Howard Phillips Lovecraft

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Howard P. Lovecraft
Naissance 20 août, 1890
Décès 15 mars, 1937
Activité romancier, auteur de nouvelles
Nationalité américain
Genre fantastique
Sujet Mythe de Cthulhu
Influences Edgar Allan Poe ; Arthur Machen ; William Hope Hodgson...
A influencé Robert Bloch; Clark Ashton Smith; Lyon Sprague de Camp; August Derleth...
Œuvres principales L'Appel de Cthulhu; L'Affaire Charles Dexter Ward
Séries Cthulhu; Yog-Sothoth; Nyarlathotep; Démons et Merveilles
Éditeurs Weird Tales ;Arkham House

Howard Phillips Lovecraft, plus connu sous l'appellation H. P. Lovecraft ou même HPL (Providence, Rhode Island, 20 août 1890 - Providence, 15 mars 1937), écrivain américain, est l'un des pères de la littérature fantastique et d'épouvante du XXe siècle. Il est l'auteur d'une soixantaine de nouvelles, d'un roman ainsi que de poèmes. Il est aussi l'auteur prolifique de plus de 80 000 lettres recensées, mais on estime qu'il en a écrit plus de 100 000, dont certaines de près de 70 pages (son épouse, Sonia Haft Greene a admis avoir détruit une malle entière de lettres après leur divorce) ; la perte de documents (y compris des textes de jeunesse) empêche toute estimation fiable du nombre de ses œuvres. Il a également écrit des articles de philosophie et de sciences, travaillant notamment comme nègre littéraire. Il ne fut connu du grand public qu'après sa mort.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il rédige ses premiers poèmes, ainsi que sa première nouvelle, La petite bouteille de verre (The little glass bottle) à l'âge de six ans. Il passe son enfance dans la ville de Providence, le plus souvent à l'écart des enfants de son âge, enfermé dans la maison familiale dont les rideaux sont tirés, l'enfant souffrant visiblement d'une trop grande sensibilité à la lumière. Le 3 mars 1924, il épouse Sonia Haft Greene et s'installe chez elle, dans le quartier de Brooklyn à New York. En avril 1926, Lovecraft quitte l'appartement de New York pour retourner vivre à Providence chez sa tante la plus âgée, Lillian Clark. Il divorcera trois ans plus tard et ne connaîtra plus d'autre femme.

Il imagina une cosmogonie fabuleuse de dieux, de créatures et de lieux étranges regroupés sous l'expression Mythe de Cthulhu, un terme inventé par l'écrivain August Derleth après sa mort et que l'on retrouve dans la plupart de ses textes.

Solitaire, maladif et rongé par un mal-être permanent, Lovecraft était en perpétuelle difficulté financière, mais il demeurait toujours prolixe en conseils à ses amis écrivains. Toujours insatisfait, il travaillait sans relâche et publiait notamment dans des pulps, dont le magazine Weird Tales où on lui fit essayer tous les genres mais, n'ayant guère le sens des contacts humains, et ignorant les nécessités humaines ordinaires, ses œuvres semblaient écrites par un extraterrestre de sorte qu'elles étaient le plus souvent refusées, ne correspondant pas aux critères éditoriaux de ce genre de presse destinée au public d'alors.

Ne réussissant pas à vivre de sa plume, il a pratiqué différents petits boulots, et il semblerait qu'il ait été gardien d'un cinéma peu de temps avant sa mort.

Décédé d'un cancer de l'intestin, il laissa derrière lui quantité de textes non publiés. Son testament chargeait Robert H. Barlow, l'un de ses correspondants, de la publication du restant de son œuvre. Malheureusement, Barlow ne s'acquitta pas de sa tâche, ne publiant qu'un seul texte en 1938. Mais cette mission fut reprise par August Derleth et Donald Wandrei, amis de Lovecraft qui travaillaient eux aussi pour la revue Weird Tales. Ils créèrent ensemble la maison d'édition Arkham House qui avait pour vocation de publier les œuvres de Lovecraft. C'est grâce à leur acharnement et leur dévouement que les écrits de HPL purent être diffusés, jusqu'à lui offrir un succès qu'il n'avait jamais connu de son vivant.

