Histoire de l'Algérie

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L'histoire et la géographie de l'Algérie sont intimement liées. Ainsi, bien que la civilisation humaine au Maghreb remonte à des millénaires, ce n'est qu'à partir de l'Antiquité que cet espace commence à prendre sa forme actuelle en se scindant en trois régions-peuples : Maghreb oriental, Maghreb central et Maghreb occidental. La région-peuple du Maghreb central évoluera au fil des siècles en l'État nation algérien moderne. Cet article traite donc de l'histoire de l'Algérie, et non pas seulement de l'histoire de la République algérienne moderne.

Sommaire

[modifier] Préhistoire (- 1,8 Ma à - 7 500 ans)

‎Éléphant à Illizi dans le sud de l'Algérie
‎Éléphant à Illizi dans le sud de l'Algérie

Bien que l'histoire elle-même soit un agrégat de périodes, celle-ci est elle aussi précédée d'une protohistoire et d'une préhistoire. Afin de présenter l'évolution d'un passé qui débouche sur l'histoire, cette partie de l'article retrace brièvement la fin de la préhistoire de l'Algérie.

Les premières traces de peuplement d'hominidés en Algérie remonteraient à environ deux millions d'années av. J.-C.

[modifier] Site d'Aïn El Ahnech (- 1,8 M )

Le site d' Aïn El Ahnech, dans la wilaya de Sétif est considéré comme le plus ancien gisement archéologique d'Afrique du Nord.

L'âge des vestiges est évalué par archéomagnétisme à 1,8 million d'années, coïncidant avec la période présumée de l'apparition de l'Homo habilis.

[modifier] Site de Tighennif (- 800 000 à - 400 000 )

Le site acheuléen de Tighennif (anciennement Ternifine), dans la wilaya de Mascara, a livré des vestiges dont l'âge est évalué entre 800 000 et 400 000 av. J.-C. Parmi ces vestiges, composés essentiellement d'ossements animaux et d'objets de pierre taillée, les archéologues ont découvert les ossements d'Hominidé qui ont conduit à la définition de l'Atlanthrope, aujourd'hui considéré comme un Homo erectus.

L'Atlanthrope avait un cerveau plus petit que celui de l'homme moderne et une mâchoire plus puissante, et il était un contemporain d'autres variantes de l'Homo erectus telles que le Pithécanthrope de l'île de Java. L'Atlanthrope vivait de la cueillette et de la chasse et se déplaçait fréquemment dans sa quête de nourriture. Il a occupé le Maghreb central durant plusieurs millénaires et fabriquait des bifaces et des hachereaux ainsi que plusieurs autres outils.

Il disparaît vers 250 000 av. J.-C. En effet, c'est vers cette période, que l’Homo erectus disparaît après près de 2 millions d'années d'existence (probablement en évoluant vers Homo heidelbergensis en Europe). Le peuplement de l'Algérie se compose alors exclusivement d'Homo sapiens, originaires de la corne de l'Afrique, qui occupent le Maghreb central pendant 150 siècles, de 250 000 à 50 000 av. J.-C., soit jusqu'à la fin du Paléolithique moyen. À partir de - 50 000 et jusqu'à - 20 000 av. J.-C., l'Acheuléen cède la place à l'Atérien.

Icône de détail Articles détaillés : Tighennif et Atlanthropus.

[modifier] L'Atérien (- 50 000 à – 7 500 )

Peinture rupestre du Tassili datant d'environ 10 000 ans.
Peinture rupestre du Tassili datant d'environ 10 000 ans.

Correspondant globalement au Paléolithique moyen et supérieur, l'Atérien a été défini à partir de vestiges mis au jour dans le site éponyme de Bir el-Ater, dans la wilaya de Tébessa. Il dure d'environ – 50 000 ans jusqu'à la révolution néolithique vers 7 500 av. J.-C. Durant cette période, vers 20 000 av. J.-C., de fortes pluies tombent au Sahara et au Nord de l'Algérie, créant ainsi un climat très humide, et favorisant le développement des populations d'éléphants, de girafes, de rhinocéros et autres, que les Atériens chassent en grands nombres.

Les fouilles archéologiques ont mis en évidence des armes probablement de chasse, très raffinées, faites de pierre, de bois et même de cordage, ce qui donne à penser qu'une civilisation très active habitait le site de Bir el-Ater. Les premières industries de fabrications de pointes de lances au Maghreb sont introduites par les Atériens et sont appelées Oraniennes (également Ibéromaurusienne). Ces industries semblent être apparues vers 15 000 ans av. J.-C. aux alentours d'Oran, dans l'Ouest algérien, avant de se propager sur toute la côte maghrébine durant les 5 millénaires qui suivent.

L'Atérien disparaît vers 7 500 av. J.-C., lors de la révolution néolithique. L'Homme de Néandertal a longtemps été considéré comme l'auteur de l'Atérien mais cette espèce est désormais perçue comme exclusivement eurasiatique. Il est probable que des Homo sapiens archaïques aient produit les outils atériens.

Avec la révolution néolithique apparaissent des sociétés sédentaires qui produisent leurs nourritures grâce à l'agriculture et à la domestication. En Algérie, cette révolution débouche sur la civilisation capsienne.

Icône de détail Articles détaillés : Atérien et Ibéromaurusien.

[modifier] Protohistoire (-7500 à -2000 ans)

[modifier] La civilisation capsienne: (-7500 à –2000)

Peintures rupestres au Tassili n'Ajjer
Peintures rupestres au Tassili n'Ajjer

La civilisation capsienne, ancêtre des Berbères, apparaît avec la révolution du Néolithique entre 9 000 et 7 500 av. J.-C. et dure jusqu'à l'apparition de l'âge du fer vers 2000 av. J.-C. Les Capsiens, ancêtres directs des Numides Berbères, apparaissent dans le sud constantinois d'abord, avant de se répandre dans l'ensemble du Maghreb. Les Capsiens qui habitaient des campements faits de huttes et de branchages s'installaient généralement sur des sites à proximité d'un oued ou d'un col montagneux. À cette époque la plupart du Maghreb ressemblait à une savane, comme en Afrique de l'Est aujourd'hui, avec des forêts méditerranéennes uniquement en haute altitude.

Les Capsiens furent les premiers au Maghreb à domestiquer les ovins, ils fabriquèrent divers objets, y compris des objets d'art décoratifs et des bijoux, tels que des colliers à partir de coquillages marins et diverses peintures abstraites et figuratives. Les Capsiens se nourrissaient d'ovins et de bovins, ainsi que de produits agricoles, mais également d'escargots : En effet de vastes dépôts de coquilles vides d'escargots datant de l'époque capsienne furent retrouvés, notamment à Mechta Sidi El Arbi dans la wilaya de Constantine. Du point de vue anatomique les Capsiens étaient composés de 2 types ethniques : les Mechta Afala et les Proto méditerranéens dont certains pensent qu'ils auraient émigré de l'est. La culture Capsienne est reconnue par les historiens linguistes comme l'ancêtre des langues berbères en Afrique du Nord, et la décoration de poterie capsienne est d'une grande ressemblance avec la décoration moderne de poterie berbère. Peu de choses sont connues de la religion des Capsiens. Toutefois, leurs pratiques funéraires (monticules de pierres, et de peintures figuratives) suggèrent que ces derniers croyaient en une vie après la mort.

Vers 3000 avant JC les Capsiens commencèrent à migrer au sud de l'Atlas tellien et s'installèrent au-delà de l'actuel Batna et progressivement jusqu'au confins du Sahara qui se situaient à l'époque plus au Nord, vers l'actuel Tamanrasset. Durant cette même période le Sahara s'est rapidement asséché, devenant un désert extrêmement aride, comme on le connait de nos jours. L'Algérie n'ayant pas connu l'âge du bronze, a l'instar de toute l'Afrique, la civilisation Capsienne survit jusqu'au début de l'âge du fer, avec l'apparition des fournaises vers 1500 avant JC. Les Capsiens ayant migré au Sahara laissent derrière eux des peintures rupestres magnifiques comme celles du Tassili N'adjjer datant de la période -5000 à –1500 ou celles de la région d'El-Bayadh et témoignant du mode de vie, de la chasse, de l'agriculture et des rites Capsiens, ainsi que de l'assèchement complet du Sahara qui commença à partir de –3000 et coïncida avec leur période. L'aridité du désert qui a suivi cette civilisation a permis de conserver naturellement ces œuvres dans des musées à ciel ouvert et cela à travers plusieurs millénaires. Aujourd'hui le contraste entre la luxuriance de la faune peinte sur ces peintures et l'aridité actuelle du désert du Sahara renforce encore leur attrait historique et artistique. Malheureusement, ces peintures sont de nos jours menacées par la fréquentation touristique des sites rupestres du Sahara et les dégradations qui en découlent.

[modifier] Antiquité (-1250 à l'an 250)

L'histoire de l'Algérie dans l'antiquité est marquée par l'émergence des royaumes de l'Âge de Fer qui s'étalent sur une période d'environ 1500 ans. Ces royaumes sont d'abord les Gétules au sud du pays, et la fondation des comptoirs Phéniciens au Nord, ensuite les Garamantes et finalement les Numides.

[modifier] L'Algérie des Gétules : (-1250 à 250)

Le peuple Gétule, descendant direct de la branche de la civilisation capsienne ayant émigré au Sahara vers 3000 av. J.-C. est certainement le peuple qui a dominé de la façon la plus certaine l'Algérie durant les 1500 ans de son antiquité. Ils étaient selon l'historien grec Strabon le peuple le plus nombreux d'Afrique du Nord, mais également le moins connu.

Parmi les plus anciennes références aux Gétules sont vraisemblablement celles des Carthaginois qui indiquent que le prince des Gétules proposa d'épouser Élyssa (ou Didon pour les Romains), la reine fondatrice de Carthage (actuelle Tunisie) vers l'an 815 avant JC.

Toutefois, des références en Égypte ancienne de certaines tribus Gétules remontent jusqu'à 1350 av. J.-C. environ sous le règne d'Akhénaton de la XVIIIe dynastie qui parlent de commerce de bétail avec ce peuple. Les Gétules sont probablement à l'origine également du calendrier berbère qui commence vers 943-949 avant JC. Le début de ce calendrier ferait suite à la victoire d'une coalition de Gétules sur les Égyptiens. Cette coalition, formée par les tribus Gétules du Maghreb est partie du sud ouest algérien, renforçant ses effectifs en cours de route partout où elle passait au Maghreb. La coalition dirigée par Sheshonq (nom berbère: Sheshnaq) a vaincu le pharaon Psousennès II. Suite à cette victoire Sheshnaq épouse la fille du pharaon, s'installe sur le trône d'Egypte sous le nom de Sheshonq en 952 avant JC, et fonde ainsi la XXIIe dynastie. Il installe sa résidence à Busbatis, et détache tout de suite des régiments à Fayoum, une ville ou plusieurs unités guerrière Egyptienne sont basées. Ces derniéres se rallient finalement à lui le confirmant ainsi sur le trône. Sheshnaq aurait poursuivi ensuite sa percée vers le Moyen-Orient après avoir renforcé de cette façon sa coalition en Égypte, il se mit à conquérir plusieurs territoires en Syrie, Palestine, Phénicie (actuel Liban) et dans le Royaume d'Israël où il s'empare de Ghaza et pillera Jérusalem. Cet événement biblique est mentionné dans l'Ancien Testament qui parle du pillage de ce chef Gétule de la tribu des Machaouach.

Les Gétules étaient de remarquables cavaliers et des nomades à l'origine qui se concentraient dans les oasis du Sahara central algérien. Il est probable que les Gétules ont découvert le cheval par le biais des Égyptiens, qui l'avaient eux-mêmes découvert par le biais des peuples d'Asie centrale. Il est également probable que les Gétules furent poussés à suivre un lent flux migratoire vers le Nord, inversement à leurs ancêtres Capsiens, par la désertification progressive du Sahara et leur nombre croissant. En tout état de cause au fil des siècles les Gétules développèrent une cavalerie efficace, et devinrent un peuple nomade migrant du Sahara vers le Nord de l'Afrique en suivant deux routes principales. L'une est celle des Gétules orientaux qui les mène vers Chella, l'actuelle Salé au Maroc, et l'autre est la route qui les mène du désert vers Madaure (actuelle Mdaourouch dans la wilaya de Souk Ahras). Les Gétules concentrés autour de ce qui est aujourd'hui les territoires des Nememchas dans l'actuel Souk Ahras et Tébessa sont ainsi le premier peuple nomade en Algérie à remonter du désert vers le Nord pour exercer une pression sur les occupants des terres là-bas. En effet plus d'un millénaire après eux, les Berbères Sanhadja imiteront le même mouvement. Les Gétules pasteurs nomades et guerriers se sont longtemps contenté de mener des razzias occasionnelles contre les populations sédentarisées du Nord du pays tout en étant perpétuellement en mouvement. Toutefois entre le Ve et le IIIe siècle, leur puissante cavalerie, leur nombre impressionnant ainsi que leur naïveté politique fait qu'ils commencent à devenir l'objet de convoitise stratégique de la part des acteurs politiques de la région.

Lorsque la première guerre punique éclate en 264 av. J.-C. le général carthaginois Hannibal Gisco les engage comme mercenaires. La principale raison était que la marine carthaginoise était dans un état si lamentable que Hannibal avait décidé de prendre la route jusqu'aux colonnes d'Hercule (actuelle Gibraltar), il engagea la cavalerie Gétule pour l'accompagner. Celle-ci se révèle non seulement apte à traverser le Maghreb rapidement et sans problème, mais elle se révèle également d'une efficacité redoutable dans les campagnes de Hannibal de l'autre côté de la Méditerranée, à commencer par ses campagnes en Ibérie.

Deux siècles plus tard, les Gétules avaient acquis une grande expérience dans la guerre, mais surtout une forte expérience dans l'art de négocier leur force mercenaire. C'est alors qu'en 107 av. J.-C. le roi Jugurtha des Numides, combattant l'armée romaine fait à son tour appel aux services des Gétules. Les Gétules avant d'accepter, proposent à Rome de faire mieux, le consul Marius offre à ces derniers la promesse de leur livrer des terres numides ainsi que la citoyenneté romaine en échange de leur soutien. Les Gétules combattent ainsi aux côtés des Romains. En 103 avant JC, Jugurtha est vaincu. Les Gétules obtiennent alors la citoyenneté romaine en grand nombre et de grandes propriétés terriennes, confisquées à l'État numide défait, aux côtés des soldats Romains qui obtiennent chacun 252 hectares de terre. Rome cherchant à profiter au maximum de cette opération offre des terres numides en bordure avec la Maurétanie aux Gétules de sorte à consolider la frontière de leur nouvelle conquête.

La sédentarisation soudaine des Gétules sur les terres confisquées n'est pas facilement acceptée par les populations numides défaites. Les Gétules continuent de soutenir les Romains pendant près d'un siècle pour écraser les révoltes populaires, allant jusqu'à participer en 19 av. J.-C. à la répression d'une révolte aux côtés de Lucius Cornelius Balbus Minor. Cette révolte déclenchée à une échelle impressionnante avait enflammé toute l'Afrique du Nord de la Maurétanie à la Cyrénaïque (actuelle Libye) en passant par les territoires Garamantes au Sahara et Numides dans le Nord, mais Balbus et ses alliés Gétules réussirent à l'écraser.

Après un siècle de sédentarisation, la pratique de la cavalerie gétule finit par disparaître, et le peuple gétule avec. La distribution des terres éparpilla le peuple gétule, et sa sédentarisation contribua à la disparition de sa cavalerie. Le peuple gétule se fondit ainsi dans les populations du nord de l'Algérie. Rome avait de cette manière réussi un coup de maître en amadouant les Gétules et en les poussant à la disparition par la sédentarisation, car il ne fait aucun doute que les Gétules auraient constitué une menace sérieuse pour la colonisation romaine en Algérie, et ce particulièrement aux frontières Sud de l'actuel état. À partir de l'an 250 après JC environ, plus aucune références n'existent au sujet de la culture et du peuple gétule.

[modifier] Les comptoirs Phéniciens en Algérie (-1250 à -146)

Les Phéniciens dans leurs efforts d'étendre leur réseau commercial dans tout le bassin méditerranéen commencèrent à essayer d'établir des contacts avec les populations du Nord de l'Algérie dès 1250 avant JC. Après la fuite de la princesse Elyssa au Maghreb oriental (actuelle Tunisie) qui y fonde Carthage en 814, les Carthaginois essayent de pousser leurs navires jusqu'en Ibérie (actuelle Espagne).

Les côtes du Maghreb parsemées de hauts-fonds et de récifs étant difficiles à naviguer pour les navires primitifs des Carthaginois, ces derniers fondèrent avec l'accord des populations locales avec lesquelles ils entretenaient des liens commerciaux des comptoirs tous les 30 à 40 kilomètres le long de la côte algérienne, une distance équivalente à une journée de navigation par la mer. C'est ainsi que les comptoirs phéniciens de Annaba, Skikda, Collo, Jijel, Béjaïa, Dellys, Alger, Tipaza, Cherchell, Tenes, Bettioua et Ghazaouet sont établis. Ces comptoirs jouent un rôle aussi crucial dans le commerce en Méditerranée, que dans l'évolution des cultures locales par le biais des échanges d'idées et de communications. Ces comptoirs servent quelques siècles plus tard aux Numides qui vont les occuper puis aux Romains qui les colonisent et les utilisent pour la conquête de l'Algérie. Les Carthaginois réussissent si bien dans leur commerce qu'ils établissent des comptoirs même a l'intérieur des terres au Nord de l'Algérie au sein de localités existantes telles que les comptoirs de Sarim Batim, que les Numides appellent Cirta (actuelle Constantine) ou Tiddis a 17 kilomètres de Cirta.

De cette pénétration des Carthaginois au milieu des populations africaines devait résulter une sorte de fusion qui aboutit à une large communauté ethnique et culturelle. La civilisation de Carthage avait pu s'imposer peu à peu mais à leur tour certaines coutumes indigènes marquèrent celles des Cartaginois. Par cette "africanisation", qui l'enrichit encore, la civilsation punique appartient authentiquement au patrimoine culturel nord-africain[1].

