Hébron

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31° 31′ 26″ N 35° 06′ 11″ E / 31.5240, 35.1030

Hébron (fr)
الخليل (ar)
חֶבְרוֹן (he)
Pays  Palestine
Altitude 930 m
Population (1997)  130 533 hab.
Site(s) touristique(s) Tombeau des Patriarches

Hébron (en arabe: Al-Khalil, الخليل; en hébreu: Hévron, חֶבְרוֹן) est une ville de Cisjordanie, dans la région des monts de Judée, au sud de Jérusalem. Cette ville est une des plus anciennes cités du Proche-Orient encore habitée.

Sommaire

[modifier] Signification du nom de la ville

Le nom arabe de Al-Khalil signifie l'Ami, en référence à Abraham, l' Ami de Dieu.

En hébreu, le nom de Hevron, déjà présent dans le texte biblique, a pour racine חֶבְר dont dérivent beaucoup de mots qui ont une signification de lier, associer, ou encore allier. Le mot hébreu Haver qui signifie ami est de cette même racine. Le suffixe du nom, composé d'un Vav et d'un Noun, indique un lieu. Hébron désignerait donc le lieu de l'alliance. Le nom d'Hébron n'a pas de rapport avec « Hébreu » : le premier commence par un Het, alors que le mot « Hébreu », 'Ivry, commence par un Ayin.

[modifier] Géographie

Hébron est située au Proche-Orient, en Cisjordanie, à environ 30 kilomètres au sud de Jérusalem. Hébron est à une altitude de 930 mètres au-dessus du niveau de la mer.

[modifier] Lieux remarquables

[modifier] Histoire

[modifier] Antiquité

Hébron est, jusqu'à la conquête de Jérusalem, la capitale du Royaume de Juda. Des jarres portant des sceaux de 700 avant l'ère commune ont été retrouvées à Hébron et mentionnent le nom de la ville en hébreu.

Après la destruction du Premier Temple de Jérusalem, la plupart des Israélites de Hébron ont été exilés à Babylone vers -587 et des Iduméens se sont installés dans la ville à leur place. Hérode le Grand a fait construire le mur d'enceinte qui entoure encore aujourd'hui le Tombeau des Patriarches.

Pendant la Première guerre judéo-romaine, la ville est conquise par Simon Bar Giora, chef des Sicaires.

Hébron est ensuite sous domination byzantine. L'empereur Justinien érige une église chrétienne sur le lieu du caveau des Patriarches au VIe siècle. Cette église sera détruite par les Sassanides.

[modifier] Moyen Âge

Le Califat établit sa domination sur Hébron sans résistance en 638. L'église byzantine est alors transformée en mosquée. Les échanges se multiplient avec les Bédouins du Néguev et la population à l'est de la mer Morte. Des sources musulmanes et chrétiennes notent que Omar Ier autorise les Juifs à construire une synagogue et un carré de cimetière près de la Grotte de Macpela.

Au XIXe siècle, Zedakah ben Shomron, un érudit karaïte, écrivit sur la présence juive permanente et décrit un homme juif comme le « gardien du tombeau ». El Makdesi, un historien arabe, décrit « une synagogue et une cuisine que les Juifs ont mises en place pour tous les pèlerins riches et pauvres » à la fin du siècle.

La domination arabe dure jusqu'en 1099, quand Godefroy de Bouillon prend la ville et la renomme "Castellion Saint Abraham". Les Croisés convertissent la mosquée et la synagogue en églises et les Juifs vivant à Hébron en sont expulsés.

En 1166, Maïmonide se rend à Hébron et écrit : « Et au premier jour de la semaine, le 9e jour du mois de Heshvan, je quittais Jérusalem pour Hébron pour embrasser les tombes de mes ancêtres dans la Cave de Makhpela. Et le même jour, je me tenais dans la cave et je priais, louant l'Eternel pour tout ».

Le kurde musulman Saladin prend Hébron en 1187, et redonne à la ville son nom de "Hébron". Richard Cœur de Lion lui reprend rapidement la ville.

En 1260, Baybars établit la domination des Mamelouks; des minarets sont construits sur la Mosquée Ibrahami construite à cette époque au-dessus du Tombeau des Patriarches.

