Hull (Québec)

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Hull
Regroupée à Gatineau
Pays Canada Canada
Province Québec
Statut de la municipalité Quartier (ville)
Code géographique
(fusion antérieure à 1991)
Date de constitution
Date de dissolution 1er janvier 2002
Latitude
Longitude

Superficie à la dissolution km²
Population à la dissolution hab.
Gentilé

Hull (partie centrale de la ville maintenant appelée Gatineau) était une ville de l'ouest du Québec, située sur la rive ouest de la rivière Gatineau et sur la rive nord de la rivière des Outaouais, directement en face d'Ottawa, la capitale du Canada, située dans la province de l'Ontario. "Hull" abrite les bureaux de vingt mille fonctionnaires fédéraux.

Hull vue de la rivière des Outaouais
Hull vue de la rivière des Outaouais

Le nom provient de la ville anglaise de Hull dans Yorkshire, nom à connotation anglaise qui empêcha la nouvelle ville fusionnée de se nommer ainsi. Le nom Gatineau a été choisi car la majeure partie de la population de la nouvelle ville de Gatineau habitait déjà l'ancienne ville de Gatineau avant la fusion.

Sommaire

[modifier] Histoire

Hull fut établie en 1800 par Philemon Wright, sa famille et quelques connaissances, éloignée de toute civilisation européenne mais au cœur de la plus importante voie de communication fluvial des autochtones d'Amérique du Nord : la rivière des Outaouais, appelée jadis la rivière Kitchissipi, du nom de la tribue qui la contrôlait. Toutes les fourrures du temps de la Nouvelle-France passaient obligatoirement par ce cours d'eau. Fuyant les troubles de la guerre d'Indépendance américaine, qui interdit la prospérité des petits hommes d'affaires et dans laquelle il a combattu contre les loyalistes, Wright se fait concéder le canton de Hull par la Couronne Britannique.

D'abord, en s'établissant, Wright désirait y pratiquer l'agriculture mais la pauvreté des terres de la vallée de l'Outaouais le force à changer d'approche. Les guerres napoléoniennes, sévissant en Europe, prive la Grande-Bretagne du bois scandinave nécessaire à l'entretien de sa flotte maritime et c'est là que le génie de Wright se met en marche. La forêt outaouaise regorge d'immenses pins blancs, de dimension semblable aux séquoias de l'ouest canadien et propriété de sa Majesté. Il invente la "drave", ces trains de bois équarri qui descendent la rivière des Outaouais jusqu'à sa jonction avec le fleuve St-Laurent, à la pointe ouest de l'île de Montréal, ensuite jusqu'à Québec et enfin, en route vers les îles Britanniques. La rivière des Outaouais est impraticable à plusieurs endroits, entre autres, face à Hull, aux chutes de la Chaudière. Wright imagina les glissoires à bois pour le passage de ces différents portages. Le succès de la coupe de bois, organisée par Wright, attirent d'autres hommes d'affaires états-uniens dans la région, ainsi les Macmillan et les Maclaren, par exemple, débuteront l'exploitation de la forêt dans le Pontiac, à l'ouest et sur les berges de la rivière Gatineau, vers le nord. Une exception notable est à souligner ; la Seigneurie de la Petite-Nation. Située à l'est de la région, cette immense parcelle de terre, s'étandant sur les deux rives de la rivière, était la propriété des Jésuites depuis l'époque de la Nouvelle-France mais n'y mirent jamais les pieds. Un peu après l'arrivée de Wright dans le Canton de Hull, ils vendirent le domaine à un dénommé Louis-Joseph Papineau père, qui sera le seul de la région à pouvoir engager des francophones. Un village de cette région porte aujourd'hui le nom de Papineauville.