Selon Jérôme Carcopino, « Il est hors de doute que ces colonies ont, à la longue, formé autant de foyers d'une civilisation mixte qui, de proche en proche, s'est propagée du littoral vers le continent et à fait prévaloir sur toute l'Afrique du Nord, et pour des millénaires, l'esprit de Carthage. »

[modifier] Le Sahara Garamantes (-500 à l'an 500)

Les Garamantes étaient un peuple qui a dominé le Sahara durant un millénaire pendant l'Antiquité d'environ -500 avant JC à 500 après JC. La question de leur origine exacte reste toujours posée et il existe deux hypothèses à l'heure actuelle. La première voudrait que les Garamantes soient les cousins des Gétules et des descendants directs des Capsiens, mais qui contrairement aux Gétules n'auraient pas émigré vers les côtes méditerranéennes et qui seraient restés sur place dans le désert pour occuper l'endroit après la migration des Gétules vers le nord. L'autre hypothèse voudrait que les Garamantes soient un peuple venu d'une autre région que le Sahara (Afrique sub-saharienne ou Asie). L'utilisation toutefois des caractères Tifinagh par les Garamantes, ainsi que la similitude entre l'art Garamante et l'art Capsien, et finalement la similitude entre les cavaleries Garamante et Gétules indiquent probablement que les Garamantes seraient des descendants de Capsiens et cousins des Gétules qui se seraient à leur tour sédentarisés au Sahara plutôt qu'au Nord.

Cela étant dit, le terme Garamante viendrait du nom de leur capitale Tagharma, qui signifierait en berbère ancien (proche du capsien) « citadelle fortifiée ». Tagharma, ou Garama en version gréco-latine serait la Djerma moderne. Les Garamantes seraient originaires de la région du Fezzan (en Libye actuelle) et auraient fondé un royaume s'étendant sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres carrés dans le Sahara couvrant des parties de l'actuelle Algérie, Libye, Mali, Tchad et Niger. La géographie de leur royaume, l'habileté de leurs guerriers et cavaliers, l'utilisation du Tifinagh, ainsi que la domestication du dromadaire n'est pas sans rappeler l'actuelle confédération des Touaregs, et il est probable que les Garamantes fussent leurs ancêtres directs, bien que cela n'est pas confirmé.

Le royaume des Garamantes vivait du contrôle des routes sahariennes et avait établi des routes commerciales entre l'Afrique sub saharienne et la Méditerranée. Les Garamantes ont combattu constamment du Ve siècle av. J.-C. au IVe siècle av. J.-C. les peuples noirs de l'Afrique sub-saharienne pour affirmer leur contrôle de ces routes de commerce. Ils développèrent également l'agriculture aux alentours de leurs oasis fortifiées et devinrent ainsi un peuple très puissant et leur souveraineté s'étendait du Tchad au Fezzan, et du Tassili à Gao au bord du fleuve Niger. L'historien grec Hérodote (IV.183) écrivit environ 50 ans après le début de leur règne ce qui suit à propos de ce peuple saharien :

«À dix jours de voyage d'Augila, il y a également une colline de sel et une source d'eau, les palmiers y poussent abondamment comme ils le font près des autres collines de sel. Cette région est habitée par un peuple appelé Garamantes, un peuple très puissant qui recouvre le sel avec de la boue pour y semer ensuite ses cultures. C'est là que la route est la plus courte vers le pays des Lotophages, un voyage de trente jours. Dans le pays des Garamantes, on trouve des taureaux qui lorsqu'ils paissent marchent à reculons. Ils agissent ainsi parce que leurs cornes s'avancent tant vers l'avant de leur tête que, s'ils avançaient en paissant, leurs cornes se planteraient dans le sol. Ce n'est qu'en cela qu'ils diffèrent des autres taureaux, ainsi que par l'épaisseur et la dureté de leur cuir. Les Garamantes ont des chariots attelés a quatre chevaux, sur lesquels ils pourchassent les Éthiopiens Troglodytes qui, de tous les peuples dont l'écho ait pu parvenir à vos oreilles, est celui dont les pieds sont, de loin, les plus rapides. Les Troglodytes se nourrissent de serpents, de lézards et d'autres reptiles du même genre. Leur langage, contrairement à celui des autres peuples, ressemble à des couinements de chauve-souris… »

Le peuple éthiopien Troglodyte auquel Hérodote fait allusion est installé aujourd'hui dans le massif du Tibesti, et forme maintenant l'ethnie des Toubous. La cavalerie Garamante se distinguait au Maghreb par le fait qu'elle utilisait massivement le char tiré par un quatuor de chevaux. Les Garamantes menèrent quelques fois des attaques contre leurs voisins du nord également, notamment les Gétules, les Carthaginois et les Numides. Toutefois leur plus grande défaite leur est infligée par l'Empire romain, qui soutenu par les Gétules et sous la direction de Balbus, consul d'Afrique de Rome envahit leur royaume et occupera leur capitale Tagharma (Garama). Les Garamantes maintiennent une certaine autonomie malgré l'occupation, grâce notamment à l'étendue du Sahara et à leur retour à des traditions nomades. Les Garamantes se révoltent et soutiennent même la révolte de Tacfarinas dans le nord du pays au début du premier siècle, mais Rome finit tout de même par vaincre et son influence et sa tutelle devient considérable sur ce peuple Saharien au point que lorsque l'Empire adopte la religion chrétienne les Garamantes font de même vers l'an 400. Les Garamantes disparaissent progressivement des références historiques à partir de cette date, pour plusieurs raisons. D'une part à la mort de l'Empereur Théodose Ier de Rome, l'Empire romain sombre dans une période de troubles internes et les Garamantes retrouvent leur indépendance, et d'autre part leur royaume ayant été brisé, ces derniers ne mènent aucune action concertée politique ou stratégique jusqu'à l'avènement de l'Islam trois siècles plus tard, époque à laquelle ils ne s'appellent déjà plus les Garamantes.

[modifier] L'État de Numidie : (–250 à -25)

Medghassen la sépulture des rois Numide  et patriache des Zénètes
Medghassen la sépulture des rois Numide [2] et patriache des Zénètes [3]

Le mausolée de Medghassen dans les Aurès date de 300 ans avant J.C. Il s'agit d'un monument numide et du plus ancien mausolée de l'Algérie [4].

La période numide commence vers 250 avant JC avec l'émergence de deux tribus au nord de l'Algérie issues des Capsiens sédentarisés depuis le Néolithique : la tribu des Massyles à l'est et la tribu des Massaesyles à l'ouest. Ces tribus contrôlant les plaines entre la chaîne de l'Atlas et la côte méditerranéenne au Nord de l'Algérie arrivent rapidement à la confrontation.

[modifier] Seconde guerre punique

La rivalité débute avec l'arrivée au pouvoir de Syphax en 215 av. J.-C., roi des Massaesyles. Ce dernier veut faire de son royaume une puissance commerciale et militaire, et s'allie à Carthage dans sa lutte contre Rome. Syphax est toutefois gêné dans ses projets par la présence de la principauté des Massyles à l'Est commandé par le roi Zelalsen. Les Massyles occupent les terres entre le royaume de Syphax et Carthage, c'est ainsi que Syphax décide de se débarrasser d'eux. Il déclenche les hostilités avec l'aide de Carthage, il provoque des troubles internes chez les Massyles pour les affaiblir avant de les écraser. Zelalsen meurt rapidement et est remplacé par Gaia. Les Massyles se rapprochent de Rome mais rechignent à sceller une alliance durable. Syphax commet toutefois sa première erreur en cassant son alliance avec Carthage subitement et en s'alliant à Rome qui lui envoie trois centuries de soldats. Carthage se met alors à soutenir les Massyles, mais le roi Gaia meurt subitement. Son fils Massinissa qui à 17 ans remporte une victoire sur Syphax puis traverse la Méditerranée et s'en va remporter des victoires supplémentaires sur les Romains en Ibérie. Son corps de cavalerie composé de Massyles et de Gétules s'avère d'une excellente efficacité sous son commandement. Lorsqu'il apprend que son père meurt il revient d'Ibérie vers l'est algérien pour assumer le pouvoir et y trouve son royaume en proie à des luttes intestines. Pendant son absence, trois rois se sont déjà succédé sur son trône en quelques mois de l'an 206 avant JC. (Ozalces, Capussa et Lacumazes). Massinissa constate que pendant qu'il remportait des victoires pour les Carthaginois, ces derniers abandonnaient son royaume. Il se saisit du pouvoir, et casse son alliance avec Carthage, changeant de camp et s'allie à Rome. Il participe alors au côté des Romains à la bataille de Matka en territoire Carthaginois. Les troupes Carthaginoises commandées par général Hannibal réussissent à éloigner la cavalerie de Massinissa du champ de bataille en la poussant à un engagement un peu plus loin. L'infanterie Romaine commandée par Scipion l'Africain se retrouve alors coincée face à Hannibal et n'arrive pas a faire pencher la balance de son côté. Cependant, le brillant stratège que fut Massinissa réussit à remporter une victoire rapide sur les troupes carthaginoises et lance sa cavalerie ensuite sur le terrain de bataille principale. Son arrivée permet aux Romains de vaincre l'armée carthaginoise et c'est ainsi que le général Hannibal fut capturé en grande partie grâce à la malice de Massinissa. Carthage a ainsi perdu la deuxième guerre punique, et Massinissa contrôle à présent tout l'est algérien.

Massinissa s'engage dans un ambitieux plan qui détermine les frontières du nord de l'Algérie moderne. Il fait creuser avec l'aide des légions Romaines une fosse longue de plusieurs kilomètres avec l'actuelle Tabarka à l'Est et ses territoires annexés aux Carthaginois à l'Ouest. Il prend le contrôle ainsi de Cirta (Constantine), et en fait sa capitale. Massinissa s'attelle ensuite à réformer son royaume, à introduire l'agriculture céréalière, à reformer l'impôt fiscal, et à consolider son alliance avec Rome en même temps que son armée. Par la suite il décide de conquérir les territoires de Syphax, ce qui fut fait quelque temps après. Syphax et Massinissa développent une rivalité entre eux, et qui est centrée non seulement sur la politique mais aussi sur une femme. Sophonisbe la fille du général carthaginois Hasdrubal dont Massinissa était amoureux aurait été livrée par son père défait par les troupes de Massinissa à Syphax son rival. Massinissa fait acheminer un poison à Sophonisbe qu'elle prend pour se suicider avant de consommer son mariage avec Syphax pour sauver l'honneur de son amant[réf. nécessaire].

[modifier] Unification

Portrait du roi Massinissa. Son nom berbère est écrit dessous en tifinagh et en latin
Portrait du roi Massinissa. Son nom berbère est écrit dessous en tifinagh et en latin

Massinissa ensuite se livre à la conquête et au démantèlement du royaume de Syphax, ce qu'il réussit progressivement, unifiant la Numidie et établissant la frontière Ouest de son royaume au niveau de la rivière Moulouya, proche de l'actuelle frontière algéro-marocaine. Vers 150 avant JC, Massinissa dirige un royaume unifié et puissant, militairement et économiquement qui s'étend sur tout le nord de l'Algérie. Il a réussi à ramener sous sa coupe les tribus Gétules, à vaincre son rival Syphax, et à sceller une alliance solide avec Carthage. Âgé de près de 90 ans, Massinissa décide de provoquer à présent la chute de Carthage elle-même. Il cherche à pousser Carthage à la guerre, et attaque plus de 70 villages Carthaginois sans prévenir. Carthage se voit obligé de répliquer pour se défendre, même si cela signifie la violation du traité de paix avec Rome, qui s'empresse de lui déclarer la guerre. Massinissa a provoqué ainsi la troisième guerre punique juste avant de mourir, commandant lui-même ses troupes sur le terrain à plus de 90 ans. Carthage s'effondre deux ans plus tard en 148 av. J.-C..

Le règne puis la disparition de Massinissa fut le prélude à l'occupation Romaine de la Numidie. En effet, l'occupation Romaine de la Numidie fut précédée d'un long travail politique qui s'étala sur environ un siècle de -125 à -25. La Numidie effectua son premier rapprochement historique avec Rome avant même son unification, lorsque Syphax roi de la Numidie Occidentale scella une alliance avec Rome contre Carthage et la Numidie orientale. Toutefois lorsque Syphax, pour des raisons qui ne sont pas encore claires, décide de casser son alliance avec Rome la donne politique change définitivement.

Les Berbères numides utilisaient le mot “Taferka” qui signifiait “Terre” dans le sens de “propriété terrienne”, et le mot “Aferkiw” pour désigner celui qui vit sur la terre dans le sens de propriétaire terrien. La célèbre maxime numide traduite en latin par la suite a donné le mot “Africa” pour désigner les terres de la côte sud de la Méditerranée autour de la Numidie et de Carthage (plus tard et après l'Empire romain les Européens utilisèrent le mot ‘Afrique' pour désigner tout le continent africain).

L'École d'histoire française, l'une des premières à réaliser un travail soutenu et largement documenté sur l'histoire numide[réf. nécessaire], a attribué la fameuse maxime « l'Afrique aux Africains ! » à Massinissa. Toutefois, l'École d'histoire algérienne fondée à partir de 1962 semble pencher pour une autre interprétation. En effet selon celle ci, il serait plus probable que la maxime « l'Afrique aux Africains ! » fut prononcée par Syphax et non Massinissa, lorsque Syphax décida de briser son alliance avec Rome soudainement, et de s'allier à Carthage l'Africaine. La raison pour laquelle Syphax décida de se séparer de Rome qui pourtant semblait avoir la main haute sur le conflit avec Carthage n'est toujours pas claire. Peut-être que Syphax, en stratège prévoyant avait-il compris que Rome finirait par vaincre Carthage avec le temps et qu'ensuite la menace romaine se tournerait vers la Numidie ? Cela est possible, mais en tout état de cause, l'école algérienne semble penser qu'il est plus probable que ce soit Syphax qui ait prononcé la maxime « l'Afrique aux Africains! » et non Massinissa. Massinissa, l'unificateur de la Numidie qui a défait Syphax par la suite, s'était allié aux Romains, lui qui leur avait infligé de sévères défaites pourtant en Ibérie. La raison pour l'alliance de Massinissa aux Romains est double : d'une part les Carthaginois semblaient jouer un double jeu avec son royaume, en lui demandant de combattre les Romains contre de l'argent, tout en encourageant les troubles politiques dans son royaume. D'autre part la défection de Syphax finit par convaincre Massinissa de s'allier à son ennemi d'hier Rome.

L'alliance de Rome avec Massinissa provoqua des changements profonds dans la région. Massinissa alla de victoires en victoires, écrasant Syphax, unifiant la Numidie, affaiblissant Carthage avec l'aide de Rome, et finalement provoquant sa destruction ultime par Rome à la fin de son règne qui dura plus d'un demi-siècle. Le premier ancêtre de l'état algérien moderne, celui de la Numidie unifiée de Massinissa, fut un tel succès sous son règne qu'à sa mort, Rome ne pouvait voir, et ne voyait plus qu'une seule menace sur les côtes africaines : cette même Numidie de Massinissa.

[modifier] Règne de Jugurtha

Ainsi après la mort du grand roi Massinissa, une crise de succession, vue d'un bon œil par Rome se produisit et qui plaça la Numidie dans des troubles politiques. Micipsa, fils de Massinissa assuma le pouvoir brièvement, et fit envoyer le très populaire Jugurtha, petit-fils de Massinissa, comme représentant en Ibérie pour l'éloigner du pouvoir. Micipsa nomme Gulussa vice-roi et ministre de la guerre et Mastanabal vice-roi et ministre de la justice. Après le bref règne de Micipsa, ses deux fils Adherbal et Hiempsal finissent par détruire tout le travail d'unification de Massinissa en divisant la Numidie de nouveau en Numidie Orientale et Occidentale. La crise politique encore larvée à ce stade entre Rome et la Numidie, finit par devenir publique lorsque Jugurtha, le très populaire petit-fils de Massinissa revient en Numidie et se saisit du pouvoir par la force en 118 av. J.-C., en s'attaquant aux petits-fils de Massinissa (tuant Hiempsal et expulsant Adherbal qui s'enfuit à Rome) pour réunifier la Numidie et la remettre sur le chemin de la stabilité et du développement.

Rome qui ne voit pas d'un bon œil cette réunification, se met alors à chercher des problèmes politiques à Jugurtha, en lui demandant de s'expliquer sur sa prise de pouvoir violente et l'expulsion d'Adherbal qui s'est réfugié chez eux. Jugurtha aurait répliqué dans son entourage qu'il est une chose qu'il avait apprise des Romains lors de son séjour en Ibérie : « Roma est urbs venalia » (trad. « Rome est une ville à acheter »), faisant ainsi référence à l'étendue de la corruption chez les officiels romains. C'est ainsi que Jugurtha se résout à acheter un répit en offrant de l'argent à des membres de la classe politique romaine pour les corrompre. Rome accepte alors de le laisser régner, mais seulement à condition que la Numidie reste divisée. Elle lui offre la reconnaissance diplomatique sur la Numidie occidentale, à condition de remettre Adherbal sur le trône en Numidie Orientale. Jugurtha accepta dans un premier temps l'offre de Rome. Cependant, ses intentions de restaurer la Numidie unifiée et forte à l'instar de celle que son grand-père avait construite reste les mêmes. C'est ainsi qu'en 112 avant JC, il décide d'envahir la Numidie Orientale, réunifiant ainsi la Numidie. Au passage il fait exécuter plusieurs hommes d'affaires romains qu'il trouve sur place en Numidie Orientale. Le gouvernement Romain furieux d'un tel développement est sur le point de lui déclarer la guerre, lorsque Jugurtha réussit de nouveau a corrompre les responsables en place à Rome. Cela a pour conséquence de calmer l'animosité envers lui a Rome, et même de lui procurer un traité de paix avantageux. Toutefois, quelque temps plus tard, et suite à quelques changements dans la balance du pouvoir à Rome, Jugurtha est convoqué à Rome pour s'expliquer sur la manière dont il aurait obtenu un traité de paix si suspect. Excédé, Jugurtha fait exécuter Adherbal en réponse, et la classe politique romaine se déchaîne alors et finit par demander l'invasion de la Numidie. Rome envoie le consul Metellus en Numidie à la tête de plusieurs légions pour punir Jugurtha et le déposer. Jugurtha réussit grâce à son intelligence et à son courage attestés à résister durant des années, en combinant des manœuvres militaires face aux Romains et politiques avec son voisin de l'ouest, le roi Bocchus Ier de Maurétanie. L'adjoint du consul Metellus, Gaius Marius entrevoyant une opportunité retourne à Rome pour se plaindre de l'inefficacité suspecte de son chef et demande à être élu consul à sa place, ce qu'il obtint. C'est alors que Gaius Marius envoit son questeur, Lucius Cornelius Sulla en mission en Maurétanie pour négocier l'aide de Bocchus Ier. Bocchus accepte alors de trahir Jugurtha, et aide les Romains à le faire tomber dans un guet-apens où il est capturé. Jugurtha est alors envoyé à la fameuse prison de Tullianum, et exécuté tout de suite après la tradition du triomphe romain en 104 avant JC à la prison de Tullianum.

