Hamas

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Emblème du Hamas
Emblème du Hamas

Le Hamas, en arabe : حماس, acronyme partiel de harakat al-muqâwama al-'islâmiya (حركة المقاومة الإسلامية), « mouvement de résistance islamique »), est le plus important mouvement islamiste palestinien actuel (d'obédience sunnite). La pratique de l'acronyme en général et de l'acronyme partiel en particulier étant très rare en arabe, la dénomination Hamas a été délibérément choisie en raison du rapprochement avec le même mot en arabe, qui signifie « ardeur, zèle », sur le modèle de l'acronyme inversé Fatah.

D'une part, le Hamas figure, entre autres, sur la liste des organisations terroristes du Conseil de l'Union européenne[1], du Canada[2], du Japon[3], des États-Unis[4] mais pas par la Russie ni beaucoup d'autres pays faisant partie de l'organisation des nations unies et qui la considerent comme un mouvement de resistance nationale , Les attaques de sa branche armée visent indistinctement civils et militaires israéliens en expliquant que l'armée israelienne fait de meme contre les civils palestiniens. D'autre part, le mouvement a créé un vaste réseau d'assistance sociale en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Le Hamas a remporté les élections législatives palestiniennes de 2006 et dirigé deux gouvernements successifs de l'Autorité palestinienne.

Sommaire

[modifier] Histoire

Selon la biographie semi-officielle du Hamas, Truth and existence [réf. nécessaire], l'histoire du mouvement s'articule autour de quatre grandes étapes ou périodes :

  1. 1967-1976 : création et développement des « Frères Musulmans » dans la bande de Gaza en réponse aux lois israéliennes ;
  2. 1976-1981 : expansion géographique à travers la participation de groupes plus expérimentés dans la bande de Gaza et en Cisjordanie et création d'institutions comme al-Mujamma' al-islami, al-Jam'iyya al-islamiyya et l'université islamique de Gaza ;
  3. 1981-1987 : influence politique à travers l'introduction de mécanismes d'action et la préparation au combat armé ;
  4. 1987 : fondation par Ahmed Yassine du Hamas en tant que bras armé des « Frères Musulmans » en Palestine et lancement du jihad.

De nombreux experts [réf. nécessaire] pensent que l'histoire du Hamas commence seulement avec le tournant des années 1980 lorsque son influence politique commence à s'affirmer.

L'abréviation Hamas apparaît pourtant pour la première fois en 1987 dans un document accusant les services secrets israéliens (le Mossad) « de pervertir la morale de la jeunesse palestinienne en les recrutant comme collaborateurs ».[réf. nécessaire]

[modifier] De 1987 à 1993

Le Hamas s'est formé fin 1987, le mouvement est alors proche des Frères musulmans d'Égypte [5]. Selon sa charte, « le Mouvement de la Résistance Islamique est l'une des ailes des Frères musulmans en Palestine »[6]

Le Hamas se développe différemment en Cisjordanie, ne participant pas, notamment, à la création ou au contrôle d'institutions publiques. Les Frères musulmans en Cisjordanie forment alors une partie importante du Mouvement islamique de Jordanie qui fut pendant quelques années un allié du régime hachémite. De plus, les Frères musulmans en Cisjordanie s'appuient sur une classe sociale plus élevée (marchands, propriétaires, employés). Jusqu'au milieu des années 1980, les Frères musulmans prennent des positions essentielles dans les institutions religieuses de la Cisjordanie.

Selon certains analystes, les Frères musulmans palestiniens étaient financés pendant les années 1970 et 1980 directement et indirectement par différents États comme l'Arabie saoudite et la Syrie, ainsi que par le Mossad [7]. Le bras politique et caritatif des Frères musulmans est alors reconnu officiellement par Israël. Le groupe se concentre sur l'aide sociale et sur des projets religieux et une intense action sociale et communautaire. Il essaie d'acquérir la confiance des Palestiniens et organise des projets communautaires. Au milieu des années 1980, les Frères musulmans palestiniens évoluent sous l'influence du cheikh Ahmed Yassine. Ce dernier prône l'action armée contre « l'occupant hébreu ». Il est emprisonné par l'État israélien en 1989, puis relâché au cours d'un échange de prisonniers.