En Europe, la défaite française suite à la guerre de trente ans, fait de la Grande-Bretagne une victorieuse se voyant offrir la Nouvelle-France comme butin de guerre mais hésitant grandement à accepter.Ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard, vers 1770, que les troubles dans les treize colonies, plus au sud, pousse la Couronne britannique à s'intéresser à sa colonie du nord. Suite au boycott des produits britanniques par les insurgés (Boston Tea Party), la métropole anglaise brise sa promesse de déportation des francophones de la vallée du St-Laurent et la retrocession de leur territoire aux colonies du sud, en accouchant de l'Acte de Québec de 1774: ce seront les éléments déclencheurs de la Guerre d'Indépendance des États-Unis, que ces derniers gagneront grâce à l'appui militaire et financier des français (Lafayette). Ainsi, les britanniques utilisent les habitants de la vallée du St-Laurent comme tampon entre les révolutionnaires états-uniens et les ressources naturelles de l'Amérique du Nord britannique. Ses habitants, francophones, n'ont cependant pas le droit d'en sortir et on s'en assure en établissant les Cantons de l'est (l'Estrie) et de l'ouest (l'Outaouais), qui entoure la vallée du St-Laurent et qui leurs sont interdits.

Pour favoriser sa colonie contre les nouveaux États-Unis, la Couronne lui offre des taux préférentiels sur le bois entre autres. Cette "faveur" sera la raison première du développement économique des villes de Québec, Trois-Rivières, Montréal et surtout Hull et par ricochet Ottawa. L'augmentation prodigieuse de la demande en bois permettra à la famille Wright et à la poignée d'autres exploitants forestiers de la région, d'accumuler des fortunes familiales colossales et de faire-main basse sur les ressources naturelles locales.

Jusqu'à maintenant (de 1774 à 1810), la population de l'Outaouais est très réduite et se limite pratiquement à la descendance des fondateurs, elle est donc exclusivement anglophone et protestante. La colonisation est ouverte et encouragée mais les WASP ne se précipitent pas dans la région. Wright demande au Gouverneur de la colonie de permettre aux francophones de changer de vallée mais la Couronne refuse. Elle trouve cependant intéressante l'idée de Wright d'ouvrir des chantiers, en hiver, pour la coupe du bois se trouvant toujours plus éloigné de la rivière des Outaouais et qui soulageraient les paysans du Bas-Canada de leur manque de ressources. En 40 ans, la population de la vallée du St-Laurent passe de 60 000 à 400 000 habitants, et ce, sur le même territoire exactement que la Couronne lui avait concédé en 1774.En 1810, les premiers chantiers se mettent en branle dans l'Outaouais, sous la promesse que les francophones retournent au St-Laurent l'été venu. Les chantiers de bûcherons seront les sources uniques ou presque de travail pour les gens de l'outaouais de 1800 à l'implantation des infrastructures fédérales dans les années 1970. Il ne faut pas oublier que les descendants des français sont beaucoup plus des coureurs des bois que des agriculteurs, ils font donc d'excellents bûcherons. Ils ont découvert, avec leurs pieds, la totalité du continent nord-américain, ils n'ont pas fait pousser des patates et du blé.

La Guerre de 1812-1815, opposant les États-Unis et la Grande-Bretagne, a comme terrain de bataille le Haut et le Bas-Canada. Les deux colonies abritent un nombre très insuffisant de garnisons britanniques pour la protection des villes mais les canadiens aidés d'autochtones et de leurs techniques de guerilla, mettront en échec les assauts ennemis sur Châteauguay et Kingston. Un problême criant de voies de communication, entre les colonies, apparait lors de ce conflit et la Couronne britannique fait construire des canaux, dont le plus important : le canal Rideau (1820-1832)en face exactement de la rive de Hull, à Ottawa, reliant Montréal à Kingston par la rivière des Outaouais. Le canal attire désormais des gens d'affaires et la colonisation anglophone tant attendue. Ce sera l'arrivée en masse des irlandais catholiques dans la région et ils serviront de main-d'œuvre pour la construction de canal. Malgré l'interdiction, les francophones de la vallée du St-Laurent commence à se disperser après des décennies de famine et se cache dans les bois de l'Outaouais, dans les Cantons de l'est mais surtout au nord des États-Unis, où la moitié de la totalité des habitants de la vallée ira s'exiler. Au tournant du XXe siècle, la plus grande ville francophone d'Amérique est située aux États-Unis.