[modifier] Colonisation et découpage du territoire

Buste de Juba Ier
Buste de Juba Ier
Un buste de Jules César
Un buste de Jules César

Après l'exécution de Jugurtha, la Numidie occidentale est offerte à Bocchus pour être rajoutée à son royaume de Maurétanie, tandis que la Numidie orientale est gouvernée encore quelque temps par des princes Numides soumis à Rome. Le roi Gauda, demi-frère de Jugurtha, fut placé sur le trône pour succéder en premier à Jugurtha et régna de 106 a 88 av. J.-C. Puis son fils, le roi Hiempsal II fut placé sur le trône et régna de 88 a 60 avant JC. Juba Ier arriva au pouvoir à l'âge de 25 ans après avoir reçu une éducation dans le style romain. L'arrivée de Juba Ier au pouvoir signifia un retour à la ligne royale légitime de Massinissa car il était l'arrière-petit-fils de Massinissa et fils du roi Hiempsal, lui-même fils légitime de Massinissa et assassiné par Jugurtha. Juba Ier, descendant direct de Massinissa fut ainsi placé sur le trône en 60 av. J.-C. pour succéder à Hiempsal II. Lors d'une visite à Rome, Jules César qui ne portait pas de barbe, l'insulta publiquement tout en tirant sur la sienne[réf. nécessaire]. Quelque temps plus tard, Gaius Quintus Scribonus Curio, un tribun (l'équivalent d'un parlementaire aujourd'hui) romain se mit à chercher des problèmes politiques à la Numidie pour le compte de Jules César. Curio est issu d'une famille noble et riche dont le père et le grand-père furent des personnages flamboyants, mais aussi à la fois des tribuns, généraux et hommes d'affaires. Gaius Quintus Scribonus Curio se ruina pour honorer leur mémoire, et fit construire le premier amphithéâtre de Rome en l'honneur de son père, et il y célébra plusieurs jeux là-bas. Écrasé par le poids des dettes, Jules César lui proposa de payer ses dettes, à condition que ce dernier lui offre son soutien de tribun face à la Numidie, Curio accepta. C'est ainsi que Curio proposa en 50 av. J.-C. du haut de sa tribune que la Numidie soit tout simplement vendue tout entière à un Romain, c'est-à-dire que le pays numide soit privatisé. Plusieurs sénateurs ne prenaient pas Curio au sérieux dans ses affaires, toutefois Jules César le nomme général de l'Afrique un an plus tard et l'envoit soumettre Juba Ier pour faire de l'idée une réalité. Au même moment, Bocchus II, roi de Maurétanie et fils de Bocchus Ier, met ses armées en marche et la Numidie se retrouve attaquée sur deux fronts. Juba Ier envoie alors son lieutenant Sabura pour combattre les troupes de Bocchus II, tandis qu'il se porte lui-même contre les légions Romaines dirigées par Curio. La réplique numide est une réussite totale, et tandis que le lieutenant Sabura réussit à vaincre les armées maurétaniennes, Juba Ier écrase les légions Romaines, et capture Curio lui-même, qu'il fait exécuter par ses hommes.

Juba Ier sachant pertinemment qu'il ne pouvait résister à Jules César qui avait étendu les frontières de Rome jusqu'en Gaule, et qui semblait déterminé à vaincre rapidement leur chef Vercingétorix, se résolut à s'allier à Pompée, le chef militaire qui avait ramené ses légions aux portes de Rome exigeant un triomphe, et qui avait écrasé la piraterie en Méditerranée ainsi que la révolte de Spartacus. Ce dernier semblait également être le candidat le plus sûr pour une alliance protectrice contre Jules César car étant le plus en opposition avec lui. Lorsque la confrontation entre Jules César et Pompée se transforme en guerre civile romaine en 46 avant JC, Juba Ier participe militairement au côté de Pompée dans la lutte contre les légions de César. À la bataille de Thapsus en 46 av. J.-C., Jules César émerge en vainqueur, Pompée et Juba I sont poussés à la retraite. Juba Ier de retour en Numidie, se suicide avec l'aide de son esclave quelques jours plus tard, et la Numidie devient la province romaine de Africa Nova pendant 16 ans.

Buste de Juba II
Buste de Juba II

Le fils de Juba Ier, prénommé Juba II est pris à Rome où il reçoit une éducation très poussée qui lui permit de maîtriser parfaitement plusieurs langues à la fois. Il épouse par la suite Cléopâtre Selênê elle aussi retenue à Rome. Cléopâtre Selênê était la fille de Cléopâtre VII d'Égypte et de Marc Antoine, général et ami de Jules César. En 30 avant JC, Auguste dissout la province d'Africa Nova et place le fils de Juba Ier sur le trône sous le nom de souverain de Juba II, en espérant obtenir une nouvelle coopération entre la Numidie et Rome. Juba II gouverne avec sa femme Cléopâtre Selênê la Numidie orientale ainsi durant 5 ans. Toutefois étant trop Romain pour les Numides, Juba II abdique face à des troubles politiques grandissant, et quitte la Numidie avec sa femme, mettant fin ainsi a la dynastie numide après plus de deux siècles de règne. La Numidie orientale revient alors à son statut de province romaine sous le nom de Africa Nova. Juba II est alors placé sur le trône de la Maurétanie, qui conserve les territoires de la Numidie occidentale et il y régne jusqu'en l'an 23.

Buste de Ptolémée
Buste de Ptolémée

Son fils Ptolémée de Maurétanie lui succéde au trône jusqu'en l'an 40, suite à quoi l'empereur Caligula le fait assassiner après avoir décidé de faire de la Maurétanie une province romaine.

La Maurétanie et la Numidie
La Maurétanie et la Numidie

Caligula sépare alors la Numidie occidentale de la Maurétanie, et fait de la Numidie occidentale la province de Maurétanie Césarienne qui s'étend de la Kabylie aux environs de l'actuelle frontière marocaine (rivière Moulouya), tandis que la Maurétanie devient la province de la Maurétanie Tingitane.

[modifier] Période romaine: (-25 à 430)

L'interprétation historique de la conquête romaine en Afrique, et plus particulièrement sur le territoire de l'actuelle Algérie, est un sujet historique qui fut très controversé. Les premières fouilles archéologiques modernes en Algérie furent en effet menées par des fonctionnaires et militaires français après 1830 : en prétendant se placer en héritière des Romains, la puissance coloniale française cherchait à légitimer sa conquête. Aussi pendant très longtemps l'histoire de la conquête romaine fut écrite sur le modèle de la colonisation française. La décolonisation et l'indépendance en 1962 permirent un tournant historiographique important, marqué par la publication en 1976 du livre de Maurice Bénabou sur la Résistance Africaine à la romanisation. Dans l'important débat historiographique suivant cette publication des prises de position importantes eurent lieu. Si pour Marcel Bénabou les Africains avaient bien opposé une résistance à la romanisation, Yvon Thébert insista sur la différence qui existait entre la colonisation romaine et la colonisation contemporaine : Rome s'appuie sur l'intégration des aristocraties locales, les Numides ne doivent pas être vus uniquement comme des vaincus, mais aussi comme les membres actifs d'une intégration à ce qui représentait alors le modèle politique dominant, et qui leur était familier puisque dès avant l'arrivée des Romains, les aristocrates numides connaissaient bien la culture hellénique. D'autre part dès la conquête avait commencé un profond brassage humain entre les immigrants venus d'Italie, les vétérans des légions qui avaient combattu au moment des guerres civiles notamment et la population indigène qui donne à l'Afrique romaine sa physionomie si riche et si particulière[1]. La conquête romaine ne doit donc pas tant être vue comme l'affrontement de deux peuples que comme la résultante des tensions politiques internes des peuples intégrés à l'empire.

Selon l'historien algérien M. Kaddache L'Algérie dans l'Antiquité, l'exploitation romaine a eu pour effet de disloquer la société berbère et de faire régresser son niveau de vie. Il faut toutefois fortement nuancer ses propos, car l'Afrique romaine n'eut rien à voir avec une colonie au sens moderne du terme. Les expéditions militaires furent sans rapport avec la sanglante conquête de l'Algérie entreprise deux mille ans plus tard et les quelques milliers de colons Italiens, dont de nombreux vétérans se sont assimilés aux autochtones en une ou deux générations via le mariage ce qui était impensable dans l'Algérie française, devenant des Romano-Africains. Le clivage entre riche et pauvres était une barrière bien plus importante que celle entre immigrants d'origine et autochtones. Le contraste était en effet souvent fort entre la munificence des villes, opulentes et romanisées, et le pays profond, dont les communautés tribales vivaient à distance de la romanisation[5].

Les Gétules qui formaient la majorité de la population algérienne à l'arrivée des Romains en l'an –25 étaient de tradition nomade depuis des millénaires. Devenus des guerriers mercenaires depuis le IIe siècle av. J.-C., ces derniers après avoir offert leurs services aux Carthaginois, à leurs cousins numides et finalement aux Romains furent poussés à se sédentariser par ces derniers, tandis que les sédentaires Numides furent détachés de leurs terres[réf. nécessaire] et réduits à l'exode[réf. nécessaire]. Le stratagème[réf. nécessaire] utilisé par Rome fut en effet ingénieux pour reformer le pays et peut-être résumé en trois étapes.

[modifier] Sous Auguste (–25 à 25)

Statue équestre (fragmentaire) d'Octavien Auguste
Statue équestre (fragmentaire) d'Octavien Auguste

Durant le premier demi-siècle de l'occupation romaine en Algérie, l'effort romain consista à briser l'organisation sociale[réf. nécessaire] dans le pays. En effet les Gétules qui avaient été jusque là des nomades et ce depuis des millénaires avaient accepté près d'un siècle auparavant déjà, de combattre aux côtés des Romains contre le roi Numide Jugurtha, dès 118 av. J.-C. En échange de leur participation importante dans la victoire obtenue par les légions romaines contre Jugurtha, ils se sont vu attribuer des dizaines d'hectares de terre[réf. nécessaire], prises aux numides, ainsi que la citoyenneté romaine. La propriété terrienne chez les Numides était un point nodal du fonctionnement de leur société, et la célèbre maxime « l'Afrique aux Africains » prononcée par le roi numide Massinissa (par le roi Syphax selon certains historiens) plus de deux siècles auparavant signifiait avant tout que « la propriété terrienne maghrébine doit appartenir aux Maghrébins »… particulièrement dans son royaume Numide. « Taferka » (l'Afrique) signifiait la propriété de la terre chez les Berbères Numides et « Aferkiw » (les Africains) signifiait le propriétaire terrien. Ainsi en divisant pour régner, et en échangeant[réf. nécessaire] les rôles des sédentaires et des nomades dans le pays, Rome brisa le tissu social berbère en Numidie pour mieux soumettre les habitants. Durant la même période, les villes numides, comme Cirta (Constantine), la capitale, furent investies par des colons romains, ainsi à Cirta et dans les villes voisines beaucoup des anciens mercenaires de Sittius s'installèrent.

La réforme sociale[réf. nécessaire] du pays par l'occupation romaine eut diverses conséquences. Durant ce premier demi-siècle, entre l'an –25 et 25, les populations numides expropriées[réf. nécessaire] ne se résolurent pas à leur sort facilement, n'ayant pas beaucoup d'alternatives. C'est alors que plusieurs révoltes éclatèrent. Les Romains dont le nombre de troupes était inférieur a 20 000 exigent alors des Gétules de former le gros des forces, pour écraser, sous commandement romain, ces révoltes. Les Gétules acceptèrent de lutter pour les Romains à partir de cette période donc sans contrepartie, c'est-à-dire en abandonnant leur pratique du mercenariat, car ils avaient leurs propriétés terriennes à défendre à présent, et donc leur statut social. C'est ainsi que dès 19 avant JC Balbus appuyé par une armée de Gétules écrase une révolte, avant que Dolabella ne fasse de même avec l'appui Gétule encore une fois, lorsqu'une révolte dirigée par Tacfarinas éclate en l'an 17. Tacfarinas, un descendant de propriétaire terrien Numide exproprie[réf. nécessaire], avait au début de sa vie active tente de survivre avec des petits emplois obtenus aux alentours des nouvelles villes Romaines[réf. nécessaire]. Il finit par s'engager comme auxiliaire dans l'armée Romaine, avant de devenir vraisemblablement excédé par la maigre solde et le traitement discriminatoire subit par les Numides[réf. nécessaire]. Il déserta alors l'armée, et se transforma en chef de bande et pillard, se révoltant ainsi contre l'ordre colonial. Au bout de quelques années, son exemple et ses méthodes furent une telle réussite qu'il parvint à fédérer des tribus numides Musulames, des tribus Maures ainsi que les Cinithiens et déclencha une révolte générale contre les Romains. Les Gétules encore une fois furent appelés à écraser celle-ci, mais à cette époque Rome avait déjà annexé ou transformé en état vassal, toute la côte du Maghreb jusqu'à Syrte (en Libye). Ainsi la révolte de Tacfarinas se propagea dans tout le Maghreb, et il fallut 8 années aux Romains et à leurs alliés Gétules pour l'écraser.

La révolte fut si populaire que même les Garamantes du Sahara vinrent soutenir Tacfarinas et plusieurs Gétules firent défection et rejoignirent les forces de ce dernier. La raison pour la défection de ces Gétules étant qu'à chaque fois que ces derniers étaient appelés à la guerre ils laissaient derrière eux leurs fermes, qui ne produisaient plus autant, et ils se retrouvaient alors privés de revenus pour payer leurs impôts. Certains finirent par crouler sous les dettes et durent vendre une partie ou toute leur exploitation, et c'est cette pratique constante de la guerre et son coût qui mena certains Gétules à rejoindre le camp de Tacfarinas. Toutefois la majorité des Gétules purent maintenir leur affaires profitables grâce notamment à des relaxes d'imposition de la part de l'administration romaine qui comprit rapidement la nécessite d'une telle mesure, ce qui fit pencher la balance du côté de Rome qui écrasa la révolte de Tacfarinas avec l'aide des Gétules en l'an 24.

[modifier] De l'an 25 à l'an 100

Arche romaine de Trajan à Timgad
Arche romaine de Trajan à Timgad

Les multiples révoltes[réf. nécessaire] qui suivirent ainsi la dislocation de la société locale[réf. nécessaire] par les Romains poussa ces derniers à enclencher une deuxième étape pour affermir leur présence en Numidie et stabiliser leur nouvelle colonie. Cette deuxième étape du stratagème Romain qui s'étendit sur 75 ans, consista à procurer une alternative à la servitude et à la famine qui se profilait à l'horizon pour les dizaines de milliers de citoyens numides expropriés de leur terres et disposés à la révolte. C'est ainsi que Rome encouragea les vétérans de ses légions sur place à occuper les anciens emplacements des villes numides détruites telles que Icosium (Alger) ou Cirta (Constantine), et de les reconstruire dans le style romain, tout en fondant de nouveaux postes militaires qui devait devenir des villes, comme Sitifus (Sétif) ou Timgad (dont il ne subsiste aujourd'hui que de magnifiques ruines). Les gouverneurs romains n'avaient pas l'intention de se limiter à construire des casernes pour l'armée après avoir rasé[réf. nécessaire] les villes Numides, mais comptaient bien ériger des villes complètes, équipées de temples, d'amphithéâtres, etc. C'est alors que entre l'an 40 et l'an 90, plusieurs nouvelles villes romaines furent construites telles que Thamugadi (Timgad), Sitifus (Sétif), ou même reconstruites sur l'emplacement des anciennes villes Numides telles que Tipaza (l'ancienne Tafza Numide), Icosium (Alger), Caesarea, Cirta (qui deviendra Constantine), Hippo Regius, etc. Les ruines romaines à travers l'Algérie qui survivent jusqu'à aujourd'hui en témoignent encore, comme c'est le cas à Tipaza où presque toute la ville est conservée et où l'amphithéâtre semble demeurer intact. Pour construire ces villes, les peupler, et romaniser la population locale, les Romains accueillirent volontairement sur leurs chantiers, puis au sein de leurs villes, les vagues de citoyens numides descendants pour la plupart de leurs parents qui furent expropriés[réf. nécessaire] et qui étaient voués au nomadisme depuis… chose nouvelle pour eux et qui les avait propulsé soudainement dans la pauvreté extrême, la famine ou sinon le pillage et la révolte. C'est ainsi que l'Algérie vécut son première exode rural[réf. nécessaire], et que ces villes devinrent rapidement des centres de commerce et de culture. Les terres intérieures alors sous contrôle Gétule allaient se retrouver alors rattachées aux villes peuplées de Numides par le commerce, et par extension au marché des diverses provinces de l'Empire romain. Pour solidifier et protéger cette nouvelle configuration du pays, les Romains engagèrent alors la construction d'une frontière fortifiée en établissant plusieurs postes au sud de la Numidie, contournant les Aurès et le pays des Nememchas, avec les forts de Vescera (Biskra), Ad Majores (Hensir Beseriani), Castellum Dimidi (Messaad). Le but de ces forts était de prémunir la province contre d'éventuelles attaques des Garamantes, pour protéger la stabilité et la prospérité retrouvée des territoires Numides au moment où les Garamantes subissaient les assauts coloniaux de Rome.

