du rat mort, Les chemins de la gloire...
Site internet Site officiel
Récompense(s) Grand Prix du Festival de Cinéma d'Ourense 1996 pour Camping Cosmos.
Prix André Cavens (Union de la Critique de Cinéma) du meilleur film Belge de l'année 1994 pour La vie sexuelle des Belges 1950-78.

Prix Saint-Michel de la meilleure bande dessinée 1981 pour Le Bal du rat mort. Prix de la meilleure BD Belge 1987 pour Les chemins de la gloire.

Sommaire

[modifier] Carrière au théâtre

[modifier] Études

Il a étudié la littérature à Grenoble, la philosophie à Gand, la réalisation à Bruxelles (INSAS) et les sciences politiques à Strasbourg et dans la même ville à l'Ecole Supérieure d'Art Dramatique. À Strasbourg, donc pendant ses études, il a commencé ses expérimentations de théâtre avec le Laboratoire d'Action Populaire (L.A.P.) dans lequel il était directeur de troupe. Il a mis en scène des pièces de Meyerhold, Bertolt Brecht, Fassbinder, Erwin Piscator et Michel de Ghelderode. De ce dernier il a mis en scène à Narbonne[4] : Barabbas, Christophe Colomb, Hop Signor!, Masques ostendais et Sortilèges (cette dernière en collaboration).

[modifier] France

Pendant une tournée dans le Nord de la France durant l'été 1966, il met en scène Huis clos de Sartre. À Paris, il fait scandale en présentant la pièce de Fassbinder Les Larmes amères de Petra von Kant avec une handicapé poussée dans une chaise. À Grenoble, il sympathise avec Jean-Luc Godard et travaille dans son studio avec les bandes magnétiques afin de rendre le cinéma plus léger dans le transport [5]. Il expérimente avec les acteurs : théâtre en rond/théâtre en bloque, dans lequel on voit les acteurs de tout les côtés, méthodes de relaxation d'acteurs comme dans sa mise en scène de Christophe Colomb dans laquelle les acteurs doivent expérimenter la peur de la chute à la fin du monde dans le bateau sous une forme d'hypnose. Ces expériences de théâtre lui furent utiles plus tard comme réalisateur de cinéma (direction d'acteurs)[6].


[modifier] Carrière d'auteur de bande dessinée

[modifier] Œuvres majeures

Il est écrivain et auteur d'une cinquantaine de bandes dessinées : il a notamment publié la série (Daniel) Jaunes avec Tito inspirée par Alfred Korzybski, Les chemins de la gloire (Glénat (éditeur) 1985) avec Daniel Hulet, Une épopée française (Glénat (éditeur) 1990) avec Sels et une parodie pornographique de Tintin[7], qu'il n'hésite pas de présenter par le personnage du présentateur de Radio Cosmos (Claude Semal) dans une scène délirante avec Lolo Ferrari dans le film culte Camping Cosmos. Sans oublier le thriller Le Bal du rat mort (Glénat 1986) avec J.F. Charles qui se passe entièrement à Ostende (à l'exception de quelques scènes à Bruxelles) et qui obtient le Prix Saint-Michel de la meilleure bande dessinée en 1981. Son film La Vie sexuelle des Belges 1950-78 est basé sur sa bande dessinée Jean-Pierre L'Heureux, Brèves Rencontres (1987) et Tout va bien (1990) dessinée par Jean-Philippe Vidon dans laquelle il incarne son personnage principal.

« Il est le contraire des bons faiseurs de scénarios, des gens réconfortants qui ne commettent pas ses erreurs, mais qui ont tellement moins à dire. »
    — Robert Rouyet dans « Les chemins de la gloire sont couverts de boue », Le Soir, 28 janvier 1986.

[modifier] Personnages

Ses héros (par exemple Jean Lamorgue dans Le Bal du rat mort ou Raymond Lécluse dans Les chemins de la gloire, qui proclame à la fin du premier tome : « Paris, à nous deux ! »)[8] sont souvent inspirés par les personnages principaux de Honoré de Balzac[9](comme Lucien de Rubempré, Eugène-Louis de Rastignac, etc.) avec les thèmes récurrents de la grandeur, la splendeur, avec la chute, la décadence, les illusions perdues et les misères. Par contre les personnages de ses films sont des anti-héros qui transcendent plutôt l'optimisme des protagonistes de Charles Dickens comme David Copperfield ou Oliver Twist. Son approche réaliste des personnages [10] dans ses films et bandes dessinées est dû à Georg Lukacs, auteur qu'il a appris a connaître grâce à sa lecture de Guy Debord [11] et son interprétation du fétichisme de la marchandise[12].