Pendant cette période, une petite communauté juive continue de vivre à Hébron; toutefois, le climat est moins tolérant envers les Juifs et les Chrétiens que pendant l'époque musulmane. Une taxe est imposée aux Juifs qui veulent se rendre sur le Tombeau puis en 1266, un décret interdit l'accès aux Juifs et aux Chrétiens. Ils ne sont autorisés qu'à se tenir sur une marche à l'extérieur du mur oriental de la structure.

Jean de Mandeville écrit que les juifs et les chrétiens étaient vus « comme des chiens »[1]. De nombreux visiteurs juifs et chrétiens écrivent sur la communauté juive de Hébron. Parmi eux, un étudiant de Moshe ben Nahman (en 1270), le Rabbin Ishtori Haparchi (en 1322), Stephen von Gumfenberg (en 1449), Rabbi Meshulam de Voltara (en 1481) et Rabbi Ovadia mi Bertinoro, un illustre commentateur de la Bible (en 1489). Dès 1333, il est fait mention, par Hakham Yishak Hilo de Larissa (en Grèce) de visite à Hébron, de Juifs y travaillant le verre et commerçant du coton. Il note que à Hébron, "il y a une ancienne synagogue où ils prient jour et nuit".

[modifier] Sous la domination ottomane

De 1517 à 1917, la ville de Hébron est dans l'empire ottoman. Des groupes de Juifs venus d'autres parties de la Terre sainte ainsi que des Juifs expulsés d'Espagne et d'autres régions de la diaspora juive se réinstallent dans la ville.

Hébron devient alors un centre de l'étude juive. En 1540, Rabbi Malkiel Ashkenazi achète un terrain pour y construire la Synagogue Abraham Avinu. En 1807, la communauté juive achète une zone de 5 dounams, là où le marché de Hébron se tient aujourd'hui. Un pogrom se déclenche en 1834. En 1831, Ibrahim Pasha d'Égypte prend Hébron jusqu'en 1840.

[modifier] Sous le mandat britannique

En décembre 1917 et pendant la première guerre mondiale, les Britanniques occupent Hébron. La déclaration Balfour de novembre 1917 précise la position du Royaume-Uni en faveur de l'établissement d'un foyer national juif en Palestine.

À l'issue de la première guerre mondiale, la Société des Nations (ancêtre de l'ONU) donne aux Britanniques un mandat sur la Palestine, officialisé en juillet 1922. La population arabe organise à plusieurs reprises des troubles, notamment les émeutes de 1920.

En 1929, le conflit touche particulièrement la ville de Hébron où des Arabes massacrent 67 Juifs et en blessent 60. Des maisons juives et des synagogues sont saccagées.

Icône de détail Article détaillé : Massacre d'Hébron (1929).

Une commission d'enquête britannique est nommée après les émeutes.

Deux ans plus tard, 35 familles juives retournent sur les ruines du quartier juif de Hébron mais, après de nouveaux soulèvements arabes, le gouvernement britannique décide de déplacer tous les Juifs hors de Hébron pour « éviter un autre massacre ». Hébron est resté dans la Palestine mandataire britannique jusqu'en 1948.

[modifier] Pendant l'annexion jordanienne

Le Plan de partage de la Palestine de 1947 attribue Hébron à l'Etat arabe palestinien. Toutefois, suite à la Guerre de Palestine de 1948, ce dernier ne voit pas le jour et la ville passe sous contrôle égyptien puis suite à l'opération Yoav et la débâcle de l'armée égyptienne, sous contrôle jordanien.

En mars 1950, la Jordanie organise des élections et le Parlement élu vote en avril l'annexion de l'ensemble de la Cisjordanie par le Royaume hachémite de Jordanie. Les habitants reçoivent alors la nationalité jordanienne. L'annexion n'est toutefois reconnue que par la Grande-Bretagne. Elle est rejetée par la Ligue arabe et le gouvernement national palestinien établi à Gaza. Israël ne fait aucun commentaire officiel

Les Juifs ne sont plus autorisés à se rendre sur leurs lieux saints en Cisjordanie, notamment Hébron. Le quartier juif et des cimetières sont détruits et un enclos à animaux est construit sur les ruines de la synagogue Abraham Avinu.