[modifier] De l'an 100 à l'an 235

Avec une nouvelle configuration sociale solidement ancrée, et un nouveau dispositif commercial ouvrant a la Numidie les marchés de l'empire Romain, la troisième étape du stratagème de colonisation Romaine vint toute seule. Ce fut celle du développement économique et de l'industrialisation durant 135 années. En effet, face à la demande toujours croissante en produits agricoles de tout genres de la part des villes Romaines en Numidie, les propriétaires terriens gétules et romains disposaient d'une main-d'œuvre expropriée[réf. nécessaire] et réduite à la servitude[réf. nécessaire] militairement[réf. nécessaire], ainsi que de propriétés terriennes de grande taille et fertiles. Bien qu'une grande partie de la population numide choisie de se diriger vers les villes, plusieurs dizaines de milliers d'autres Numides choisirent de rester sur les fermes qui avaient appartenu à leurs parents, comme serviteurs des nouveaux propriétaires Gétules et Romains. Ainsi, sur des terres d'une fertilité remarquable, les nouveaux propriétaires terriens pouvaient se permettre de proposer des prix extrêmement compétitifs sur le marché de l'Empire romain grâce à cette fertilité mais aussi a une main d'œuvre réduite à la servitude[réf. nécessaire] et pas chère. Une fois les nouvelles villes Romaines construites, les vétérans Romains et les nouveaux citadins Numides qui s'y établirent se chargèrent à leur tour de consommer les produits de l'intérieur du pays, et d'importer des produits manufacturés tels que des outils agricoles pour les campagnes algériennes. Mais le décollage économique proviendra surtout de l'exportation de l'excès de production agricole, qui été proposé à bas prix, vers l'étranger. C'est ainsi qu'au bout d'un siècle d'occupation romaine, la plupart des villes romaines furent érigées et qu'au bout de deux siècles, l'Algérie de l'époque finit par obtenir le titre de « grenier de Rome » tant ses exportations de blé devinrent impressionnantes en quantité (jusqu'à dix millions de quintaux de blé par an) et en prix. La production se diversifia progressivement et se mit à inclure le cuir, les olives, les figues, et un début d'industrie se mis en place vers la deuxième moitie du deuxième siècle avec une production d'huile olive, de vin, etc, toujours croissante. En l'an 175, la Numidie, après deux siècles d'occupation romaine qui avait fait couler beaucoup de sang, était néanmoins devenue une province prospère, relativement urbanisée, et où la population berbère s'était en grande partie intégrée. Les Gétules furent intégrés très tôt dans l'Empire, et une grande partie des Numides devinrent citadins et s'intégrèrent également tout aussi bien. Cela se fit bien sur au détriment des cultures Berbères des Gétules et des Numides, car le pays connu une Romanisation profonde de la population.

Statue équestre (fragmentaire) d'Octavien Auguste

Mais en contre partie cela permis aux Berbères de s'unifier, aux différences Numides-Gétules de s'estomper et aux Berbères romanisés d'accéder aux plus hautes fonctions de l'État romain. C'est ainsi que par exemple l'un d'entre eux, provenant d'une riche famille Berbère citadine de Ceasarea (Cherchell), de la classe sociale des Équestres (Chevaliers) accéda aux plus hautes fonctions de l'Empire. En effet, Amokrane, un Berbère romanisée devint Empereur romain en l'an 217 sous le nom de Marcus Opellius Macrinus.

[modifier] Le temps des troubles (de l'an 235 à l'an 395)

Les troubles politiques qui éclatèrent au plus haut niveau politique de l'Empire romain vers l'an 235 mirent un frein à la croissance économique[réf. nécessaire] de Rome, ce qui frappa l'économie de la Numidie de plein fouet[réf. nécessaire]. Les villes s'arrêtèrent alors de croître et les campagnes n'arrivaient plus à écouler leur production, et bientôt le pays se retrouva dans un déclin tout comme Rome elle-même[réf. nécessaire]. En l'an 238 les propriétaires Gétules se plaignirent de l'imposition fiscale élevée dans cet atmosphère de régression économique, mais leur plainte ne reçut pas de réponses favorables. Alors que rien ne fut fait pour remédier aux troubles politiques et à la crise économique qui s'installe dans le temps, plusieurs petites rébellions se déclenchent entre 253 et 288 tant en Numidie qu'en Maurétanie voisine. Pendant cette période, une nouvelle religion arrive de Rome. Le christianisme fait son entrée en l'an 256, et durant le siècle suivant, dans une atmosphère de déclin grandissant, les populations des villes côtières Algériennes, ainsi qu'une minorité de la population dans les campagnes se convertissent à la nouvelle religion. En 313, avec les crises politiques et économiques romaines qui s'éternisent, la nouvelle religion devient une arme qui servira d'alibi religieux à une nouvelle révolte qui sera encore une fois maghrébine. Mais cette fois la révolte est religieuse et politique. En effet, le culte Donatiste se développa en Algérie et en Tunisie comme une défiance politique à Rome. Les Donatiste refusant d'accepter l'autorité religieuse de l'Empereur, et exigeant la séparation de l'État et de la religion, finiront par déclarer l'empereur comme étant le diable en personne, à l'opposé de Jésus qu'ils considèrent être Dieu et ils rejettent le rite catholique à partir de là. L'Empereur envoit alors ses troupes pour les réduire au silence, dans ce qui est la première persécution de chrétiens contre des chrétiens. La répression ne fit qu'accroître le soutien populaire des Donatistes chez le peuple et en 321 les légions Romaines venues réprimer les Donatistes se retirèrent. Toutefois vers l'an 340, l'idéologie Donatiste donne naissance a une secte populaire, celles des Circumcellions, littéralement ceux qui encerclent les fermes. Comme le culte Donatiste célébrait les vertus du martyr, les Circumcellions devinrent des extrémistes qui ne considéraient que le martyr comme étant la véritable vertu Chrétienne et laissèrent de côté toutes les autres valeurs de leur religion telles que l'humilité, la charité, etc. Les Circumcellions se mirent alors à se munir de matraques de bois, refusant de porter des armes en fer, car Jésus avait dit à Pierre de poser son épée selon la tradition chrétienne. Ainsi, munis de leur matraques, ils se mirent à attaquer les voyageurs sur les routes du pays, puis à se diriger sur les fermes des propriétaires terriens, à les encercler et les attaquer. Le but des Circumcellions était de mourir au combat en martyr, et ils espéraient que leurs attaques violentes munis de matraques de bois seulement pousseraient leurs ennemis à riposter avec des armes plus sophistiquées et à les envoyer ainsi au paradis. Ces extrémistes tuèrent, violèrent, volèrent, plusieurs propriétaires terriens et leurs familles, ainsi que les voyageurs, et lorsqu'ils n'arrivaient pas à se faire tuer, ils finissaient par se suicider en essayant de sauter du haut d'une falaise, ce qui les précipitait à leur mort. La secte des circumcellions violemment réprimée disparue vers le IVe siècle. Ce dérapage du culte donatiste eut pour conséquence de noircir encore plus leur réputation à Rome.

[modifier] De l'an 395 a l'an 430

Saint Augustin
Saint Augustin

Alors qu'en l'an 395 l'empire se divise en deux et que l'Afrique du Nord est abandonnée à son sort[réf. nécessaire] les Donatistes reprennent leur tentative de dominer la scène politique et religieuse de plus. Finalement excédé, l'empereur de Rome les déclare en l'an 409, hérétiques et leur réclame de restituer toutes les églises en leur possession en Afrique du Nord. Il envoie plusieurs légions qui sont d'une férocité terrible envers les responsables religieux du culte, et parfois même envers les membres parmi le peuple. Saint Augustin, qui était alors l'évêque catholique d'Annaba essaya de clamer la colère de l'administration romaine, en plaidant pour un traitement plus humain des Donatistes. Cela ne servit pas à grand chose, et les Donatistes disparurent presque complètement, seule une minuscule communauté survivant dans la clandestinité jusqu'au VIe siècle. Quelques années plus tard en 430, c'est tout l'Empire romain qui se retire de l'Algérie sous la pression des Vandales qui envahissent le pays. Le 28 août 430, Saint Augustin l'un des derniers symboles de l'intégration de la population au sein de l'Empire romain trouve la mort durant le siège de Annaba par les Vandales qui ont envahi le pays.

Mais le bilan de la présence romaine, que ne restaurent que très partiellement les Byzantins lorsqu'ils conquièrent l'Afrique à partir de 533, est très largement positif : Rome y a bien donné naissance à une civilisation originale. [2]

[modifier] Domination Vandale (430 à 533)

L'histoire des Vandales est celle d'une coalition de tribus scandinaves constamment assaillie, repoussée et forcée à quitter ses terres, et qui finit par se résoudre au combat, obtenant ainsi leur premier État qu'ils fondent en Algérie après avoir établi leur capitale à Bejaia, dans la petite Kabylie. Lorsque leur État disparaît après un siècle d'existence, le peuple vandale s'intègre alors à la population algérienne.

[modifier] Vandales : de l'origine à l'an 430

Vers 200 avant JC, une vague de tribus scandinaves s'était mise à traverser la mer Baltique, pour débarquer sur les territoires de l'actuelle Pologne. Ainsi, vers la même période durant laquelle l'État de Numidie s'affirmait en Algérie, soit entre l'an –200 et l'an -120, les Vandales arrivèrent de Norvège (Hallingdal), de Suède (Vendel) et du Danemark (Vendsyssel) pour s'installer dans la région de Silésie, qui correspond aujourd'hui à la région frontalière entre la Pologne et la République tchèque. Les Vandales, divisés en deux grands groupes tribaux, les Silings et les Hasdings, se séparèrent à partir de là. Les Silings restèrent dans la région de Magna Germania qui est celle de Silésie, tandis que les Hasdings continuèrent leur migration et se déplacèrent vers l'Ouest pour s'installer dans la région historique de la Germanie Orientale (entre la rivière Oder et la rivière Vistule). Gaius Cornelius Tacitus, l'un des plus connus historiens romains note en effet leur présence en Germanie orientale en l'an 98. Entre l'an 100 et l'an 200 environ, les Vandales Hastings se retrouvèrent sous la pression des Goths qui arrivaient et s'installaient en Germanie Orientale, et celle de l'Empire romain. Les Vandales furent alors poussés à quitter la Germanie Orientale sous la pression des Goths qui s'implantaient dans la région et descendirent vers le Danube où ils attaquèrent l'empire Romain. Les Romains alors, signent un traite de paix avec eux, et les autorisent à vivre et s'établir en Europe Centrale, en Dacie (actuelle Roumanie) et en Hongrie romaine.

Deux cent ans plus tard toutefois, et sous la pression des Huns, les Vandales, qui entre temps étaient devenus des cavaliers, ainsi que leurs allies Sarmates Alains et leurs alliés germaniques Suèves, furent obligés de se déplacer vers l'Ouest pour fuir. Quelques-uns uns des Vandales Silings qui s'étaient installés en Silésie depuis quelques siècles vinrent les rejoindre, et toutes ces tribus se placèrent sous la direction du roi Vandale Godégisel. La fédération des tribus dites Vandales devint ainsi très large, et durant cette période adopta le christianisme comme religion. Le christianisme que les Vandales adoptèrent toutefois était l'Arianisme qui était en opposition avec la doctrine de la Trinité prônée par Rome. Les Vandales se déplacèrent ainsi à l'Ouest en suivant le Danube sans trop de difficulté et pénétrèrent en Gaule où les fédérés francs de l'Empire leur refusèrent le passage. Les Francs tuèrent 20000 Vandales durant ces combats y compris le roi Godegisel. Toutefois, grâce à l'aide des Alains, les Vandales finirent par vaincre les forces de l'Empire, et traversèrent le Rhin gelé le 31 décembre 406. Sous la direction du roi Gundoric, fils de Godisel, les Vandales traversèrent alors la Gaule du nord au sud en pillant les territoires de l'Aquitaine.

En octobre de l'an 409, l'alliance vandale traversa les Pyrénées. Les Romains les autorisèrent alors officiellement à s'installer en Ibérie, et offrirent aux Alains la Lusitanie (Portugal), et aux Vandales la Galice ainsi que la Basse Espagne (Hispania Baetica). Les Vandales, ravis d'avoir enfin leur territoire, et pensant y établir leur État la baptisent Wandalus (Terre des Vandales) qui devient plus tard l'«Andalusia » arabo-berbère, puis espagnole. Leur tranquillité fut de courte durée, et quelques années plus tard, les Wisigoths, l'une des deux grandes tribus Goths (l'autre étant celle des Ostrogoths), qu'ils avaient déjà fuit une fois, se mirent à envahir la péninsule Ibérique. En 426 les alliés Alains des Vandales se firent massacrer au nord de la péninsule et leur roi Attaces trouva la mort durant cette attaque. C'est alors que les Alains vont se réfugier au sud chez les Vandales hasdings en Wandalus et offrent leur couronne a ces derniers. Gunderic, roi des Vandales accepte alors, se baptisant dès lors « Rex Wandalorum et Alanorum » (Roi des Vandales et des Alains).

[modifier] Vandales en Afrique du Nord : De 430 à 477

Afin d'organiser une nouvelle migration face à la déferlante Wisigoths, le nouveau roi Genséric, qui succéda a son demi-frère le roi Gunderic, comme roi des Vandales et des Alains, fit construire une énorme flotte pour faire traverser aux tribus le détroit de Gibraltar. C'est ainsi qu'en 429, plus de 80000 Vandales et Alains, dont 20000 hommes en armes, conduits par leur roi Genséric I, franchissent le détroit de Gibraltar et débarquent en Maurétanie. Des l'année suivante en 430, ces derniers sont déjà dans l'ouest Algerien.

Les Vandales trouvent sur place une population favorable aux thèses chrétiennes qui rejettent le dogme de la Trinité romaine et contestent la filiation divine de Jésus. En effet les Berbères des riches campagnes agricoles d'antan, qui se trouvent être a l'époque en pleine crise économique, laissent le passage libre à cette impressionnante armée Vandale, qui semble à leurs yeux venger le fait que Rome vient de déclarer vingt ans auparavant (en 409) leurs croyances mutuelles comme des hérésies. En effet le donatisme qui prévaut au Maghreb, est similaire, voire plus extrême dans sa tendance du refus de l'autorité et des dogmes de l'Église catholique que l'arianisme suivi par les Vandales. L'arianisme étant à l'origine les enseignements du prêtre Arius de l'église d'Alexandrie d'Égypte (l'église Copte) qui enseignait que Jésus était un homme comme tous les autres, plutôt que le fils de Dieu. Les Vandales concentrèrent ainsi leurs attaques sur les villes côtières sous emprise romaine, et où l'Église catholique s'était saisie des églises Donatistes. Ils s'offrent par la même la complicité morale, voire le soutien matériel des populations Berbères du nord de l'Algérie. Durant l'année 430 les Vandales traversent ainsi le pays d'Ouest en Est, attaquant les différentes citadelles romaines ou les prêtres catholiques nouvellement installés dans les églises donatistes sont présents. Le 28 août 430, les Vandales prennent Hippone (actuelle Annaba) après un bref siège de la dernière ville de l'Est de l'Algérie. En prenant cette ville, ils auraient tué l'évêque catholique berbère, Saint Augustin.

Les Vandales commencèrent ainsi à établir leur autorité sur toutes les villes du nord de l'Algérie, envoyant le clergé catholique en exil à Gafsa dans le sud tunisien, tuant parfois certains membres de l'Église catholique, et dissolvant les monastères. La population citadine est sommée de s'acquitter de la dîme en échange du droit d'être laissée en paix et de pouvoir pratiquer le catholicisme. Les Vandales ne martyriseront toutefois pas les catholiques, et comparé à la façon dont certains prélats catholiques traitent à ces époques leurs ouailles récalcitrantes, leur traitement des catholiques est peu de choses. Toutefois pour les apaiser, Rome en 435 les autorise, une nouvelle fois à s'établir officiellement sur un de ses territoires, cette fois-ci, sur les restes de la Numidie. Genséric établit la capitale de son nouvel État alors à Saldae (Bejaia) qu'il a capturé aux Romains, et où il fait accoster les navires vandales qui ont servi à faire traverser Gibraltar à son peuple. Genséric fait alors fortifier sa nouvelle capitale avant de se lancer dans d'autres projets d'expansion. Fort de leur nouvelle puissance, de leur domination des villes côtières, et d'une complicité avec l'intérieur du pays les Vandales refusent cette fois ci de s'arrêter en si bon chemin, et s'attaquent à Carthage en 439, siège de l'Église catholique d'Afrique, qu'ils capturent. Débarrassé de la présence de l'Église romaine catholique au Maghreb, le roi Geiséric I des Vandales commence alors à construire le royaume des Vandales et des Alains.

Lançant ses attaques navales à partir de sa capitale Bejaia, Genséric s'engage dans la conquête des grandes îles de la Méditerranée occidentale. Il capture rapidement la Sicile, la Sardaigne, la Corse et les îles Baléares, grâce à l'immense flotte navale qu'il avait fait construire quelques années plus tôt. Rome, face à ces nouvelles pressions militaires Vandales, offrit un accord de paix à Genséric en échange du retour de la Sicile dans le giron de l'Empire. Devenu plus pragmatique que religieux avec tant de nouvelles dominions, Genséric informe en l'an 442, Valentinien III, empereur romain d'Occident qu'il accepte l'offre et restitue la Sicile à Rome.