[modifier] Liste de bandes dessinées

Voir lien externe: Bibliographie de bandes dessinées.[13]

[modifier] Carrière politique

Il a été proche de quatre partis politiques : BANAAN (Beter Alternatieven Nastreven Als Apathisch Nietsdoen), son pendant francophone BANANE [14](Bien Allumés, Nous Allons Nous Éclater), Vivant et Spirit.


Poupée grandeur naturelle de Lolo Ferrari dans le bureau du producteur. Dix de ces poupées étaient à l'entrée des salles de cinéma lors des projections du film Camping Cosmos en 1996.
Poupée grandeur naturelle de Lolo Ferrari dans le bureau du producteur. Dix de ces poupées étaient à l'entrée des salles de cinéma lors des projections du film Camping Cosmos en 1996.

[modifier] Carrière au cinéma

[modifier] Films

Il a réalisé avec le producteur Francis De Smet une série de films « La Vie sexuelle des Belges » iconoclastes sur l'appétit sexuel des Belges :

[modifier] Contenu

Ces films partent souvent d'un sujet politique entraînant les protagonistes dans des situations burlesques, la vie sexuelle étant une métonymie pour la vie sentimentale.

Influencé par le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations de Raoul Vaneigem et de La Société du spectacle de Guy Debord[15], il considère le monde des médias comme un spectacle continuel qui est transformé en marchandise par le capitalisme. Ceci explique en partie ses manifestations orageuses à la télévision[16].

[modifier] Psychanalyse et Surréalisme

Son approche de la psychanalyse de certains personnages comme Lolo Ferrari et Tintin est due à sa lecture des Écrits de Jacques Lacan [17]pour lequel il a une grande admiration[18]. Son titre du film La jouissance des hystériques avec Claude Semal est tiré de l'ouvrage La jouissance de l'hystérique de Lucien Israël, un des nombreux élèves de Lacan. Jan Bucquoy était considéré par le surréaliste belge Marcel Mariën (L'Imitation du cinéma) comme étant son unique adepte[19]. L'auteur a aussi été influencé par le livre de Desmond Morris: Le singe nu et ceci dans son approche animale de la sexualité humaine et la comparaison des hommes avec des singes.[1].

[modifier] Carrière de provocateur et d'artiste

Déjà dans sa jeunesse, il avait participé à une révolte ouvrière dans les usines Usinor à Dunkerque[20] et plus tard il aurait été participant de la fameuse Radio Uilenspiegel[21]qui défendait la cause des Flamands dans le Nord.

Outre les films réalisés ou dans lesquels il a joué, Jan Bucquoy est connu pour une série d'extravagances et de manifestations anarchistes. Dont :

[modifier] Carrière d'écrivain

  • Jan Bucquoy a débuté comme romancier en 1976 avec Elles vivent sous terre et ne sortent que la nuit. - Textes - Ed. Oswald, Paris.
  • La disparue du port d'Anvers, 1979, éditions MDM, Paris.
  • Il a repris sa carrière d'écrivain avec un récit autobiographique dont le titre du livre est significatif: La vie est belge.[30]

[modifier] Filmographie

Non exhaustif

[modifier] Réalisateur

[modifier] Acteur

[modifier] Commentaires sur sa personne

[modifier] Autodérison ou autodestruction ?

Les provocations sont une forme d'autodérision de Jan Bucquoy qui tourne souvent à l'autodestruction de sa carrière (par exemple, comme auteur de bande dessinée: La vie sexuelle de Tintin)[31]ce qui a résulté injustement dans une appréciation néfaste de ses films.

Statue du roi Baudouin par le sculpteur Hugo Vander Vekens.Jan Bucquoy voulait décapiter le buste du roi Baudouin de Belgique sur la Grand-Place de Bruxelles en 1992.
Statue du roi Baudouin par le sculpteur Hugo Vander Vekens.
Jan Bucquoy voulait décapiter le buste du roi Baudouin de Belgique sur la Grand-Place de Bruxelles en 1992.

