Gustave Le Gray

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« J'émets le vœu que la photographie
au lieu de tomber dans le domaine de l'industrie, du commerce,
rentre dans celui de l'art. »

Gustave Le Gray (30 août 1820 - 29 juillet 1884) est un photographe français.

Inventeur et artiste, il se distingue par sa maîtrise de la technique photographique, au niveau de la composition comme au niveau de la lumière.

Sommaire

[modifier] Biographie

Brick au clair de lune, une marine de Gustave Le Gray, 1856-1857
Brick au clair de lune, une marine de Gustave Le Gray, 1856-1857

D'abord destiné à devenir clerc de notaire, Gustave Le Gray réussit à convaincre sa famille que son avenir est dans la peinture. En 1842, il suit l'enseignement de Paul Delaroche à l'École des beaux-arts, il y rencontre ses amis Henri Le Secq, Charles Nègre et Jean-Léon Gérôme. Dès 1843 Paul Delaroche est contraint de fermer son atelier, sa décision de partir en Italie influence ses élèves. Le Gray, puis Gérôme et Le Secq s'y retrouvent.

Bien que Le Gray ait continué à peindre (il expose aux salons de 1848 et 1853), ses tableaux n'ont pas retenu l'attention. C'est en effet dans la photographie que sa réputation s'établit et qu'il reçoit ses premières commandes.

En 1850, il met au point le négatif sur verre au collodion humide (qui sera perfectionné par Frederick Scott Archer), puis, l'année suivante, le négatif sur papier ciré sec.

1851 est une date charnière pour la photographie et pour Gustave Le Gray. Il est membre fondateur de la Société héliographique (qui deviendra ensuite la Société française de photographie). Il est parallèlement un des cinq photographes sélectionnés par la commission des monuments historiques, pour accomplir ce qui sera nommée la Mission héliographique (Le Gray, Edouard Baldus, Mestral, Henri Le Secq, Hippolyte Bayard). Cette mission a pour but le recensement des monuments du territoire national, et lui offre l'occasion d'expérimenter à grande échelle ses nouveaux procédés et de prouver sa virtuosité en prenant jusqu'à 30 clichés en un seul jour [1]. Le Gray, Mestral et Le Secq utiliseront le négatif papier ciré, Baldus le négatif papier gélatine et Bayard le négatif verre albuminé. Le Gray et Mestral, élève de ce dernier, effectueront d'ailleurs le voyage ensemble.

Ses œuvres les plus célèbres datent de 1856 à 1858. Sur les côtes normande, méditerranéenne et bretonne, il réalise une série de Marines d'une grande beauté [2]. Il utilise la technique des ciels rapportés pour donner au paysage l'intensité dramatique qu'il souhaite. À cette époque, il était difficile, à cause des différences de luminosité, de reproduire simultanément ciel et paysage. Le Gray contourne ce problème en réalisant des tirages en deux temps, à l'aide de deux négatifs (l'un pour le paysage, l'autre ensuite pour le ciel, d'où le terme de ciel rapporté).

[modifier] Le photographe officiel

À cette époque, il est alors un portraitiste reconnu, et devient progressivement le photographe officiel de la famille impériale. Pour Napoléon III, la photographie devient un moyen rapide de diffuser l'image d'un souverain moderne [3]. Gustave Le Gray est notamment invité au camp de Châlons-sur-Marne dont il tire un reportage [4] dans lequel il parvient à concilier son sujet à une composition travaillée. L'un des 10 albums de photographies réalisés en 1857 a été vendu 696 730 euros en 2007[5].

[modifier] Le voyage en Orient

Mais les créanciers de Le Gray s'impatientent des retombées financières attendues de ses succès et celui-ci doit fermer son atelier en 1860, victime de sa gestion approximative.
C'est le moment que choisit Alexandre Dumas pour réaliser son rêve de voyage en Orient. Gustave Le Gray saute sur l'occasion en embarquant avec l'écrivain. À peine le voyage commencé, la prise de Palerme par Giuseppe Garibaldi décide Dumas à rejoindre les révolutionnaires et offre à Le Gray l'occasion d'illustrer les désastres provoqués par les bombardements de l'armée sicilienne. Les photos montrent une ville sans vie, devenue silencieuse [6]. La photo de Garibaldi en révolutionnaire romantique fera rapidement le tour de l'Europe [7].
Le voyage reprend mais à Malte, Dumas se débarrasse de ses compagnons de voyage dont Le Gray. Sans revenus, ils proposent leurs services au Monde illustré qui les envoie en Syrie pour suivre un détachement de l'armée française.
Le Gray, blessé, profite de sa convalescence pour s'installer un atelier.