Les premières actions armées du Hamas commencent avec le début de la première Intifada. Elles s'attaquent en premier lieu aux Palestiniens mis en cause, puis en vient à attaquer les militaires israéliens eux-mêmes. Suivront des attaques contre des civils israéliens. Le Hamas évolue vers un mouvement politique radical et organise des actions armées et violentes.

Le rôle du Hamas est éclipsé en 1989, lorsque notamment son fondateur, Ahmed Yassine, fut emprisonné en Israël.

[modifier] De 1994 à 2004

Le Hamas rejette les accords d'Oslo de novembre 1993 signés entre Israël et l'Autorité palestinienne. Toutefois, dans le même temps, Ahmed Yassine propose une hudna (trêve — en référence à la loi islamique qui permet une trêve conditionnelle limitée à 10 ans maximum avec des non Musulmans) si Israël accepte de se retirer des territoires occupés. Mohamed Nazzal, représentant de Hamas en Jordanie souligne que la trêve avec l’ennemi est « un principe sanctionné par la loi islamique, dépendant des circonstances et de l’accord unanime de la direction ». Cela, poursuit-il, ne suppose « ni acceptation de la paix ni reconnaissance du droit des juifs en Palestine »[8].

Le 16 avril 1993, le Hamas revendique la première opération-kamikaze qu'il organise. Il est perpétré contre un bus à Mehola Junction dans la Vallée du Jourdain.

Avant la seconde Intifada, le Hamas inaugure l'utilisation des attentats-suicides contre des civils israéliens (notamment à Hadera, en avril 1994) et contre des soldats et a étendu la violence pendant les années du soulèvement palestinien, particulièrement durant la seconde intifada.

Le 6 avril 1994, le Hamas revendique la première opération-kamikaze accomplie sur le sol israélien à Afoula affirmant vouloir « venger les martyrs » du caveau des Patriarches de Hébron, puis de son artificier Yahia Ayache. Il en revendiquera une vingtaine d'autres entre 1994 et 2000. Le Hamas a également revendiqué la plupart des opération-kamikaze opérées en Israël lors de la Seconde Intifada.

Le Hamas reçoit de nombreuses donations et fait des paiements élevés aux familles des auteurs d'attentats suicides [9].

Selon plusieurs observateurs, l'ascension du Hamas est favorisée dans les années 1990 par les dirigeants du Likoud (Benyamin Netanyahu au pouvoir en 1996-1999 et Ariel Sharon), notamment en n'entravant pas son financement par des capitaux saoudiens. Deux objectifs recherchés par la droite israélienne seraient ainsi atteints : le sabotage des accords d'Oslo avec l'augmentation des attentats terroristes, et l'affaiblissement du Fatah de Yasser Arafat, principal interlocuteur palestinien [10].

[modifier] À partir de 2004

Le chef historique du mouvement, le cheikh Ahmed Yassine, est assassiné lors d'une attaque ciblée de l'armée israélienne le 22 mars 2004, sur ordre d'Ariel Sharon. Son successeur Abdel-Azziz Al-rantissi est également assassiné quelques jours après sa désignation. Le changement de direction à la tête du Hamas entraîne un changement de stratégie du mouvement qui commence à s'impliquer davantage dans la vie politique. Des représentants du Hamas se présentent aux élections municipales palestiniennes de 2005. Le succès aux municipales fait alors apparaître les islamistes comme une opposition politique importante face au Fatah, un an avant les législatives prévues pour janvier 2006.

Il observe dans le même temps une Tahdiya (sorte de trêve, accalmie au sens littéral) dans les attentats depuis l'attaque dans la ville de Beer Sheva en août 2004 (15 morts et 125 blessés), mais a cependant lancé une attaque une fois au même arrêt d'autobus en août 2005 (7 blessés). Il a également revendiqué les tirs de roquettes effectués depuis la Bande de Gaza. Selon les Israéliens, 2 990 attaques ont été menées contre Israël en 2005[11].

