Géopolitique du pétrole

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La géopolitique du pétrole est intimement liée aujourd'hui à la perception de l'atteinte du pic pétrolier par les grandes puissances, ce qui inclut la prise de conscience des limites géologiques de la ressource ; durant le XXe siècle, les motivations ont été différentes, compte tenu de la nature politique des deux premiers chocs pétroliers.

En quelque sorte, le thème est crucial puisqu'à la fois international et multinational :
- Il est inhérent aux relations internationales depuis que les efforts de prospection menés durant la fin du XIXe siècle ont révélé des gisements mirifiques au Moyen-Orient.
- L'économie mondiale, dont cinq compagnies pétrolières figurent parmi le top 10 [1], est désormais liée au sort de multinationales qui ont placé leurs intérêts concernant l'or noir en compétition.
Compte tenu de l'importance des enjeux, la réactivation du Grand Jeu régional n'échappe pas à l'élaboration de théories du complot concernant le machiavélisme avéré ou non des acteurs internationaux en charge de l'approvisionnement.

Sommaire

[modifier] Les enjeux

Carte établie en 2000 par l'USGS des régions pétrolifères mondiales, hors production domestique U.S.  - Les couleurs les plus foncées indiquent les réserves les plus importantes.  - tous hydrocarbures confondus.
Carte établie en 2000 par l'USGS des régions pétrolifères mondiales, hors production domestique U.S.
- Les couleurs les plus foncées indiquent les réserves les plus importantes.
- tous hydrocarbures confondus.
Perception des réserves de pétrole en 2005 ; le Grand Jeu géostratégique : avoir une influence sur la zone rouge.
Perception des réserves de pétrole en 2005 ; le Grand Jeu géostratégique : avoir une influence sur la zone rouge.

Pour un pays du monde, le pic laisse la perspective d'une raréfaction dans l'avenir, impactant directement son indépendance énergétique. Ceci souligne les thèmes suivants : l'accès aux champs pétrolifères du Moyen-Orient, la construction d'oléoducs et de gazoducs, le transport pétrolier.

[modifier] Le contrôle des gisements

Le pétrole est une donnée largement prise en compte par les stratèges géopolitiques. En effet, la dépendance des pays envers ce produit est telle qu’une difficulté d’approvisionnement (coût, diminution de la production…) peut en soi justifier un conflit. D’autre part, une guerre qui rompt des approvisionnements en pétrole peut ainsi forcer l’implication de puissances, qui seraient restées neutres sinon. Par ailleurs, l’approvisionnement en pétrole des belligérants a plusieurs fois influé sur le sort des armes, comme pendant les deux guerres mondiales.

notes :
  • La montée de la consommation de pétrole de la Chine confirme l'arrivée du dernier acteur parmi les participants déjà connus du Grand Jeu réactivé sur les ensembles géographiques du Moyen-Orient et d'Asie centrale où se trouve le gisement de Bakou.
  • Les enjeux ne se restreignent pas au Moyen-Orient, la péninsule de Bakassi ayant été cédée par le Nigeria au Cameroun à l'issue du règlement d'une revendication territoriale soulignée par la présence de pas moins de huit compagnies pétrolières ayant assuré la prospection offshore [2].

[modifier] Le contrôle des détroits

La géostratégie des détroits par lesquels passent les pétroliers constitue le second enjeu, celui du transport pétrolier.

le détroit d'Ormuz : point de tension géostratégique entre l'Iran, Oman (péninsule de Musandam) et les Émirats arabes unis.
le détroit d'Ormuz : point de tension géostratégique entre l'Iran, Oman (péninsule de Musandam) et les Émirats arabes unis.
Les gisements iraniens : certains étant offshore dans le golfe Persique, la tension liée à cette zone maritime en découle. Cette carte confère aussi une lecture du conflit Iran/Irak des années 80.
Les gisements iraniens : certains étant offshore dans le golfe Persique, la tension liée à cette zone maritime en découle. Cette carte confère aussi une lecture du conflit Iran/Irak des années 80.

