Guignol

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Affiche d'un théatre de Guignol
Affiche d'un théatre de Guignol

Guignol est une marionnette française née à Lyon vers 1808.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Origine

Laurent Mourguet, l'inventeur de Guignol, la marionnette de rue. Buste avenue Doyenné, Lyon, 69005 (France).
Laurent Mourguet, l'inventeur de Guignol, la marionnette de rue. Buste avenue Doyenné, Lyon, 69005 (France).

Son créateur Laurent Mourguet faisait partie de ces nombreux canuts qui, mis au chômage par la Révolution, s'était reconverti en marchand forain, puis en arracheur de dents. Pour attirer la clientèle et couvrir les cris de ses patients, il amusait la foule avec ses marionnettes. Ayant épuisé le répertoire italien (Polichinelle), il passa vers 1805 à Gnafron, cordonnier aimant bien la bouteille et fort en gueule, avant de créer Guignol vers 1808.

Sur une base textuelle improvisée selon l'humeur du marionnettiste et l'actualité du jour, le spectacle remplissait une fonction de gazette, se dressant en souriant contre les injustices que subissent les petites gens. Guignol était donc corrosif avant de devenir, à Paris, un spectacle pour les enfants.

[modifier] Guignol au XXe siècle

Après la célébration du premier centenaire en 1908, le Guignol lyonnais des frères Pierre et Ernest Neichthauser connut un très grand succès national et même international. Cette gloire du Théâtre du Gymnase du quai Saint Antoine allait s'estomper après la guerre de 39/45.

A partir des années 60, c'est la troupe du Petit Bouif qui allait tenir le haut du pavé dans son théâtre de la rue Saint Georges, et sous l'impulsion de Jean-Guy Mourguet (descendant à la cinquième génération du créateur de Guignol, dont il reprenait le nom).

Après l'ultime spectacle de la troupe fin 1990 germera chez Jean-Guy Mourguet l'idée de léguer sa collection (de marionnettes, accessoires, documents…) au village de Brindas (où il habite, et où les Neichthauser ont vécu aussi), avec la perspective d'y ouvrir un musée. Ce sera finalement chose faite en Janvier 2008 (et grâce à la CCVL, communauté de communes des Vallons du Lyonnais).

[modifier] Guignol aujourd'hui

En 1998, la Compagnie des Zonzons se voit confier le Guignol du très officiel Théâtre Municipal de la ville de Lyon. En plus des spectacles pour enfants, ils essaient de renouer avec une tradition plus adulte en commentant l'actualité dans les bistrots.

En 2008, la ville de Lyon célèbre le bi-centenaire de la naissance de Guignol. Des nombreuses manifestations sont prévues au cours de l'année.

Un musée-théâtre abritant une importante collection de marionnettes données par Jean-Guy Mourguet (descendant de Laurent Mourguet), a ouvert ses portes à Brindas[1] cette même année.

[modifier] Un symbole lyonnais

Notre âme populaire lyonnaise, elle, s'est logée dans une poupée de bois[2] dira Justin Godart, homme d'état et spécialiste de l'identité lyonnaise.

Guignol est un symbole des traditions lyonnaises et dans les pièces, on retrouve des expressions lyonnaises qui ont tendance à disparaître.

Symbole utilisé à des fins touristique, il s'affiche sur les brochures de l'office du tourisme, sur l'autoroute à l'entrée de l'agglomération, sur certains bus (ligne 6), et sur des timbres (en 1994 puis 2003).

[modifier] Société des amis de Guignol

En 1911, un comité est créé afin d'élever un monument à la mémoire de Laurent Mourguet. L’inauguration d'une stèle aura lieu quelques mois plus tard, avenue du Doyenné dans le Vieux-Lyon. Il reste alors un peu d'argent de la souscription. Justin Godart propose alors d'utiliser ces fonds pour créer une association avec pour pour but "la conservation et l’enseignement des traditions notamment du théâtre Guignol, du caractère et de l’esprit lyonnais". Nommée : la société des amis de Guignol, l'association existe toujours, et compte plus de 600 adhérents.[3]

[modifier] Personnages

Les personnages principaux du théâtre de Guignol sont :

  • le canut Guignol,
  • Gnafron, ami de Guignol réputé pour être amateur de Beaujolais, c'est le regrolleur
  • Madelon : la femme de Guignol,
  • Toinon : la femme de Gnafron,
  • le gendarme (certains lui donnent le nom de Flageolet, mais ce nom n'apparaît pas dans les textes traditionnels),
  • Canezou : le propriétaire,
  • le Bailli (juge)

[modifier] Étymologie

L'origine du nom de Guignol est controversée. Trois hypothèses principales ont été formulées :

– l'expression ancienne : c'est guignolant pour très drôle ;

– Un canut nommé Jean Guignol, ayant des ancêtres venus d'une ville de Lombardie : Chignolo ;

– la référence au titre d'une comédie en vogue : Nitouche et Guignolet.