Le répit que Genséric offre aux Romains n'est toutefois que de courte durée. En 455, ce dernier se lance dans des opérations contre l'empire romain occidental, et, le 2 juin, ses armées pénètrent à Rome. Les Vandales repartent avec de riches prises, dont des plusieurs coffres d'or, des vestiges du temple de Jérusalem, ainsi que l'impératrice Licina Eudoxia. Celle-ci refuse de retourner à Rome, et épouse Genséric pour devenir la mère du futur roi des Vandales : Hunéric. Les deux filles de l'impératrice, Eudocia et Placidia, également prises durant le sac de Rome, sont libérées en 462 contre une forte rançon payée par l'empereur Byzantin Léon I.
C'est ce pillage de Rome « Ville Éternelle », qui est principalement reproché aux Vandales pour créer leur mauvaise réputation, bien que ce pillage ait été exécuté en bon ordre, sans aucun sévice contre la population[réf. nécessaire]. Alors que le sac de Rome, beaucoup plus brutal par les Wisigoths en 410 ne fut pas retenu contre eux.
Dès leur installation en Algérie ces cavaliers, deviennent des marins, grâce d'abord à l'importante flotte construite par Geiséric qui leur permit de traverser le détroit de Gibraltar et de s'y installer. Les Vandales peuvent dès lors se permettre de multiplier les expéditions dans toute la Méditerranée, jusqu'en Grèce. Mais leur pillage de Rome est un modèle de spoliation méthodique, sans violence gratuite. Ils garantissent en effet le respect de la population en échange du prélèvement des richesses dans chaque quartier de la ville, privé de défense. À cet effet, ils divisent Rome en îlots, déménageant les trésors de chaque îlot en bon ordre et sans verser de sang. Mais pour les clercs catholiques médiévaux, Rome est le centre du Monde. Aussi transforment-ils pour la postérité ce pillage en sacrilège, faisant aux Vandales une réputation de barbarie. D'où le terme de vandalisme, alors que les Vandales ne sont pas plus barbares que les autres peuples de cette époque rude et guerrière. En 468, les Byzantins envoient une énorme flotte pour attaquer le royaume des Vandales, mais ces derniers réussissent à la détruire presque entièrement et remportent ainsi une nouvelle victoire.

[modifier] Vandales en Algérie (477-533)

À la mort de Genséric Ier, fondateur du royaume en 477 qui régna près d'un demi-siècle sur son peuple, les Vandales commencent leur déclin. Son fils Huneric qui prend la succession exerce des pressions sur les catholiques, particulièrement durant les derniers mois de son règne en 483 et 484 où il interdit carrément la pratique du catholicisme. Gunthamund qui lui succéde en 484 revient sur les décisions de son prédécesseur et autorise les Catholiques à pratiquer librement en échange de la traditionnelle dîme. Toutefois son règne est marqué par une perte d'influence pour les Vandales, qui perdent des territoires en Méditerranée et qui se font attaquer par certaines tribus berbères qui n'apprécient plus leur présence. Thrasamund lui succède en 496 et régne jusqu'en 523 sans pouvoir pour autant remettre sur pied le royaume.

Hilderic arriva au pouvoir en l'an 523, mais se désintéressait tant de la guerre lui-même, qu'il laissa son général Hoamer s'en charger. Ce dernier perd une bataille contre des tribus de l'intérieur du pays en 530, et cela provoque une lutte de pouvoir au sein de la famille Royale. Gélimer s'empare alors du pouvoir et jette le roi Hilderic et son général Hoamer en prison.

Trois ans plus tard, l'empereur Byzantin Justinien Ier profite du fait que la majorité de la flotte vandale soit en Sardaigne occupée à réprimer une rébellion, pour déclarer la guerre à ces derniers. Il envoie le brillant général Bélisaire au combat. Le 13 septembre 533, 11000 Vandales sous le commandement de leur roi Gélimer firent face aux 17000 hommes de l'armée de Byzance à la bataille de Ad Decimium. Les Vandales perdirent la bataille et Carthage tomba aux mains des Byzantins. Un mois plus tard, c'était au tour de la première ville du Maghreb Central d'être perdue par les Vandales aux Byzantins. Le 15 décembre 533 les Vandales et les Byzantins s'affrontèrent de nouveau à 30 kilomètres de Carthage et les Vandales perdirent de nouveau la bataille. Les Byzantins s'emparèrent alors de Hippone (Annaba). Les Vandales ne sont plus les mêmes. Habitués au confort, voire au luxe, ils ont peu à peu perdu leur qualité guerrière, et la célèbre cavalerie vandale, autrefois tant redoutée, est en grande partie détruite. Gélimer parvient à s'enfuir tandis que les survivants vandales, mis en esclavage, sont en grande partie déportés, tandis que quelques milliers sont enrôlés de force dans les armées de l'Empire. En 534, Gélimer, se rendit à Belisarius, et remit le royaume à l'Empire byzantin. Gelimer fut envoyé à Byzance et finit ses jours en Galatie. Ce fut la fin du royaume des Vandales et des Alains.

Les Vandales survivants qui échappent à la capture parviennent à trouver refuge dans l'intérieur du pays, chez des tribus berbères alliées (surtout en actuelle Kabylie, autour de leur première capitale Bejaia), tandis qu'une répression terrible frappe les Juifs dont une partie émigre avec eux dans l'intérieur. Ces Juifs y propagent alors leur religion parmi les tribus montagnardes et sahariennes ainsi que parmi les derniers Vandales.

[modifier] Domination byzantine (534-647)

Carte de l'empire byzantin en 550. Le vert correspond aux conquêtes menées durant le règne de Justinien Ier
Carte de l'empire byzantin en 550. Le vert correspond aux conquêtes menées durant le règne de Justinien Ier

Le passage des Vandales et des Alains en Afrique ne laisse que très peu de traces mais un siècle de liens coupés avec Rome puis avec Byzance a profondément changé les esprits des autochtones dont beaucoup ne vont pas accepter la domination byzantine qui doit vite compter sur les nombreuses attaques de révoltés berbères comme lors de la révolte de Antalas juste après la reconquête byzantine. La fragilité de cette reconquête « éclair » et l'instabilité de la domination byzantine permet aux tribus berbères d'organiser la résistance contre l'« occupant ».

[modifier] Période : islamisation de l'Algérie (647 à 776)

Ibn Khaldoun dresse un tableau qui résume presque tous les dynasties en Algérie. [6][7]

[modifier] Califat omeyyade (647 à 743)

La Berbérie, comme elle l'avait été jadis au cours de la période punique, se retrouve rattachée à l'Orient. L'Islam éteint ce flambeau du monde occidental et du christianisme[8]. Les Berbères s'enfuirent massivement à l'arrivée de l'Islam[9] en se réfugiant en Sicile[10].

La chute de Rome, puis des Vandales, et l'instabilité durant la période byzantine entraînent la reconstitution de plusieurs principautés berbères. Certaines, notamment dans les Aurès, vont résister à l'arrivée des musulmans entre 670 et 702.

Les figures les plus connues de ce conflit furent le roi chrétien Koceila, qui vainquit Oqba Ibn Nafaa en 689, près de Biskra, puis la reine guerrière Kahena (de son vrai nom Dihya), qui à la tête des Berbères ( des Dejrawas, des Banou Ifren de l'Aurès [11] et des Nefzaouas de Tripolitaine) ainsi que des Roums de la côte, infligea, en 693, à la bataille de la Meskiana, une sévère défaite au corps expéditionnaire arabe de l'émir Hassan Ibn en Noman, qu'elle repoussa jusqu'en Tripolitaine. Mais elle perdit la bataille suivante en partie à cause de la trahison d'un jeune Arabe qu'elle avait adopté (Khaled) et en partie parce que ses hommes, voulant faire la terre brûlée pour décourager l'invasion, suscitèrent l'opposition des cultivateurs Roums qui passèrent du côté arabe. Kahena meurt au combat dans l'actuel Est algérien (Puits de Kahena, « Bir al Kahena »).

De nombreux Berbères se convertissent ensuite en masse à la religion musulmane. Certains adoptent même la langue des conquérants, surtout à l'Est de l'Ifriqya. La conquête musulmane de l'Espagne et du sud de la France qui s'ensuivit fut menée par un contingent berbère presque entièrement composé de récents convertis, à commencer par son chef Tariq ibn Ziyad, qui donna son nom à la colline de Gibraltar (Djebel Tarik). Le Calife récompensa Tarik de ses exploits, en se le faisant envoyer enchaîné. Il mourut en route. Quant à l'immigration arabe en Afrique du Nord, elle fut peu importante, sauf dans deux régions extérieures à l'Algérie, celle de Kairouan et celle de Tanger. Il s'y ajouta ultérieurement l'arrivée dans certaines régions du sud, au temps d'Ibn Khaldoun, des terribles, mais peu nombreux, bédouins Hilaliens. Si bien qu'au total le peuplement de l'Algérie n'a reçu qu'une contribution démographique arabe limitée, et qu'une grande partie des populations arabophones est berbère.


[modifier] Kharidjisme berbère (736 à 947)

Les Berbères ne tardent pas à se révolter contre l'autorité du calife d'Orient, autant pour des raisons fiscales que politiques. Plusieurs royaumes berbères autonomes font leur apparition. Dans le Maghreb central, l'un d'eux, la principauté de Tahert se développe durant 140 ans. À la suite du grand schisme de l'islam, lorsque `Ali, gendre du prophète disputant le califat à Muawiya, accepta une transaction, à la suite de laquelle Muawiya fut vainqueur, l'islam se divisa en deux branches principales : les adeptes de la branche dominante prirent le nom de sunnites et ceux qui se réclamaient d'Ali devinrent les chiites. De ces deux branches, celle qui a finalement prévalu en Afrique du Nord est le sunnisme.

Il n'en fut pas toujours ainsi puisqu'au moment du schisme, la branche chiite fut à son tour l'objet d'une scission : certains des partisans d'Ali lui reprochèrent d'avoir accepté le compromis avec Muawiya et 12 000 de ses hommes quittèrent son armée. Leur tendance prit le nom de kharidjisme. Le kharedjisme se développa par la suite avec une grande ampleur en Afrique du Nord, où il fut accueilli avec chaleur par de nombreux berbères. Leur révolte débuta à Tanger, où, en 742, au cours d'un combat près du Chéliff, qualifié de « Combat des Nobles », périt une grande partie du corps expéditionnaire destiné à renforcer la pénétration musulmane en France. Ce n'est donc pas la victoire de Charles Martel, à elle seule, qui a arrêté la conquête musulmane en France, puisque les Maures ont pris Lyon, trois ans plus tard. (La bataille de Poitiers remportée par Charles Martel, l'aïeul de Charlemagne, a probablement été exaltée, après la prise de la Couronne des Francs par les Carolingiens, pour légitimer leur accession au trône).

Autre phénomène, le kharidjisme berbère Sufrite et Nekarite prit racine non seulement dans la ferveur religieuse, mais aussi dans le mécontentement populaire. Le Kharidjisme Berbère est basé sur des éléction pour désigné les chefs. Un grand désordre et des combats très violents ensanglantèrent l'Afrique du Nord. Ces massacres et ces dévastations entraînèrent, entre autres conséquences, la création des royaumes du Maroc et de Tiaret, ainsi que l'arrivée au pouvoir de la dynastie chiite des Fatimides.


Quant au kharedjisme, il disparut entièrement de l'Afrique du Nord où il n'a subsisté que dans le sud Algérien, au Mzab. Les actuels originaires du Mzab, ou mozabites, exercent de nos jours, dans le reste de l'Algérie, les activités les plus pacifiques, contrastant particulièrement avec le goût pour le combat de leurs ancêtres.

[modifier] Révolte berbère d'Abou Qurra (736 à 790)

Icône de détail Article détaillé : Abou Qurra.

Vers 736, Abou Qurra des Banou Ifren est élu comme roi des Banou Ifren et comme calife des Berbères kharidjites sufrite[12]. Abou Qurra rassemblera tous les Berbères sous son commandement. Abou Qurra part en guerre contre tous les régimes despotiques des Omeyades , des Fatimides et des Abbassides. Abou Qurra sort vainqueur de toutes les batailles. Il établira sa puissance dans tout le Maghreb. Il quitte sa fonction après que quelques divergences apparaissent entre lui et ses subordonnants. Abou Qurra retourne à Tlemcen et commande les Banou Ifren. Il invitera Idris à Tlemcen et s' efforcera à pacifier la région.


[modifier] Période : Dynasties musulmanes berbères et arabes : (776 à 1512)

[modifier] Dynastie Rostemide (776 à 909)

Icône de détail Article détaillé : Rostémides.

Ibn Rustom prend comme épouse une femme berbère. Ibn Rustom aura des enfants .[13]


[modifier] Dynastie Idrisside 788 à 985

Icône de détail Article détaillé : Idrissides.

Idris prend comme épouse une berbère. Il y aura un enfant Idriss II. [14] Deux versions des faits: La première Abou Qurra invite Idriss vers 790 à séjourner à Tlemcen[15]. La deuxième version et que Idriss regroupe ses alliées et fait une incursion à Tlemcen. Le chef des Maghraouas Mohamed Ibn Khazer fera une allégeance à Idris vers 790. En somme, il n'y aura aucun combat entre Idris et les Zénètes.[16]

Idris va combattre les kharidjites et les Aghlabides lorsqu'il prend pouvoir au Maghreb.

[modifier] Dynasties Aghlabide 800 à 909

Icône de détail Article détaillé : Aghlabides.



[modifier] Dynastie Fatimide (909 à 972)

Icône de détail Article détaillé : Fatimides.

L'origine de la dynastie Fatimide chiite remonte au Xe siècle siècle, où, entre 909 et 1171, Ubayd Allah al-Mahdi, un chiite ismaélien originaire de Syrie, s'installe en Kabylie en fondant un califat dissident des Abbassides de Bagdad.

Ubayd Allah al-Mahdi, dont le surnom Al-Mahdi (مهدي), signifie « celui qui est guidé (par Dieu)», se targuait alors d'être un descendant indirect du prophète Mahomet, par sa fille Fatima Zahra, et son gendre Ali ibn Abi Talib. Les sunnites, qui contestaient notamment cette assertion, furent persécutés sous le joug des Fatimides. Les historien sunnites gardent d'ailleurs trace de cette dynastie sous un nom différent, celui d'« Ubaydites ».

Le calife, lors d'un séjour à à Sijilmassa au Maroc, foyer du Kharidjisme, fut capturé par les berbères Zénètes. Des dai Qarmates furent alors dépêchés comme émissaires par Ismaïl ben Jafar auprès de tribus berbères pour tenter de négocier leur soutien et de libérer leur leader. La tribu Kutama accepta de se rallier aux Fatimides, ce qui conduisit à la libération d'Al Mahdi. Une fois libéré il recruta avec les Kutama de nouveaux combattants berbères, aboutissant à la conquête de l'Ifriqiya des Aghlabides, et à l'extension de l'influence de la dynastie sur une grande partie du Maghreb.

Les Zénètes néanmoins ne leur laissèrent pas pour autant champ libre : A l'apogée d'une période de remous sur fond de rébellion des Kharijites, les tribus berbères Zénètes d'Abu Yazid parviendront en 944, à défaire l'armée fatimide et à s'emparer de Kairouan.

C'est alors que les Zirides, alliés des Fatimides, arrivent à point nommé à la rescousse des chiites: Le chef berbère Ziri ibn Manad, ayant réuni sous son autorité les tribus Sanhadjas, met en déroute les tribus Zénètes et sauve l'empire Fatimide. Il y gagnera le poste de gouverneur du Maghreb central comme récompense de sa fidélité.

Peu à peu, l'armée affaiblie des Fatimides se recompose, puisant toujours leurs forces chez les Kutamas, mais aussi désormais en Perse et en Syrie, d'où les mercenaires affluent. Ils parviendront finalement à se ré-imposer en maîtres du Maghreb occidental, avant de tourner leur effort armé vers l'Orient, pour aboutir à la conquête de l'Égypte en 969.

A partir de ce moment, les Fatimides commencèrent à se désintéresser de leurs terres d'origine, les laissant au fur et à mesure tomber aux mains des Zirides, jusqu'à un tel point qu'en 1060 la dynastie n'avait plus pour territoire que l'Égypte.

[modifier] Dynastie Ifren de 942 à 1037

Icône de détail Article détaillé : Banou Ifren.

La dynastie berbère des Banou Ifren [17] [18]était anciennement établi dans leur royaume de Tlemcen. Les Banou Ifren font partie des Zénètes et ils sont la plus puissante des confédérations Zénètes.[19]

Les Banou Ifren subsisteront à toutes les attaques. Une partie d'eux conquit le Maghreb el Aksa,et d'autres s'installent en Andalousie. Le reste de cette dynastie gardera son royaume ancestral à Tlemcen.[20] Les Banou Ifren seront des opposants à tous les régimes idéologiques, ils choisiront le Kharidjisme Sufrite berbère, au début VIII e siècle. Au IXe siècle, Abu Yazid, vers 942, il sera le chef de la révolte contre les Fatimides. Mais, vers 947, il sera tué. Dès lors, les Banou Ifren organiseront une lutte contre les Fatimides. Au début, les Fatimide refouleront une partie des Banou Ifren vers l'ouest de l'Algérie.[21] Une grande offensive sera organisée sous commandement de Yala Ibn Mohamed contre les Fatimides. Les Banou Ifrens reprendront leurs territoires grâce à Yala Ibn Mohamed, ils contrôleront tout l'ouest du pays. Yala Ibn Mohamed détruis complètement Oran et choisis Ifgan comme capitale militaire . Alors, les Fatimides feront une alliance avec les Banou Ifren.[22]

Par la suite, la capitale des Banou Ifren sera saccagée par Jawhar al-Siqilli, le fatimide. Ce dernier tuera Yala Ibn Mohamed par traitrise. Une grande révolte éclate aussitôt contre les Fatimides. Les Zénètes reprennent leurs territoires grâce à Ziri Ibn Attia des Maghraouas. Ziri Ibn Attia s'allie avec les chefs des Banou Ifren. Plusieurs chefs des Banou Ifrens vont gouverner la tribu et ils vont envahir le Maghreb el Aksa.[23]

Des luttes acharnées entre les trois dynasties ( Maghraouas, Banou Ifren et Zirides) s'entament pour le pouvoir du Maghreb. Il en ressort que les Banou Ifren ne cèderont pas face aux deux dynasties. La dynasties Banou Ifren s'achève dès l'arrivée des Hilaliens et des Almoravides au Maghreb. [24]

[modifier] Dynastie Maghraoua de 970 à 1068

Icône de détail Article détaillé : Maghraoua.

