Hans Selye

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Hans Selye (Selye János, 1907 - 1982) était un endocrinologue canadien d'origine autrichienne et hongroise. Il a été directeur de l'Institut de médecine et chirurgie expérimentale de l'Université de Montréal et un pionnier des études sur le stress.

Sommaire

[modifier] Biographie

Après des études médicales à l’Université allemande de Prague, à Paris et à Rome, il a obtenu son MD (doctorat en médecine) en 1929 et a choisi la recherche au dépens de la pratique, en travaillant à l’Institut de Pathologie à Prague où il a obtenu le “Prix Rockefeller” en 1931 qui lui a permis d’aller aux États Unis et ensuite au Canada.

Au Canada, il a enseigné la biochimie à l’université McGill de Montréal. De 1945 à 1976, il était professeur à l’École de Médecine de l’université de Montréal. En parallèle, il était conseiller général en chirurgie pour l'US Army.

"Métis" austro-prussien, la personnalité de Dr. Hans Selye s’exprime à la fois par le rigueur prussienne et la faconde autrichienne, la rigueur dans le travail et la faconde dans les loisirs.

En tant qu'endocrinologue et inventeur de la théorie du stress, mot qu'il à lui-même introduit en médecine, Hans Selye a atteint une notoriété comparable à celle de Dr. Wilder Penfield en neurologie.

Hans Selye a fondé l’Institut de médecine et de chirurgie expérimentale de l’université de Montréal.

En 1956 paraissait son ouvrage qui allait bientôt rendre célèbre son auteur, “Le stress de la vie”. Dans ce premier livre, le Dr Selye, dont la notoriété lui vaudra le titre de "Einstein de la médecine", a enrichi la recherche en endocrinologie d’un nouveau concept diagnostique : le “syndrome d’adaptation”, c'est-à-dire l’ensemble des modifications qui permettent à un organisme de supporter les conséquences physiopathologiques d’un traumatisme naturel ou opératoire. Le stress venait de faire son entrée dans le répertoire des pathologies du monde moderne et dans la langue française.

Il a écrit plus de 40 livres dont "The stress of life" (1956, traduction française : "Le stress de la vie"); "Stress without distress" (1974, traduction : "Le stress sans détresse") et son autobiographie "The stress of my life " (1977).

Il a reçu de nombreux honneurs dont une vingtaine de diplômes honoraires et est fait Compagnon de l’Ordre du Canada. Il n’a jamais reçu le prix Nobel même, qu’il est passé tout près de l’obtenir. C’était sa plus grande déception.

Toute sa vie il a souffert de problèmes d’insomnie. Il avait une discipline prussienne très sévère et était extrêmement exigeant dans son travail, pour lui même et ensuite pour ses collègues et étudiants. Il se levait tous les jours à 4 heures du matin. Il a dit : "il faut éviter la frustration"; "éviter d’être battu"; "l’important c’est de ne pas faire trop de résistance contre des choses que vous ne pouvez pas atteindre". Il aimait les honneurs et il désirait le prix Nobel par dessus tout… Il est mort d’épuisement dans son lit. Il s’était lui-même diagnostiqué dans la 3e phase du syndrome de détresse biologique.

Le chirurgien français de marine, Henri Laborit a été un de ses disciples et s'est occupé en premier lieu du traumatisme opératoire.

[modifier] Titres et distinctions

[modifier] L'apport et les travaux de Hans Selye

Sans conteste, l'apport de Hans Selye est ses études sur le stress.

[modifier] L'invention du stress

En effet, le phénomène de surcharge des demandes biologique et psychologique quant à la capacité de réponses du sujet est observable, mais le schéma explicatif et la dénommination sont une invention, une fiction, comme la "gravitation universelle" de Sir Isaac Newton et cet "inconscient" de Sigmund Freud, ainsi que toute théorie scientifique.

