Haram

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Le mot harām (arabe : حَرَام [ḥarām], illégal ; illicite ; interdit ; inviolable ; sacré) a deux sens en arabe et dans le monde musulman. D'un côté il signifie interdit : la consommation du porc et d'alcool sont interdits (harām). De l'autre il signifie sacré : le territoire autour des deux villes saintes de La Mecque et de Médine est sacré (arabe : البَلَد الحرام [al-balad al-ḥarām], le territoire sacré) donc interdit aux non musulmans. La mosquée de la Mecque est appelée la « Mosquée Sacrée » (مَسجِد الحرام [masjid al-ḥarām]), la Kaaba est la « Maison sacrée » (arabe : بَيْت الحرام [bayt al-ḥarām]).

  • En arabe, le terme harām est l'opposé de halāl.
  • Le mot harem (حريم [ḥarīm]) vient de la même racine arabe : l'épouse est sacrée et interdite à tout autre que son époux, le harem est un lieu interdit ou séjournent les épouses.
  • Dans une mosquée, la salle de prière est désignée sous le nom haram.

Sommaire

[modifier] Interdits généraux

Le Coran énonce un certain nombre d'interdits dont les principaux sont regroupés dans ces deux versets[1] :

Dis : « Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui associez rien ; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N'approchez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu'en toute justice la vie qu'Allah a fait sacrée. Voilà ce qu'Allah vous a recommandé de faire ; peut-être comprendrez-vous.
Et ne vous approchez des biens de l'orphelin que de la plus belle manière, jusqu'à ce qu'il ait atteint sa majorité. Et donnez la juste mesure et le bon poids, en toute justice. Nous n'imposons à une âme que selon sa capacité. Et quand vous parlez, soyez équitables même s'il s'agit d'un proche parent. Et remplissez votre engagement envers Allah. Voilà ce qu'Il vous enjoint. Peut-être vous rappellerez-vous. ».

Le Coran rappelle que `Issa (Jésus) avait levé des interdits alimentaires, mais l'islam va en conserver certains[2] :

Et je confirme ce qu'il y a dans la Thora révélée avant moi, et je vous rends licite une partie de ce qui était interdit. Et j'ai certes apporté un signe de votre Seigneur. Craignez Dieu donc, et obéissez-moi.
Dieu est mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le donc : voilà le chemin droit.

[modifier] L'interdit de l'alcool

Le mot alcool, (arabe : كحول [koḥôl], alcool) a un sens assez amusant, il vient d'une même racine (كحل [kaḥala], avoir les yeux cernés, avoir mal dormi) que l'on retrouve dans le fard noir à paupières à base d'antimoine (كحل [koḥol], khôl ; fard noir à paupières), parce que les deux donnent des yeux cernés, le regard fatigué.

Comme le miel, le lait et l'huile, le vin est au croisement de deux types d'industries: une industrie naturelle, qui fait croître le raisin jusqu'à sa cueillette, et une industrie humaine, qui le transforme pour en faire cette boisson enivrante. Les fruits de la vigne et du palmier sont permis, mais le vin qu'on en tire est interdit.

Des fruits des palmiers et des vignes, vous retirez une boisson enivrante et un aliment excellent. Il y a vraiment là un signe pour des gens qui raisonnent.[3]

Au début de la prédication le Coran se limite à dire aux musulmans de ne pas arriver ivres à la prière. Mais le vin comporte même une certaine utilité.

Ils t'interrogent sur le vin et les jeux de hasard. Dis : « Dans les deux il y a un grand péché et quelques avantages pour les gens; mais dans les deux, le péché est plus grand que l'utilité ». Et ils t'interrogent : « Que doit-on dépenser (en charité) ? » Dis : « L'excédent de vos bien. »[4]

Un peu plus tard, la consommation de vin (et plus généralement de boisson fermentées) n'est interdite qu'à cause des conséquences de l'ivresse, les conséquences de l'ivresse disparaissent au paradis et la consommation du vin y est permise.

Ô les croyants ! N'approchez pas de la Salat alors que vous êtes ivres, jusqu'à ce que vous compreniez ce que vous dites, et aussi quand vous êtes en état d'impureté [pollués] – à moins que vous ne soyez en voyage – jusqu'à ce que vous ayez pris un bain rituel. Si vous êtes malades ou en voyage, ou si l'un de vous revient du lieu où il a fait ses besoins, ou si vous avez touché à des femmes et vous ne trouviez pas d'eau, alors recourez à une terre pure, et passez-vous-en sur vos visages et sur vos mains. Dieu, en vérité est Indulgent et Pardonneur.[5]

Plus tard encore, ce verset est abrogé et l'interdiction se généralise et se durcit. Le verset suivant est un verset abrogeant le précédent ; il ne faut pas boire de boisson fermentée à cause des conséquences sur le comportement du buveur.

Ô les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu'une abomination, œuvre du Diable. Ecartez-vous en, afin que vous réussissiez.[6]

Ces trois versets font partie de sourates dites médinoises que la tradition place respectivement 87e, 92e et 112e dans l'ordre de la révélation.

Dans la Perse islamisée, le vin était resté (et le reste, mais de manière officieuse) en usage, il suffit de lire les poètes comme Khayyâm (1048 - 1123) ou Hafez (1320 - 1389), ou Rûmi (1207 - 1273).

Pour certains hétérodoxes, l'ivresse est un moyen de parvenir à l'extase, à la connaissance suprême, elle permet une élévation de l'âme à la connaissance spirituelle.

Ainsi, le vin est l'accompagnateur des cérémonies hétérodoxes qui trouvent en lui tous les artifices de départ, d'élévation et d'émotion, conditions requises pour l'émergence de l'extase. Les métaphores qui associent le vin à l'extase mystique, voire à l'amour de Dieu, sont nombreuses.[7]

[modifier] Voir aussi

  • Pour les interdits alimentaires, voir halal.
  • Makrouh, les actes indésirables.

[modifier] Notes

  1. Le Coran (sourate 6, Al-’anʿâm, Le bétail ; versets 151 - 152), traduction de Mouhammad Hamidullah.
  2. Le Coran (sourate 3, Al-ʿImrân, La famille d'Imran ; versets 50 - 51), traduction de Mouhammad Hamidullah.
  3. Le Coran (sourate 16, An-naḥl, Les abeilles, verset 67), traduction de Mouhammad Hamidullah.
  4. Le Coran (sourate 2, Al-baqara, La génisse, verset 219), traduction de Mouhammad Hamidullah.
  5. Le Coran (sourate 4, An-Nisa’, Les femmes, verset 43), traduction de Mouhammad Hamidullah.
  6. Le Coran (sourate 5, Al-Mâ’ida, La table servie verset 90), traduction de Mouhammad Hamidullah.
  7. Malek Chebel, Dictionnaire des symboles musulmans, éditions Albin Michel