En tant que parti de résistance, il est opposé au partage de son territoire avec Israël et a dénoncé les accords d'Oslo vus comme une trahison de la volonté du peuple, l'ouverture d'un processus de paix ayant échoué. Cependant, en 2004, le Hamas évoque la possibilité d'une hudna après le rétablissement des frontières de 1967 et le retour des réfugiés palestiniens.

[modifier] Élections législatives de 2006

Le 26 janvier 2006, le Hamas remporte les élections législatives palestiniennes. Il obtient 56 % des suffrages, ce qui lui donne une majorité parlementaire de 74 sièges sur 132 [12]. Le Hamas ravit ainsi la majorité au Fatah.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, invite le Hamas à former le nouveau gouvernement[13].

Ce résultat est perçu comme un net retour en arrière par les gouvernements étrangers qui jouaient le rôle de médiateurs pour le conflit israélo-palestinien. Les États-Unis ont déclaré qu'ils ne traiteraient pas avec le Hamas tant qu'il ne renoncera pas aux opérations-kamikazes et seulement lorsqu'il acceptera le droit à l'existence pour Israël, ce qui est en contradiction avec la charte actuelle du mouvement. Dans le même temps, le président israélien Moshe Katsav et l'ancien premier ministre Shimon Peres ont tout deux déclaré que si le Hamas reconnaissait l'existence d'Israël et abandonnait la terreur, Israël devrait négocier avec ce mouvement.

Pendant la durée de la campagne législative palestinienne, il n'a pas été fait mention d'un objectif de destruction d'Israël[14], plusieurs commentateurs et médias Israeliens précisent néanmoins que ses dirigeants ne renoncent pas explicitement à cet objectif[15].

Pendant cette campagne, le Hamas a soutenu également la légitimité de son action passée, notamment les attaques menées en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, qui ont permis l'évacuation de la Bande de Gaza. Ainsi, il a placé sur ses listes des personnes comme Mariam Farahat, mère de kamikazes et qui a participé à leur action[16].

En février 2006, Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, réitère la proposition de Hudna et de mettre fin à la lutte armée si Israël se retire de tous les territoires occupés et reconnaît les droits du peuple palestinien[17]. Le Premier Ministre par intérim, Ehud Olmert, exclut pour sa part toute négociation avec le Hamas : « Nous ne négocierons pas et nous ne traiterons pas avec une Autorité palestinienne dominée totalement ou partiellement par une organisation terroriste » [18].

L'objectif du Hamas est l'établissement d'un État Souverain sur le territoire actuellement constitué d'Israël, la Bande de Gaza et la Cisjordanie (d'après les frontières d'avant 1967)[réf. nécessaire]. Dans l'accomplissement de ce but, le Hamas soutient son droit à la lutte armée. Selon certains médias[19], Abdel Aziz al-Rantissi, l'un des cofondateur du Hamas, assassiné par Israël comme son prédécesseur, a affirmé que le but de l'organisation était d'« effacer Israël de la carte ».

[modifier] Exercice du pouvoir

Ismaïl Haniyeh est désigné par le Hamas pour former un nouveau cabinet de l'Autorité palestinienne.

[modifier] Élections législatives et présidentielle de 2006-2007

Depuis l'élection ayant porté au pouvoir le Hamas, c'est la crise en Palestine : fin des subventions internationales, de nombreuses attaques de la part d'Israël et, plus récemment, des attaques bilatérales entre les deux principales factions palestiniennes, soit le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas du premier ministre Ismaïl Haniyeh. Constatant l'échec des négociations Fatah-Hamas, le président Abbas menace à la mi-décembre de déclencher des élections législatives anticipées, bravant ainsi la Loi Fondamentale (Constitution Palestinienne) qui n'accorde qu'au Conseil Legislatif cette prérogative. Le Hamas rejette la décision d'appeler à de nouvelles élections législatives (ce qui n'est en effet pas dans les prérogatives du chef de l'Autorité palestinienne)[réf. nécessaire]. Quoiqu'il en soit, Abbas n'a toujours pas agi dans ce sens et les négociations ont abouti à un Accord sur un gouvernement d'union nationale palestinien entre Hamas et Fatah.