Après la guerre des Six Jours en juin 1967, Hébron et le reste de la Cisjordanie passent sous le contrôle militaire puis administratif israélien.

C'est en juillet 1988 que le royaume de Jordanie renonce officiellement aux territoires de Cisjordanie, mettant fin à la représentation électorale des populations au sein du parlement jordanien, et faisant redessiner les cartes du royaume pour le limiter à la rive Est du Jourdain, dans les frontières qu'on lui connaît aujourd'hui.

[modifier] Sous l'administration israélienne

Après le succès militaire israélien de la guerre des six jours, Israël prend le controle de la Cisjordanie administrée sous le nom des régions de Judée (au sud autour de Hébron) et de Samarie.

En 1969, un groupe de Juifs s'installent à nouveau à Hébron, même si un compromis avec le gouvernement concentre la présence juive au simple site de peuplement de Kiryat Arba, dans l'Est de la ville. À partir de 1979, des Juifs sortent de Kiryat Arba pour fonder le Comité de la Communauté Juive de Hébron dans l'ancien quartier juif autour de la Synagogue Abraham Avinu, puis dans d'autres quartiers de la ville comme Tel Rumeida.

[modifier] Depuis les accords d'Oslo

Depuis 1967, les Arabes de Palestine expriment leurs revendications sur la Cisjordanie incluant Hébron.

La première Intifada se déroule en partie en Cisjordanie où les attaques anti-israéliennes se multiplient. Les accords d'Oslo mettent Palestiniens et Israéliens à la table des négociations pour une résolution du conflit israélo-palestinien.

La communauté juive de Hébron est particulièrement opposée à la signature des accords d'Oslo puis des accords bilatéraux qui sont négociés par Israël et la nouvelle Autorité palestinienne.

En 1994, Baruch Goldstein, un militant nationaliste religieux israélien qui se définissait comme fidèle du rabbin Kach, ouvre le feu sur des prieurs musulmans au Tombeau des Patriarches et massacre 29 personnes. L'attaque est condamnée par le gouvernement israélien et la population israélienne et entraine l'interdiction du mouvement Kach et Kahane Chai.

La communauté juive israélienne de Hébron est l'objet d'attaques nombreuses qui se multiplient après les accords d'Oslo[2], et tout particulièrement après le déclenchement de la Seconde Intifada incluant contre elle des attaques-suicides, des attaques à l'arme blanche et des tirs depuis le quartier de Abu-Sneina. 12 Israéliens sont tués dans une embuscade sur le chemin du Tombeau des Patriarches et un enfant est tué par un sniper. Deux observateurs de la présence internationale du TIPH sont tués par des tireurs palestiniens dans une attaque sur une route vers Hébron[3],[4],[5].

Depuis le début de l'année 1997, comme le prévoit le Protocole d'Hébron[6], la ville est divisée en deux zones: H1, sous contrôle palestinien, et H2 (la zone où se trouvent une enclave de peuplement juif de 600 à 800 habitants près du centre-ville et environ 30000 Palestiniens) sous contrôle israélien.

Le nombre d'habitants palestiniens dans la zone H2 a diminué au cours de la période de la Seconde Intifada; à cause des restrictions de mouvements et des couvre-feux imposés par l'armée en invoquant des raisons de sécurité[7],[8].

Des fonds des pays arabes, envoyés pour la reconstruction de maisons détruites au bulldozer par l'armée à Hébron pendant la Seconde Intifada, n'ont pas été utilisés à ces fins. Des soupçons d'enrichissement personnel dans l'entourage de Yasser Arafat ont été évoqués[9].

[modifier] Démographie

Enfants palestiniennes à Hébron
Enfants palestiniennes à Hébron

Hébron est peuplée de 130 533 habitants selon le recensement de 1997 : 130 000 musulmans, 530 juifs et 3 chrétiens[10].