Le détroit d'Ormuz est à la fois dans la zone d'influence de l'Iran comme dans celle des pays de la péninsule arabique, pour lesquels les États-Unis ont délégué une flotte mouillant en permanence dans le golfe Persique, la cinquième de l'US Navy. La tension est si palpable que même les îlots bordant le détroit font l'objet de conflits d'intégrité territoriale.

Les approvisionnements de l'Occident dépendent très largement du canal de Suez ; ceux de l'Amérique du canal de Panama.

Enfin ceux du Japon et de la Chine passent par le détroit de Malacca, pour lequel les voies maritimes se sont avérées peu sûres puisque ces eaux sont parmi les dernières du globe où se pratique la piraterie. Répondant à ses impératifs, la Chine cherche actuellement (fin 2006) à passer contrat avec la Thaïlande pour faire passer son pétrole par voie de terre et éviter le passage par le détroit.

Par ailleurs, ce détroit débouche sur la mer de Chine méridionale, pour laquelle un conflit territorial à épisodes implique six riverains pour l'accès aux ressources naturelles (le pétrole fait partie de ces intérêts).

[modifier] La sécurisation de l'approvisionnement

Nombre de pays disposent de réserves stratégiques de pétrole et/ou de produits raffinés, pour subvenir aux besoins de leurs forces armées en cas de conflit.

[modifier] Historique

Puits de pétrole à Los Angeles en 1896. La prise de conscience des intérêts stratégiques liés à la ressource dingue remonte à l'époque des trusts verticaux.
Puits de pétrole à Los Angeles en 1896. La prise de conscience des intérêts stratégiques liés à la ressource dingue[3] remonte à l'époque des trusts verticaux.

L'historique jusque les années 2000 correspond à la première moitié de la courbe de Hubbert : le pétrole y est facile à extraire, il est peu cher et semble disponible sans limite (les hausses de prix du baril sont un phénomène nouveau, qui n'apparaît qu'au sommet de la courbe et après 1970) : c'est déjà une manne financière pour tous les acteurs.

[modifier] Le Grand Jeu du XIXe siècle

Icône de détail Article détaillé : le Grand Jeu (géostratégie).

Antérieurement aux conflits du pétrole, le Grand Jeu fut une caractéristique stratégique des luttes d'influence entre l'Empire russe et l'empire britannique, de 1813 à la convention anglo-russe de 1907.

La zone de l'Asie mineure était alors un ventre mou, encore non affecté au début du XIXe à une métropole coloniale.

L'empire russe, puissance continentale, cherchait à prendre le contrôle d'un port en eaux chaudes afin de désenclaver sa flotte ; sa démarche s'associait à la stratégie de contrôle des détroits. L'empire britannique cherchait à étendre son joyau, le sous-continent indien, et y protéger ses intérêts.

La course pour la suprématie de ces grandes puissances invoquait une puissance régionale : la Perse.

L'Iran sous la dynastie Kadjar.
L'Iran sous la dynastie Kadjar.

Avide de symboles, la presse croquait des dessins satiriques mettant en scène l'ours russe, le lion de la couronne d'Angleterre et le chat (Shah) perse.

Pour la zone géographique concernée, ce contexte donne le décor des enjeux pétroliers qui vont commencer immédiatement à sa suite.

La première découverte de pétrole en Iran en 1908, à Masjed Soleyman, mena à la fondation de la compagnie Anglo-Persian Oil Company (en), qui est à l'origine de BP.

[modifier] De la tutelle britannique à la tutelle américaine

Dès la fin du XIXe siècle, le pétrole était identifié comme ressource stratégique. La décision de l'amirauté britannique, vers 1910, de construire des navires qui consommeraient du fuel et non plus du charbon fut un moment important : la nation la plus puissante du monde, avec la flotte la plus puissante du monde, avait à l'époque beaucoup de charbon et pas une goutte de pétrole. Cette décision a posé la problématique européenne pour le reste du siècle [4] . Du reste, alors que le gaz faisait partie des énergies motrices de la Révolution industrielle au XIXe siècle [5], le pétrole n'était pas l'objet d'un emploi généralisé jusque lors.