[modifier] Prise du pouvoir dans la Bande de Gaza

Malgré cet accord, Mohammad Dahlan, chef de la Sécurité Interieure (membre du Fatah), accentue les tensions et les amplifie pour leur faire atteindre leur paroxysme en juin 2007. Ainsi, le 15 juin 2007, suite à ce qui s'apparente à une guerre civile entre le Hamas et le Fatah, qui occasionnera 113 morts, les force de sécurité prennent le contrôle de la bande de Gaza, évinçant totalement le Fatah du territoire.

Le 17 juin, le président Mahmoud Abbas limoge Ismaïl Haniyeh de son poste de Premier ministre, nommant à sa place le ministre des Finances Salam Fayyad. Ce nouveau gouvernement siégeant à Ramallah et contrôlant la Cisjordanie n'est pas reconnu par le Hamas, car la Loi Fondamentale impose au Président en cas de limogeage du Premier Ministre, de le remplacer par un membre de la majorité parlementaire, à savoir le Hamas, or le parti de Salam Fayyad n'a obtenu que 2% de suffrage aux legislatives contre 56% pour le Hamas, ce qui mène à la scission de fait des Territoires palestiniens en deux entités distinctes.

Suite à ces évènements, des divergences apparaissent au sein du Fatah, resté au pouvoir en Cisjordanie quant à l'attitude à adopter. Le président M. Abbas refuse catégoriquement tout « dialogue avec les putschistes, les assassins, les terroristes », qualifiant la prise de contrôle du Hamas de « plan pour diviser Gaza et la Cisjordanie et établir un Emirat, un mini-Etat, contrôlé par un seul groupe, ses fanatiques et ses fondamentalistes ». D'autres, tel Marouan Barghouti, critiquent fermement le coup de force du Hamas à Gaza, tentant cependant de conserver l'objectif de l'unité des Palestiniens. [20].

[modifier] Principes

[modifier] Objectifs

Icône de détail Article connexe : Charte du Hamas.

Son objectif, tel que défini dans la charte du Hamas, rédigée en 1988, est l'établissement d'un état appliquant la charia (le code de jurisprudence religieuse musulmane) sur l'ensemble de la Palestine mandataire [21].

Selon Khaled Machaal, le dirigeant du Hamas, « la charte n'appelle pas du tout à la destruction d'Israël. En arabe, il est écrit : "Pour mettre un terme à l'occupation israélienne de la Palestine". Nous ne voulons pas nous débarrasser de l'autre, nous souhaitons seulement obtenir nos droits. » [22]

Le 10 janvier 2007, l’agence Reuters rapporte des propos de Khaled Machaal : « Il est vrai que, dans la réalité, il y aura une entité ou Etat appelé Israël sur le reste des terres palestiniennes », aurait-il déclaré, ajoutant cependant: « C'est une réalité mais je ne veux pas pour autant la reconnaître ou l'admettre formellement »[23]. Ces propos sont interprétés comme une reconnaissance indirecte de l’État d’Israël. Mais dès le lendemain, 11 janvier 2007, le président du groupe du Hamas au Parlement palestinien, Salah Bardawil, déclare au quotidien israélien Haaretz que les propos de Machaal « semblent avoir été déformés ». Bardawil précise : « Il n’a parlé d’aucune reconnaissance d’Israël, seulement d’un cessez-le-feu avec Israël »[24]. Le même jour, l’agence de presse chinoise cite la réaction d’Ismaïl Radwan, porte-parole du Hamas à Gaza : « Aucun changement n’a été apporté à la position du mouvement concernant la reconnaissance d’Israël ». Selon Radwan, les remarques de Machaal « ont été mal comprises »[25].

Après l'accord signé début février 2007 entre le Hamas et le Fatah sur la formation d'un gouvernement palestinien, le porte-parole du Hamas, Ismaïl Radwane, tient à préciser : « La position du Hamas est connue : la non reconnaissance de l'entité sioniste » [26].

