Georges Cadoudal

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Georges Cadoudal
Surnom : Georges
Naissance : 1er janvier 1771
près d'Auray
Décès : 25 juin 1804 33 ans)
Paris
Origine : Français, Breton
Allégeance : Chouan
Arme : cavalerie
Grade : Maréchal de France
Service : 1793 - 1804
Conflits : Chouannerie et Guerre de Vendée
Commandement : Armée des Chouans du Morbihan
Faits d'armes : Bataille de Nantes
Siège de Granville
Siège d'Angers
Bataille du Mans
Bataille de Savenay
Bataille de Grand-Champ
Siège de Quiberon
Bataille du pont du Loc'h
Distinctions : Grande Croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
Photo: Georges Cadoudal

Georges Cadoudal, (1771-1804), est une figure emblématique de la chouannerie. Son nom est aussi synonyme en Bretagne de la résistance, jusqu’au martyre, au jacobinisme parisien. Son charisme et son intransigeance en font un personnage important de la contre-révolution soutenu indéfectiblement par sa conviction religieuse et la cause royale.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il est né le 1er janvier 1771], dans la ferme familiale de Kerléano-en-Brech, près d'Auray, où son père était meunier. Après des études au collège Saint-Yves de Vannes, il devient clerc de notaire, non sans avoir envisagé une carrière dans la marine ou le sacerdoce dans les ordres.

Le 6 ventôse an I (24 février 1793), un mois à peine après l'exécution de Louis XVI, la Convention décrète la levée de 300 000 hommes. Comme de nombreux hommes du « Grand Ouest », Cadoudal refusa catégoriquement la conscription et la loi imposée par les révolutionnaires parisiens.

Dès l'apparition de la Chouannerie, il décida immédiatement de s'engager dans l'armée dirigée par le major-général Stofflet, dans laquelle il se fit remarquer tant par sa force physique prodigieuse que par sa culture générale étendue et son intelligence tactique. Il ne tarda pas à être promu chef d'escadron dans l'armée insurgée. Le 19 mars, la peine de mort est décrétée par la Convention pour tous les insurgés de Vendée.

Lors de la défaite des armées vendéennes à Savenay, le 3 Nivôse an II (23 décembre 1793), alors capitaine de cavalerie de la Grande Armée Catholique et Royale, il réchappa du désastre et se replia en Bretagne pour organiser la résistance royaliste face aux armées républicaines dans le Morbihan. Il fut arrêté une première fois et emprisonné à Brest. Parvenu à s'évader, il rejoint les troupes insurgées du Morbihan, commandées par Sébastien de La Haye de Silz, et est promu chef de légion.

De retour en Bretagne, il coordonne la résistance aux Bleus et organise une insurrection à Brest. Il est arrêté le 30 juin 1794 avec sa famille ; sa mère meurt lors de cette détention. Le 27 juillet 1794, il entre dans la clandestinité.

Il est blessé lors d'un combat survenu à Florange.

En 1795, Cadoudal est responsable des Chouans du Morbihan en lutte contre les républicains, mais tient à garder son indépendance à l'égard du comte de Joseph de Puisaye, qui veut prendre le commandement de toute la chouannerie. Au printemps 1795, il s'oppose avec force aux conventions de paix signées entre les armées royalistes et républicaines à La Jaunaye et à La Prévalaye et il continue la guerre en dépit de la paix signée à La Mabilais le 23 avril 1795.

Le 23 juin, quatorze mille Chouans se rassemblent près de Quiberon et le 26 c'est le débarquement en baie de Carnac de quatre mille émigrés, soutenus par les Britanniques. À Vannes ils se heurtent à Hoche et doivent se replier sur la presqu’île de Quiberon, où ils sont assiégés. Le 21 juillet, ils capitulent – 748 d'entre eux sont fusillés.