[modifier] Répertoire

Laurent Mourguet était analphabète (pourtant, les canuts, ouvriers qualifiés, étaient réputés savoir lire et écrire). Il n'y a donc aucune trace des premières pièces.

Curieusement, c'est la censure imposée par Napoléon III (loi de juin 1851), en contraignant les troupes à soumettre leurs textes, qui permet la conservation de ce patrimoine oral. En 1852, Victor-Napoléon Vuillerme-Dunand, le lettré de la troupe de Mourguet, dépose douze manuscrits (mais cette formalité n'empêche pas les marionnettistes d'improviser et de dire ce qu'ils ont à dire). Ce sont les premières traces écrites de Guignol, précieusement conservées à Lyon, au musée Gadagne.

Mais c'est surtout grâce à Jean-Baptiste Onofrio que nous est parvenu le répertoire "classique". Ce magistrat a publié en 1865 puis en 1889, deux volumes de textes. Il revendique cependant dans la préface, avoir censuré certaines grivoiseries.

Depuis, le répertoire de Guignol a été transcrit dans de nombreux ouvrages.

[modifier] Les classiques

Parmi les pièces classiques du répertoire de Guignol, on trouve :

  • Le pot de confiture
  • Le déménagement
  • Les frères Coq
  • Les Couverts Volés
  • La Racine merveilleuse

[modifier] Les variantes

En 1911 plusieurs auteurs se sont amusés à écrire des parodies d'opéras ou de drames pour Guignol. Cette expérience, particulièrement pittoresque, ne semble pas avoir eu de suites.

[modifier] Castelet

Le traditionnel décor du castelet servant aux représentations de Guignol se situe à Lyon, Place de la Trinité, devant le Café du Soleil.

La tradition veut que Guignol joue à droite du public et soit tenu par la main gauche du marionnettiste (et l'inverse pour Gnafron).

Comme dans un théâtre classique, le côté cour (à droite du spectateur lorsqu'il regarde la scène) s'appelle donc le côté Gui (pour Guignol). Et le côté jardin (à gauche) prend le nom de côté Gna (pour Gnafron). Les entrées de la rue se font du côté Gui. L'entrée des appartements se fait côté Gna.[4]

Représentation de théatre de Guignol, à Paris, dans le jardin d'acclimatation.
Représentation de théatre de Guignol, à Paris, dans le jardin d'acclimatation.

[modifier] Autres guignols

Pour les articles homonymes, voir Les Guignols.

Le terme Guignol a essaimé hors de la région lyonnaise. Il désigne soit une marionnette, soit une personne qui s'amuse et amuse les autres. Citons :

  • Les Guignols de l'info est une émission satirique de marionnettes de la chaîne de télévision française Canal+.
  • Dans la marine à voile, un guignol désigne un dispositif pour raidir le mât (ou une partie de celui-ci). Il est composé d'un triangle rigide perpendiculaire au mât, sur lequel viennent s'appuyer deux câbles tendus qui assurent la rigidité.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Études sur Guignol

  • Marcel Maréchal, Une Anémone pour Guignol, 1975, Christian Bourgois.
  • Paul Fournel, L’histoire véritable de Guignol, 1975, Federop, réédition Slatkine.
  • Paul Fournel, Guignol, "les Mourguet", 1995, Seuil.
  • Tancrède de Visan, édition complétée par Gérard Truchet, Le Guignol Lyonnais, 2004.
  • Gérald Gambier, Guignol, 2004, La Taillanderie.
  • Jean-Paul Tabey, Guignol, marionnette lyonnaise, 2006, Editions Alan Sutton. [1]

[modifier] Recueils de pièces

  • Théâtre lyonnais de Guignol, recueilli et présenté par Jean-Baptiste Onofrio. Marseille : J. Laffitte, 1998, 512 p.
  • Théâtre des marionnettes : répertoire Guignol du XIXe siècle, textes réunis par Louis-Edmond Duranty. Arles : Actes sud, 1995, 570 p. Coll. "Babel" n° 182.

[modifier] Pièces à l'unité

  • Le Marchand de coups de bâton, José-Luis Gonzalez. Paris : Seuil jeunesse, 2003, 54 p.
  • Guignol fait des blagues, Marie-Thérèse Sprocani. Paris : Art et comédie, 2005, 51 p. Coll. "Côté cour".

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « guignol » sur le Wiktionnaire.

La chaîne de télévision éducative Cap Canal propose, gratuitement sur son site, 7 captations de spectacles de Guignol interprétés par la Compagnie des Zonzons[2]

[modifier] Références

  1. Informations sur Internet
  2. Justin Godart, Guignol et l'esprit lyonnais, Lyon, s.e, 1909, p.5.
  3. La Société des Amis de Lyon et Guignol
  4. Les amis de Guignol