Les Maghraouas étant une tribu Zénète, Ils avaient leur royaume dans le Chlef actuel. Les Maghraouas vont s'allier aux Fatimides puis aux Omeyades, mais ils finiront à former une dynastie indépendante [25] [26]qui aura comme capitale Oujda. Les Maghraouas grâce à Ziri Ibn Attia prendront les principales villes de l'ouest ( Tlemcen, Tiaret)) et les Zibans. Les Maghraouas envahiront le Maghreb el Aksa et choisiront Fès comme capitale.Les Maghraouas prendront la place des Idrissides. Yeddou des Banou Ifren organisera une opération de renverssement et essayera de prendre le pouvoir de tout l'ouest du Maghreb des mains des Maghraouas. Yeddou réussira à prendre Fès des Maghraouas. les deux dynasties Zénètes se feront la guerre. Plusieurs chefs des Maghraouas vont commander la dynastie jusqu'à sa chute vers 1068. [27]


[modifier] Dynastie Ziride : (972 à 1152)

La dynastie Ziride, fondé par Bologhine ibn Ziri fils de Ziri ibn Menad originaire de ces tribus Berbères Sanhadjas, a régné sur l'Ifriqiya, pendant environ deux siècles, avec successivement Kairouan puis Mahdia pour capitale.

En 1046, alors vassaux des Fatimides, les Zirides rompent totalement leurs relations ; en reconnaissant les Abbassides de Bagdad comme califes légitimes, les Zirides montrent ouvertement aux Fatimides qu'ils abandonnent le chiisme. Pour réprimer les Zirides, les Fatimides envoient en 1052 les Hilaliens qui détruisent Kairouan en 1057. Mahdia devient alors la nouvelle capitale de l'empire.

Les Hilaliens dévastaient le pays berbère, ce qui poussa des Zirides en al-Andalus qui ravirent la taifa de Grenade.

Une ramification de la famille règne sur Grenade jusqu'en 1090. Cette taifa fut la première forme du Royaume de Grenade, qui put se maintenir pendant un siècle dans le contexte de guerres larvées faisant suite à la fin du Califat occidental. Leur forteresse, bâtie sur l'Albaicín de la Medina primitive, est le premier refuge des Nazaris. Ces derniers ont plus de temps pour laisser leur empreinte sur le pays entourant Grenade.

Le dernier prince Ziride meurt en 1048 cependant c'est en 1152, en Algérie, que les derniers Zirides cèdent face aux Almohades.

[modifier] Dynastie Hammadide (1014 à 1152)

‎Kalaa des Beni Hammad
‎Kalaa des Beni Hammad

La dynastie Hammadide, une branche des Zirides puisque son fondateur Hammad Ibn Bologhine est le fils de Bologhine ibn Ziri, a gouverné sur un territoire correspondant à peu près à l'actuel Algérie (hors Sahara) durant un siècle et demi.

Hammad Ibn Bologhine, fonda la dynastie en 1014, en se déclarant indépendant des Zirides, et en reconnaissant la légitimité des califes Abbassides de Bagdad. Un cessez-le-feu est conclu en 1016, mais ce n'est qu'en 1018, que les Zirides reconnaissent l'autorité des Hammadides.

Leur capitale est dans un premier temps Al-Qala (La Kalaa des Beni Hammad), quand menacée par les Hilaliens elle devient Béjaïa.

Les incursions des Hilaliens, à partir de 1052, affaiblissent grandement la dynastie jusqu'à ce qu'elle soit définitivement vaincue à l'arrivée des Almohades.

[modifier] Incursions hilaliennes (1052 à 1152)

Suite à la rupture avec les Zirides et dans le but de les punir, les Fatimides envoient les Hilaliens, confédération de tribus venus en majorité d'Égypte, mais aussi quelques unes berbères venues de Tripolitaine. Les Fatimides se débarrassent dans le même temps de tribus menaçantes.

Les Hilaliens, par vagues successives, menaient des incursions dans les grandes villes, pillant puis détruisant tout sur leur passages. Leur nombres ne dépassant pas quelques dizaines de milliers de personnes, ils étaient cependant parfois alliés avec certaines tribus locales des Zénètes.

Les derniers nomades hilaliens furent vaincus par les Almohades.

[modifier] Dynastie Almoravide (1062 à 1147)

Icône de détail Article détaillé : Almoravides.

Les Almoravides (en arabe al-Murābitūn, المرابطون) sont une dynastie berbère, en provenance du Sahara, qui régnèrent sur le Sahara, une partie du Maghreb et une grande partie de la péninsule Ibérique (al-Andalus) (fin XIe siècle–début XIIe siècle).

C'est Yahya Ibn Ibrahim, qui, en islamisant en 1035 sa tribu berbère, donne naissance à une communauté religieuse militaire qui sera à l'origine de la dynastie Almoravide, mais c'est souvent Abdallah Ibn Yasin qui est considéré comme le père spirituel de ce mouvement. A la tête d'une armée de plus en plus impressionnante il convertit par la force ses voisins, profitant du prétexte pour agrandir leur influence territoriale. Dés 1054, ils partent à la conquete de l'empire du Ghana.

Le successeur d'Abdallah Ibn Yasin, Abu Bakr Ibn Omar est considéré comme le premier souverain almoravide. C'est lui, qui, aux alentours de 1070, fondera la ville de Marrakech, avant de repartir au Ghana prendre sa capitale en 1076. Les souverains suivants continueront la politique agressive de conquête militaire et religieuse menée jusque là, menant à la prise de Fès et de Tlemcen en 1075 et 1080. En 1086, avec les princes arabes d'Espagne, les almoravides infligent une sèvére défaite à Alphonse VI de Castille durant la Bataille de Sagrajas. Marrakech est alors la capitale d'un empire immense, du Niger au Tage, c'est l'apogée des Almoravides qui sont l'une des plus grandes puissances méditerranéennes mais aussi Africaine.

Mais l'empire est fragilisé par la résistance des princes chrétiens et surtout à l'agitation des Almohades, adversaires du malékisme, qui prêchaient la guerre sainte contre les Almoravides. En 1142, l'agitation almohade est à son comble et les territoires d'Al-Andalus se morcellent. L'empire almoravide, de plus en plus fragmenté, subit une défaite face aux Almohades près d'Oran. La prise de Marrakech par les Almohades en 1147 marque la fin de l'empire des Almoravides.


[modifier] Dynastie Almohade (1152 à 1247)

Icône de détail Article détaillé : Almohades.

Le mouvement Almohade née en réaction à l'autorité Malékiste en place, à savoir les Almoravides. De la même façon qu'était née la dynastie régnante, les dissidents exilés dans le Haut Atlas commencèrent par créer une communauté militaire et religieuse, dans les années 1120. L'opposition au pouvoir grandit, et leurs forces s'en voient renforcées. La guerre, inévitable, éclate, et Tlemcen, Fès, puis Marrakech tombent, annonçant la disparition des Almoravides en 1147. Au fur et à mesure des années et des différents reignes, les almohades vont agrandir leur royaume, et finir par contrôler tout le Maghreb et le sud de l'Andalousie pendant un demi-siècle.

En 1212, lors de la bataille de Las Navas de Tolosa, ils subissent une importante défaite face aux armées chrétiennes d'Espagne, mettant fin au mythe de l'invincibilité musulmane. Au Maghreb, des dynasties locales s'imposent, comme les Hafsides dans l'Ifriqiya et l'est algérien en 1229, les Abdalwadides dans le Maghreb central en 1239 ou encore les Mérinides qui s'emparent en 1244 de Meknès dans le Maghreb occidental. Alors qu'en Al-Andalus, les Nasrides de Grenade créent un royaume indépendant. Dans le même temps, la Reconquista progresse, Cordoue, la ville symbole de l'Islam espagnol, tombe en 1236, Valence en 1238, Séville en 1248. Les Mérinides mettent fin à l'empire Almohade, en 1269, par la prise de Marrakech.

[modifier] Dynastie Mérinide (1195 à 1465 )

Icône de détail Article détaillé : Mérinides.
Minaret des ruines de Mansourah à Tlemcen, mosquée bâtie sous le sultan mérinide Abou Yacoub
Minaret des ruines de Mansourah à Tlemcen, mosquée bâtie sous le sultan mérinide Abou Yacoub



[modifier] Dynastie Hafside (1229 à 1574)

Icône de détail Article détaillé : Hafsides.


Le dynastie Hafside, régnera sur l'Ifriqiya durant plus de 3 siècles.

D'abord vassale des Almohades, la dynastie se proclame indépendante en 1229. Elle est alors divisée entre deux capitales Béjaïa et Tunis. Tout au long du XIVe siècle, l'empire alors unifié par Abu Yahya Abu Bakr al-Mutawakkil, subit des réorganisations en deux voire trois États, car de nombreuses révoltes internes rendent l'empire instable. C'est au XVe siècle, sous Muhammad IV al-Mutansir, que la dynastie connaît son apogée, les hafsides contrôlent alors un territoire qui s'étend de l'est de l'Algérie à partir d'Alger jusqu'au nord-ouest de la Libye à Tripoli.

Au XVIe siècle, l'empire de nouveau grandement affaibli par des luttes internes, subit les attaques des Espagnols qui débarquent sur les villes côtières comme Béjaïa, et des Turcs.


[modifier] Dynastie Zianide (1235 à 1512)

Icône de détail Article détaillé : Abdalwadides.

La dynastie Zianide ou Abdalwadide, est une dynastie berbère fondée en 1236 par Yghomracen Ibn Zyan, va régner jusqu'en 1512 sur l'ouest de l'Algérie surtout connue pour leur développement de leur capitale Tlemcen.







[modifier] Invasion Espagnole

Icône de détail Article détaillé : Afrique espagnole.

[modifier] Période : Régence d'Alger (1515 à 1830)

Selim le Terrible
Selim le Terrible

Selim Ier installe la Période de la Régence en 1515.

À cette époque le territoire de l'actuelle Algérie était considérablement divisé. Au sud le sultanat de Touggourt était indépendant depuis 1414, tandis qu'au nord-ouest la région d'Oran était gouvernée par les Espagnols depuis 1509. La conquête ottomane de la région d'Alger commença en 1518, et fut successivement gouvernée, pour le compte de l'Empire ottoman, par des beylerbeys (gouverneurs généraux) de 1518 à 1587, des pachas de 1587 à 1659, des aghas de 1659 à 1671 et des deys de 1671 à 1830.

La région de Constantine, conquise en 1525, prit une relative autonomie administrative par rapport à Alger en 1567 et fut administrée par des beys jusqu'à la conquête française le 13 octobre 1837. Du côté d'Oran, la province fut annexée à l'empire ottoman de 1708 à 1732, puis à partir de 1792. Enfin, une confédération targuie, les Kel Ahaggar, fut formée dans le Sahara algérien vers 1750, tomba sous suzeraineté française en 1903 et fut éliminée par l'Algérie en 1977.

Icône de détail Article détaillé : Liste des gouverneurs d'Alger.

[modifier] Epoque des Beylerbeys : (1515 à 1587)

Cette période est surtout marquée par la lutte de Charles Quint contre Soliman et son vassal Barberousse. Il réussit à prendre Tunis mais échoua à prendre Alger.

Icône de détail Article détaillé : Attaque d'Alger par Charles Quint.

[modifier] Epoque des Pachas: (1587 à 1659)

[modifier] Epoque des Aghas : (1659 à 1671)

[modifier] Epoque des Deys : (1671 à 1830)

Le territoire du dey était subdivisé en trois provinces (Constantine, Titteri, et Mascara), chacune administrée par un bey.

Vers 1600, la milice turque qui résidait à Alger, et qui avait été jusque-là sous l'autorité d'un pacha envoyé de Constantinople, obtint du sultan la permission de se donner un dey, pour lui servir d'appui contre la tyrannie des pachas gouverneurs.

Le pouvoir de ces chefs s'accrut rapidement ; enfin Baba-Ali, élu en 1710, déposa le pacha, et obtint du sultan Ahmet III l'investiture de la régence. Comme leur pouvoir était électif, les deys restèrent toujours à la merci de la soldatesque, qui les élevait ou les déposait à son gré : on en vit six installés et assassinés le même jour (1732). Baba-Mohammed eut seul le privilège de régner 25 ans (1760-1791). Le dernier dey d'Alger, Hussein, régnait depuis 12 ans au moment de l'occupation française, en 1830.

Les prémices de la colonisation peuvent être perçus dès 1816, quand la Royal Navy, inspirée par Sir Sidney Smith soumis le port d’Alger et imposa la cessation de la vente d’esclaves chrétiens dans le Maghreb[28], la Traite musulmane s'étendant de l'Afrique Noire jusqu'au Nord de la Mediterranee.

[modifier] Colonisation française (1830 à 1962)

[modifier] Conquête de l'Algérie : 1830 à 1871

Cette période marque la fin de la domination ottomane et début de la domination française. D'abord nommés Possessions françaises dans le Nord de l'Afrique, que le général Soult appelle à tout hasard Algérie en 1839,[29] ces territoires prendront officiellement le nom d'Algérie, le 14 octobre 1839.[30]

Cette période est d'abord l'affaire des militaires. La colonisation de l'Algérie par la France fut sanglante puisque la conquête s'est traduite par l'extermination du tiers de la population algérienne. Pour donner une idée de la violence avec laquelle les populations indigènes étaient traitées citons le lieutenant-colonel de Montagnac, le 15 mars 1843, qui écrivit dans une lettre à un ami : « toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied. Qui veut la fin veut les moyens, quoiqu’en disent nos philanthropes. Tous les bons militaires que j’ai l’honneur de commander sont prévenus par moi-même que s’il leur arrive de m’amener un Arabe vivant, ils recevront une volée de coups de plat de sabre. […] Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens. »[31].

Daniel Lefeuvre, dans son livre Pour en finir avec la repentance coloniale[32], conteste les chiffres des victimes de la conquête en avançant notamment que la différence de population entre 1830 et 1872, qui est d'environ 875 000 personnes, serait en partie due au fait que de 1861 à 1872 il y a eu plusieurs crises sanitaires : invasions de sauterelles en 1866 et 1868 et un hiver très rigoureux (1867-1868) occasionnant une grave famine suivie d'épidémies (de choléra notamment). Mais selon Olivier Le Cour Grandmaison [33], la colonisation de l'Algérie s'est bien traduite par l'extermination du tiers de la population, dont les causes sont multiples, massacres, déportations, famines ou encore épidémies, mais étroitement liées entre elles. Ce qui interdit de tenir les deux dernières pour des phénomènes naturels sans rapport avec la pacification meurtrière de ce territoire et témoigne de la dimension exterminatrice de l'entreprise.

Guy de Maupassant, subtil humaniste pourtant, écrivait dans Au soleil (1884), récit de ses pérégrinations en terre algérienne notamment, parlant de la population autochtone: « Il est certain aussi que la population primitive disparaîtra peu à peu; il est indubitable que cette disparition sera fort utile à l'Algérie, mais il est révoltant qu'elle ait lieu dans les conditions où elle s'accomplit ». Cette opinion concernant la probable disparition d'une population et l'intérêt de la voir advenir choquerait aujourd'hui au point que personne ne saurait s'y tenir; au temps de l'expansion coloniale, elle a pu être assez commune pour être fort banale.

[modifier] Sous Charles X

En entreprenant cette expédition, Charles X n'a qu'un but : sauver sa couronne. La Restauration épuisée pense redorer son blason en escarmouchant contre le dey. Mais elle a aussi un autre effet: Débarrasser la Méditerranée des pirates Barbaresques et mettre fin au trafic d'esclaves chrétiens.

[modifier] L'Affaire de l'éventail
Bombardement d'Alger commandé par Lord Exmouth, août 1816
Bombardement d'Alger commandé par Lord Exmouth, août 1816

L'origine de la querelle entre la France et la régence d'Alger remonte au Directoire. Des commerçants juifs de Libourne, les Bacri et les Busnach ont alors livré d'importantes quantités de grains pour nourrir les soldats participant avec Bonaparte à la campagne d'Italie. Bonaparte refuse de régler la facture qu'il juge excessive. En 1820, Louis XVIII éponge la moitié des dettes du Directoire. Le dey, créancier des Bacri pour 250 000 francs, exige de la France le versement de la somme destinées aux commerçants livournais. Comme il comprend que la France qui fait traîner l'affaire n'a pas particulièrement l'intention de lui rembourser le prêt qu'il avait consenti et qui pourtant avait été si fructueux à la sortir de l'embarras face aux puissances européennes qui s'étaient coalisées contre la Révolution, il se trouve déjà en froid avec le consul. Mais une affaire bien plus grave met le dey hors de lui: la France avait la concession d'un entrepôt commercial à La Calle, et par l'intermédiaire de son représentant Deval elle s'était engagée à ne pas le fortifier. Or, elle a manqué à sa promesse, elle a fortifié l'entrepôt, et lorsque le dey s'en rendit compte et qu'il demanda par écrit des explications au gouvernement français sans obtenir de réponse, il se contenta de demander des explications verbalement au consul de France qui choisit le parti de le prendre de haut. C'est alors que le dey s'emporta et eu un geste méprisant contre le consul de France au moyen de son chasse mouche. Le 30 avril 1827, à Alger, le dey soufflette avec son éventail le consul de France, Deval. L'épisode entraîne la rupture diplomatique avec la France.

Le gouvernement de la restauration tire alors prétexte de la situation pour envahir l'Algérie et châtier le dey pour son "insolence". Le consul et les résidents français s'embarquent pour la France. Le ministre de la guerre, Clermont-Tonnerre, propose une expédition militaire. Le président du Conseil, Villèle, et le dauphin s'y opposent. Un blocus d'Alger, peu efficace, est décidé : le tirant d'eau des bâtiments français les oblige à se tenir loin des côtes que peuvent serrer au plus près les pilotes barbaresques.

Le Conseil des ministres décide d'organiser une expédition en Algérie le 31 janvier 1830.

[modifier] Conquête de 1830
L'attaque de l'amiral Dupperé lors de la prise d'Alger en 1830
L'attaque de l'amiral Dupperé lors de la prise d'Alger en 1830

À Toulon l'amiral Duperré prend le commandement d'une armada de plus de 600 navires et se dirige vers Alger. La Méditerranée avait dès le début du XIXe siècle été sécurisée par un blocus britannique si bien que les corsaires faisaient déjà partie du passé.

Le 14 juin au matin le général de Bourmont débarque à Sidi Ferruch avec 30 000 hommes.

Le 19 juin, lors de la bataille de Staoueli, les troupes françaises prennent l'avantage sur l'armée turque.