Bientôt, la colonisation bat son plein en Outaouais avec l'arrivé massive des irlandais et d'une proportion de plus en plus importante d'immigrants illégaux francophones. Les vieilles familles comme les Wright, les Papineau, les Egan, les Hamilton, se voient entrer en lutte contre de nouveaux arrivants qui veulent aussi tirer partie de la manne du bois : les Aylen, les Bauman, les Leamy. Ils engageront que des irlandais alors que les anciens emploient des francophones. Les employeurs exerceront une pression à la baisse sur les salaires en montant les travailleurs ennemis les uns contre les autres. Les ouvriers francophones et irlandais s'affronteront ouvertement dans les rues de Bytown (du nom du colonel qui fit construire le canal Rideau, future Ottawa). Il y aura des affrontementds armés et des morts par balles. Ce conflit est connu sous le nom de la guerre des Shiners (1830)et élèvera le leader charismatique des francophones au rang de héros national : Jos Montferrand.

Lors de la Nuit des Longs Couteaux Québécoise, René Lévesque vint dormir a Hull pendant que la trahison de l'accord de la cuisine s'effectuait a Ottawa.

[modifier] Patrimoine

La rivière des Outaouais, remplie de bûches (vue de Hull), figurait à l'envers des billets d'un dollar canadien jusqu'à son remplacement par une pièce de monnaie (le « huard ») en 1987. Les derniers draveurs (qui n'étaient pas nombreux) disparurent de la région deux ou trois ans plus tard.

Ottawa fut établi plus tard comme terminus du canal Rideau, construit sous l'ordre du colonel John By comme partie intégrale des fortifications et défenses bâties après la guerre de 1812. Originalement appelée «Bytown», Ottawa ne deviendra la capitale canadienne qu'au milieu du XIXe siècle et seulement à cause du fait que la plus grande distance de la frontière la laisse moins vulnérable en cas d'une attaque de l'étranger.

Rien ne subsiste du Vieux-Hull original de 1800 ; le centre-ville fut détruit par un incendie terrible en 1900 qui a endommagé aussi le pont des Chaudières, le lien routier qui fut rétabli plus tard pour lier Ottawa et Hull via l'île Victoria. Ce feu de 1900 a détruit plusieurs maisons hulloises que l'on nomme (il en reste quelques-unes) «maisons allumettes» pour 2 raisons; premièrement parce qu'elles possèdent une façade étroite et deuxièmement c'était pour rappeler la présence de la grosse usine où il se fabriquait des allumettes par milliards. Malheureusement, la ville qui en 1900 était un beau grand village québécois aux accents populaires a lors du XXe siècle perdu de son âme d'antan de par la construction massive de tours à bureau pour la fonction publique fédérale, tours qui obstruent l'accès des Hullois à la majestueuse rivière des Outaouais où il y avait avant tant d'activités.

Hull : le Musée des Civilisations
Hull : le Musée des Civilisations

[modifier] Tourisme et économie

La navigation au-delà d'Ottawa-Hull était et reste maintenant difficile car les bateaux doivent être sortis de la rivière à cause de l'obstacle posé par les rapides des Chaudières en plein centre-ville.

Maintenant, l'économie "hulloise" dépend principalement de la fonction publique, de deux usines papetières (papiers Scott et la division E.B. Eddy de la compagnie Domtar), ainsi que d'une centrale hydroélectrique d'Hydro Québec. Toutes continuent de remplir leurs rôles industriels au bord de la rivière des Outaouais en plein centre-ville. Depuis plusieurs années, l'économie de "Hull" vit une période florissante. "Hull" a aussi le Casino du Lac Leamy et le Musée Canadien des Civilisations directement en face de la colline parlementaire.

