Hippie

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Ne doit pas être confondu avec Hippies.
Une hippie arborant le symbole de la paix en pendentif
Une hippie arborant le symbole de la paix en pendentif

Le terme hippie (ou hippy, synonyme de baba cool [1]) désigne les femmes et les hommes qui, entre les années 1965 et 1975, ont globalement rejeté le mode de vie traditionnel de leurs parents. Il est également utilisé pour qualifier, à tort ou à raison, un mouvement de contre-culture qui caractérise cette décennie. Touchant la majorité de la génération nombreuse née du baby-boom de l'après-guerre, ce mouvement eut un impact d'autant plus grand sur des sociétés occidentales par ailleurs vieillissantes.

Les hippies sont généralement jeunes et habitent dans l'Occident industrialisé (Amérique du Nord et Europe occidentale essentiellement, le primat historique devant être accordé aux États-Unis, d'où vient le mot [2]). Ils sont plutôt issus des classes moyennes et moyenne-supérieures de la société.

Sommaire

[modifier] Hippies et « mouvement hippie »

Référence au Flower Power
Référence au Flower Power

Les hippies participent pour certains [réf. souhaitée] d'une mouvance baptisée « contre-culture », et d'innombrables journalistes ou commentateurs ont parlé d'un « mouvement hippie », alors même que ce phénomène n'a jamais présenté aucun des caractères qui pourraient suggérer une quelconque organisation. Néanmoins, si la notion de « mouvement hippie » est discutable, comme la notion de contre-culture qui lui a été abusivement et uniquement associée, il n'en demeure pas moins que les hippies partageaient plus ou moins certaines représentations communes, centrées autour du rejet du mode de vie inhérent à la société industrielle occidentale dont ils étaient les héritiers.

De manière générale, les hippies contestaient le matérialisme et le consumérisme des sociétés industrielles, et tout ce qui y était lié. Ils rejetaient en particulier les valeurs associées au travail et à la réussite professionnelle, ainsi que le primat associé aux biens technologiques au détriment des biens naturels. Ils remettaient fréquemment en cause l'idée d'autorité et tout ce qui en découlait (toute domination de l'un sur l'autre), les frontières, et surtout une violence qui leur était devenue incompréhensible. Ils recherchaient un sens à la vie dans des spiritualités plus authentiques à leurs yeux que les pratiques religieuses dont ils avaient hérité ou au sein même de ces dernières, s'aidant parfois de substances psychotropes. Ils aspiraient à une sorte de fraternité universelle pour laquelle ils espéraient trouver idées et techniques dans des sociétés traditionnelles qui étaient moribondes à leurs yeux. Ce complexe idéologique, essentiellement constitué en une praxis, n'a pas réellement été théorisé ; jamais non plus il n'a fait l'objet d'une homogénéité pratique parmi celles et ceux qui se reconnaissaient pourtant comme hippies.

[modifier] Le phénomène hippie

[modifier] Les origines

Haight-Ashbury, ancien quartier hippie de San Francisco, aux États-Unis.
Haight-Ashbury, ancien quartier hippie de San Francisco, aux États-Unis.

Le phénomène hippie naît aux États-Unis dans un contexte de contestation et de refus de l'ordre établi ; les manifestations contre la guerre du Viêt Nam et les émeutes des Noirs dans les grandes villes américaines fédèrent une partie de la jeunesse. Mais cette génération, née juste après la Seconde Guerre mondiale, refuse aussi le conformisme et la soumission au pouvoir des médias et des artistes en place. Elle cherche à fuir la société de consommation en mettant en avant les valeurs écologistes et égalitaires issues des philosophies orientales et primitives.

Beaucoup de ces aspirations sont héritées des écrivains de la Beat generation, souvent considérés comme les précurseurs du mouvement car eux aussi sont l'expression première de la rupture avec la société de masse. Ils mènent une vie libérée, faite de sexe, de musique et de déplacements constants. Ils veulent vivre une évasion hors de l'Amérique post-nucléaire et consommatrice bien-pensante, notammment sous l'influence du jazz et du mouvement surréaliste dont les membres ont trouvé refuge à New York pendant la guerre.

La technique du cut-up propre à William S. Burroughs viendra directement de cette source, et plus généralement le goût de la prose spontanée dont Jack Kerouac s'avérera le meilleur représentant. Élève d'Alan Watts, introducteur de la pensée orientale à San Francisco, Gary Snyder, rejoint par Kerouac puis plus tard par Allen Ginsberg, vont populariser la pratique de la méditation, et plus généralement du Tao et du bouddhisme zen. Peu à peu apparaît une nouvelle génération de chanteurs comme Bob Dylan ou les Doors, qui représentent un nouveau genre musical, la protest song.

Dès 1965, aux Pays-Bas, les provos d'Amsterdam prônent la circulation en vélo. Ce mouvement de gauche invite chaque personne à peindre son vélo en blanc et à le laisser à la libre disposition des habitants, ou organise des rassemblements contre le mariage de la reine Beatrix avec un ancien nazi. En France comme dans de nombreux pays, l'année 1968 voit fleurir la contestation de l'ordre établi dans les campus. En 1969, l'hebdomadaire Hara-Kiri est fondé : il se veut indépendant et provocateur.

