Guerre sainte

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Une guerre sainte [1] est une guerre lancée au nom d'un Dieu ou approuvée par une religion. Le concept apparaît chez Augustin d'Hippone dans son célèbre ouvrage La cité de Dieu contre les païens où il expose que, si les païens ne veulent pas comprendre les beautés et vérités du christianisme dès qu'on leur expose, il faudra se résoudre à leur faire la guerre. Il commente cette parole de Luc XIV.23 contrains-les d'entrer.

Compte tenu du caractère structurant pour les hommes et les peuples de leur foi, cette idée fit fortune et de telles guerres sont particulièrement longues et dures.

Elle peut être offensive (dans ce cas, pour convertir, chasser ou anéantir des ennemis religieux), ou défensive (lorsque les dignitaires religieux estiment que la défaite aura un impact crucial sur leur foi, en raison des croyances de l'ennemi ou de la nature sacrée des lieux en cause).

Parmi les guerres se retrouvent la conquête musulmane du bassin méditerranéen, les croisades et le Djihâd. Les musulmans se lancèrent, dès les débuts de cette religion, dans des guerres destinées à conquérir et soumettre à l'Islam les autres peuples. Ils ne s'arrêtèrent que lorsqu'ils trouvèrent une opposition suffisamment puissante, devant Byzance et dans le royaume des Francs. Les chrétiens organisèrent des croisades au Moyen Âge pour tenter de récupérer Jérusalem ou pour lutter contre les Cathares. Les guerres de Religions sont également à compter comme des guerres saintes. Remarquons qu'il n'y était pas question de chercher des conversions : les Cathares furent tous tués, et la raison officielle des croisades était ouvertement affichée comme géopolitique : replacer la liberté de passage vers Jérusalem dans sa situation d'avant 1071.

Chez les musulmans, le mot « Djihâd » signifie "lutte". L'interprétation de certains pays religieusement autonomes comme le Maroc est néanmoins, officiellement, de considérer le Djihâd comme une guerre contre soi-même et ses mauvais penchants (voir soufisme). Ce point de vue n'est pas partagé par la mouvance wahhabite, y compris dans ce même Maroc.

Au vingtième siècle, l'invasion de la Chine fut officiellement qualifié de "guerre sainte" (seisen) par le gouvernement de Fumimaro Konoe. La propagande nippone puisa alors abondamment dans la tradition shinto et notamment le concept du hakko ichi'u (huit coins du monde sous un seul toit), revitalisé par le kokka shinto, pour assurer la mobilisation du peuple autour de l'empereur Shōwa et sa "mission divine". Deux des principaux outils de propagande du régime shōwa furent le Movement National de Mobilisation Spirituelle et la Ligue des Parlementaires adhérant aux Objectifs de la Guerre Sainte.

Les disputes théologiques internes aux grandes religions peuvent mener à des guerres au nom de l'orthodoxie, comme les nombreuses guerres de religion lors de l'avènement du protestantisme ou les combats entre sunnites et chiites en Islam. Dans la pratique, les raisons de ces guerres sont plus souvent qu'on ne l'affirme des raisons économiques ou géopolitiques[réf. nécessaire].

Les ésotéristes, affiliés ou non aux grandes religions monothéistes, entendent par "guerre sainte" le combat pour la purification de soi-même. Le terme "guerre sainte" peut alors être nommé comme "Voie" au sens spirituel du terme.[réf. nécessaire]

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[modifier] references

  1. Guerre de religion ou guerre(s) religieuse(s), guerre sainte. Lutte armée entre partisans de religions différentes. «Sans parler ici des barbares sacrifices (...), ni des guerres religieuses des Anciens» (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 457).
    Rem. En France, guerres de religion s'applique aux guerres qui ont opposé les catholiques aux protestants durant le XVIe s. [1]

[modifier] Bibliographie

  • Jean Flori,La guerre sainte. La formation de l'idée de croisade dans l'Occident chrétien, Paris, (éd.Aubier-Flammarion), 2001. ISBN 2-7028-4475-8
  • Jean Flori,Guerre sainte, jihad, croisade. Violence et religion dans le christianisme et l'islam, Paris, (éd. du Seuil : Point Histoire) ISBN 2-02-051632-2