Impressionnisme

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L'impressionnisme est une école picturale française, née au départ de l'association de quelques artistes parisiens de la seconde moitié du XIXe siècle. Fortement critiqué à ses débuts, le mouvement se manifesta notamment, de 1874 à 1886, par huit expositions publiques à Paris, et marqua la rupture de l'art moderne avec l'académisme. L'impressionnisme est notamment caractérisé par une tendance à noter les impressions fugitives, la mobilité des phénomènes plutôt que l'aspect stable et conceptuel des choses. Ils ont eu une grande influence sur l'art de leur époque, la peinture bien sûr, mais aussi la littérature et la musique.

Sommaire

[modifier] Historique

Au milieu du XIXe siècle, (1874), l'art pictural en France est dominé par l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui fixe depuis sa création, sous le règne de Louis XIV, les règles du bon goût, aussi bien pour les thèmes des tableaux que les techniques employées. A cette époque, seuls ont droit de cité les sujets historiques ou religieux, réalisés avec un grand soin du détail et masquant le plus possible les traces du pinceau. De plus, l’Académie privilégie l’enseignement du dessin, plus simple à définir dans un corps de doctrine bien structuré pour lequel la copie des modèles de la sculpture antique constitue un idéal de beauté. La couleur, considérée depuis Aristote comme un accident de la lumière, se prêtait beaucoup moins bien à une pédagogie structurée. Aussi n’était-elle pas, à l’époque, enseignée au sein de l’Académie elle-même, mais dans des ateliers extérieurs à celle-ci.

Paysage de Guillaumin
Paysage de Guillaumin

Cette conception de la peinture va être bousculée à partir de la moitié du XIXe siècle par les travaux de jeunes peintres parisiens. Influencés notamment par le réalisme des œuvres de Gustave Courbet, ces artistes privilégient les couleurs vives, les jeux de lumière et sont bien plus intéressés par les paysages ou les scènes de la vie de tous les jours que par les grandes batailles du passé ou les scènes de la Bible. Soudés par les critiques parfois très violentes subies par leurs œuvres, ainsi que par les refus successifs du Salon de Paris, institution majeure de la peinture de cette époque, ces jeunes artistes commencent à se regrouper pour peindre et discuter. Parmi ces pionniers, on compte notamment Claude Monet, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille, bientôt rejoints par Camille Pissarro, Paul Cézanne et Armand Guillaumin.

En 1863, le rejet par le jury du Salon du Déjeuner sur l'herbe de Manet sous le prétexte qu'il représente une femme nue dans un contexte contemporain (les nus féminins sont légion dans la peinture de l'époque) met le feu aux poudres. Manet rejoint le groupe des impressionnistes, qui exige que leurs œuvres puissent être présentées au public. L'empereur Napoléon III décrète la tenue d'un Salon des Refusés regroupant les œuvres n'ayant pu être présentées au salon de Paris. Les critiques sont très violentes, une grande partie du public se déplaçant même uniquement pour se moquer des œuvres exposées! Pourtant, les visiteurs des Refusés sont plus nombreux cette année là que ceux du véritable Salon...

Devant les refus successifs, en 1867 et 1872, d'organiser un autre Salon des Refusés, un groupe d'artistes parmi lesquels Monet, Renoir, Pissarro, Sisley, Cézanne, Berthe Morisot et Degas finissent en avril 1874 par organiser leur propre exposition, dans le studio du photographe Nadar. Regroupant les œuvres d'une trentaine d'artistes, parmi lesquels le précurseur Eugène Boudin dont l'exemple persuada Monet de tenter de peindre "sur le motif" en plein air, l'exposition est la première des huit qui auront lieu entre 1874 et 1886.