[modifier] La musique

La musique est un élément capital et fédérateur des hippies. Le phénomène hippie sécrète une esthétique complète, musicale d'abord (Grateful Dead, Jimi Hendrix, The Doors, Pink Floyd, Crosby, Stills & Nash (and Young), Jefferson Airplane…) avec les premiers festivals de la pop : Monterey, Woodstock, l'Île de Wight ; mais aussi picturale, théâtrale, etc.

La musique des hippies puise son inspiration dans la country (Bob Dylan) ou le blues (Janis Joplin), mais peut aussi venir de beaucoup plus loin avec notamment Ravi Shankar, joueur de sitar indien qui participa au festival de Monterey. La musique représente bien le mouvement par sa diversité, sa volonté d'ouverture aux différentes cultures et d' affranchissement des règles en vigueur. D'ailleurs, au début des années 1990, la rencontre entre les derniers hippies de Goa et les disc-jokey internationaux, fans de musiques électroniques et issus, en partie, de la vague Acid house, a donné naissance à la Trance-Goa ou trance psychédélique (psytrance), régulièrement jouée depuis en rave party.

[modifier] L'expérience du psychédélisme

Composition psychédélique
Composition psychédélique

Le LSD fut découvert en 1943 dans le laboratoire suisse Sandoz et sera déclaré illégal aux États-Unis le 6 octobre 1966. L'esthétique psychédélique peut être assimilée aux visions provoquées par le LSD. Le psychologue Timothy Leary, le chimiste Augustus Owsley Stanley III et le romancier Ken Kesey ont parmi d'autres encouragé la consommation de LSD. À cette époque, de l'acide a notamment été distribué gratuitement lors des acid tests des Merry Pranksters.

Il est possible de rattacher de nombreux courants artistiques à la consommation de psychotropes, aussi bien la musique (The Beatles, Pink Floyd, Grateful Dead, The Doors, Jimi Hendrix…) que le dessin et la mode. Outre le LSD, le cannabis est aussi une drogue qui a été massivement consommée par les hippies. Il a été prétendu que le but de cette consommation de psychotropes est une volonté d'ouverture d'esprit et d'abolition des frontières mentales.

[modifier] La fin

La plupart des hippies ont fini par abandonner leur envie de régénérer le « vieux monde » et se sont rangés dès la fin des années 1970 et le courant des années 1980. La trentaine venue, ils ont trouvé du travail, fondé une famille et se sont finalement intégrés dans la société de consommation qu'ils dénonçaient naguère. Les critiques disent souvent qu'ils se sont « embourgeoisés ».[réf. nécessaire]

Toutefois, quelques irréductibles ont toujours tenu à rester fidèles aux idéaux de leur jeunesse. Les plus talentueux et les plus habiles d'entre eux ont trouvé un compromis en vivant, parfois très confortablement, de leur artisanat d'art, de leur musique, de l'agriculture biologique ou encore de la pratique de médecines parallèles (dites aussi « médecines douces »).

D'autres se sont brûlé les ailes et ont fini sans le sou au bout de la route, ravagés par les drogues dures, à l'image de certaines idoles comme Janis Joplin, Jimi Hendrix ou Jim Morrison morts de surdose. D'autres encore ont été très marqués et diminués par des années passées, coupés du monde, dans des sectes new age ou vaguement bouddhistes.

En Asie, les hippies ont souvent été chassés des villes avec le développement du tourisme de masse. Les autorités leur ont fait la chasse comme le raconte Charles Duchaussois dans son livre Flash.

[modifier] L'héritage

Le « mouvement hippie », bien que peu structuré, portait en lui les germes d'un renouvellement inventif de la culture et du mode de vie des années d'après-guerre qui, par la réussite même de ses buts matérialistes, arrivait à un essoufflement particulièrement perceptible par la jeunesse. Dans différents domaines, des idées nouvelles perçaient : l'autogestion, l'écologie et le rejet des religions traditionnelles.

Dans les arts, la musique psychédélique et le pop-art marquèrent les esprits. Le slogan Flower Power (« pouvoir des fleurs ») était le symbole de la non-violence. La génération hippie a révolutionné la musique, l'art et a ouvert la voie à l'écologie, à l'action humanitaire, au pacifisme, à la libération sexuelle, au féminisme, entre autres, lesquels sont autant de symboles d'une révolution de la culture et des mœurs, aujourd'hui complètement intégrés dans les sociétés occidentales, sans que celles-ci aient forcément conscience de leurs origines hippies.

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur les hippies .

[modifier] Articles connexes

[modifier] Notes

  1. Qu'est-ce qu'un hippie ?
  2. cf. Hippie (étymologie) (en)

[modifier] Films

Hair, Miloš Forman, 1979

[modifier] Bibliographie

  • René Barjavel, Les Chemins de Katmandou, Hachette, 1969
  • Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, L'Aventure hippie, 10/18, 2004, 416 p.
  • Alain Dister, Oh, hippie days !, J'ai lu, 2001
  • Charles Duchaussois, Flash ou le grand voyage, Livre de poche
  • Michel Lancelot, Je veux regarder Dieu en face : le phénomène hippie, Albin Michel, 1968
  • Rory Maclean, Magic Bus : sur la route des hippies d'Istanbul à Katmandou, Hoëbeke, 2008
  • Barry Miles, Hippies, Octopus/Hachette, 2004, traduction française de Denis Montagnon
  • Tom Wolfe, Acid test, Le Seuil, 1975

[modifier] Lien externe