[modifier] Idéologie

L'idéologie officielle du Hamas se veut à la fois Islamiste et Nationaliste. Elle est exprimée dans la Charte du Hamas. Cette idéologie officielle n’est pas toujours en cohérence avec les pratiques. De fait, au début 2006, le Hamas a confirmé étudier une charte réformée. Les indications ci-dessous sont essentiellement tirées de la charte de 1988.

[modifier] Volonté de créer un État religieux

« Quant à ses objectifs : Combattre le Mensonge, le défaire et le détruire pour que règne la Vérité, que les patries soient restituées, que l'appel à la prière annonçant l'établissement de l'État de l'islam soit lancé du haut de leurs mosquées. » (Article 9) [27]

« Dieu est son but, l'Apôtre son modèle et le Coran sa constitution. » (Article 9) [27]

Il n’est pas fait directement mention dans la charte d’une République islamique. Le mot « République » n'apparaît d'ailleurs pas. Certaines déclarations de dirigeants vont dans le sens d'une république islamique, mais pas toutes.

[modifier] Nationalisme palestinien

« Le Mouvement de la Résistance Islamique est un mouvement palestinien spécifique. » (Article 6) [27].

Ce nationalisme se considère cependant comme pleinement inséré dans un contexte plus large, celui du monde arabe et celui du monde musulman.

« La cause de la libération de la Palestine tient à trois cercles : le cercle palestinien, le cercle arabe et le cercle islamique. Chacun de ces trois cercles a un rôle propre à tenir dans la lutte avec le sionisme, chacun a des devoirs propres. » (Article 14) [27].

[modifier] Antisionisme islamique

« Le Mouvement de la Résistance Islamique considère que la terre de Palestine est une terre islamique waqf [de main-morte] pour toutes les générations de musulmans jusqu'au jour de la résurrection. Il est illicite d'y renoncer en tout ou en partie, de s'en séparer en tout ou en partie. » (Article 11) [27]

« Renoncer à quelque partie de la Palestine que ce soit, c'est renoncer à une partie de la religion. » (Article 13) [27]

« Le plan sioniste n'a pas de limite; après la Palestine, ils ambitionnent de s'étendre du Nil à l'Euphrate. Lorsque ils auront parachevé l'assimilation des régions jusqu'aux quelles ils seront parvenus, ils ambitionneront de s'étendre plus loin encore, et ainsi de suite. Leur plan se trouve dans les Protocoles des Sages de Sion. » (Article 32) [27]

On note cependant que si Israël n'est toujours pas accepté en 2006, le Hamas propose depuis plusieurs années une « trêve de très longue durée » (non définie) à Israël, en échange d’un retrait des territoires palestiniens occupés après la guerre de 1967. Ainsi, Dans une interview au journal russe Nezavisimaya Gazeta publiée lundi 13 février 2006, Khaled Meshal (basé à Damas, considéré comme un « faucon »), le chef politique du Hamas, indique que « si Israël reconnaît nos droits et s'engage à se retirer de tous les territoires occupés, le Hamas, et avec lui l'ensemble du peuple palestinien, décideront de mettre un terme à la résistance armée ».

Certains analystes considèrent qu'il s'agit là d'une reconnaissance de fait d'Israël, d'autres d'une simple adaptation pragmatique au rapport de force, sans évolution de fond. Les deux hypothèses ne sont d'ailleurs pas antinomiques : le Hamas a plusieurs tendances. Cependant le Hamas a jusqu'a présent démenti toutes reconnaissances implicites d'Israël.

[modifier] Anti-sémitisme

Au-delà de l’hostilité à Israël, la charte exprime aussi une forte hostilité aux juifs en général.

