Henri Langlois

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Photographie d'Henri Langlois, à l'entrée de la Cinémathèque française - 2004
Photographie d'Henri Langlois, à l'entrée de la Cinémathèque française - 2004

Henri Langlois né le 13 novembre 1914 à Smyrne, (aujourd'hui Izmir), en Turquie et décédé le 13 janvier 1977 à Paris, est un pionnier de la conservation et de la restauration de films. Il est l'un des artisans fondateurs de la Cinémathèque française.

Il a commencé ces archives avec des fonds privés et seulement une dizaine de films. Au cours des décennies, la collection s'accroîtra jusqu'à atteindre plusieurs milliers de titres.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] De Smyrne à Paris

« Je suis né le 13 novembre 1914 à Smyrne. Mes parents étaient des français de l'étranger , ce qui m'a permis d'être en retard d'un siècle » dira Henri Langlois. A sa naissance en 1914 le monde est en guerre. Smyrne est une ancienne ville grecque qui se trouve en Turquie et ce pays est l'allié de l'Allemagne. Aprés la défaite des empires centraux et la signature du traité de Sèvres en 1920, qui rend Smyrne à la Grèce, ainsi que toute la partie orientale de la Thrace, les rivalités séculaires entre la Grèce et la Turquie reprirent avec une telle violence, que le port de la ville est partiellement détruit aprés l'attaque d'une base turque par les grecs. Il sera reconstruit aprés 1922, mais la grande majorité de la population grecque est tuée ou expulsée. Quand aux autres européens, l'insécurité des lieux les oblige à partir en 1922. C'est ainsi que la famille Langlois se trouve dans l'obligation de rentrer en France. Ils s'installèrent à Paris, rue Laferrière, dans le 9e arrondissement.

[modifier] Une passion: le Cinéma

Henri Langlois fit ses études au petit lycée Condorcet de la rue d'Amsterdam. En 1933 pour protester contre la décision de son père qui veut l'inscrire à la faculté de droit, il échouera volontairement à son bac, en rendant page blanche, puis en allant au cinéma. Lui ne veut s'occuper que de cinéma. « Moi je suis la brebis galeuse de la famille. J'aimais trop le cinéma » dira-t-il. Après cet échec son père lui trouve un emploi chez un imprimeur. C'est grâce à cet emploi qu'il rencontrera Georges Franju, son ainé de deux ans. Ils deviennent amis. Franju dira: « C'est grâce à lui que j'ai vraiment appris ce qu'était le cinéma muet ». Ensemble ils essayeront de faire un film Le Métro (retrouvé en 1985, il se trouve aujourd'hui à la cinémathèque), mais l'un comme l'autre abandonnent vite l'idée d'être cinéaste.

En 1935, Henri Langlois arrive à faire paraître des articles dans un hebdomadaire intitulé La Cinématographie française, dont le propriétaire s'appelle Paul Auguste Harlé. H. Langlois a compris qu'avec l'arrivée du cinéma parlant, les films du cinéma muets allaient diparaître, et qu'il fallait les sauver. Cette même année au mois d'octobre, il fera la connaissance de Jean Mitry au ciné-club de la femme. Celui-ci agé de 35 ans est historien du cinéma. Il les encouragera dans leur idée à monter un ciné-club voué aux films muets.

[modifier] La Cinémathèque

Henri Langlois, Georges Franju et Jean Mitry fondent en 1936 la Cinémathèque française à Paris, conçue comme une salle de cinéma et un musée du cinéma. De dix films en 1936, le fonds atteint plus de 60 000 films en 1970. Bien plus qu'un simple archiviste, Langlois sauve, reconstitue et montre beaucoup de films en danger de désintégration. La plupart des films stockés sont en celluloïd, un matériau fragile qui exige un environnement de conservation fortement contrôlé pour une survie dans le temps.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Langlois et ses collègues aident à sauver beaucoup de films contre l'occupation nazie en France.

Le désir de Langlois de sauver des films contre l'oubli peut dénoter ses racines dans la destruction partielle et le pillage important de son lieu de naissance lors de la Première Guerre mondiale.

En plus des films, Langlois aide également à préserver d'autres objets liés au cinéma, tels que caméras, machines de projection, costumes et programmes de salles.

Langlois aura un impact important sur les réalisateurs français de la nouvelle vague pendant les années 1960, entre autres : François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol et Alain Resnais. Certains de ces réalisateurs de film se sont eux-mêmes appelés « les enfants de la Cinémathèque ».

[modifier] L'Affaire Langlois

En 1968, le ministre français de la culture André Malraux essaie de stopper le projet de Langlois, arguant de l'arrogance et de la poigne de fer de Langlois : C'est l'affaire Langlois. S'ensuit une série de protestations en France et à l'étranger avec les participations de Charles Chaplin, Erich von Stroheim et - à Paris - François Truffaut, Jean-Pierre Léaud, Claude Jade, Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Jean Marais, jusqu'au festival de Cannes qui fut interrompu cette année-là, entre autres pour cette raison. Malraux fait alors marche arrière.

En 1970, un documentaire britannique intitulé Henri Langlois est réalisé, il raconte son travail et sa vie, avec des entrevues de Ingrid Bergman, Lillian Gish, François Truffaut, Catherine Deneuve et Jeanne Moreau, entre autres. Il fonde le Musée du Cinéma qui ouvre le 14 juin 1972 au palais de Chaillot. Le 2 avril 1974, Langlois reçoit un oscar pour l'ensemble de son travail consacré à la réalisation de la Cinémathèque.

Jusqu'à sa mort à Paris le 13 janvier 1977, Langlois s'efforce d'étendre le principe d'une cinémathèque à d'autres pays, tels que les États-Unis.

Il est enterré au cimetière de Montparnasse à Paris.

Tombe d'Henri Langlois
Tombe d'Henri Langlois

Un film documentaire de 3h30 lui est consacré en 2004 : Le Fantôme d'Henri Langlois, retraçant l'épopée de la Cinémathèque Française depuis sa création en 1936 jusqu'à la mort de Langlois en 1977.

[modifier] Anecdote

Une place en son honneur dans le XIIIe arrondissement de Paris porte son nom.

Lors de la tentative d'éviction de Langlois de la Cinémathèque, les représentants du pouvoir lui ont attribué une "caractère de cochon", qui n'était que le refus de Langlois de composer avec le pouvoir et de faire des concessions à ses yeux inacceptables.

L'année de la mort d'Henri Langlois, le réalisateur allemand Wim Wenders lui dédie son film L'Ami américain, film qui contient un grand nombre de références à la préhistoire du cinéma.

Il existe depuis 2006 des Prix Henri-Langlois. Ces prix décernés tiennent compte des travaux récents des organismes qui œuvrent à la conservation et à la restauration des films, de l'actualité des comédiens et réalisateurs distingués dans la catégorie Coups de cœur sur le cinéma actuel, et de la carrière des personnalités du cinéma relevant du cinéma d'auteurs et des œuvres de patrimoine.