  • “[…] Toute hypothèse scientfique vraiment nouvelle est en fait de l’ordre du délire du point de vue de son contenu, en ce qu’il s’agit d’une projection de l’imaginaire sur le réel. Ce n’est que parce qu’elle accepte a priori la possibilité d’être transformée et même abandonnée sous l’effet de confrontations avec de nouvelles observations et expériences qu’elle s’en sépare finalement”. (Henri Atlan, "Entre le cristal et la fumée",p. 147, Seuil, Paris, 1979).

Chercheur et surtout trouveur canadien, Hans Selye fut un des premiers chercheurs à s'être intéressé au stress vers le début du siècle. Il a désigné le stress comme les moyens physiologiques et psychologiques mis en œuvre par une personne pour s'adapter à un évènement donné. C'est le changement brutal survenant dans les habitudes d'une personne, jusque-là bien équilibrée, qui est susceptible de déclencher un bouleversement dans sa structure psychique et même somatique (le corps). Le nom de Hans Selye est indissociable de celui de “stress”.

Hans Selye, surnommé le " Père du stress " ou plutôt le spécialiste, était un physiologue dont l’œuvre a dévoilé les principaux dispositifs des organismes animaux face aux agressions de toute nature. C’était aussi un endocrinologue qui a montré, dans son ouvrage fondamental intitulé “Stress”, comment les hormones corticosurrénales sont mises en circulation à l’occasion d’agressions violentes de l’organisme. Dans cet ouvrage, il décrit un syndrome réactionnel endocrinien comportant trois phases consécutives : la "phase d’alarme", la "phase de réaction", la "phase d’épuisement". C’est ce qu’il appelle le " Syndrome général d’adaptation", en d’autre mots : le stress. Sans ce "dispositif d’adaptation", nous serions tous morts, car lorsqu’il n’y a plus de stress, il n’y a plus de vie non plus.

À un moment de sa vie, Selye a, volontiers, philosophé – et d’une façon très intéressante et significative – à partir de ses notions de biologie. Il a, par exemple, défini un code de comportement pour un “stress sans détresse”.

Le stress n'est ni plus ni moins qu'une réaction de l'organisme: confronté à un danger, il aide celui-ci à faire front. Ainsi, on peut affirmer que si l'ampleur de l'évènement stressant (nommé aussi de stresseur") ne dépasse pas les capacités de réponse normale, l'organisme n'en subira pas les conséquences. À l'inverse, si les ressources de cet organisme sont débordées (qu'il ne peut faire front à la quantité de stress qu'il doit gérer), des problèmes de tous ordres sont susceptibles de survenir. L'organisme entre alors dans un “cercle vicieux” de la rétroction positive auto-amplificatrice cybernétique où chaque boucle amplifie le suivant: le système d'adaptation s'épuise, et les conséquences du stress deviennent de plus en plus délétères (préjudiciables).

Quels sont les signes pouvant permettre à une personne de se rendre compte qu'elle n'a pas encore atteint le stade des dommages? En premier lieu apparaît l'irritabilité, puis viennent ensuite l'insomnie, les maux de tête, la difficulté à se concentrer, les troubles de la mémoire, etc. La liste peut être longue.

Finalement, Hans Selye a montré que le phénomène de Stress soit un dispositif de vigilance salvatrice et que la sur-vigilance soit dommageable lorsque la quantité de demandes dépasse la capacité de réponses du sujet.

Hans Selye parle de stress "négatif" (défavorable) et de stress "positif" (favorable) et de la possibilité de transformer un stress négatif en stress positif - c'est surtout, selon lui, une question d'attitude. Si on adopte devant un agent de stress négatif une attitude positive, on peut le transformer en agent de stress positif; par exemple, un travail exigeant. En face d'un agent de stress, l'attitude est souvent déterminante. Les causes de stress sont moins importantes que la façon d'y faire face.