« Israël, par sa judéité et ses Juifs, constitue un défi pour l'islam et les musulmans. » (Article 28) [27]

« Grâce à l'argent, [les ennemis] règnent sur les médias mondiaux, les agences d'informations, la presse, les maisons d'édition, les radios, etc. Grâce à l'argent, ils ont fait éclater des révolutions dans différentes régions du monde pour réaliser leurs intérêts et les faire fructifier. Ce sont eux qui étaient derrière la révolution française, la révolution communiste. […] Ils ont obtenu la déclaration Balfour et ont jeté les bases de la Société des Nations pour gouverner le monde à travers cette organisation. Ce sont eux qui étaient derrière la Seconde Guerre mondiale, qui leur a permis d'amasser d'énormes profits grâce au commerce du matériel de guerre. Ils ont préparé le terrain pour l'établissement de leur État et ce sont à leurs instigations qu'ont été créés l'ONU et le Conseil de sécurité pour remplacer la Société des Nations, afin de gouverner le monde à travers eux. » (Article 22) [27]

«Leur plan se trouve dans les Protocoles des Sages de Sion et leur conduite présente est une bonne preuve de ce qu'ils avancent. (Article 32) [27]

Abdel Aziz al-Rantissi, un des représentants et co-fondateur du Hamas (assassiné en 2004 par l'armée israélienne), a déclaré en 2003 que la Shoah n'avait jamais eu lieu et que les sionistes étaient derrière les agissements des Nazis et qu'ils financèrent le nazisme.[28]

Par ailleurs, Mohammed al-Dheif, un des hauts responsables du Hamas dans la Bande de Gaza, a déclaré que le Hamas combat uniquement les juifs qui vivent en « Palestine » et qu'il ne s'en prend pas aux juifs qui prient dans leurs synagogues en Grande-Bretagne ou aux États-Unis [29].

Par ailleurs les programmes télévisés pour enfants du Hamas diffusent des émissions a connotations anti-sémites [30].

[modifier] Refus des négociations avec Israel

« Les initiatives, les prétendues solutions de paix et les conférences internationales préconisées pour régler la question palestinienne vont à l'encontre de la profession de foi du Mouvement de la Résistance Islamique […] Il n'y aura de solution à la cause palestinienne que par le djihad. Quant aux initiatives, propositions et autres conférences internationales, ce ne sont que pertes de temps et activités futiles. » (Article 13) [27]

« Le jour où les ennemis usurpent une terre qui appartient aux musulmans, le combat devient une obligation religieuse individuelle [fard 'ayn] qui incombe à chaque musulman. » (Article 15) [27]

On note cependant que depuis le 1er semestre 2005, le Hamas a proclamé un cessez le feu plus ou moins respecté. Concernant ces négociations avec Israël, les déclarations des dirigeants sont contradictoires (début 2006) : certains ne l’excluent pas totalement (Ismail Haniyeh). Khaled Meshal (basé à Damas, considéré comme un « faucon »), déclare par contre le 23/02/06 « Avec Israël nous ne parlerons jamais. Nous sommes prêt à parler avec n'importe qui d'autre [...] y compris les É.-U. ». [31]

[modifier] Pratique

[modifier] Structure

Dans la branche armée, il existe plusieurs groupes :

  • les étudiants Ayyash, les unités étudiantes de l'ingénieur Yahya Ayyash (en souvenir à Yahya Ayash, l'« ingénieur de bombes »)
  • les brigades Izz al-Din al-Qassam ou forces d'Izz al-Din al-Qassam (en souvenir du cheikh Izz al-Din al-Qassam, qui est considéré comme le père des résistants arabes modernes, tué par les Britanniques en 1935).

[modifier] Activités

[modifier] Action armée

Le Hamas pratique la résistance principalement sous forme d'Attentat-suicide (ou opération-kamikaze) contre des infrastructures sur le territoire israélien et de tirs de roquettes artisanales contre des colonies israéliennes. Les brigades de Izz al-Din al-Qassam, branche armée du Hamas, sont en particulier responsables de nombreuses attaques. Elles traquent aussi les Palestiniens qui collaborent avec Israël. La Commission des Droits de l'Homme des Nations unies, Amnesty International et Human Rights Watch[32] ont dénoncé des violations des Droits de l'Homme par la branche armée du mouvement.

