Gamal Abdel Nasser

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Gamal Abdel Nasser et Khrouchtchev
Gamal Abdel Nasser et Khrouchtchev

Gamal Abdel Nasser (en arabe جمال عبد الناصر, traditionnellement transcrit Gamal ʻabd an-Naṣr par les arabisants) (15 janvier 1918 à Alexandrie - 28 septembre 1970) fut le deuxième président de l'Égypte après Mohammed Naguib. Il est à l'origine de l'idéologie nassérienne, et peut être considéré comme l'un des plus grands meneurs arabes de l'histoire.

Sommaire

[modifier] Sa jeunesse

Gamal Abdel Nasser
Gamal Abdel Nasser

Ce fils de fonctionnaire des postes est né à Alexandrie en 1918. Il a passé une partie de son enfance avec un de ses oncles révolutionnaire vivant au Caire. À l'âge de 16 ans, il a été incarcéré après des combats de rues entre un mouvement indépendantiste égyptien, El Fatat (Jeune Égypte) et la police. Il deviendra par la suite membre de ce groupe.

Il était actif dans des groupes égyptiens contre la domination étrangère après avoir obtenu son diplôme de l'Académie militaire. Il participe à la Guerre israélo-arabe de 1948-1949 ; il sera blessé à l'épaule par un tireur isolé et pendant plusieurs mois, à la fin de la guerre il est bloqué avec ses hommes dans la poche de Faluja en Palestine. Lorsqu'un cessez-le-feu est obtenu il est autorisé à retourner en Égypte.

Il est le grand architecte de la station de radio La voix des Arabes.

[modifier] Président de la nouvelle république

Le lieutenant-colonel Nasser fonde et devient le leader du Mouvement des officiers libres. C'était un groupe de jeunes militaires âgés en général de moins de 35 ans, qui avait pour but de renverser le roi Farouk. Le 23 juillet 1952, il conduit un coup d'État militaire contre le roi Farouk Ier, et proclame la république un an plus tard.

Le pays est alors gouverné par un conseil révolutionnaire réunissant onze officiers sous les ordres de Nasser. Nasser qui était le ministre de l'intérieur était considéré comme le véritable instigateur du coup d'État. Au début de 1954 il arrête le dirigeant du pays, le général Mohammed Naguib, en l'accusant de soutenir la confrérie des frères musulmans. Le 25 février il devient le premier ministre égyptien. Deux ans plus tard il est le seul candidat à l’élection présidentielle et devient donc le deuxième président de l'Égypte.

Nasser centralise l'État égyptien, il fait augmenter les pouvoirs du président de la république, il nationalise l'industrie, procède à une réforme agraire, et met en œuvre de grands projets de travaux public, comme le barrage d'Assouan.

La tendance de Nasser à la manipulation dramatique de la politique fut mise en exergue par une mise en scène de la tentative du 26 octobre 1954 de son assassinat[réf. nécessaire]. Pendant qu'il faisait un discours, Mahmoud Abd al-Latif, un supposé membre des Frères musulmans, tira huit balles vers lui. Bien qu'à courte distance tous les tirs échouèrent. Nasser continua à parler en disant : « Laissons-les tuer Nasser. Il n'est qu'un parmi beaucoup. Mes chers concitoyens restez où vous êtes. Je ne suis pas mort. Je suis vivant, et même si je meurs vous êtes tous Gamal Abdel Nasser ». Ce sens de l'à-propos et l'absence de réaction des gardes du corps font penser que cela était un faux attentat. Pour autant la plupart des études sérieuses sur le sujet ainsi que l'audition du discours de Nasser après l'attentat laissent peu de doutes sur la réalité de la tentative d'assassinat. Il utilisa l'angoisse nationale pour lancer une répression visant à l'éradication des Frères musulmans.

[modifier] Crise du canal de Suez

Icône de détail Article détaillé : Crise du canal de Suez.