Une fois encore, le groupe essuie des critiques très violentes, qui ne parviennent pas à venir à bout de l'éviction des artistes. Ainsi, un article sarcastique du critique et humoriste Louis Leroy dans la revue le Charivari, ou il tourne en dérision le tableau de Monet intitulé Impression soleil levant, donne au mouvement son nom : l'impressionnisme. Le terme est bientôt repris par le public et par les artistes eux-mêmes, bien que ceux-ci estiment être rapprochés par leur esprit révolutionnaire bien plus que par la réalité de leur art.

Pour cette raison, de nombreuses dissensions existent au sein du groupe. Ainsi, Degas continue à affirmer la domination du dessin par rapport à la couleur, et se refuse à peindre en plein air <Il y aurait lieu cependant de nuancer cette légende d'un Degas n'aimant pas la peinture de plein air : dans une lettre à Valernes, il écrit : "Ah! si j'avais eu plus de temps pour peindre sur nature!" Vollard raconte que Degas lui répondit, alors qu'il lui faisait remarquer que Renoir faisait de la peinture de plein air : "Renoir, ce n'est pas la même chose; il peut faire tout ce qu'il veut." Sa nièce, Jeanne Fèvre, souligne que Degas avait une mémoire visuelle prodigieuse et qu'il pouvait peindre en atelier des paysages qu'il avait eu sous les yeux quelques jours auparavant.> Renoir quitte le mouvement au cours des années 1880, avant de le rejoindre à nouveau, sans jamais regagner totalement la confiance de ses membres. Edouard Manet lui-même, qui fut l'un des fondateurs du groupe, se refuse à exposer ses œuvres avec les autres impressionnistes, préférant continuer à insister auprès du Salon de Paris.

Son exemple est suivi : déjà diminué par la mort de Bazille lors de la guerre contre l'Allemagne en 1870, le groupe est marqué par les défections de Cézanne, Renoir, Sisley et Monet, qui quittent les Expositions Impressionnistes pour le Salon. Miné par les disputes quant à qui mérite ou non le statut de membre, le groupe des Impressionnistes finit par se séparer en 1886 lorsque Signac et Seurat montent une exposition concurrente. Pissarro aura été le seul artiste présent au huit Expositions Impressionnistes.

Malgré ces désaccords, les artistes impressionnistes gagnent peu à peu l'acceptation du public comme de leurs pairs, notamment grâce à l'aide du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui les fait exposer à Londres et New York. Mais cette réussite ne profitera pas à tous: si Renoir finit par accéder à une relative sécurité financière en 1879, suivi par Monet au début des années 1880 et Pissaro dans les années 1890, Sisley mourra en 1899 dans la pauvreté.

[modifier] Méthode

Renoir, La Grenouillère, Metropolitan Museum of Art, New York
Renoir, La Grenouillère, Metropolitan Museum of Art, New York

Les peintres impressionnistes, qui se veulent réalistes, choisissent leurs sujets dans la vie contemporaine, dans un quotidien librement interprété selon la vision personnelle de chacun d'eux. Travaillant « sur le motif », comme souvent les peintres de l'école de Barbizon, comme certains paysagistes anglais, comme Boudin ou Jongkind, ils poussent très loin l'étude du plein air, font de la lumière l'élément essentiel et mouvant de leur peinture, écartant les teintes sombres pour utiliser des couleurs pures que fait papilloter une touche très divisée. Peintres d'une nature changeante, d'une vie heureuse saisie dans la particularité de l'instant, ils sont indifférents à la recherche, chère aux classiques (et dévoyée par les académistes), d'un bel idéal et d'une essence éternelle des choses. Parmi les principaux représentants du courant impressionniste il faut citer Pissarro et Sisley, qu'accompagnent d'autres artistes dont les personnalités respectives évolueront de façon nettement distincte : Auguste Renoir, Paul Cézanne, Edgar Degas, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Édouard Manet, Cassatt, Caillebotte, etc. ainsi que Frédéric Bazille qui mourut avant la reconnaissance du public.

Alors que Camille Corot prétendait rester étranger au mouvement, il est souvent considéré comme le premier impressionniste : « Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien » Claude Monet, 1897. « Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé... » Edgar Degas, 1883.