De nombreuses études biographiques ont été écrites sur Lovecraft, comme celle de l'écrivain français Michel Houellebecq (H.P. Lovecraft Contre le monde, contre la vie, ISBN 2-290-05586-4). Les principaux biographes de Lovecraft sont S.T. Joshi, dont le travail a permis d'exhumer de nombreuses œuvres inconnues, principalement des travaux de nègre littéraire, et Lyon Sprague de Camp, dont le travail demeure une référence, et qui a le mérite de mettre à jour certains mécanismes psychologiques qui ont amené Lovecraft à développer son style et sa personnalité.

À titre de curiosité historique, une plaque commémorative a été apposée sur l'immeuble où Lovecraft a séjourné lors de son passage à Québec, au tout début des années 1930. L'édifice (le Saint-André) est situé au 801, rue de Bougainville, à l'intersection du chemin Sainte-Foy. Lovecraft, comme tant d'autres écrivains, a été séduit par le cachet européen de la ville. Il a d'ailleurs écrit un texte remarquable sur l'histoire de Québec, dans lequel il évoque son « parfum de douce antiquité, de quiétude et d'éternité... ».

[modifier] Les Grands Thèmes

L'idée fondamentale de son œuvre est liée au Temps. Pour lui, même l'imagination humaine a ses limites comme nos sens et les choses. Aussi, plus le champ de nos connaissances augmente et plus notre imagination doit croître avec elles de sorte que l'homme finit par être glacé par « le silence éternel de ces espaces infinis » comme l'était déjà Pascal avant lui. Dans cet infini de l'espace et du temps, ce dernier finit par se dévorer lui-même comme le serpent se mordant la queue. Ce voyage mental dans cet espace n'est cependant pas quantifiable par les mathématiciens puisqu'il s'agit de l'angoisse humaine. Ainsi Lovecraft est-il dévoré par l'angoisse du Temps, c'est ce qui ressort le plus de son œuvre et qu'il a traduit dans le domaine littéraire par le biais du fantastique, ou plus exactement du réalisme fantastique. Cette branche de la littérature constituait comme il le dit lui-même : « le seul véritable réalisme, la seule prise de position de l'homme vis-à-vis de l'univers ».

Ainsi, les romans de Lovecraft présentent le monde comme un univers hanté par des forces anciennes et bannies, attendant l'heure de leur retour, dont l'archétype est le Léviathan. Les monstres les plus récurrents sont Cthulhu, Yog-Sothoth, Azathoth ou Nyarlathotep. Le Necronomicon, ouvrage supposément écrit par l' « Arabe fou » Abdul al-Hazred, est aussi un « personnage » important. L'Appel de Cthulhu, publié en 1926, est la pièce angulaire de cet univers. Il n'est guère difficile de percevoir sous les noms de ses monstres des réminiscences de créations beaucoup plus anciennes telles Gog et Magog ou Astaroth, thèmes sur lesquels l'auteur a pu greffer ses étranges fantaisies.

On discerne des thèmes rémanents dans son œuvre, tels que la folie - dont étaient touchés ses parents, la futilité des croyances, la dégénérescence, les unions contre nature, la xénophobie, l'impression générale que le monde dans lequel il vivait n'était qu'un leurre désagréable et immonde. Hanté par de nombreuses phobies, il ne pouvait supporter la proximité de la mer, ni même les objets en provenant, tant était grande son aversion pour l'élément primordial de la vie. Le froid le rendait malade et les seuls êtres vivants qui semblent ne pas lui avoir déplu étaient les chats, il en avait toujours plusieurs chez lui pour seule compagnie. Il avouait souvent qu'il aurait préféré vivre au XVIIIe siècle.

[modifier] Rêve et production littéraire

Portrait d'Howard Phillips Lovecraft, entouré d'éléments du mythe de Cthulhu.
Portrait d'Howard Phillips Lovecraft, entouré d'éléments du mythe de Cthulhu.