[modifier] Presse francophone

Jan Bucquoy a subi de nombreuses critiques dans la presse francophone :

  • « Bucquoy, enfant des provos et de Mai 68, éternellement caca-boudin, éperdument en quête de martyre médiatique, animateur de théâtre expérimental, poète à ses heures, affreux jojo de l'écriture, à l'occasion show-man extravagant, bouillonnant de projets de livres et de films, antiroyaliste à crever, iconoclaste sardonique et bon enfant, véritable histoire belge ambulante. Lui, l'anarcho jusqu'à la moelle, qui finit ainsi ses poèmes : C'est pourquoi/Je préfère le noir/Au rouge/Même si je fais semblant/De choisir ».[32]
  • « Bucquoy est un pénible bouffon, son art se résume à faire l'apologie du mauvais goût. » Juan Miralles dans La Dernière Heure.
  • « Il est sans doute difficile, sinon impossible, de dénicher aujourd'hui un personnage public aussi vulgaire, aussi bête, aussi creux que Jan Bucquoy. » A.P. dans La Libre Belgique.
  • « Ce barbu est une teigne. Ses dialogues sont aiguisés comme un merlin neuf et son humour est glacial. Mais quel plaisir. » Fr. Cérésa dans Le Nouvel Observateur.
  • « Grossier et laid ! » Juan Miralles dans La Dernière Heure.
  • « Intelligent pervers. » Jacques De Decker dans Le Soir.
  • « Intelligent, cultivé. » Anne Verdonckt dans L'Instant.
  • « Jan Bucquoy continue son œuvre. Soulever le couvercle pour que tout le monde respire. » André Kamp dans Le Vif/L'Express.

[modifier] Dans la presse flamande et anglophone

  • « Brillant. » Paul Montgomery dans The New York Times.
  • « Provocateur professionnel. » Jan Temmerman dans De Morgen.
  • « Un nombrilliste universel » A. Stockman dans le magazine flamand Humo.

[modifier] Bibliographie et sources

  • DEPREZ, Philippe, Crème et Châtiment, Têtes à Tartes!, dans Cinergie 1999, ajourné 2003.
  • DUBOIS, Philippe et Arnoldy, Edouard: ça tourne depuis cent ans, Bruxelles, Communauté Française de Belgique, Wallonie-Bruxelles, 1995, p. 134.
  • SOJCHER, Frédéric, La kermesse héroïque du cinéma belge, Paris, L'Harmattan, 1999, vol. III, p. 125-131.
  • THOMAS, Paul, Un siècle de cinéma belge, Quaregnon, Quorum, 1996, p. 273-274.
  • THYS, Marianne, Belgian cinema/Cinéma Belge, Gand, Ludion/Flammarion, 1999, p. 135 et 252.
  • TULAR, J., Dictionnaire du cinéma. Les Réalisateurs, Paris, éditions R. Captour, 1999, p. 136.