Le 5 juillet les Français occupent Alger la Blanche ; cinq jours plus tard, le dey Hussein accepte la capitulation en échange de sa liberté et de la possibilité de conserver sa fortune personnelle. Il quitte définitivement le pays avec sa famille à bord d'un navire français à destination d'un port italien.

Le 11 juillet, 2 500 janissaires fuient pour l'Asie. Après 313 années, les Ottomans abandonnent la régence et donc l'administration du pays qu'ils ont gouverné depuis 1517.

En octobre les premiers bataillons de zouaves sont mis sur pied. La France s'accapare de toutes les terres des Beliks (colons turcs), et sont créees les premières unités de spahis.


[modifier] Sous Louis-Philippe Ier (1830-1848)

[modifier] Premières expéditions

Le 1er décembre, Louis-Philippe nomme le duc de Rovigo chef du haut-commandement en Algérie. Celui-ci réussit à s'emparer de Bône et met en œuvre activement la colonisation. La violence de ses actions choque tant qu'il est rappelé en 1833. Il meurt le 2 juin de la même année. (...)

[modifier] Une conquête limitée

(...) 26 février : cessez-le-feu entre le général Desmichels et l'émir Abd El-Kader. Mostafa ben Smaïl refuse de reconnaître l'autorité d'Abd El-Kader. Ce dernier, avec l'aide de ses alliés français, est victorieux de Mostafa ben Smaïl le 13 juillet. 22 juillet : L'Algérie devient "Possession française d'Afrique du Nord"

La "convention du figuier" est signé, en juin 1835, entre la France et les tribus des Douaïr et des Zmela qui deviennent alors " des sujets français ".

L'expédition sur Constantine
L'expédition sur Constantine

Abd El Kader attaque des tribus alliées de la France et bat le général Trézel dans les marais de la Makta près de son fief de Mascara. Il encercle Oran pendant 40 jours. Arrivé en renfort de métropole le général Bugeaud inflige une défaite à Abd El Kader.

(...)

En novembre 1836, le maréchal Bertrand Clauzel ordonne l'assaut sur Constantine qui tourne au désastre; les cavaliers berbères refluent en masse. Le commandant Nicolas Changarnier arrive cependant à protéger le retrait des troupes françaises. Constantine prolonge la résistance.

Passage des troupes françaises aux « Portes de fer »
Passage des troupes françaises aux « Portes de fer »

Le traité de Tafna est signé, le 30 mai 1837, entre le général Bugeaud et Abd El-Kader qui reconnaît la souveraineté de la France en échange de pouvoirs étendus sur les provinces de Koléa, Médéa et Tlemcen où il peut conserver 59 000 hommes en armes.

L'armée française passe, en septembre 1839, les « Portes de fer » dans la chaîne des Bibans, territoire que l'émir comptait annexer. Abd El-Kader, considérant qu'il s'agit d'une rupture du traité de Tafna, reprend, le 15 octobre 1839, la guerre contre la France.

[modifier] Reddition d'Abd El-Kader

Le 22 février Bugeaud est le nouveau Gouverneur général d'Algérie. Le 23 août 1841 le Cheik el Kadiri, lors d'une réunion au Caire, publie une Fatwa (décision conforme aux principes de la Sonna et du Coran) qui précise que les tribus sont autorisées à ne pas obéir à Abd El-Kader, et qu'il est insensé de faire la guerre aux chrétiens, du moment que ceux-ci laissent les musulmans exercer librement leur culte.

(...)

Le 16 mai 1843 le duc d'Aumale attaque la smala d'Abd El Kader faisant de nombreux prisonniers qui sont exilés.

Abd El-Kader

Le 1er février 1844, la France crée les bureaux arabes dans le but d'établir un contact avec la population indigène.

(...)

Le 14 août 1844 le général Bugeaud écrase l'armée du Sultan Marocain à la bataille d'Isly. L'armée marocaine se replia en direction de Taza, elle venait de perdre la 1re guerre de son histoire, ainsi que son prestige d'invincibilité militaire et marine, sacrifiant dans cette bataille, 800 morts tombés au champ d'honneur et autant de blessés. Le Sultan dont le trésor est ruiné s'engage alors à interdire son territoire à Adb El-Kader.

Le 23 septembre les troupes d'Abd El Kader sortent victorieuses lors de la Bataille de Sidi-Brahim engagé par colonel Montagnac. Les survivants français résistent 3 jours dans le Marabout de Sidi Brahim. Cette bataille est la bataille de référence pour les chasseurs à pied.

(...)

En décembre 1847 Abd El Kader se rend aux Spahis du colonel Yusuf . Placé en résidence surveillée pendant quatre ans en France, l'Émir fut libéré par Napoléon III, visita plusieurs villes de la métropole avant de rejoindre Damas et réside le restant de sa vie en Syrie.

Le 11 décembre 1848 la Constitution de 1848 proclame l'Algérie partie intégrante du territoire français. Bône, Oran et d'Alger deviennent les préfectures de trois départements français (Alger, Oran et Constantine). Les musulmans et juifs d'Algérie deviennent « sujets français » sous le régime de l'indigénat.

[modifier] Les dernières résistances
Lalla Fatma N'Soumer, figure de la résistance contre l'armée coloniale française
Lalla Fatma N'Soumer, figure de la résistance contre l'armée coloniale française

Le territoire algérien est donc officiellement annexé par la France, mais dans les faits, toute la région de Kabylie résiste encore. L'armée française d'Afrique contrôle alors tout le nord-ouest de l'Algérie. Les succès remportés par l'armée française sur la résistance d'Abd el-Kader, renforce la confiance française, et permet de décréter, après débats, la conquête de la Kabylie.

Entre 1849 et 1852, la domination française s'étend à la Petite Kabylie. En juillet 1857, des tribus de Grande Kabylie se rendent, la capture de la maraboute Lalla Fatma N'Soumer ne met pas un terme néanmoins à la résistance. La kabylie se souleve jusqu'au début des années 1870. Dans le sud, la prise de Laghouat et de Touggourt, la soumission des Beni-M'zab du Mzab (1852) et celle du Souf, reculent les limites de l'Algérie jusqu'au grand désert.

[modifier] Sous Napoléon III (1848-1870)

Napoléon III essaye de transformer la conquête en un «royaume arabe» associé à la France et dont il serait lui-même le souverain : les colons et les intérêts économiques de l'Algérie seront des opposants farouches de l'Empereur allant jusqu'à réclamer une consultation électorale.

Dans une lettre du 6 février 1863, l'Empereur au maréchal duc de Malakoff, publiée dans le Moniteur universel, par laquelle il était prescrit de rendre les tribus ou fractions de tribus propriétaires incommutables des territoires qu'elles occupent à demeure fixe, et dont elles ont la jouissance traditionnelle, à quelque titre que ce soit. l'Algérie étant déclarés par le souverain, non une colonie proprement dite, mais un royaume arabe. [34]. Napoléon III décide de visiter l'Algérie. Cette visite dure six semaines, il est reçu partout avec enthousiasme : Dans l'Algérie entière, les colons répétant cent fois par jour : « L'Empereur est venu, il a vu, nous sommes sauvés. » Les morts eux même, ceux qui ont succombé dans la lutte de l'homme civilisé contre une nature sauvage, contre les miasmes pestilentiels de marais ; les morts s'unissent aux vivants pour redire : « Sois le bienvenu, César, les morts te saluent. » C'est à la stupéfaction des colons qu'un sénatus-consulte, la propriété du sol qu'elles occupent a été dévolue aux tribus indigènes, et des commissions d'exécution

En 1865, 225 000 colons, français ou européens possédent environ 700 000 hectares[35]. Mais la colonisation […] se déclare satisfaite si […], on demande aux indigènes, soit par acquisition, soit par expropriation, un complément de 400 000 hectares[36]. Le 14 juillet 1865, un sénatus-consulte (une loi) permet aux musulmans d'acquérir la citoyenneté française en échappant à titre individuel au statut coranique au profit du droit civil français; mais cela reste théorique dans la mesure où la citoyenneté française était plus difficilement accordée à un autochtone algérien pourtant titulaire de la nationalité française qu'à un étranger.

Le 27 décembre 1866, un décret crée des conseils municipaux élus par quatre collèges séparés français, musulman, juif et étrangers européens ; les Français disposent des deux tiers des sièges ; dans les « communes de plein exercice », les maires ont des adjoints indigènes.

[modifier] L'Algérie française : La colonisation

Icône de détail Article détaillé : Algérie française.

La chute de Napoléon III en 1870 est accueillie avec soulagement; les colons vont pouvoir s'administrer eux-mêmes. L'annexion de l'Alsace-Lorraine entraîne un exode de population qui vont venir en Algérie : plus de 500 000 hectares furent confisqués après la révolte de 1871 et attribués aux réfugiés. Le nombre des colons passe de 245 000 en 1872 à plus de 750 000 en 1914. De son côté les indigènes voient leur nombre passer de 2 000 000 à 5 000 000 grâce à l'action sanitaire de la colonisation[37]. La communauté européenne et la communauté musulmane vivent ensemble mais sans se mélanger; les lois de la Troisième République ne font que croître la division en séparant de plus en plus les français d'Algérie et d'autre part les sujets français régis par un code spécifique. Le décret Crémieux en accordant aux juifs algériens le même statut que les français d'Algérie divise encore plus les algériens.

Sur 7 millions d'hectares de terres cultivables, la colonisation s'empara en un siècle de 2,9 millions d'hectares – lesquels étaient, aussi, les terres de meilleure qualité. Cette colonisation chassa des centaines de milliers de paysans, dépossédés, et devenus une armée errante de ruraux clochardisés.

[modifier] Sous la Troisième République (1870-1947)

L'avènement de la troisième république provoque de grands troubles en Algérie,notamment entre civils et militaires. La Troisième République mène une politique d'assimilation : francisation des noms, suppression des coutumes musulmanes.

[modifier] La religion

La loi de décembre 1905 de séparation des cultes et de l'État ne fut pas appliquée en Algérie pour le culte musulman : imâms et muftîs furent des fonctionnaires tenus de dire la parole officielle.

[modifier] Décrets Crémieux

Le 24 octobre 1870, par le décret Crémieux, les 37 000 juifs d'Algérie passent du statut de sujets français au statut de citoyen français. Ce statut est aussi accordé à tous les étrangers originaires d'Europe (Italie, Espagne, Malte…). Ce décret a été promulgué à Tours par le gouvernement de la Défense nationale. Son auteur est le ministre de la Justice, Isaac Adolphe Crémieux juriste juif. Ce decret est ressenti par les indigènes algériens comme une injustice car eux même restent soumis au sénatus-consulte de juillet 1865 sur le statut des personnes.

Voici le texte de ce décret Les Israélites indigènes des départements de l'Algérie sont déclarés citoyens français ; en conséquence, leur statut réel et leur statut personnel, seront, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française. Toutes dispositions législatives, décret, règlement ou ordonnance contraires sont abolis.

Il y a aussi d'autres decrets pris le même jour qui instituent en Algérie le régime civil mais qui ne suppriment pas les bureaux arabes, symbole de la politique qui avait été menée par l'empereur et haïs par les colons. Un de ces décrets institutionne un jury, qui livre désormais les indigènes traduits en cour d'assise à l'arbitraire des colons, violant ainsi le principe du jugement par ses pairs.

Crémieux prend un dernier décret en décembre 1870 qui met définitivement fin aux bureaux, menacant ainsi les indigènes de futures expropriations foncières. Ce décret crée une grande agitation parmi les indigènes.

[modifier] Révoltes de 1871

Suite aux décrets, à la défaite de la France, à la lutte que se livrent colons et militaires pour le pouvoir et à cause de la condition misérable des indigènes favorisée par plusieurs années de sècheresse et de fléaux, la dernière grande révolte d'Algérie a lieu en 1871. Elle débute au mois de janvier avec l'affaire des Spahis, s'aggrave en mars avec l'entrée en dissidence de Mohamed El Mokrani, qui fait ensuite appel au Cheikh El Haddad, le grand maître de la confrérie des Rahmaniya. La révolte échoue et la répression organisée par les Français s'avère particulièrement sévère.

[modifier] Révolte des Spahis

Suite à un ordre qui a été donné par l'armée de les envoyer en France, les Spahis se soulèvent fin janvier 1871 à Moudjebeur et à Ain-Guettar, dans l'Est algérien à la frontière avec la Tunisie. Le mouvement est rapidement reprimé.

[modifier] Révolte des Mokrani

Mokrani était un des chefs algérien qui jouissait d'une puissance sûrement plus grande que celle des autres. Son père avait proposé ses services et aidé le maréchal Valée en 1838,ce qui lui avait valu le titre de khalifa de la Medjana, territoire très étendu, mais après lui avoir laissé de grands droits l'armée avait chaque année rogné sur ses prérogatives et avait profité de sa mort en 1853 pour substituer à la fonction de khalifa celle de bachaga qui avait été confiée à son fils Mohammed. Celui ci avait subi des mesures vexatoires, lui faisant craindre une confiscation de ses terres, tandis que l'avènement du régime civil lui fit rejeter la subordination à une autorité non militaire. C'est ce qu'il écrit dans une lettre au général Augerand (reproduite en page 768 du Rapport de la Commission d'enquête sur l'insurrection), où il lui annonce son intention d'entrer en rebellion. Il se révolte en mars mais son mouvement n'a pas encore une grande ampleur.Il fait alors appel au cheikh El Haddad de la confrérie des Ramahniya qui lance un appel au djihad sur le marché de Seddouk en avril 1871. Plus de 150000 Kabyles se soulèvent et le mouvement touche une grande partie de l'Algérie.La révolte est cependant rapidement et sévèrement réprimée.

« La colonne expéditionnaire destinée à réprimer la révolte de la Kabylie orientale, était réunie le 2 août auprès de la petite ville de Milia sous les ordres du général de Lacroix, commandant la division de Constantine. Le 5, nos troupes pénétraient sur le territoire ennemi et campaient successivement à Aïn Nakhela, sur l'Oued Endja, puis à Fedj-Baïnen, après avoir infligé de rudes châtiments aux contingents qui avaient tenté de s'opposer à leur marche. Les tribus de la confédération du Zouarà, étaient entièrement réduites à merci, et livraient otages et amendes. […] Rejetés, après l'incendie de leurs villages, dans les ravins boisés de l'Oued Itéra et acculés au pied du gigantesque rocher de Sidi-Mârouf, les insurgés éprouvaient des pertes très sérieuses. L'effet moral produit par ces sévères leçons, qu'il était grand temps de donner à ces populations turbulentes et incorrigibles, a été immense […] À cette même date, toutes les tribus du cercle de Didgelli et celles de la rive droite de l'Oued-el-Kébir (bas Roumel), terrifiées par les châtiments infligés au Zouar'a et à l'Oued Itera, s'empressaient d'aller implorer la pitié et demander grâce […] C'est ainsi qu'en peu de temps, du 2 au 22 août, […] toutes les tribus comprises dans la quadrilatère: Constantine, Collo, Didgelli et Mila, rentraient dans l'ordre et le devoir, qu'elles n'auront plus envie de quitter. »
    — Charles Féraud[38]

Les biens des insurgés ayant échappé au destruction sont confisqués selon les mesures préconisées par le général de Lacroix en décembre 1871 :

« Le seul moyen de prévenir les révoltes, c'est d'introduire une population européenne nombreuse; de la grouper sur les routes et les lignes stratégiques de façon à morceler le territoire en zones qui ne pourront pas à un moment donné se rejoindre. Les terres des domaines sont insuffisantes mal situées et éparpillées. Celles que l'on pourrait obtenir par le séquestre réunissent seules les conditions voulues, mais il faudrait qu'elles fussent immédiatement disponibles. »

La loi du 21 juin 1871 (révisée par les décrets des 15 juillet 1874 et 30 septembre 1878) attribue 100 000 hectares de terres en Algérie aux immigrants d'Alsace-Lorraine.

Le 26 juillet 1873, est promulgué la loi Warnier (d'après le nom du président de la commission parlementaire Auguste Warnier) visant à franciser les terres musulmane et à délivrer aux indigènes des titres de propriété. Cette loi donne lieu à divers abus et une nouvelle loi la complétera en 1887. Son application sera suspendue en 1890.

[modifier] Code de l'indigénat

Le Code de l'indigénat est adopté le 28 juin 1881 : ce code distinguait deux catégories de citoyens : les citoyens français (de souche métropolitaine) et les sujets français, c'est-à-dire les Africains noirs, les Malgaches, les Algériens, les Antillais, les Mélanésiens, etc. Les sujets français soumis au Code de l'indigénat étaient privés de la majeure partie de leur liberté et de leurs droits politiques ; ils ne conservaient au plan civil que leur statut personnel, d'origine religieuse ou coutumière.

A partir de 1881, surtout en Kabylie, le Code de l'indigénat imposera une arabisation forcée des patronymes aux populations locales qui jusqu'à cette époque portaient encore pour certains des noms à consonance latine. Les noms patronymiques des Algériens d’aujourd’hui ne sont donc pas ceux de leurs ancêtres dans une proportion de plus des trois-quarts[39].

Le Code était assorti de toutes sortes d'interdictions dont les délits étaient passibles d'emprisonnement ou de déportation. Après la loi du 7 mai 1946 (Loi Lamine Gueye) abolissant le Code de l'indigénat, les autochtones (Nouvelle-Calédonie, Madagascar, Algérie, etc.) purent à nouveau circuler librement, de jour comme de nuit, et récupérer le droit de résider où ils voulaient et de travailler librement. Cependant, les autorités françaises réussirent à faire perdurer le Code de l'indigénat en Algérie jusqu'à l'indépendance (1962) en maintenant le statut musulman [40] et en appliquant par exemple le principe de responsabilité collective qui consistait à punir tout un village pour l'infraction d'un seul de ses membres.

En 1889, une loi accorde la nationalité française aux européens étrangers de 21 ans nés en Algérie. À partir 1896, l'administration de l'Algérie dépend directement du ministère de l'intérieur. En 1898, ont lieu plusieurs manifestations européennes anti-juives. Les colons possèdent 1 000 000 d'hectares. L'Algérie possède un nouveau statut en 1900 : elle bénéficie d'un budget spécial, d'un gouverneur général qui détient tous les pouvoirs. Le système électoral assure aux européens la prépondérance. En 1912, Manifeste Jeunes Algériens.