En 1861, il rejoint Alexandrie (photographies d'Henri d'Artois ainsi que du futur Édouard VII du Royaume-Uni) d'où il écrit à Nadar et envoie encore des photos mais à Paris, ce sont surtout ses créanciers et une femme dont il est bien content d'être éloigné qui entretiennent son souvenir.

En 1864, il quitte un peu plus l'Europe en s'installant au Caire où il vit de cours de dessins et de la protection d'Ismaïl Pacha. Au cours des vingt dernières années de sa vie, il continue à photographier [8]. En 1867, à l'occasion de l'exposition universelle, il envoie des photographies dans l'indifférence générale. À sa mort en 1884, ses œuvres sont dispersées par son fils ; de nombreuses photos n'ont pas encore été retrouvées.

[modifier] Influences

Gustave Le Gray a eu une grande influence sur l'évolution de la photographie vers un sixième art. Alexandre Dumas disait de lui : « J'ai compris que le photographe comme Le Gray est à la fois un artiste et un savant » [9].

  • En publiant des traités en 1850, 1851, 1852 et 1854 (ce dernier étant une synthèse de ses trois précédents manuels) dans lesquels il explique ses inventions techniques : le négatif sur verre (en 1851, qui sera perfectionné par Scott Archer), le négatif sur papier ciré sec (en 1852) et de nouvelles méthodes de fixage des tirages positifs (en 1852).
  • En participant à la fondation de la Société héliographique et du journal La Lumière en 1851, ainsi que de la Société française de photographie en 1854.

Il maintient la tradition de l'atelier d'artiste en faisant de ses ateliers, rue de Richelieu puis boulevard des Capucines, à Paris, des lieux d'apprentissage pour les élèves mais aussi des salons ouverts au milieu artistique, dans lesquels se succéderont de nombreux élèves et visiteurs. Citons : Léon de Laborde et Maxime du Camp, Nieuwerkerke (surintendant des Beaux-Arts), Alexandre Dumas, Victor Cousin, Henri Le Secq, Charles Nègre, Mestral, Eugène Le Dien, Eugène Piot, Victor Place, Olympe Aguado, Édouard et Benjamin Delessert, John B. Greene, Félix Avril, Emmanuel Peccarère, Léon Méhédin, le peintre Lodoïsch Crette Romet, Adrien Tournachon et son frère Nadar. C'est la première fois qu'un enseignement de la photographie de cette ampleur a lieu.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Gustave Le Gray - Feuilletoirs - Paysages - Mission héliographique
  2. [1], [2] et [3]
  3. Gustave Le Gray - La photographie officielle
  4. Gustave Le Gray - Feuilletoirs - Reportages - Camp de Châlons
  5. Réponses Photo, no 190S, janvier 2008.
  6. Gustave Le Gray - Feuilletoirs - Reportages - Palerme
  7. Gustave Le Gray
  8. Gustave Le Gray - Feuilletoirs - Orient
  9. Causerie Le Monte Cristo n° 38 du 5 janvier 1860, p. 594.

[modifier] Bibliographie

  • Sylvie Aubenas, Gustave Le Gray (Phaidon, n° 55)
  • Sylvie Aubenas, Le Gray, l'œil d'or de la photographie. (Découvertes Gallimard. Hors série)
  • Sylvie Aubenas (dir.), Gustave Le Gray. 1820-1884 (Catalogue de l'exposition « Gustave Le Gray, 1820-1884 », du 19 mars au 16 juin 2002) (Coédition BNF / Gallimard, 2002)
  • Le Gray en inventeur de la photographie. Sur les pas de ses découvertes. Martin Becka, (ISBN 2951823908)
  • La Mission héliographique. Cinq photographes parcourent la France en 1851 : Baldus, Bayard, Le Gray, Le Secq, Mestral, A. de Mondenard, (ISBN 2858226903)

[modifier] Liens extérieurs

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