Découpage du Moyen-Orient selon les accords Sykes-Picot, par suite à la révolte arabe.
Découpage du Moyen-Orient selon les accords Sykes-Picot, par suite à la révolte arabe.

Les offensives britanniques de la Première Guerre mondiale en Irak et en Palestine visaient à occuper des territoires pressentis comme riches en pétrole. L'intervention de Lawrence d'Arabie en faveur du nationalisme arabe illustre de la passation régionale de la tutelle ottomane à celle de l'Empire britannique.

La pacification française de la Syrie assurait à la France un approvisionnement régulier.

La Syrie fut défendue par les troupes vichyssoises contre les FFL, car l'Allemagne nazie avait absolument besoin de son pétrole. Celle-ci mena d'ailleurs une offensive en 1942 vers les gisements russes du Caucase à Bakou, et la constitution de l'Afrika Korps obéissait en partie à cette logique de conquête des ressources. Les alliés bombardèrent plusieurs fois des installations pétrolières en Bessarabie, cette région de Roumanie possédant les principaux gisements de pétrole des terres occupées par l'Axe. Les pénuries de carburant furent un élément important dans la défaite des troupes nazies, surtout à l'extrême fin de la guerre.

Cette situation de menace de l'Axe amène en 1941 à une opération conjointe entre l'Armée rouge et l'armée britannique pour sécuriser les champs de pétrole d'Iran : c'est l'opération Countenance (en), qui confère à l'URSS l'approvisionnement en pétrole via le corridor Perse lui permettant de résister à Barbarossa.

En 1941, l’Empire du Japon considéra qu'il devait faire la guerre aux États-Unis malgré la disproportion des forces, puis mena une offensive vers l'Indonésie, car il avait besoin du pétrole qui s'y trouvait (et qu'il ne contrôla d'ailleurs jamais). Notons d'ailleurs que l'une des étapes importantes de l'escalade qui se termina par la guerre entre les deux puissances du Pacifique est le moment où les États-Unis interdirent l'exportation de pétrole vers le Japon.

Roosevelt et Ibn Saoud, photo prise en Égypte en février 1945 à bord d'un bâtiment de l'US Navy.
Roosevelt et Ibn Saoud, photo prise en Égypte en février 1945 à bord d'un bâtiment de l'US Navy.

Après-guerre, les États-Unis sortent leader du monde libre et ont défini quelles zones du monde doivent faire partie de leur zone d'influence — l'époque des plans de guerre est terminée :
- C'est dans ce cadre que Roosevelt se lie en 1945 avec Ibn Saoud et offre à l'Arabie, dirigée par cette dynastie princière, une coopération permettant l'exploitation des champs pétrolifères par les majors U.S., cette coopération étant assortie d'une protection militaire ; ce pacte durera pendant soixante ans sans discontinuer, les présidents et princes successifs la renforçant chaque fois. Attestent de cette vigueur diplomatique le sigle de l'Aramco adopté dès 1944 (Arabian-American Oil Company), ainsi que le casernement militaire visant à stabiliser les régions où sont situés les gigantesques gisements de Ghawar et Burgan.
- Le président Truman, au début de son second mandat, introduit dans un discours en janvier 1949 le credo du développement pour les pays du monde. Étudié depuis Alfred Mahan, le Moyen-Orient fait partie de ces priorités et s'y déroule régionalement dans les années 1950 une passation des anciennes puissances coloniales européennes à une tutelle économique sous couvert de support aux mouvements de décolonisation, et de coopération économique. Les grandes compagnies pétrolières signent avec les pétromonarchies des contrats d'exploitation.

Les gardes impériaux de Reza Shah Pahlavi.
Les gardes impériaux de Reza Shah Pahlavi.

En 1953, les deux Alliés britannique et américain mènent une opération conjointe, l'opération Ajax, visant à empêcher la nationalisation des intérêts pétroliers britanniques en Iran ; on pourrait interpréter cet évènement comme une charnière après laquelle l'hégémonie sur la région change. Dix ans plus tard le nouveau Shah lance une politique de réformes nommée la Révolution blanche, sur laquelle l'interaction avec la diplomatie américaine est perceptible.