L'impressionnisme est un point de départ pour Georges Seurat et Paul Signac, maîtres du pointillisme, pour Paul Gauguin, Henri de Toulouse-Lautrec, Vincent Van Gogh ainsi que pour de nombreux « postimpressionnistes », en France et à l'étranger comme Jean Peské.

Le terme d'impressionnisme est aussi employé, par extension, dans le domaine de la littérature, pour caractériser par exemple les romans du chantre de Monet, Octave Mirbeau, qui sont marqués au coin de la subjectivité. Il gagne même la critique musicale (1887), qualifiant les œuvres de Claude Debussy et, plus généralement, celles de tous les compositeurs préoccupés par la perception subjective des couleurs sonores et des rythmes  : Ravel, Dukas, Satie, Roussel, etc. Les musiciens impressionnistes mirent à l'honneur la liberté de la forme, de la phrase et du langage harmonique.

Edouard Manet, Olympia (1863), Musée d'Orsay, Paris
Edouard Manet, Olympia (1863), Musée d'Orsay, Paris

L'impressionnisme se singularise par le fait que l'on peut parler de l'œuvre sans avoir besoin de références extérieures, à la différence de l'art antique qui est basé sur la mythologie, et de l'art roman sur l'histoire sainte. Citons en exemple le tableau Olympia de Manet qui explore un thème traditionnel mais de manière choquante pour cette période : Vénus est représentée en demi-mondaine de l'époque et le peintre travaille uniquement la peinture (Couleurs). Cette vision non réaliste fera sa naissance avec l'art moderne.

[modifier] Thèmes et composition

Jan Steen, La Fête de saint Nicolas (1665-1668), Rijksmuseum, Amsterdam
Jan Steen, La Fête de saint Nicolas (1665-1668), Rijksmuseum, Amsterdam

Avant l'apparition de l'impressionnisme d'autres peintres, notamment les Hollandais du XVIIe siècle tels que Jan Steen, s'étaient intéressés à des sujets de la vie courante, tout en conservant une approche traditionnelle de la composition. Celle-ci était conçue de manière à placer le sujet principal au centre du regard de l'observateur. Les impressionnistes assouplirent l'opposition entre sujet et arrière-plan, si bien que l'effet produit par une toile impressionniste ressemble souvent à un cliché, à un fragment d'une réalité plus vaste capturé comme par l'effet du hasard. La photographie gagnait en popularité; le poids des appareils diminuant, les clichés devinrent plus spontanés. La photographie encouragea ainsi les impressionnistes à capturer l'instant, non seulement dans la lumière mouvante du paysage mais aussi dans la vie quotidienne des gens.

Edgar Degas, La Classe de danse (1874), Musée d'Orsay, Paris
Edgar Degas, La Classe de danse (1874), Musée d'Orsay, Paris

Une autre influence importante fut celle des estampes japonaises (Japonisme), qui étaient arrivées en France à l'origine sous la forme de papier d'emballage. La technique de ces estampes contribua de manière importante au choix d'angles « photographiques » et de compositions non conventionnelles, qui devaient devenir une des caractéristiques du mouvement impressionniste.

Edgar Degas était passionné de photographie et collectionnait les estampes japonaises. Sa toile La classe de danse témoigne de ces deux influences par sa composition asymétrique. Les danseuses du premier plan à gauche semblent avoir été prises sur le vif, dans des postures peu apprêtées, et le coin inférieur droit de la toile est occupé par une vaste surface de plancher vide.

Un véritable tableau impressioniste comporte toujours un endroit de fuite (coin de fenêtre, espace entre deux rideaux, aperçu du ciel entre deux arbres...etc)


Les impressionnistes

[modifier] Bibliographie

  • Sophie Monneret, L'Impressionnisme et son époque, Paris, 1979 (ISBN 2-221-05222-6)
  • Claire Barbillon, CD-Rom Les Impressionnistes, RMN/Musée d'Orsay, 1997

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes