Georges Lemaître

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Georges Lemaître
Georges Lemaître

Georges Lemaître (Monseigneur) (Charleroi, 17 juillet 1894Louvain, 20 juin 1966) est un chanoine catholique, astronome, physicien belge.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Les études

Il est l'aîné d'une famille de quatre enfants. En 1904, il entre au collège des jésuites de Charleroi (Collège du Sacré-Cœur). Il est admis à l'école des mines de Louvain en 1911. Il y rencontre Charles Manneback, un collègue qui devient son ami. Il suit les cours d'analyse de Charles de la Vallée Poussin et de mécanique d'Ernest Pasquier, qui l'initie aux problèmes de cosmologie.

Au début de la Première Guerre Mondiale, il s'engage dans le 5e corps des volontaires et participe ainsi à la bataille de l'Yser. Il quitte l'armée en tant qu'adjudant et reprend ses cours de mathématiques et de sciences physiques à l'Université Catholique de Louvain en 1919. Cette même année, il obtient son baccalauréat en philosophie thomiste et entame son doctorat avec De la Vallée Poussin. Il débute une première thèse sur la fonction zêta de Riemann qu'il ne parvient pas à conclure. Il change alors de sujet et soutient sa thèse en 1920.

Afin d'obtenir une bourse de voyage, il rédige en 1922 un mémoire sur La Physique d'Einstein, lui permettant de remporter la distinction. Il écrit son premier article scientifique en août 1923. Il est admis cette même année à l'université de Cambridge comme étudiant-chercheur.

[modifier] Cambridge et les États-Unis

Il y suit les cours de l'astronome Arthur Eddington et travaille avec ce dernier. Il rencontre à un congrès à Toronto le physicien Ludwick Silberstein qui y fait une communication sur une approximation de la taille de l'univers. Lemaître s'inscrit peu après au Massachusetts Institute of Technology et travaille sur plusieurs thématiques, la relativité générale, l'étude des étoiles variables et une théorie d'Eddington tentant de relier l'électromagnétisme à la gravitation. Il perçoit alors le caractère non statique de l'univers. Il rencontre Edwin Hubble et s'entretient avec Robert Millikan. En 1926, il soutient sa thèse sur le calcul du champ gravitationnel d'une sphère fluide de densité homogène.

[modifier] Louvain

Il revient alors comme enseignant à l'université de Louvain. Il fait alors sa première communication en 1927 sur un univers en expansion et rédige un article dans les Annales de la Société scientifique de Bruxelles à ce sujet. Il en discute avec Albert Einstein qu'il rencontre la même année au cours du cinquième Congrès Solvay à Bruxelles. Une première confirmation expérimentale de sa théorie viendra dès 1929 par un article d'Hubble décrivant la relation entre la vitesse d'éloignement et la distance de différentes galaxies lointaines. Lemaître émet alors sa théorie de l'atome primitif, début temporel de l'univers, appelé plus tardivement Big Bang et publie un article dans ce sens dans la revue Nature. Il soupçonne également le rayonnement cosmique de porter la trace des événements initiaux.

Il fait alors de nombreux voyages aux États-Unis, rencontrant plusieurs fois Albert Einstein à Pasadena. Il est invité dans de nombreuses universités prestigieuses et gagne une réputation dans le grand public. Il reçoit la médaille Mendel en 1934, réservée aux scientifiques catholiques de haut niveau, et la même année, le Prix Francqui. Il travaille à partir de 1933 sur un modèle d'univers non homogène, nommé a posteriori, modèle de Lemaître-Tolman (du nom de Richard Tolman qui a travaillé avec lui à Pasadena), expliquant les condensations et la formation des galaxies. Il étudie à nouveau le rayonnement cosmique, notamment avec Carl Störmer, ce qui l'oblige à recourir aux machines à calcul qu'il va très vitre maîtriser.

Le 13 mai 1940, Lemaître rejoint sa famille à Charleroi et projette un passage en Angleterre mais échoue dans son exode devant la rapidité de l'avance allemande. Il retourne alors à Louvain et continue à y enseigner. Lors de la fermeture de l'université libre de cette ville, imposée par l'occupant, il y accueille les étudiants dans les locaux de l'université catholique. Dans la nuit du 11 au 12 mai 1944, une partie de ces derniers est détruite par un bombardement aérien allié. Il rejoint alors sa mère à Bruxelles (son père est décédé depuis deux ans).

À la libération, il reprend son travail et s'intéresse à la formation des nébuleuses. Pour cela, il devient l'un des pionniers belges des machines à calculer et s'intéresse à leur programmation en langage machine, puis en assembleur avant d'étudier d'autres langages comme l'algol.

[modifier] Le chanoine

Il entre au séminaire (maison Saint-Rombaut de Malines) en 1920 pour être ordonné prêtre en 1923. Il entre dans la Fraternité Sacerdotale des Amis de Jésus à partir de 1922. Il réussira par la suite à concilier ses vocations scientifiques et religieuses, ne sacrifiant jamais l'une à l'autre et prenant, en particulier, une interprétation symbolique et non pas littérale de la Genèse. Il distingue ainsi la notion de "commencement" de celle de "création", la première étant une entité physique, la seconde un concept philosophique. À partir de 1926, il est l'aumônier d'une maison d'étudiants chinois.

Il est nommé chanoine honoraire en 1935.

En 1951, il manifeste son désaccord avec un discours de Pie XII, Un' Ora, ce dernier voulant démontrer l'existence de Dieu par les apports récents de la science. Le pape évoque le travail de Lemaître sans le citer nommément. Cette relation entre science et théologie n'est pas du tout en accord avec les conceptions de ce dernier. Sa critique est respectueuse, suggérant que le discours ait été écrit par une autre personne.

En 1960, il est nommé Prélat domestique du pape Jean XXIII ainsi que Président de l'Académie pontificale des sciences. Il y accueille de nombreux scientifiques de renom comme Paul Dirac ou John Eccles et essaye de préserver une relative autonomie de cette institution, au moins vis-à-vis de la curie.

En 1962, il fonde avec Gérard Garitte, quand éclate la Crise de Louvain, l'ACAPSUL (association du personnel scientifique de l'Université de Louvain), qui s'opposa virulement à l'expulsion des Wallons et des francophones de Louvain.

En 1964, Lemaître fait un infarctus du myocarde. Il développe une leucémie à partir de 1966 et décède dans la nuit du 19 au 20 juin de cette année.

[modifier] Travaux

En 1927, indépendamment des travaux d'Alexander Friedmann de 1922, Georges Lemaître affirme que l'univers est en expansion, se fondant sur les travaux de Vesto Slipher et Edwin Hubble. Il est le premier à formuler la loi de proportionnalité entre distance et vitesse de récession des galaxies, dont la nature extragalactique vient d'être démontrée quelques années plus tôt. Il fournit une première évaluation de la constante de proportionnalité, ce qu'on appelle aujourd'hui la constante de Hubble. Cette estimation, figurant dans son article de 1927 rédigé en français, ne sera pas traduite dans sa version anglaise réalisée par Arthur Eddington, et sera découverte empiriquement par Hubble quelques années plus tard. Il propose une évolution de l'univers à partir d'un « atome primitif ». Cette théorie fut rebaptisée « Big Bang » par Fred Hoyle en 1948 ou 1950, au cours d'une émission de radio. Prix Francqui 1934.

[modifier] L'homme

Le chanoine Lemaître ne savait donner cours que dans le chahut. Il réclamait celui-ci de ses étudiants, en leur demandant s'ils étaient malades lorsque le calme régnait dans l'auditoire.

[modifier] Postérité

L'astéroïde (1565) Lemaître a été nommé en son honneur. La maison parentale, Boulevard Devreux acquise par l'université de Louvain est maintenant nommée " Maison Lemaître". Le souvenir de sa découverte est gravé sur le monument qui orne le carrefour dit "le Luxembourg" à l'intersection des boulevards Devreux et Audent, des rues Willy Ernst et du Pont Neuf.

[modifier] Bibliographie

  • Un atome d'univers, Dominique Lambert, éditions Lessius, éditions Racine, Bruxelles, 2000, 361 p, ISNB 2-87299-088-7
  • Mgr Georges Lemaître, savant et croyant: actes du colloque tenu à Louvain-la-Neuve le 4 novembre 1994 [suivi de] La physique d'Einstein, texte inédit de Georges Lemaître édités par Jean-François STOFFEL, Turnhout, Brepols, 1996, 371 p.
  • Lemaître, le père du Big Bang, les génies de la sciences, avril 2007.
  • G.Lemaître a été élu parmi les Cents Wallons du siècle par un panel de professeurs, créateurs, scientifiques et parlementaires wallons réuni par l'Institut Jules Destrée [1]