La crise du canal de Suez[6] en 1956 manifeste l'émergence d'une volonté politique au Moyen-Orient, la dépendance de l'Europe et sa faiblesse politique, et consacre les deux Grands en pleine coopération comme maîtres du jeu. En 1960, Iran, Irak, Koweït, Arabie saoudite et Venezuela créent l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, en vue de gagner en puissance face aux compagnies pétrolières, les Sept Sœurs.

De son côté, la France gaullienne exploite les réseaux Foccart pour assurer via la Françafrique l'accès au pétrole du golfe de Guinée pour Elf-Aquitaine et Total-Fina. Alors que la décolonisation du Maroc et de la Tunisie se déroula sans conflit, la dureté de la guerre d'Algérie est imputable en partie aux intérêts pétroliers de la métropole coloniale, puisque les gisements du Sahara[7] venaient d'être découverts la décennie précédente. En 1962, Charles de Gaulle s'assura au moment de la signature des accords d'Évian que les intérêts français dans la région seraient maintenus, ce qui comprend la primauté industrielle et commerciale sur les gisements sahraouis lui garantissant son indépendance énergétique.

[modifier] Le cartel des sept sœurs

La première raffinerie du trust  Standard Oil à Cleveland, dans l'Ohio, en 1899.
La première raffinerie du trust Standard Oil à Cleveland, dans l'Ohio, en 1899.
Raffinerie Esso d'Ingolstadt en Allemagne, photo prise en 2003. L'industrie pétrolière nécessite des investissements importants pour se déployer ; en outre, elle rassemble à la fois des concentrations verticale et horizontale.
Raffinerie Esso d'Ingolstadt en Allemagne, photo prise en 2003. L'industrie pétrolière nécessite des investissements importants pour se déployer ; en outre, elle rassemble à la fois des concentrations verticale et horizontale.

Une autre manière de percevoir la période précédente, au lieu de raisonner en terme d'États-nations en compétition, est de prendre l'angle des grandes compagnies pétrolières qui, de 1913 à 1959, ont formé un cartel [8]. Une fois encore, la réputation hégémonique d'un tel accord joue vraisemblablement fort dans les aspects de théorie du complot associés à un tel sujet, par exemple lorsqu'on imagine que le cartel faisait la pluie et le beau temps sur les gouvernements des pays où se situaient les gisements ; toutefois l'entente organisée, et non tacite, entre ces grandes compagnies, fut un fait avéré, révélé par la formule introduite par un homme d'affaires italien, Enrico Mattei, qui par ses positions dans l'ENI fut amené à dénoncer la situation entretenue d'oligopole sur le marché pétrolier de 1957. La structure de concentration de ces multinationales, liée à leur intégration verticale des domaines adressés par l'industrie pétrolière, de la production au raffinage jusque la distribution, constituait déjà une forme de domination.

Trois des sept sont issues des restructurations effectuées dans le cadre des lois anti-trust aux États-Unis en 1911 après un jugement de la cour suprême : la Standard Oil Company avait été séparée en secteurs géographiques.

On peut remarquer que la situation du monde en entrée de période, en 1913, est liée très largement aux Empires coloniaux issus de métropoles européennes, alors que le processus de décolonisation est engagé à plein en 1959 ; de sorte qu'il est ardu de distinguer, si abus de pouvoir il y eut, s'il vint des États ou des multinationales citées plus bas.

Il est possible, au vu de cette première globalisation liée à la prospection pétrolière sur tous les continents de la planète, de considérer que si la loi anti-trust a empêché la formation d'un monopole sur le territoire américain, elle n'a pu s'opposer à la formation d'un oligopole sur le marché international — cette situation n'évoluant qu'à la fin des années cinquante.

Leur mainmise sur un marché en pleine expansion leur a permis d'asseoir des profits considérables, ce qu'encore aujourd'hui on désigne sous le nom de rente pétrolière. Toutefois, le pétrole restant facile à extraire (pétrole conventionnel, correspondant à la première moitié de la courbe de Hubbert), les prix à la pompe sont restés stables et bon marché durant l'époque des sept sœurs, apportant des habitudes liées au mode de vie de la civilisation de l'automobile observables sur le territoire nord-américain, pour ne citer que lui.