Le rêve est un thème récurrent dans l'œuvre de Lovecraft, omniprésent. Non seulement celui-ci tient une place importante dans les écrits du maître de Providence, mais il contribua en lui-même directement à la production littéraire de Lovecraft. En effet, une grande part de ses nouvelles ne sont que la transcription de ses rêves, plus ou moins retravaillés. Le sommeil occupait de fait une place importante dans la vie de Lovecraft, en particulier du fait de sa mauvaise condition physique, comme en témoigne ce passage d'une de ses lettres à Rheinhart Kleiner, datée du 21 mai 1920 :

"Ces deux rêves survinrent au milieu d'un après-midi où j'arrêtai mon travail à bout d'épuisement nerveux et posai la tête sur mes bras au bord de la table devant moi. J'en arrive à un point où je m'assoupis ainsi très fréquemment —cela m'aide à tenir et à en faire plus que d'habitude."

Ainsi, les maigres bêtes de la nuit (night-gaunts) commencèrent à hanter ses cauchemars en 1896, suite à la mort de sa grand-mère et du deuil qui s'ensuivit dans son entourage familial.

Parmi les œuvres où le rêve joue un rôle central, on peut noter les suivantes :

  • Hypnos, où les deux protagonistes sont des onironautes, explorant lucidement l'univers du rêve.
  • L'Appel de Cthulhu, où le Grand Ancien Cthulhu, plongé dans ses rêves depuis des temps immémoriaux au fond de la ville engloutie de R'lyeh, communique avec les hommes au travers des rêves.
  • Par delà le mur du sommeil, décrit la double vie humaine et rêvée d'un homme.
  • La Chose dans la clarté lunaire.
  • Dans l'abîme du temps, le personnage principal est amené, au travers de rêves de plus en plus précis à se rappeler les événements obscurs de sa vie passée.
  • Le Cauchemar d'Innsmouth, où le héros de l'histoire entre en contact onirique avec ses ascendants, qui font partie de Ceux des profondeurs (les Profonds).
  • Dans La Maison de la sorcière, le protagoniste habite l'ancienne demeure d'une sorcière qui se matérialise dans sa chambre chaque soir, lorsqu'il s'endort, pour l'entraîner physiquement dans le monde du rêve, servant de médium pour se transporter d'un point à l'autre de l'univers.
  • Lui
  • Nyarlathotep, l'un de ses cauchemars qu'il coucha sur papier et dont il dit avoir écrit le premier paragraphe avant qu'il ne soit complètement réveillé.
  • La Tombe, qui est la transcription mot pour mot d'un rêve qu'il fit la nuit du 10 au 11 décembre 1919.
  • Le Clergyman maudit.

On peut rajouter à ces récits de nombreuses nouvelles et un roman que l'on peut englober dans un ensemble d'inspiration plus Dunsanienne, un cycle onirique en quelque sorte, qui se détache par son univers et son ambiance particulière, et qui comprend notamment :

  • La Quête onirique de Kadath l'inconnue, dont le héros Randolph Carter n'est autre que Lovecraft en personne, et qui part à la recherche, dans le monde du rêve, de la ville de Kadath, habitée par les Anciens Dieux.
  • Polaris
  • Céléphaïs
  • Le Bateau blanc
  • Les Chats d'Ulthar
  • Les Autres Dieux
  • La Quête d'Iranon
  • La Malédiction de Sarnath

Le succès posthume de Lovecraft est tel que certains auteurs ont continué à publier des nouvelles articulées autour du Mythe de Cthulhu, entre autres August Derleth, Clark Ashton Smith, Frank Belknap Long, Robert E. Howard, Robert Bloch, Stephen King ou Colin Wilson. Le cinéma, la bande dessinée, le rock ont également allègrement puisé dans les créations lovecraftiennes leurs plus étranges cauchemars. Citons aussi H.P.L. (1890-1991), une biographie uchronique signée Roland Charles Wagner.

Note complémentaire : En fait, Robert E. Howard n'a pas pu publier d'autres nouvelles posthumes puisqu'il est lui-même décédé avant Lovecraft. Il a néanmoins écrit sur le mythe de Cthulhu ( Cthulhu : the mythos and kindred horrors ). Robert E. Howard s'est suicidé à l'âge de 30 ans lorsqu'il apprit le décès de sa mère. On peut en revanche voir l'influence de Lovecraft dans certains de ses écrits, se connaissant et ayant chacun écrit dans Weird Tales.