[modifier] Références

  1. ab Entretien de Giovanni Ambrosio du 22 mars 2003 à Bruxelles. Thèse de l'université de Naples, département littérature, 2002-2003: Le surréalisme est un état d'esprit. Le surréalisme, via l'imaginaire, arrive à faire ce que le pervers n'a pas réusi à faire. Tous ceux qui viennent du surréalisme révolutionnaire venaient en Belgique, pour faire des réunions, ils allaient au "Dolle Mol", avec Marcel Mariën.
  2. Entretien de C. Carrière dans Magazine Nova, p. 37: Le cinéma néo-situ remet le spectateur à sa place en montrant des héros si minables qu'il ne peut y avoir d'identification. Tout est basé sur l'illusion, on vit dans une publicité permanente. Contre cette dictature du prime-time, les artistes ne peuvent plus discourir: ils doivent prendre les armes.
  3. Jan Bucquoy a toujours adopté une position Soixante-huitarde, il est donc normal qu'il soit resté situationniste. La Voix du Nord, D.R.S., Mardi 19 novembre 1985.
  4. Article dans Het Laatste Nieuws au sujet du premier Salon de la bande dessinée à Uccle pour le prix Oscar Désiré Vandenmuyzenwinkel obtenu pour Le Bal du rat mort.
  5. Ciné Revue, no. 34 du 23 août 2007.
  6. Concernant sa carrière de théâtre : Entretien non-publié de mai 2007 avec Francis De Smet au café « Dolle Mol » à Bruxelles.
  7. Noël Godin, Grabuge, Flammarion, 2001, 250 p. (ISBN 2-08-068023-4), p. 203 et La vie est belle, p. 30.
  8. A la page 16 du premier tôme Le Temps des Innocents, on montre une image de Raymond Lécluse lisant Grandeur et Misères des Courtisanes de Honoré de Balzac.
  9. Il est remarquable que les auteurs Balzac et Dickens ont influencé aussi bien Jan Bucquoy que Hergé. Knack, special Kuifje, Tintin, les secrets d'une œuvre, Lire, hors série, 12 dec. 2006, p. 82.
  10. Jan Bucquoy est en outre un admirateur de Henry Miller et Bukowski: ... ses maîtres se nomment Henry Miler et Bukowski. Le Nouvel Observateur, article de François Cérésa.
  11. Entretien avec Giovanni Ambrosio, cité: Le problème chez Guy Debord, comme chez Karl Marx et Georg Lukacs, c'est le refus de la psychanalyse. Debord a préféré commencer à boire pour retrouver un peu son inconscient.
  12. Provocation en Première Belgique, numéro 224, octobre 1995, p. IV ; et Camping Cosmos en Première Belgique numéro 232, juillet 1996, p. 2 ; par Claude Devos. Voir site : Les films de Jan Bucquoy.
  13. Bucquoy, Jan - Bibliographie BD, photo, biographie
  14. La vie est belge, page 116-117.
  15. La vie est belge, couverture et p. 17.
  16. La vie est belge, p. 109.
  17. Mon coup d'état est basé sur les théories de Freud et de Lacan qui restent pour moi des grands penseurs, puisqu'ils ont creusé derrière ce que Marx n'a pas fait. Entretien cité avec Giovanni Ambrosio.
  18. La vie est belge, p. 175.
  19. Marcel Mariën a écrit spécialement pour son adepte : La Défense Bucquoy, Bruxelles, Les Lèvres nues, 1992. Voir aussi : Noël Godin, Entartons, entartons, les pompeux cornichons!, Flammarion, 2005, 362 p. (ISBN 2-08-068546-5), p. 199
  20. La Voix du Nord, 19 novembre 1985.
  21. Radio Uilenspiegel.
  22. La vie est belge, p. 30, 87 et 108.
  23. Voir biographie de Marcel Mariën.
  24. Noël Godin, Grabuge, Flammarion, 2001, 250 p. (ISBN 2-08-068023-4), p. 207
    Le 31 janvier 1992, Bucquoy entre menottes au poing dans le box des accusés. À Liège, ce procès de la Galerie du Cirque Divers, est ressenti comme une parodie et le procès du fou du roi est un exutoire, la théâtralisation d'une relation hystérique entre un pays coincé et ses quelques souris sauvages. Selon l'experte du tribunal, une psychiatre, sa démarche provocatrice a beau paraître primaire, elle est en vérité extrêmement réfléchie… Bucquoy sera acquitté et réhabilité.
  25. Noël Godin, Entartons, entartons, les pompeux cornichons!, Flammarion, 2005, 362 p. (ISBN 2-08-068546-5), p. 85-87
  26. Noël Godin, Grabuge, Flammarion, 2001, 250 p. (ISBN 2-08-068023-4), p. 206, La vie est belle p. 7 et 113.
  27. En Belgique, je suis connu pour un coupeur de têtes depuis que j'ai organisé la décapitation de la statue du roi Baudouin sur la Grand-Place de Bruxelles. La vie est belge, op. cit. p. 113.
    Il s'agit d'un meurtre métaphorique de la figure du père dans le sens lacanien. Voir aussi: Sigmund Freud, L'Interprétation des Rêves, France Loisirs, 1989, 610 p. (ISBN 2-7242-4260-2), p. 449
    C'est ce buste qui lui apparaît comme ayant eu un accident.
  28. La vie est belge, p. 11.
  29. La vie est belge, p. 13 et 52.
  30. Jan Bucquoy, La vie est belge, 2007 [détail des éditions], p. 11
    La Belgique et moi, nous sommes un couple, même si on nique qu'une fois par an.
  31. Généreux, Magazine, L'art libertaire de Jan Bucquoy, n°26, Mars-Juin 1998.
  32. La vie est belge, p. 100-101.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Image

Jan Bucquoy confronté avec la gendarmerie belge à Vilvoorde en 1997 dans le film Fermeture de l'usine Renault à Vilvoorde .