Désignation
  1. Standard Oil of New Jersey (Esso) ==> devenue Exxon, puis ExxonMobil [ logo ].
  2. Royal Dutch Shell, compagnie anglo-hollandaise
    Royal Dutch Shell
  3. Anglo-Persian Oil Company (APOC) ==> devenue BP (modulo, au passage, une fusion avec Amoco — logo ) —[ logo ].
  4. Standard Oil of New York (Socony) ==> devenue Mobil, puis ExxonMobil.
  5. Standard Oil of California (Socal) ==> devenue Chevron.
  6. Gulf Oil (GOC) ==> en majeure partie cédée à Chevron, d'autres à BP et Cumberland Farms[9] — [ logo ].
  7. Texaco ==> fusionnée avec Chevron en 2001 [ logo ]

La fondation de L'OPEP, entérinée le 14 septembre 1960, constitue une réappropriation des filières de production et de décision portant sur le cours du pétrole, ce qui mit un terme à la situation de monopole concerté des sept sœurs. Suite à des fusions et acquisitions ultérieures, la désignation de ces acteurs a évolué, et leur nombre a décrut (effet de concentration).


[modifier] Les guerres du pétrole depuis 1973

La survenue successive du premier et du deuxième choc pétrolier, respectivement en 1973 et 1979, arrivent dans un contexte où la production domestique de pétrole aux É-Us a déjà atteint son pic pétrolier[10]. La réserve stratégique de pétrole est instaurée dès 1975. Les stratèges sont donc parfaitement au courant des enjeux nouveaux représentés par ces tensions, ce qui induit un redéploiement constaté des interventions américaines sur le globe à compter du début des années soixante-dix. A l'issue des deux chocs pétroliers, la majorité des pays de l'OCDE instaureront des réserves de pétrole stratégiques ; sous diverses formes, elles représentent fréquemment 3 mois de consommation d'un pays donné. Aux États-Unis, pays toujours producteur, cette notion est forcément plus floue ; le président G. W. Bush a décidé en 2007 de la rendre plus formelle.

En 1979, lors du deuxième choc pétrolier, des coupons de rationnement d'essence avaient été préparés par le département de l'Énergie des États-Unis; ils ne furent pas émis.
En 1979, lors du deuxième choc pétrolier, des coupons de rationnement d'essence avaient été préparés par le département de l'Énergie des États-Unis; ils ne furent pas émis.

Le deuxième choc pétrolier tend les relations entre les États-Unis et l'Iran, qui effectue une révolution islamique par suite au Vendredi noir : alors que la crise des otages semble creuser le fossé entre les deux pays [11], l'Affaire Iran-Contra portant sur des ventes d'armes figurera parmi les scandales de la présidence Reagan.

Le "contre-choc pétrolier" de 1986 s'explique en partie par la volonté des États-Unis et de leurs alliés moyen-orientaux de mettre l'Union soviétique en banqueroute : ils livrent une guerre économique et financière en employant les pétrodollars et leur diplomatie saoudienne. Les exportations de pétrole étant vitales pour la balance des paiements soviétique et pour la diplomatie du Kremlin (garantir aux pays satellites un approvisionnement en pétrole était l'un des moyens qu'avait l'URSS de les tenir en captivité politique), les Américains réussirent à convaincre les Saoudiens (qui étaient déjà leurs alliés dans la guerre en Afghanistan), les Emiratis et les Koweïtis d'augmenter fortement leur production, afin de faire chuter les cours. Le prix du pétrole en fut divisé par deux.

Le coût fut élevé pour les pays à l'origine de cette offensive économique. Nombre de petits producteurs américains furent mis en faillite, tandis que l'afflux de pétrodevises pour les pays du Golfe se ralentit, causant une sévère réduction de leur "train de vie". Ces "effets secondaires" étaient parfaitement anticipés et acceptés par les gouvernements impliqués, et cette politique porta ses fruits. L'URSS pompa autant de pétrole qu'elle put, mais en 1988 son principal gisement, Samotlar, se mit à décliner sévèrement, entraînant la production du pays. La principale source de devises de l'URSS diminua, alors même que les finances du pays étaient terriblement sollicitées (le conflit afghan et les grands projets militaires s'ajoutant aux dépenses normales). Bien que négligé par nombre d'analyses, ce facteur fut l'un des plus importants dans l'effondrement de l'Union soviétique.

