Hôtel de Massa

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Hôtel Thiroux de Montsauge (emplacement originel), photographie d'Eugène Atget (1906)
Hôtel Thiroux de Montsauge (emplacement originel), photographie d'Eugène Atget (1906)

L’hôtel de Massa se situe 38 rue du Faubourg-Saint-Jacques à Paris dans le 14e arrondissement.

Cet hôtel particulier du XVIIIe siècle se situait à l'origine sur l'avenue des Champs-Élysées. Il a été transféré en 1929 dans un parc détaché des jardins de l'Observatoire. Classé Monument historique, il est occupé depuis par la Société des gens de lettres.

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Sommaire

[modifier] Historique

De style classique, l'hôtel a été bâti de 1777 à 1778 par l'architecte Jean-Baptiste Le Boursier pour Thiroux de Montsauge, receveur des finances et fermier des Postes. Il s'élevait primitivement sur le « chemin » des Champs-Élysées, en pleine campagne, aujourd'hui à l'angle de la rue La Boétie et de l'avenue des Champs-Élysées. Cette folie a été le théâtre de nombreuses fêtes galantes, il abrita notamment les amours du comte d'Artois, frère de Louis XVI, du duc de Richelieu...

[modifier] L'hôtel connut dix possesseurs en soixante-treize ans

  • 1788 : Vendu au duc de Richelieu, Emmanuel Duplessis de Richelieu-Fronsac.
  • 1793 : Vendu comme Bien national, trois entrepreneurs s'y succèdent.
  • 1802 : Racheté par Bonaparte, premier Consul, pour l'État.
  • 1804 : Offert au comte Marescalchi, ambassadeur d'Italie à Paris.
  • 1815 : Racheté par la comtesse de Durfort, fille de Thiroux de Montsauge.
  • 1825 : Racheté par un entrepreneur, M. Bellet
  • 1827 : Vendu à la comtesse de Juigné, fille de la comtesse de Durfort
  • 1830 : Racheté par le comte Flahaut de la Billarderie
  • 1853 : Vendu au baron Roger du Nord, banquier d'origine suisse, sa fille épouse Alphonse Régnier, duc de Massa, petit-fils de Claude Ambroise Régnier, ministre de la Justice de Napoléon Ier. Celui-ci occupe l'hôtel depuis 1857.

En 1870, le duc de Massa, voyant défiler les troupes allemandes sur les Champs-Élysées, ferme ses volets et jure de ne les rouvrir que le jour de la revanche. C'est son petit-fils qui les rouvre le 14 juillet 1919, avant de les refermer le 15... L'hôtel reste à nouveau inoccupé jusqu'en 1926.

[modifier] Le déplacement

En 1927, il fut menacé de démolition. Il est racheté par deux hommes d'affaires, Théophile Bader qui est le président des Galeries Lafayette et André Lévy qui s'occupe d'opérations immobilières. Ils ne veulent pas occuper l'hôtel, mais construire sur les Champs-Élysées, devenue une avenue à la mode, un complexe magasins-banque-building édifié par André Arfvidson pour la National City Bank of America. L'hôtel étant classé, il n'est pas question de le démolir. Lévy, ami d'Édouard Herriot, ministre de l'Éducation Nationale, s'entend avec celui-ci pour organiser et financer le déplacement.

Il est donné à l'État en 1928 à la condition expresse qu'il soit mis à la disposition de la Société des Gens de Lettres, alors présidée par Édouard Estaunié, qui l'occupera pour 1 franc symbolique.

La SGDL avait occupé jusque là des locaux précaires au 14, Cité de Trévise, jusqu'en 1869, puis le bel Hôtel du 10, Cité Rougemont. L'État lui offrit une parcelle du jardin de l'Observatoire de Paris pour y reconstruire, très fidèlement, le coquet hôtel particulier de la rive droite sur décision d'Edouard Herriot [1], alors ministre de l'Instruction Publique et des Beaux-Arts.

Le bâtiment fut transporté pierre par pierre.Et on assista à la transhumance des pierres, des charpentes, des lambris, des parquets et du moindre des matériaux sous la direction d'André Ventre. Le mobilier Art Déco commandé à cette occasion à la Maîtrise des Galeries Lafayette (Maurice Dufrêne, Léon Jallot, Gabriel Englinger, Jean Besnard…) constitue un ensemble unique de 110 pièces qui a été classé Monument historique en 1984.

La SGDL a rassemblé dans cet hôtel de nombreux souvenirs littéraires ( portraits, bustes, autographes ) qui évoquent près de 170 ans de littérature.

Ce nouvel emplacement est à deux pas d'un immeuble, situé au n° 2 de la rue Cassini, au quatrième étage duquel Alain-Fournier écrivit le Grand Meaulnes à compter de l'année 1910.

Au n° 1 de cette même rue Cassini , Honoré de Balzac écrivit Les Chouans, Histoire des Treize, la Femme de trente ans et jeta les bases de la Comédie humaine. C'est à son instigation, et à la suite de sa célèbre Lettre aux écrivains français du XIXe siècle (1834) , que sera fondée en 1838 la SGDL, dont il deviendra le président en 1839[2], et qui occupe actuellement l'Hôtel de Massa tout proche de la rue Cassini.

[modifier] Notes et références

  1. Guide Bleu, Hachette Livre, p.564
  2. André Maurois : Prométhée ou la vie de Balzac. Hachette Livre , 1965

[modifier] Lien externe