Cadoudal est nommé major général du Morbihan le 16 août 1795, il unifie l'armée des Chouans et les troupes des émigrés qui ont échappé au piège de Quiberon. Ils reprennent Sarzeau le 19 décembre, Locminé le 7 avril 1796 mais, en infériorité numérique, il doit se soumettre à Hoche le 16 juin 1796. Dans la lettre qu'ils lui font remettre, lui et ses hommes déclarent : « Nous jurons que nous détestons la royauté et tous ses signes caractéristiques et nous promettons de ne jamais souffrir quiconque oserait se présenter devant nous revêtu de ces marques infâmes de la tyrannie[1]. » Le 22, la paix est conclue, mettant fin à la guerre civile dans l’ouest. Bien qu'ayant signé cette paix précaire, il se consacra parallèlement à une réorganisation complète de la chouannerie bretonne, ainsi qu'à une pacification civile par l'élimination des bandes armées incontrôlables. Il poursuit son action sur le terrain politique et maintient les contacts avec les autres responsables de la contre-révolution.

Georges Cadoudal
Georges Cadoudal

Avec le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), la politique du Directoire réactive la chouannerie et les mouvements contre-révolutionnaires avec l’aide financière et matérielle de la Grande-Bretagne. Cadoudal est maître de la Bretagne occidentale et réceptionne des armes venues de la Grande-Bretagne. En 1798, Louis XVIII lui confie officiellement le commandement en Bretagne. Activement recherché par les Bleus, il demeure insaisissable, bénéficiant d'un réseau efficace et de caches introuvables. Il refait apparition le 17 avril 1799 en s'emparant de Sarzeau et il manqua de peu de s'emparer de Vannes en août 1799 mais son action fut stoppée par le coup d'état du 18 brumaire An VIII (9 novembre 1799).

Contrairement à de nombreux chefs chouans qui décidèrent de composer avec le nouveau régime, Cadoudal se refusa au compromis et multiplia les actions armées durant l'automne et l'hiver 1799-1800, jusqu'à une nouvelle défaite survenue à la bataille du pont du Loc'h, qui le contraignit, le 14 février 1800, au château de Beauregard, à Saint-Avé (Morbihan), à signer une convention de paix avec le général Brune, prélude à une éventuelle réconciliation avec le régime.

À cet effet, Napoléon Bonaparte, Premier consul, le convoqua à Paris quelques semaines plus tard, lui offrant la grâce et un grade de général en échange de sa reddition, lors d'une entrevue qui est qualifiée d' « houleuse ». Cadoudal refusa toutes les propositions de Bonaparte et passa clandestinement en Grande-Bretagne, où se trouvait le comte d'Artois, frère de Louis XVIII, qui lui conféra le titre de Lieutenant général des armées du Roi.

Figure 1 : Mausolée de Cadoudal dans le village de Kerléano à Auray
Figure 1 : Mausolée de Cadoudal dans le village de Kerléano à Auray

Il retourna en Bretagne, afin de participer à la conspiration de la machine infernale (24 décembre 1800) visant à l'assassinat du Premier consul. Encerclé par le général Brune, Cadoudal fait sa soumission au Premier Consul qui lui propose un commandement dans l'ouest au grade de général et une rente : proposition refusée. L'échec de la conspiration le conduisit à retourner en Grande-Bretagne jusqu'en août 1803, date à laquelle il revint à Paris pour organiser le complot auquel fut associé le général Pichegru et Moreau, conspiration qui visait cette fois à l'enlèvement du Premier consul, et qui échoua à la suite d'indiscrétions en février 1804, Cadoudal avait refusé de s'associer aux conspirateurs mais fut néanmoins arrêté en février 1804 et condamné à deux ans de prison.

La dernière arrestation de Georges Cadoudal, le 25 mars 1804, fut très mouvementée, donnant lieu à une véritable course-poursuite dans les rues de la capitale. Tandis que le général Pichegru était étranglé dans sa cellule le 6 avril, le procès eut lieu sans heurt et aboutit, le 10 juin, à la condamnation à mort de Cadoudal et à une peine de deux ans de prison pour le général Moreau, qui fut rapidement exilé. En l'absence de tout élément tangible, il ne semble pas qu'il faille accorder de crédit aux rumeurs selon lesquelles la dénonciation du complot émanerait du général Moreau, qui avait refusé de suivre les conjurés dans leur entreprise.

Figure 2 : Mausolée de Cadoudal à Kerléano (Auray).
Figure 2 : Mausolée de Cadoudal à Kerléano (Auray).