[modifier] Définition du stress

Par définition, le stress est une réponse non spécifique que donne le corps à toute demande qui lui est faite. Il y a aussi une réponse spécifique de l'organisme qui réagit au froid en produisant de la chaleur, à l'effort physique en sécrétant une hormone qui stimulera l'organisme... Mais quelle que soit la nature du stimulus, l'organisme répond aussi d'une façon non spécifique, avec des changements biochimiques identiques, destinés à faire face à toute demande accrue imposée à la machine humaine

Le stress, c'est la réponse de l'organisme à une demande qui lui est faite: le froid, le chagrin, un effort physique, un médicament. Ce sont les stimuli. Le stress est au cœur du dispositif d'adaptation à tous les stimuli. C'est la réponse qui est le stress et non le stimulus. Si le stimulus est fort, la réponse est forte. Il y a effort de l'organisme pour répondre aux stimuli, afin de maintenir un état d'équilibre. Il y a stimuli, il y a réponses. Comme on dirait: action-réaction. Et quelle que soit la nature du stimulus: que ce soit une bonne ou mauvaise nouvelle, que ce soit un échec ou un triomphe, qu'il s'agisse d'une course à pied ou de l'orgasme... Le stress est une réaction à toute espèce de demande. Il s'agit de maintenir la stabilité de l'organisme. Le stress vient d'une surcharge de demandes par rapport à la capacité de réponses.

Il s'agit de maintenir ce que les biologistes appellent l'homéostasie, la constance ou stabilité des paramètres de l'organisme, comme la température corporelle, le taux de glucoses, etc. Le stress n'est donc pas à éviter. Pas plus qu'on ne doive éviter la température et le sucre. Il s'agit d'éviter d'en faire trop ou pas assez.

[modifier] Conclusion

Pour éviter le stress dévastateur Hans Selye a utilisé la sagesse exprimée par cette phrase anglo-américaine des pionniers et paysans:”to flight or to fight” (s’enfuir ou se battre) à partir de laquelle son disciple français Henri Laborit a écrit son livre “Éloge de la fuite”.

[modifier] Citations

  • "[...] L'idée du concept de stress et du syndrome général d'adaptation (S.G.A.) m'est venue en 1925, alors que j'étudiais la médecine à l'Université de Prague. [...] Je ne pouvais comprendre pourquoi, dès l'aube de l'histoire de la médecine, des médecins ont concentré tous leurs efforts sur la reconnaissance de la maladies particulières et la découverte de remèdes spécifiques sans prêter aucune attention à quelque chose de beaucoup plus évident: "le syndrome du simple fait d'être malade". Je savais qu'un syndrome est "un groupe de signes et de symptômes qui se présentent ensemble et caractérisent une maladie". Eh bien! les patients que je venais de voir avaient un syndrome, mais il semblait que ce fût un syndrome caractérisant la maladie en tant que telle et non une maladie particulière. Serait-il possible d'analyser ce "syndrome général de la maladie" et peut-être même trouver des remèdes capables d'agir contre le facteur non spécifique dans la maladie? Ce ne fut, cependant, que dix années plus tard que je parvins à exprimer tout cela dans le langage précis de la description scientifique fondée sur l'expérimentation. [...] Dans son ensemble, le syndrome de stress, ou syndrome général d'adaptation (S.G.A.) évolue selon trois stades successifs: 1) La "réaction d'alarme" pendant laquelle les forces de défense sont mobilisées; 2) Le "stade de résistance" qui reflète la complète adaptation à l'agent "stressant"; 3) Le "stade d'épuisement" qui suit inexorablement pourvu que l'agent stressant soit assez puissant et agisse assez longtemps, le pouvoir d'adaptation d'un être vivant étant toujours limité" (Hans Selye) [1]

[modifier] Notes et références

  1. Hans Selye, Du rêve à la découverte, Éditions de La Presse, 1973, p. 66-68.

[modifier] Œuvres

Citons entre autres :

  • Hans Selye, The stress of life (traduction en français sous "Le stress de la vie")
  • Hans Selye, Le stress de la vie, éd. GALLIMARD (1re édition en 1962, 2e édition en 1975)
  • Hans Selye, Stress without distress, éd. LIPPINCOTT COMPANY (1974) (traduit en français sous "Le stress sans détresse"
  • Hans Selye, Le stress sans détresse
  • Hans Selye, Du rêve à la découverte, éd. DE LA PRESSE (1973)
  • Hans Selye, Le stress de ma vie, éd. Alain STANKE (1976)
  • Hans Selye, Stress