Lovecraft a été le "nègre" d'autres personnes, notamment d'Harry Houdini. Il a écrit un récit fictif des aventures d'Houdini dans des souterrains hypothétiques situés sous la Grande Pyramide de Gizeh. Ce récit est intitulé "Prisonnier des Pharaons". Il a été écrit en 1924 pour le compte de Weird Tales. De nombreux écrivains envoyaient leurs textes à Lovecraft pour qu'il les retravaille contre une rémunération dérisoire. Les corrections de Lovecraft sur ces textes vont de quelques phrases à une refonte complète de l'histoire. Considérant ce travail d'entraide comme naturel, il n'a jamais revendiqué la paternité de ces récits, dont le nombre est difficile à apprécier (peut-être plusieurs centaines).

[modifier] Lovecraft et le racisme

La correspondance personnelle de Lovecraft indique qu'il avait des opinions racistes. Il a par exemple déclaré « Le Nègre est fondamentalement l'inférieur biologique de tous les Blancs et même des races mongoliennes ». Dans The Horror at Red Hook et The Street, il décrit les immigrants de son époque comme décadents et potentiellement dangereux. Certaines nouvelles telles que The Shadow over Innsmouth et Facts Concerning the Late Arthur Jermyn and His Family avertissent des dangers du métissage. D'autres encore, comme Herbert West : Reanimator contiennent des descriptions racistes des groupes ethniques de couleur et de la population immigrante. Sa femme, Sonia, était juive et d'origine ukrainienne, et a indiqué qu'elle avait dû régulièrement rappeler à son mari ses origines à l'occasion de certains propos antisémites tenus par lui.

Le racisme avoué que l'on trouvait dans ses premiers écrits a pratiquement disparu à la fin de sa carrière. Ces derniers, très traditionalistes à ses débuts, révèlent, vers la fin de sa vie, un changement graduel dans ses opinions politiques. Lovecraft se tourna vers des valeurs socialistes et admit plus tard avoir pris « pour argent comptant les illusions et les préjugés traditionnels du milieu » dans une correspondance de 1937. Il a désavoué The Street qui était une nouvelle ouvertement xénophobe. Par bien des aspects, The Case of Charles Dexter Ward paraît être une version retravaillée de The Horror at Red Hook, dépourvue de son abondante xénophobie.

Certains, comme Michel Houellebecq, qui a consacré un essai à l'auteur, considèrent que le racisme et la xénophobie de Lovecraft sont un élément fondamental de sa littérature et de sa personnalité, qui furent renforcés par son séjour à New York et que le désaveu de certains de ses textes a été effectué par convenance sociale. D'autres mettent en avant le fait que Lovecraft avait reçu une éducation en adéquation avec les valeurs de la société puritaine dont il était issu, racisme par la suite amplifié par son mode de vie isolé, et que son séjour à New York a au contraire amorcé un revirement sincère. Cette question est encore aujourd’hui soumise à polémique.

Un résumé détaillé de ses opinions sur les « races » et les cultures se trouve dans ses Selected Letters IV, publiées par Arkham House (lettre 648 à J. Vernon Shea, datée du 25 septembre 1933).

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liste des nouvelles


[modifier] Les Grands Textes

Les lovecraftiens considèrent ces textes comme les grands textes ou textes fondateurs du mythe. Ces textes furent les premiers publiés en France, et constituent le sommaire des numéros 4 et 5 de la collection Présence du futur.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

  • Cahiers de l'Herne sous la direction de François Truchaud
  • Laurence Motoret : H.P. Lovecraft : le géomètre de nos terreurs indicibles, Sigila, n° 7.
  • Kezia L'Engle de Figueiredo: Weird Fiction and the Unholy Glee of H. P. Lovecraft (Florianópolis, SC: Universidade Federal de Santa Catarina, 2003); c'est une dissertation académique qui inclut une analyse du criticisme des oeuvres de Lovecraft et des formes dans lesquelles sa théorie esthétique de la fiction noire opère.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes