Grisélidis Réal

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Grisélidis Réal (11 août 1929 - 31 mai 2005) était une écrivaine et une prostituée genevoise (Suisse).

Sommaire

[modifier] Biographie

Née à Lausanne en 1929, dans une famille d'enseignants, elle rejoint son père à l'âge de six ans à Alexandrie, puis à Athènes, où son père meurt alors qu'elle n'a que 9 ans. Revenue à Lausanne avec sa mère, Grisélidis en reçoit une éducation très rigide contre laquelle elle se révolte. Elle entreprend des études aux Arts Décoratifs à Zurich et est diplômée en 1949. Mariée à 20 ans, elle a deux fils, divorce au bout de six ans et part avec ses deux enfants et son nouveau compagnon pour l'Allemagne. Elle se retrouve sans argent, sans papiers et sans le droit de travailler, si bien qu'en 1961 elle décide de se prostituer dans un bordel clandestin de Munich pour nourrir ses trois enfants. Elle est emprisonnée pour avoir vendu de la marijuana à des soldats américains, puis rapatriée en Suisse où elle continue à se prostituer quelque temps.

Son premier livre, Le Noir est une couleur (Balland, 1974), est un ouvrage autobiographique.

Au cours des années 1970, Grisélidis Réal devient une activiste, une des meneuses de la «Révolution des prostituées» à Paris : 500 filles occupent la Chapelle Saint-Bernard, à Paris, en juin 1975 et réclament la reconnaissance de leurs droits. Rejetant l'argument selon lequel une femme ne se prostitue que si elle y est obligée par le souteneur, elle déclare que la prostitution peut aussi être un choix, une décision. Elle tient à ce que ses deux professions, « péripatéticienne et écrivain », figurent sur ses documents officiels.

Grisélidis amène sa «Révolution» à Genève en 1977 et reprend la prostitution, activité abandonnée sept ans auparavant. Elle est une des fondatrices en 1982 de l'association de défense des prostitués Aspasie. Elle a étendu son combat en participant à des conférences internationales, en venant parler de ce qu'elle considère comme son métier dans des universités, en donnant de nombreuses interviews et en animant des réunions publiques. Dans son petit appartement des Pâquis, elle crée un centre international de documentation sur la prostitution.

Parallèlement à ce combat politique, Grisélidis Réal a toujours revendiqué le rôle social de la prostitution qu'elle conside comme une activité qui soulage les misères humaines et qui a sa grandeur. En 1977 elle écrit que «...la prostitution est un acte révolutionnaire». Elle a développé une vision positive de ce qu'elle a appelé en janvier 2005 (dans la préface de Carnet de bal d'une courtisane), « un Art, un Humanisme et une Science ». Mais elle reconnaissait également le côté sordide de son travail dont elle parlait avec des termes crus. Loin de toute caricature et de n'importe quelle position morale, avec son esprit libre et sans complaisance mais aussi sa générosité authentique, Grisélidis Réal a incarné une vraie vision de la dignité humaine.

Grisélidis Réal arrête de se prostituer en 1995, à l'âge de 66 ans après trente ans d'activité, quatre enfants et onze avortements. Trois ans plus tôt, en 1992, elle publie La Passe imaginaire, compilation de lettres envoyées à son ami Jean-Luc Hennig entre l'été 1980 et l'hiver 1991. Un second volume Les Sphinx rassemble les lettres qu'elle lui a écrites à partir de juin 2002, la dernière étant datée du 26 mai 2005.

[modifier] Œuvre

  • Le Noir est une couleur, Paris, Balland, 1974 ; Lausanne, Éditions d'en bas, 1989; Paris, Verticales, 2005.
  • La Passe imaginaire, Vevey, L'Aire/Manya, 1992; Paris, Verticales, 2006.
  • À feu et à sang, recueil de poèmes écrits entre mai 2002 et août 2003, Genève, Éditions Le Chariot 2003
  • Carnet de bal d'une courtisane, in "Le Fou parle" 11 (décembre1979); Paris, Verticales, 2005.
  • Les Sphinx, Paris, Verticales, 2006.
  • Le carnet de Griselidis, paroles de Grisélidis Réal et Pierre Philippe, musique de Thierry Matioszek et Alain Bashung, chanson interprétée par Jean Guidoni sur l'album "Putains", 1985.

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Luc Hennig, Grisélidis, courtisane, Paris, Albin Michel, 1981
  • Philippe Renaud, Péripépathétiquement vôtre, In : Écriture, Lausanne, 47, 1996, p. 103-126
  • (imaginé par Gérard Laniez), "Grisélidis réal, La Nuit Écarlate ou Le Repas des Fauves",association HIMÉROS 2006

[modifier] Source

Traduction de l'article de la wikipédia de langue anglaise (version du 19 avril 2006)

[modifier] Liens externes

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