Georges Politzer

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Georges Politzer, né en 1903 à Nagyvárad (Hongrie) - aujourd'hui Oradea, en Roumanie (région de Transylvanie) - et fusillé en 1942 au mont Valérien, était un philosophe et théoricien marxiste français d’origine hongroise, appelé affectueusement par certains le « philosophe roux ». Il était marié à Maï Politzer.

[modifier] Biographie

Engagé dans l’insurrection hongroise de 1919, il s’exile à l’âge de dix-sept ans à la suite de l’échec de la république des Conseils, dirigée par Béla Kun. Le pays entre dans l’ère Horthy.

Il s’installe à Paris en 1921 après avoir rencontré Sigmund Freud et Sándor Ferenczi et en cinq ans, il conquiert tous ses titres académiques, jusqu’à l’agrégation de philosophie. Suite à la fondation par le Parti communiste français au début des années 1930, de l'Université ouvrière de Paris, qui sera dissoute en 1939 avec les organisations du parti communiste sur application du décret Sérol , Georges Politzer s’investit et est chargé du cours de matérialisme dialectique. Lecteur de Karl Marx et de Lénine, il s’intéresse beaucoup à la psychologie, prônant le côté « concret » de cette dernière, par rapport à la psychologie traditionnelle qu’il qualifie d’« abstraite ». Il s’intéresse vivement à la théorie freudienne naissante et à ses outils avant de prendre ses distances vis-à-vis de celle-ci. Parallèlement, il occupe le poste de professeur de philosophie au lycée Marcelin Berthelot à Saint-Maur-des-Fossés.

Mobilisé à Paris en 1940, il reste aux côtés de la direction clandestine du Parti communiste. Démobilisé en juillet 1940, il dirige l’édition d’un bulletin clandestin. Suite à l’arrestation, en octobre 1940 de son camarade et ami Paul Langevin, physicien de renommée mondiale, il sort le premier numéro de L’Université libre, relatant l’emprisonnement du savant et dénonce toutes les exactions commises par les envahisseurs. L’Université libre paraîtra en 1940 et 1941.

Il est arrêté en février 1942 et fusillé en mai.

L’Université ouvrière renaîtra malgré tout après la Libération sous le nom d’Université nouvelle. Malgré sa mort tragique et ses prises de positions ouvertement anti-fascistes, Georges Politzer ne fut reconnu comme « interné résistant » qu’à titre posthume et après une très longue bataille juridique qui ne se termina qu’en 1956.

Son ouvrage posthume, Principes élémentaires de philosophie, réalisé à partir de notes prises par ses élèves, fut le premier ouvrage interdit par le régime militaire instauré en Turquie en 1980.

[modifier] Citations

  • « Tant qu’on dira : il y a dans l’histoire de la philosophie des philosophies sans matière et des philosophies s’épuisant dans une débauche d’artifices honnêtes ou pharisiens, avec l’inconscience parfaite d’être privés de matière, on ne discutera plus que sur les dates ; tant qu’on dira : les renaissances de l’esprit correspondent à la découverte d’une matière nouvelle et les nuances sont alors balayées parce qu’on pose les problèmes en grands termes, ils nous féliciteront de l’ingéniosité de nos vues. Mais quand on dira : il faut que dès maintenant les problèmes soient posés en grands termes ; il faut que dès maintenant les nuances soient balayées, car voici la matière nouvelle : alors nous ne seront plus que des simplistes et des ignorants et par-dessus le marché, des énergumènes. Et toute la bonne disposition qu’on pouvait avoir pour nos idées s’évaporera, tout de suite, du seul fait que nous voulons leur donner la précision qu’elles comportent. Car telle est la loi de la situation. Les philosophes de la philosophie sans matière sont inconscients et le comique qui pèse sur eux c'est qu’ils savent de science certaine qu’il y a eu des philosophes inconscients d’être privés de matière et qu’ils sont parfaitement impuissants à diagnostiquer chez eux la maladie qu’ils reconnaissent pourtant chez les autres. » L’Esprit, cahiers, mai 1926
  • « Et il faut avouer que, pour la philosophie nouvelle, il ne peut pas y avoir de dualisme entre la certitude et la sécurité, puisque les spéculations rattachent ceux qui la préconisent à ceux qu’on appelle les ennemis de la société. Et se trouvant ainsi, heureusement, en désaccord avec l’État, les nouveaux philosophes n’auront plus que la certitude. Philosopher véritablement sera de nouveau une occupation dangereuse comme dans les temps héroïques. Les philosophes seront de nouveau amis de la vérité, mais par là même ennemis des dieux, ennemis de l’État et corrupteurs de la jeunesse. La philosophie comportera de nouveau un risque. Une sélection se produira donc. Ne viendront à la vérité que ceux qui l’aiment au point d’oser transformer les aventures spirituelles en aventures matérielles. » Ibidem

[modifier] Œuvres

  • Critique des fondements de la psychologie, 1928
  • Le Bergsonisme, une mystification philosophique, Éditions sociales
  • Sang et or, ou l’Or vaincu par le sang, novembre 1940
  • Révolution et contre-révolution au XXe siècle, Éditions sociales, mars 1941
  • Principes élémentaires de philosophie, Éditions sociales, notes prises aux cours professés à l'Université ouvrière de 1935-1936
  • Écrits, 1. La Philosophie et les Mythes, Éditions sociales, 1973
  • Écrits, 2. Les Fondements de la psychologie, Éditions sociales