[modifier] Liste (incomplète) des attentats commis par le Hamas
1994
  • 6 avril: opération-kamikaze à la voiture piégée à Afoula : 8 morts, 44 blessés
  • 13 avril: opération-kamikaze dans un autobus à Hadera : 5 morts
  • 19 octobre: opération-kamikaze dans l’autobus n° 5 rue Dizengoff à Tel-Aviv : 22 morts
  • 11 novembre : opération-kamikaze au point de passage de Netzarim : 3 morts
1995
  • 22 janvier double opération près de Netanya, qui fait 19 morts ; c'est la première opération réalisée conjointement par le Hamas et le Jihad islamique
  • 9 avril: opération-kamikaze dans l'autobus n°36 d'Egged : 9 morts, 50 blessés
  • 24 juillet: opération-kamikaze dans l'autobus n°20 de Ramat-Gan : 6 morts, 30 blessés
  • 21 août: une femme kamikaze se fait exploser dans l'autobus n°26 à Jérusalem : 4 morts, plus de 100 blessés
1996
  • 25 février: opération-kamikaze à la gare routière d'Ashquelon : 1 mort
  • 25 février : Premier attentat kamikaze touchant le bus n° 18 à Jérusalem : 26 morts et 80 blessés
  • 3 mars : Second attentat kamikaze touchant le bus n° 18 à Jérusalem : 19 morts et 7 blessés
  • 4 mars : attentat kamikaze durant les festivités de Pourim au Centre Dizengoff de Tel Aviv : 14 morts et 130 blessés, dont de nombreux enfants déguisés pour la fête
1997
  • 21 mars : attentat-kamikaze au café Appropo, à Tel Aviv : 3 morts
  • 30 juillet : attentat-kamikaze au marché Mahane Yehuda, à Jérusalem ; 16 morts et 178 blessés
  • 4 septembre : trois kamikazes se font exploser simultanément dans la rue piétonne Ben Yehouda, à Jérusalem ; 7 morts (dont les terroristes) et de nombreux blessés
2001
2002
2003
  • 5 mars: opération-kamikaze dans un bus allant à l’université de Haïfa ; 16 morts, 55 blessés
  • 30 avril: quelques heures après la nomination de Mahmoud Abbas comme Premier ministre palestinien, opération-kamikaze à Tel-Aviv, au café Mike’s Place : 3 morts (dont la Franco-Israelienne Caroline Hass) et 60 blessés
  • 11 juillet: opération-kamikaze dans le bus n°14 à Jérusalem : 17 morts
  • 19 août: un palestinien, prêcheur dans une mosquée de Hébron, se fait exploser dans un bus rempli d'enfants retournant du Kotel; le kamikaze était déguisé en Juif religieux et avait rempli sa bombe de billes de métal pour causer le maximum de victimes : 23 morts et 130 blessés
2004

[modifier] Activités politiques

Le Hamas s'engage aussi dans les domaines civils et politiques et a, par exemple, ses propres candidats lors des élections pour les chambres de commerce de Jordanie occidentale. Il gagne 74 des 132 sièges au parlement palestinien issu des législatives de janvier 2006.

Structuré, il œuvre avec des organisations travaillant aussi bien en secret qu'officiellement. Il recrute des nouveaux membres et récolte des dons dans les mosquées et les centres sociaux pour recruter de nouveaux membres. Il organise ses activités et distribue des documents à vocation politique.

[modifier] Mouvement caritatif

Le Hamas finance de nombreux programmes d'aide et de formation, avec le financement d'un certain nombre d'activités économiques locales  : création d'orphelinats, de dispensaires, élevage, production de vêtements pour l'emploi des femmes, mise en place de réseaux scolaire, etc[33]. Le Hamas est donc aussi un réseau caritatif, et jouit ainsi d'une certaine popularité auprés des classes sociales les plus pauvres. Il utilise un réseau d'associations de collecte de fonds implantées dans de nombreux pays européens.

[modifier] Localisation

Le Hamas est principalement présent dans la bande de Gaza et en Cisjordanie ainsi que dans les camps de réfugiés palestiniens dans les pays arabes limitrophes.

Certains leaders comme par exemple le chef politique du Hamas, Khaled Machaal sont réfugiés à Damas.

Le Hamas dispose également de centres d'entraînement miltaires en Syrie, au Liban, en Iran et au Soudan.