De plus, le Vieux-Hull constitue l'un des principaux centres d'intérêts culturels de l'Outaouais. Ses édifices historiques, pour la plupart démolis pour bâtir les tours à bureaux pour le gouvernement fédéral, le cachet persiste. Les rues Portage et Laval avec leurs cafés, bistros et boîtes de nuit continuent depuis des siècles à enchanter les touristes et résidants, des premiers bûcherons et draveurs jusqu'aux présents étudiants et députés. Le bar-spectacle du Vieux-Hull porte même le nom de «petit Chicago», nom qui était autrefois donné au Vieux-Hull en relation avec l'essor du domaine culturel, des maisons de jeux et des bordels qui pullulaient le quartier aux temps de la prohibition en Amérique du Nord.

Une nouvelle autoroute, reliant le secteur Hull au secteur Aylmer de la ville de Gatineau, s'appelle maintenant le boulevard des Allumetières.

[modifier] Géographie

Hull était le berceau de la région des Outaouais. Depuis les fusions municipales, devenu quartier, elle fait maintenant partie de la ville de Gatineau, et officiellement le nom « Hull » est maintenant incorrect. Le nom « Gatineau » plus spécifiquement était le nom de la ville située sur l'autre rive de la rivière Gatineau (vers l'est). De plus, de l'autre côté du pont, où il y a la paroisse Saint-François de Sales, cette partie de la ville de Gatineau s'appelait autrefois « Pointe-Gatineau ». Alors, pour éviter la confusion et pour être précis, officellement on doit dire « Gatineau, Secteur Hull » si on parle de l'ancienne ville de Hull.

Environ 86% des Hullois sont francophones, la majorité étant bilingues.

[modifier] Sports

Au hockey, la ville était reconnue avec son équipe, le « Hull Volant », dont les uniformes étaient noir et blanc, sans compter la boxe.

Dans les années cinquante, la ville de Hull était le domicile du club de hockey les Canadiens Junior, champions de la Coupe Memorial, à l'aréna Guertin. La ville ne vivait que pour son équipe adorée. Souvent, tous se réunissaient au restaurant Chez Ti-Fin Lauzon, disparu aujourd'hui. Dans cette équipe, de grands noms firent le saut chez le Canadien de Montréal: Jean-Claude Tremblay, Gilles Tremblay, Robert Rousseau ... Plusieurs de ces joueurs constituèrent la grande équipe de Montréal qui remporta la Coupe Stanley pendant cinq années consécutives.

[modifier] Des figures marquantes

Hull connut plusieurs figures marquantes, dans son histoire, notamment Joseph Montferrand, un Montréalais qui vint s'établir en Outaouais pour passer le reste de sa vie de travailleur dans les forêts. Il défendit les Canadiens français contre les Anglais et plus particulierement les Irlandais lors de la guerre des Shiners, à Bytown et à Hull. Ses prouesses, avec ses poings et ses bottes sont devenues légendes populaires, à Hull. Certaines racontent qu'il a laissé la marque de son pied empreinte dans le plafond de nombreux hôtels et nombreuses tavernes. D'autres parlent d'un exploit qu'il aurait accompli sur un pont en frappant des dizaines d'Irlandais avec un tronc d'arbre.

Père Reboul est un autre personnage qui marqua Hull de par son devouement envers la ville. Le Père Reboul visitait les chantiers dans les environs de la ville ainsi que les camps de bûcherons. Il alla porter les problèmes de la ville, ainsi que ses besoins, au siège du gouvernement et c'est ainsi qu'il devint le héros et héraut de Hull. Une rue et une école portent encore son nom en tant qu'hommages à cet homme.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe

[modifier] Lien externe