L'évolution de la démographie de la ville est la suivante en croisant différentes sources :

Années Musulmans Chrétiens Juifs Total Notes
1538 749 f 7 f 20 f 776 f (f = foyers) ; Source : Cohen & Lewis
1817 500 [10]
1838 700 [10]
1837 423 Recensement de Montefiore
1866 497 Recensement de Montefiore
1922 16 074 73 430 16 577 Recensement du mandat britannique
1929 700 [10]
1930 0 [10]
1931 17 275 112 135 17 522 Recensement du mandat britannique
1944 24 400 150 0 24 550 Estimations
1967 38 203 106 0 38 309 Recensement
1997 130 000 3 530 130 533 [10]

Les chiffres après 1967 n'incluent pas la communauté juive de Kiryat Arba, voisine de Hébron et qui n'en fait pas techniquement partie. Il y a là-bas 7000 résidents juifs.

[modifier] Religion

Hébron est un des lieux saints des trois religions abrahamiques. Ce lieu saint, aujourd'hui partagé entre une synagogue et une mosquée, est vénéré par les juifs, les chrétiens et les musulmans.

[modifier] Selon la Bible

Le tombeau des Patriarches
Le tombeau des Patriarches

Selon la Bible, les patriarches hébreux Abraham, Isaac et Jacob y séjournèrent à tour de rôle et y furent ensevelis avec leurs épouses respectives dans la grotte de Macpéla

Selon le Pentateuque (Ge 18 et Ge 23, parasha Vayera et Haye Sarah) Abraham, séjourne dans ce lieu du Pays de Canaan également désigné comme comme Kiriyat Arba. C'est près d'Hébron que se trouve le Chêne de Mamré où Abraham reçoit la visite des trois anges dont l'un va annoncer la naissance d'Isaac. Il y achète la cave de Macpéla afin d'y enterrer son épouse décédée, Sarah.

Hébron est également mentionné comme l'un des objectifs des 12 explorateurs envoyés par Moïse lorsque le peuple d'Israël réside dans le désert après sa sortie de l'esclavage d'Égypte.

Cette ville fait partie de la conquête du pays de Canaan par Josué. Dans le livre de Josué, la ville est donnée à Caleb et à sa famille, pour récompenser leur mérite. Hébron devient ainsi la capitale de la Tribu de Juda.

Dans le Deuxième livre de Samuel, Hébron est offerte au roi David comme sa capitale lorsqu'il régna sur le Royaume de Juda, avant que Jérusalem ne devienne la capitale du royaume d'Israël unifié.

La ville de Hébron est également parfois mentionnée parmi les villes d'assignation des Lévites, notamment de la famille de Kohath.

[modifier] Selon le Coran

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

  • Sur l'état de la vieille ville en 2008 et les rapports entre les habitants et les colons, lire l'étude de René Gaudy "Petit guide du vieil Hébron" in Revue d'études palestiniennes, n° 98 (hiver 2006), n° 102 (hiver 2007)et n° 104 (automne 2007-Tel Rumeida) Chapitres 1, 2 et 3. Editions de minuit
  • An Architectural Survey of Raboud (South of Hebron) by Dr. Prof. Ibrahim Iqtait, in Web Journal on Cultural Patrimony (Fabio Maniscalco ed.), vol. 1, janvier-juin 2006

[modifier] Références

  1. (en) The Travels of Sir John Mandeville
  2. Fatal Terrorist Attacks in Israel Since the DOP (Sept 1993) - Compte-rendu du ministère israélien des Affaires étrangères, 24 septembre 2000
  3. . Les Palestiniens sont l'objet d'attaques nombreuses de la part des colons, notamment à Tel Rumeida où se trouve une école primaire. Casualties of War, The Jerusalem Post
  4. Victims of Palestinian Violence and Terrorism since September 2000, Israel Ministry of Foreign Affairs
  5. Major Terrorist Attacks in Israel, Anti-Defamation League
  6. Protocol Concerning the Redeployment in Hebron, United Nations Information System on the Question of Palestine, 17 janvier 1997
  7. Israeli NGO issues damning report on situation in Hebron, Agence France-Presse, 19 août 2003
  8. Hebron, Area H-2: Settlements Cause Mass Departure of Palestinians, B'Tselem, août 2003
  9. A Kuwaiti Daily Reports Arafat Deposited $5.1 Million from Arab Funds into His Personal Account, Middle East Media Research Institute, 14 juin 2002
  10. abcdef Jewish Virtual Library