[modifier] Contribution des Algériens à « la Grande Guerre »

Pour faire face aux pertes humaines de la Grande Guerre, la France recruta des maghrébins qui fut relativement facile grâce au paternalisme des officiers et dans une indifférence générale malgré quelques révoltes en 1914 et 1917 : la seconde fut peut être inspirée par l'appel des Turcs [41].

[modifier] L'entre deux guerres

Charles Jonnart crée plusieurs réformes, en faveur des algériens musulmans, qui sont adoptées sous la loi du 4 février 1919, aussi appelée "loi Jonnart". En 1930, des manifestations du centenaire de la prise d'Alger sont ressenties comme une provocation par la population. En 1936, le projet de loi Blum-Viollette, pour l'octroi de droits politiques à certains musulmans, est présenté mais il sera refusé à l'unanimité lors du congrès d'Alger du 14 janvier 1937.

[modifier] L'Algérie pendant la Seconde Guerre mondiale
Icône de détail Article détaillé : Opération Torch.

Les alliés débarquent en Algérie, le 8 novembre 1942. L'ordonnance du 7 mars 1944 accorde la citoyenneté française à 60 000 musulmans.

[modifier] Sous la Quatrième République

Les troupes françaises en Algérie avant le déclenchement de la guerre d'Algérie sont faibles : 40 000 hommes en 1948, 48 300 au 1er juin 1954, 81 145 au 1er janvier 1955. La guerre d'Indochine absorbe les cadres militaires, et fait combattre les Maghrébins qui comptent pour 1/4 de l'effectif du corps expéditionnaire [42].

Le 8 mai 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale prend fin en Europe, en Algérie, des manifestations nationalistes sont durement réprimées par l'armée française; entre 10 000 et 45 000 Algériens sont tués.

Icône de détail Article détaillé : Massacre de Sétif.

Les élections législatives de 1946 sont un succès pour l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) de Ferhat Abbas, son parti remporte onze des treize sièges réservés à l'Algérie à l'Assemblée nationale.

La loi sur le statut de l'Algérie est promulguée en septembre 1947 : l'Algérie reste composée de trois départements et le pouvoir est représenté par un gouverneur général nommé par le gouvernement français. Une Assemblée algérienne est créée, composée de deux collèges de 60 représentants chacun ; le premier sera élu par les Européens et une élite algérienne (diplômés, fonctionnaires…) (63194 exactement) et le second par le reste de la population algérienne. Enfin l'article 2 précise l'égalité effective est proclamée entre tous les citoyens français.

En octobre 1947, le MTLD de Messali Hadj obtient une large victoire lors des élections municipales. Ce parti devient la cible de la répression des autorités françaises.

En avril 1948, des fraudes massives ont lieu lors des élections de l'Assemblée algérienne : par des intimidations, l'armée force les populations à voter, les urnes sont également remplies d'avance, et les populations les plus rebelles ne sont pas convoquées. Trente-six des 59 candidats du MTLD sont arrêtés. Hocine Aït Ahmed organise, en mars 1949, le cambriolage de la poste d'Oran qui leur rapporte 3 070 000 francs. Cet argent sera le début du trésor de guerre du FLN.

[modifier] La Révolution Algérienne (ou guerre d'indépendance de l'Algérie) (1954 à 1962)

Icône de détail Article détaillé : Guerre d'Algérie.
« Groupe des six », chefs du FLN. Photo prise juste avant le déclenchement des hostilités le 1er novembre 1954. Debouts, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf. Assis : Krim Belkacem à gauche, et Larbi Ben M'Hidi à droite.
« Groupe des six », chefs du FLN. Photo prise juste avant le déclenchement des hostilités le 1er novembre 1954. Debouts, de gauche à droite : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf. Assis : Krim Belkacem à gauche, et Larbi Ben M'Hidi à droite.
Délégation des principaux dirigeants du FLN (de gauche à droite : Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf et Ahmed Ben Bella) après leur arrestation suite au détournement, le 22 octobre 1956 par l'armée française, de leur avion civil marocain, entre Rabat et Tunis, en direction du Caire (Egypte).
Délégation des principaux dirigeants du FLN (de gauche à droite : Mohamed Khider, Mostefa Lacheraf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf et Ahmed Ben Bella) après leur arrestation suite au détournement, le 22 octobre 1956 par l'armée française, de leur avion civil marocain, entre Rabat et Tunis, en direction du Caire (Egypte).

[modifier] Période : la République algérienne (depuis 1962)

[modifier] Époque du parti unique : (1962 à 1989)

Ahmed Ben Bella dirige le pays entre 1962 et 1965, date à laquelle il est victime d'un putsch de l'armée. Houari Boumedienne règne jusqu'à sa mort en 1978. Sous la présidence de Chadli Bendjedid, la crise est économique - en 1986, la chute du dollar entraîne une forte baisse des revenus issus des hydrocarbures - et politique.

Le pouvoir doit aussi faire face aux premiers mouvements populaires depuis l'indépendance. Face au Printemps berbère de 1980, puis aux émeutes de Sétif en 1986, il réagit par la répression. En octobre 1988, l'armée décide de tirer sur les émeutiers (plus de 500 morts) (voir l'article : Émeutes d'octobre 1988 en Algérie). Les autorités font d'apparentes concessions : une nouvelle constitution, l'instauration du multipartisme et un régime de liberté de la presse.

[modifier] Époque de la constitution de 1989

Après les événements du 5 octobre 1988, le président Chadli Bendjedid décide de passer par un référendum populaire pour le changement de la constitution. Après un résultat majoritaire favorable à la nouvelle constitution, l'Algérie franchit un grand cap vers la démocratisation. En effet, la nouvelle constitution de 1989 ouvre les portes aux multipartismes. Le président Chadli fera sortir tous les détenus politiques et il va essayer de pacifier toutes les franges du pouvoir et du peuple en vue d'un changement. Plusieurs partis et journaux verront le jour. Le FLN à cette époque détient la totalité des sièges du gouvernement et des autres institutions. La constitution algérienne prévoit un changement radical sur la tenue des élections et du contrôle. Des élections municipales sont programmées . Ensuite, des élections législatives sont organisées en 1991. Après le premier tour des élections législatives, le président Chadli Bendjedid dépose sa démission au conseil constitutionnel algérien.

[modifier] Époque du vide juridique en 1992

La demission de Chadli Bendjedid est accépté par les membres du conseil constitutionnel algérien. La constitution algérienne ne prévoit aucun amandement dans une telle situation. Le Haut Comité d’État (HCE) aura la charge de faire la transition. Plusieurs parties contestent cet état de fait.

Du 16 janvier 1992 au 29 juin 1992. Mohamed Boudiaf sera nommé président du Haut Comité d’État (HCE). Après six mois, le président Boudiaf sera assassiné à Annaba.

Du 2 juillet 1992 au 30 janvier 1994. Ali Kafi sera désigné pour présider le Haut Comité d’État (HCE).

Du 30 janvier au 1994 au 16 novembre 1995, Liamine Zéroual est chargé de présider le Haut Comité d’État (HCE).

[modifier] Époque de la constitution de 1996

Du 16 novembre 1995 au 27 avril 1999. Le président Liamine Zéroual est élu président de la république. Une nouvelle constitution est aprouvée par le peuple algérien. Le président Liamine Zéroual sera membre du parti du Rassemblement national démocratique (RND).

Vers la fin d'avril 1996, Le président Liamine Zéroual démissionne pour laisser sa place à un autre.

Du 27 avril 1999 au 8 avril 2004. Le président Abdelaziz Bouteflika est élu au sommet de l'Etat.

[modifier] Époque de la constitution de 2005

Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne
Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne


Du 8 avril 2004 à nos jours, le président Abdelaziz Bouteflika est élu pour un deuxième mandat. Une nouvelle constitution est adoptée par voix référendaire.

La Charte pour la paix et la réconciliation nationale en Algérie est adoptée par référendum populaire, le 29 septembre 2005[43].

[modifier] Les conflits politiques de la décennie noire

Le Front islamique du salut (FIS) appelle à l'insurrection en 1991[44]. Le FIS est dissous officiellement en 1992.

En 1995, il y aura une réunion accueillie par la communauté de Sant' Egidio en Italie. Cette réunion regroupe plusieurs partis (Front des forces socialistes (FFS), Front de libération nationale (Algérie) (FLN), Parti des travailleurs (Algérie)(PTT), etc.) et le parti dissous du FIS. Une plateforme est signée. Elle propose aux autorités des bases pour résoudre la crise politique en Algérie. Plusieurs partis rejettent cette plate-forme, dont le RND, RCD, etc.

Vers la fin des années 90, Les partis politiques vont vivre des situations de conflits internes.

Démissions des candidats à l'élection présidentielle de 1999.

[modifier] Union des partis

Le Front de libération nationale (Algérie) FLN, le Rassemblement national démocratique RND et le Mouvement de la société pour la paix (MSP) font une alliance en vue de soutenir le président Abdelaziz Bouteflika.


[modifier] Guerre civile algérienne

Icône de détail Article détaillé : Guerre civile algérienne.

Les mouvances islamistes, qui multiplient les démonstrations de force, profitent de cette ouverture démocratique. La crise économique perdure et, en juin 1990, le Front islamique du salut (FIS) remporte les élections municipales. Ce mouvement sort également vainqueur lors du premier tour des législatives de décembre 1991, mais il convient de préciser que le premier parti du pays à ces élections était en réalité celui de l'abstention (taux de participation : 59%).

Le pouvoir réagit en interrompant brutalement le processus électoral. En janvier 1992, l'armée obtient la démission de Chadli Bendjedid qui est remplacé par un Haut Comité d'État.

À partir de cette date, le pays sombre dans le chaos : c'est la « décennie noire ». Policiers et journalistes assassinés, rafles à l'aveuglette, camps de détention inhumains au sud, établissements brûlés, bombes, attentats suicides, villages décimés se succèdent… Les statistiques officielles mentionnent plus de 100 000 morts et de milliers de disparus. Les groupes armés menaient alors ce qu'ils appellent le Jihad (guerre sainte) qu'aucun idéologue de l'islam ne reconnaît. De son côté, le régime en place, sous prétexte de la lutte antiterroriste, restreint la liberté d'expression, le champ d'action des partis politiques et celui des ONG, locales et internationales.

Dès l'ère du président Liamine Zéroual, les prémices de tentatives d'un règlement politique de la crise commencent à voir le jour, mais aucun accord n'est trouvé. Néanmoins, durant le régime de ce président, l'AIS (branche armée du FIS) observe une trêve : le président Zéroual promulgue une loi Er-Rahma (« La Clémence ») pour les terroristes repentis. Pendant ce temps de nombreux massacres sont commandités aux portes d'Alger (massacre de Ramka, de Raïs et Ben Talha avec plus de 1000 morts civils) et exécutés, semble-t-il, par le GIA.

Le 25 juin 1998, le chanteur populaire berbère Matoub Lounès est assassiné sur une route de Kabylie. Cet événement d'abord attribué à des groupes islamistes provoque des émeutes dans toute la région. Le climat est d'autant plus tendu que la loi sur la généralisation de l'arabisation remet la question du pluralisme linguistique au premier plan. La même année, le président Liamine Zéroual démissionne.

Lors des élections présidentielles d'avril 1999, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika se présente comme un candidat « indépendant ». Il faut comprendre qu'il n'est pas investi par le FLN, mais est tout de même soutenu par l'armée. Tous ses adversaires se retirent la veille du premier tour, dénonçant les conditions d’organisation du vote.

L'avènement du président actuel Abdelaziz Bouteflika, en 1999, change un peu plus la donne avec une volonté plus affichée de parvenir à la paix civile. La loi dite de la « concorde civile » (semblable à la loi Er-Rahma de Zéroual) est votée et approuvée par référendum, et les groupes armés commencent à déposer les armes, surtout à Jijel à l'est et Aïn Defla à l'ouest.

À ce jour, le principal groupe armé qui reste actif est le GSPC. Des tractations, dit-on, sont en cours pour trouver un accord d'amnistie de ses membres comme cela a été fait avec l'AIS.


[modifier] Liste des présidents algériens

Icône de détail Article détaillé : Liste des présidents d'Algérie.




[modifier] L'Algérie en 2008

Autoroute en Algérie
Autoroute en Algérie

Plusieurs projets attendent leur finalisation en Algérie. Parmi ces projets:

  • l'autoroute est-ouest qui va relier la Tunisie au Maroc.
  • le métro d'Alger.
  • la construction d'un million de logements.
  • la grande mosquée.



[modifier] Références

  1. F.Decret, Carthage ou l'Empire de la mer, pp. 113-114, Paris, Le Seuil 1977
  2. Souvenirs d'une exploration scientifique dans le nord de l'Afrique, Jules-René Bourguignat
  3. Ibn Khaldoun , Histoire des Berbères
  4. Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique, historique
  5. Gilbert Meynier, L'Algérie des origines, La découverte, 2007
  6. http://books.google.fr/books?id=H3RBAAAAIAAJ&pg=PR115&dq=ibn+khaldoun#PPR10,M1
  7. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  8. Vincent Serralda et André Huard, Le Berbère... Lumière de l'Occident, éd. Nouvelles éditions latines, Paris, 1990 (ISBN 978-2723302395)
  9. Bernard Heyberger, Chrétiens du monde arabe p5, Ed.Autrement, 2003
  10. Joseph Cuoq, L'Église d'Afrique du Nord du deuxième au douzième siècle p111, Le Centurion, Paris, 1984.
  11. Ibn Khaldoun, histoire des berbères
  12. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  13. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale , Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  14. Ibn Khaldoun , Histoire des Berbères
  15. La médina de Tlemcen: l’héritage de l’histoire , Fouad Ghomari
  16. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale,Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  17. http://books.google.fr/books?id=H3RBAAAAIAAJ&pg=PR115&dq=ibn+khaldoun#PPR10,M1
  18. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  19. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  20. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  21. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  22. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  23. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  24. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  25. http://books.google.fr/books?id=H3RBAAAAIAAJ&pg=PR115&dq=ibn+khaldoun#PPR10,M1
  26. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  27. Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Ibn Khaldūn, William MacGuckin
  28. Des esclaves anglais aux mains des Barbaresques | AMI France
  29. La guerre d'Algérie, Collection Librio Documents Le Monde 2003
  30. Antoine Schneider, ministre de la Guerre, décrète que désormais « Le pays occupé par les Français dans le nord de l'Afrique sera, à l'avenir, désigné sous le nom d'Algérie ». Selon l'historien Eugéne Guernier (La Berbérie, 1950, t2 p53) « Il n'est pas sans intérêt de noter que cette appellation consacrait la conquête arabe et on peut se demander pourquoi les hommes politiques français du moment, tenant mieux compte du passé, n'ont pas adopté les noms de Berbérie, de Kabylie ou de Maurétanie. »
  31. Lieutenant-colonel de Montagnac, Lettres d’un soldat, Plon, Paris, 1885, réédité par Christian Destremeau, 1998, p. 153 (Accessible sur Gallica).
  32. Pour en finir avec la repentance coloniale, de Daniel Lefeuvre, aux éditions Flammarion, septembre 2006, ISBN 2082104400
  33. Coloniser Exterminer, de Olivier Le Cour Grandmaison aux éditions Fayard, 2005
  34. L'Algérie devant l'Empereur Dr A. Warnier Paris Challamel Aimé, Libraire-Éditeur 1865 p 93
  35. L'Algérie devant l'Empereur Dr A. Warnier Paris Challamel Aimé, Libraire-Éditeur 1865 p. 5
  36. L'Algérie devant l'Empereur Dr A. Warnier Paris Challamel Aimé, Libraire-Éditeur 1865 p. 7
  37. La guerre d'Algérie Alain-Gérard Slama Collections Découvertes Gallimard
  38. Charles Féraud, L'insurrection en Algérie, L'Illustration, 9 septembre 1871, Vol LVIII, Numéro 1489, 1871, 2e semestre, page 170
  39. Colonel Jean DUMAURIER, A.B.C.D., La mémoire d'un peuple 1999
  40. Source LECLERC, Jacques. « Le Code de l'indigénat » dans L'aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, Le Code de l'indigénat
  41. Gilbert MEYNIER, L'Algérie révélée. La guerre de 1914-1918 et le premier quart du XXe siècle, Préface de Pierre Vidal-Naquet, Genève, Librairie Droz, 1981, XIX-793 p.
  42. Jean-Charles Jauffret (dir.) La Guerre d'Algérie par les documents, t. 2, Les Portes de la guerre 1946-1954, Service historique de l'Armée de Terre, Vincennes, 1998, in 4°, 1023 p.
  43. http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/amnistie/conseil_ministres.htm
  44. L'Algérie, de la guerre à la guerre (1962-2003)(1962-2003) , Miloud Zaater

[modifier] Éléments de bibliographie

  • Professeur Émile Félix Gauthier, Genséric, roi des Vandales, Payot, Paris, 1935.
  • Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Traduction du Baron de Slane, Tomes I, II, II et IV, Alger, 1852-1856.
  • Émile Félix Gauthier, Les siècles obscurs du Mahgreb, Paris, Payot 1927.
  • Meriam Demnati, Lucien-Samir Oulahbib, Masri Feki et Moïse Rahmani, À l'ombre de l'Islam. Minorités et minorisés, Filipson Ed., Bruxelles, 2005.
  • Diego de Haedo, Histoire des rois d'Alger ("Topographia e Historia general de Argel", Valladolid, 1612), Traduction d'H.D. de Grammont, Bouchène, Paris, 1998.
  • Mahfoud Kaddache, La vie politique à Alger de 1919 à 1939, SNED, Alger, 1970.
  • Yves Maxime Danan, La vie politique à Alger de 1940 à 1944, L.G.D.J., Paris, 1963.
  • Philippe Danan, Les juifs d'Alger de 1830 à 1871, Thèse de Doctorat, Université de Paris VIII, Paris, 2008.
  • Gilbert Meynier, L’Algérie des origines :De la préhistoire à l’avènement de l’Islam, La découverte, 2007, (ISBN 978-2707150882)

[modifier] Voir aussi

Icône de détail Article détaillé : Liste des dirigeants de l'Algérie.

[modifier] Liens externes


Histoire de l’Afrique