[modifier] Financement

Selon certains analystes, les Frères musulmans palestiniens étaient financés pendant les années 1970 et 1980 directement et indirectement par différents États comme l'Arabie saoudite et la Syrie.

Il s'appuie financièrement sur la diaspora palestinienne ainsi que sur de nombreux dons privés originaires du Moyen-Orient. Mais les activités de financement et de propagande se dérouleraient aussi en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord[réf. nécessaire].

[modifier] Position de l'union européenne et des États-Unis

Le ministère américain des affaires étrangères classe le Hamas comme organisation terroriste. Le 6 septembre 2003, les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne dénoncent les pratiques du Hamas et des ses sous-organisations. Quant à la France, elle s'est un temps opposée à l'ajout du Hamas dans la liste de l'Union européenne, jusqu'à ce que, interrogé à ce sujet par le quotidien israélien Haaretz le 19 juillet 2005, Jacques Chirac déclare : « le Hamas est une organisation terroriste qui ne peut être un interlocuteur de la communauté internationale tant qu'il ne renonce pas à la violence et ne reconnaît pas le droit à l'existence d'Israël. C'est la position de l'Union européenne ; elle est sans ambiguïté et ne changera pas. »

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Décision du Conseil du 21 décembre 2005
  2. Montreal Gazette, 30/03/2006
  3. Japan's Diplomatic Bluebook 2005, Japan's Foreign Policy in Major Diplomatic Fields
  4. Département d'Etat des Etats-Unis, Washington, D.C., 29 avril 2004
  5. Why Rising Popularity Poses a Dilemma for Hamas - TIME
  6. Article II de la charte du Hamas publiée en 1988 - traduction de Jean-François Legrain, chercheur au CNRS.
  7. « Hamas, le produit du Mossad », dans L'Humanité du 14 décembre 2001 et aussi « Hamas history tied to Israel » dans United Press International du 18 juin 2002, et “Les très secrètes 'relations' Israël-Hamas” dans Le Canard enchaîné du 1er février 2006 (n°4449)
  8. Hamas se prépare à la nouvelle donne, par Wendy Kristianasen (Le Monde diplomatique)
  9. Hamas from Cradle to Grave - Middle East Quarterly
  10. L'Humanité, « Hamas, le produit du Mossad »
  11. col.fr | Bilan du terrorisme en 2005
  12. The final results of the second PLC elections
  13. Le Monde.fr : Le raz de marée islamiste aux élections législatives palestiniennes
  14. “Hamas urges EU not to end funding” BBC, 30 janvier 2006.
  15. http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3207845,00.html
  16. Suicide Bombers' Mother Elected to Palestinian Parliament
  17. [1]
  18. [2]
  19. "New-look Hamas spends £100k on an image makeover", The Guardian, 20 janvier 2006.
  20. Le monde du 21 juin [3]
  21. Articles 6, 13, 11 et 27 de la charte du Hamas
  22. Interview d'Alix Van Buren parue le 27 janvier 2006 dans le quotidien italien « La Repubblica » et traduit par ISM.
  23. http://news.yahoo.com/s/nm/20070110/ts_nm/palestinians_meshaal_dc
  24. Hamas denies Meshal said group would consider recognizing Israel - Haaretz - Israel News
  25. Xinhua - English
  26. « Le Hamas refuse toujours de reconnaître Israël », Nouvel observateur, 9 février 2007
  27. abcdefghijkl Charte du Hamas publiée en 1988 - traduction de Jean-François Legrain, chercheur au CNRS.
  28. Which is Worse–Zionism or Nazism?, Al-Risala, 21 août 2003
  29. Documentaire sur le Hamas diffusé sur Aljazeera
  30. YouTube - Israel kills Mickey Mouse lookalike on Hamas children's show
  31. Traduction de (en) With Israel we will never talk - we are ready [to talk] with everyone else. Cité par Haaretz.
  32. Europeans Insist Hamas Must Disavow Terrorism - New York Times
  33. http://www.humanite.presse.fr/journal/2001-12-14/2001-12-14-255050 Article dans l'Humanité]