En dépit de bonnes relations initiales avec les pouvoirs occidentaux, Nasser commença graduellement à perdre leurs faveurs et se tourna de plus en plus vers le bloc soviétique. Le 16 janvier 1956, Nasser fit le vœu de reconquérir la Palestine et à l'été 1956 il annonça la nationalisation du canal de Suez, ce qui allait directement contre les intérêts du Royaume-Uni et de la France qui co-géraient le canal. Le gouvernement français y vit également l'occasion de porter un coup à la puissance qui était le principal soutien des rebelles d'Algérie. Une intervention militaire franco-anglaise contre l'Égypte fut décidée dès le début d'août 1956. La France et le Royaume-Uni profitèrent d'un contexte international favorable pour lancer l'opération : élection présidentielle aux USA, l'URSS en prise avec la Pologne et la Hongrie. A la mi-octobre, un accord secret visant à mettre au point un scénario d'intervention est passé entre le président français et le premier ministre israëlien. Israël enclencha le conflit contre l'Egypte le 29 octobre. Le 30 octobre les armées franco-anglaises passèrent à l'action.

Cependant sous la pression de l'Union Soviétique qui menaça d'utiliser sa bombe atomique et le manque de soutien des États-Unis, ils furent obligés de retirer leurs troupes d'Égypte. Israël obtint la fin des raids de fedayins contre son retrait de la péninsule du Sinaï. Globalement ce fut une victoire pour Nasser qui devint un héros pour les Arabes. De plus, fait marquant de ce conflit, c'est la première fois que les casques bleus seront utilisés pour apaiser un conflit. Cette nouvelle force internationale sera mise de l'avant sous les pressions de Lester B. Pearson, diplomate canadien, le comité Nobel affirmera qu'il avait «sauvé le monde».

[modifier] Nasser, leader arabe

Nasser inspire les nationalistes dans tout le monde arabe, et des partis nasséristes voués à l'unité arabe sont rapidement créés. Nasser devient le chef de file du monde arabe, il représente alors une nouvelle ère au Moyen-Orient.

Il suit une politique panarabe, qui a favorisé la confrontation entre les états arabes et les états occidentaux, demandant à ce que les ressources du monde arabe servent les intérêts du peuple arabe et non l'intérêt des occidentaux présenté par l'état en impérialiste.

En 1958 les militaires égyptiens et syriens demandent au président Nasser la fusion entre ces deux pays. Nasser est surpris de cette demande soudaine et accepte la fusion. La Syrie et l'Égypte fusionnent pour former la République Arabe Unie et essayent d'y inclure le Yémen. L'union est dissoute en 1961, les bureaucrates et les officiers égyptiens avaient des pratiques autoritaires, et la police secrète a durement réprimé les frères musulmans, et le parti communiste syrien.

L'Égypte continue à utiliser le nom jusqu'en 1971. Pour tenter d'obtenir le Yémen, des opérations militaires, y compris l'utilisation d'armes chimiques, furent entreprises dans le nord du Yémen.

De plus, Nasser est l'une des figures historiques de l'émergence du Tiers-Monde, une troisième force politique face aux deux blocs que sont le bloc occidental et le bloc soviétique. Nasser est l'un des principaux interlocuteurs à la conférence de Bandung en avril 1955, il se présente comme l'un des leaders des pays issus de la décolonisation. Il met notamment en garde les pays ayant acquis fraichement leur indépendance contre une nouvelle forme de colonisation économique que ce soit par l'occident ou par le bloc soviétique. L'un de ses grands travaux plus tard sera la nationalisation du canal de Suez afin d'entraver cette nouvelle forme de colonisation.

[modifier] Guerre des six jours

Icône de détail Article détaillé : Guerre des six jours.

Nasser veut obtenir le rétablissement des droits du peuple palestinien. Il remilitarise le Sinaï, et demande à la Force de secours des nations unies de quitter la péninsule. Craignant une nouvelle attaque surprise similaire à celle de 1956, Nasser concentre des troupes et des chars d'assaut sur la frontière avec Israël.

Le 23 mai 1967, l'Égypte bloque l'accès au détroit de Tiran aux navires israéliens (route du sud essentielle à l'approvisionnement des Israéliens en pétrole et blocus du port d'Eilat), ce qui était sans précédent depuis les accords internationaux sur les droits de passage dans le détroit, signés en 1957 par 17 puissances maritimes. Israël considère cela comme un casus belli. La tension dans la région glissait d'un relatif statu quo vers une guerre régionale.

Face à l'alliance Tel Aviv/Washington, Nasser conclut des accords militaires avec la Jordanie et la Syrie. Réagissant aux livraisons d'armes américaines et au soutien militaire occidental à Israël, il déclare dans un discours : « Notre objectif sera la destruction d'Israël. Le peuple arabe veut se battre. »

Israël attaque l'Égypte sans déclaration de guerre et bombarde les aérodromes et les bases militaires égyptiennes. Puis Israël occupe le Sinaï et gagne la guerre.

Après sa défaite dans la guerre des Six Jours, Nasser présente sa démission, mais des manifestations de rue se produisent, lui demandant de rester au pouvoir. Il cherche à récupérer les territoires égyptiens occupés et organise une "guerre d'usure" en 1969-1970 qui mènera Sadate son successeur à l'attaque égyptienne de 1973 contre Israël (Guerre du Kippour).

[modifier] Sa mort et ses funérailles

Nasser meurt d'une crise cardiaque quelques semaines après la fin de la guerre d'usure, le 28 septembre 1970. Il meurt à 6h15 heure locale, quelques heures après une conférence arabe qui a conduit à un accord de paix entre la Jordanie et les combattants palestiniens. Cinq médecins étaient à ses côtés, sa mort sera annoncée au peuple cinq heures après.

Après l'annonce de sa mort, la télévision diffuse des versets du Coran. Le vice-président Anouar el-Sadate - son futur successeur - lit un discours retransmis à la télévision et sur toutes les radios où il déclare "Nasser était un leader dont la mémoire demeurera immortelle au cœur de la nation arabe et de toute l'humanité"

Sa mort a été provoquée par un travail excessif, il lui arrivait de travailler plus de 18 heures par jour, en consommant la même journée près de cinq paquets de cigarettes. Un an avant sa mort il avait été hospitalisé pendant près de six semaines pour une grippe. On apprendra après sa mort qu'il avait été hospitalisé à la suite d'une crise cardiaque. Nasser qui était diabétique, avait déjà fait une attaque cardiaque lors d'une de ses visites au Koweït.

Ses funérailles ont eu lieu le 1er octobre, devant près de cinq millions de personnes. Un serment est prononcé sur son tombeau :

« Serment par Gamal, le plus chéri des hommes, le libérateur des travailleurs, le chef de la lutte ! Serment sacré, inébranlable. Par Dieu et par la patrie, nous jurons que la voie de ta lutte sera notre voie (...) Nous jurons de travailler à la puissance et à l'unité de la nation arabe.[1] »

Il était marié et eut cinq enfants (trois fils et deux filles).

[modifier] Son héritage

[modifier] Nassérisme

L'héritage laissé par Nasser est sujet à débat dans le monde arabe. Pour beaucoup de gens Nasser fut un chef qui réforma son pays et rétablit la fierté arabe autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. D'autres considèrent que sa politique de militarisme forcené mena l'Égypte à de graves défaites et pertes plutôt qu'à la paix et la prospérité. Il est clair que son influence sur le Proche-Orient de l'époque est très importante. Le rôle qu'il a tenu lors de la guerre des six jours, a causé d'énormes pertes aux états arabes, et a terni son image et a réduit son prestige dans le monde arabe. Il a modernisé le système éducatif égyptien, les enfants les plus démunis ont ainsi pu suivre une éducation normale. Il a également tenu un rôle important dans le monde artistique, tels que les arts, les théâtres, les films, l'industrie musicale et la littérature. Ce qui a eu un impact positif en Égypte et dans tout le monde arabe.

[modifier] Barrage d'Assouan

La réalisation la plus controversée de Nasser est la construction du barrage d'Assouan et le lac qui porte son nom dans le sud de l'Égypte. Construit pour fournir de l'électricité et réduire les crues du Nil il submergea la plus grande partie des trésors archéologiques de la Nubie (sauf ceux mis à l'écart par l'UNESCO) certains disent que c'est une catastrophe écologique.

[modifier] Références

  1. Le nationalisme arabe, Olivier Carré, p.99
  • Gilbert Sinoué. «Le colonel et l'enfant-roi. Mémoires d'Egypte», Editions JC Lattès (2006). (ISBN 2709624990 )

[modifier] Liens internes

[modifier] Lien externe

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Président de la république égyptienne
1956 à 1970
Anouar el-Sadate