Georges Cadoudal refusa farouchement, par principe, toute idée de demande de grâce, alors que tout laisse à penser que Bonaparte était en fait demandeur en la matière, et le cerveau de la conspiration fut guillotiné le 25 juin 1804. On rapporte que, placé sur le plateau de la guillotine, il aurait crié : « Mourons pour notre Dieu et notre Roi », reprenant ainsi la devise des insurgés vendéens. Son corps servira aux étudiants de la faculté de médecine.

On peut supposer que le Premier consul puis Empereur, qui avait espéré jusqu'au bout un « retournement » de Georges Cadoudal, conserva envers lui un certain ressentiment, puisqu'il ne s'opposa pas à ce que les restes du conspirateur, au lieu d'être ensevelis après la mise à mort, soient récupérés à des fins « médicales », le squelette étant exposé en faculté de médecine durant tout le Premier Empire.

La chute du régime napoléonien donna lieu à des funérailles solennelles pour Cadoudal, dont les restes furent inhumés à Auray, dans un mausolée (figures 1 et 2) construit à cet effet sur la colline de Kerléano, à proximité immédiate de sa maison natale, tandis que la monarchie restaurée l'élevait, à titre posthume, à la dignité de maréchal de France, et que l'un de ses neveux, désormais appelé Louis de Cadoudal, était anobli.

[modifier] Décorations

  • Grande Croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

[modifier] Cadoudal en 2004

Une association d’Auray pour le souvenir de Georges Cadoudal avait fait réaliser une statue en bronze, par le sculpteur André Jouannic. L'association comptait faire placer l'œuvre dans le parc attenant au mausolée et procéder à l'inauguration le 26 juin 2004, pour le bicentenaire de l'exécution. La mairie d'Auray a fait connaître son opposition formelle une quinzaine de jours avant la date prévue, contraignant l'association à se mettre en quête d'un autre lieu pour l'installation de la statue. L'énorme pierre en granit qui devait servir de promontoire à la statue ayant été déposée dans le parc avant l'opposition de la mairie, s'y trouve toujours ; son poids rend son enlèvement difficile.

[modifier] Bibliographie

  • Procès contre Georges Cadoudal, Pichegru et autres, compte-rendus recueillis par des sténographes, Archives historiques du ministère de la Guerre.
  • Jean-Julien Savary, Guerres des Vendées et des chouans contre la république française, Paris, 1824-1827 (6 volumes).
  • Georges de Cadoudal, Georges Cadoudal et la chouannerie, Paris : Plon, 1887.
  • Léon Dubreuil, Histoire des insurrections de l'Ouest, Paris : Éditions Rieder, 1929 (2 volumes).
  • G. Lenotre, Georges Cadoudal, Paris : Grasset 1929.
  • G. Lenotre, La conspiration de Cadoudal, Paris : Flammarion 1934.
  • Commandant Henry Lachouque et Jacques Arna, Cadoudal et les Chouans, Amiot-Dumont, 1951.
  • Jean de La Varende, Cadoudal, Paris : Éditions françaises d'Amsterdam, 1952.
  • Duc de Castries, la Conspiration de Cadoudal, Éditions Del Duca, 1964.
  • Philippe Roussel, De Cadoudal à Frotté. La Chouannerie de 1792 à 1800, Paris : Éditions de la Seule France, 1968.
  • Jean-François Chiappe, Georges Cadoudal ou la Liberté, Librairie Académique Perrin, 1971.
  • Jean Rieux, La Chouannerie sur les pas de Cadoudal, Quimper : Nature et Bretagne, 1976 (réédition 1985 : Éditions Artra, 391 pages).
  • Anne Bernet, les Grandes Heures de la chouannerie, Paris : Perrin, 1993.
  • Patrick Huchet, Georges Cadoudal et les Chouans, Rennes : Éditions Ouest-France, 1997.
  • Anne Bernet, Histoire générale de la chouannerie, Paris : Perrin, 2000.
  • J. Rouget de l'Isle, Historique et mémoires de Quiberon.

[modifier] Notes et références

  1. Jean Favier (dir.) Chronique de la Révolution française, Larousse, 1988, p. 532.
  • En Bretagne, au moins seize rues portent son nom, d'après Les Noms qui ont fait l'histoire de Bretagne, 1997.