Opération Tempête du désert (1991) : avions de la coalition survolant des puits de pétrole incendiés par les troupes irakiennes lors de leur retraite. Red Adair participa à leur extinction après le conflit.
Opération Tempête du désert (1991) : avions de la coalition survolant des puits de pétrole incendiés par les troupes irakiennes lors de leur retraite. Red Adair participa à leur extinction après le conflit.

Un effet collatéral de cette guerre des prix fut l'effondrement économique de l'Irak, en pleine guerre avec son voisin ; S. Hussein demanda qu'on mette fin à cette politique[12], mais les États-Unis refusèrent pour les raisons ci-dessus, et l'Irak exsangue dut mettre fin rapidement à la guerre. Devant le refus de l'Occident de lui venir en aide économiquement, l'Irak envahit le Koweït, après en avoir averti les États-Unis.

La guerre entre l'Iran et l'Irak des années 1980 est en partie due à la volonté de l'Irak de contrôler des ressources frontalières. Les deux belligérants attaquèrent des tankers dans le Golfe[13], et l'US Navy dut intervenir, lors de l'opération Mante religieuse, sur deux plate-formes iraniennes. L'invasion du Koweït par l'Irak au début des années 1990 fut également à l'origine d'une guerre dans laquelle les États-Unis sont intervenus pour assurer la sécurité de leurs approvisionnements. À cette occasion, le président Bush père a même proclamé la théorie géopolitique du Nouvel ordre mondial en septembre 1989; vaincu, l'Irak fut assujetti à de dures sanctions économiques qui ne furent atténuées que par le programme "pétrole contre nourriture" . Les États-Unis ont depuis eu une politique de prépositionnement (cf. infra).

Les conflits successifs en Tchétchénie s'inscrivent partiellement dans le contexte de la reprise du Grand Jeu précité concernant l'acheminement des hydrocarbures de la mer Caspienne : lire Enjeux économiques en Tchétchénie. Les groupes pétroliers russes Rosneft et Lukoil y ont des intérêts, notamment dans l'acheminement par pipeline.

[modifier] Prise de conscience actuelle

Courbe de Hubbert consolidée en 2004 : le pic est perceptible en 2001. (source — la courbe ne couvre ni l'OPEP ni la CEI).
Courbe de Hubbert consolidée en 2004 : le pic est perceptible en 2001. (source — la courbe ne couvre ni l'OPEP ni la CEI).

Le pétrole étant toujours une ressource importante pour les économies des différents pays du monde, sa raréfaction ne pourra qu'exacerber les tensions connues au XXe siècle, et particulièrement au Moyen-Orient qui présente toujours, en 2007, les premières ressources pétrolières mondiales.

Il est probable que le gaz et le charbon prendront une part importante de la place laissée par le pétrole manquant. Les ressources de charbon sont plus largement réparties dans le monde ; les nations qui sauront le plus vite se passer du pétrole bon marché gagneront en indépendance. C'est déjà le cas de la Chine, dont l'essentiel de l'énergie provient d'un charbon national abondant (troisièmes réserves mondiales).

Enfin, les grands acteurs de l'industrie pétrolière s'avèrent prêts à amorcer les filières de production du pétrole difficile à extraire : deep water, jusque des zones inexploitées jusque lors ; une nouvelle "ruée vers l'or" noir est même évoquée en Arctique.

  • La réaction géostratégique américaine
Périmètre assigné à l'USCENTCOM.
Périmètre assigné à l'USCENTCOM.

Une des hypothèses stratégiques permettant de comprendre l'attaque de l'Irak par les États-Unis en 2003 concerne la sécurisation des approvisionnements en pétrole pour l'avenir. L'Irak a dans son sol les secondes réserves de pétrole les plus grandes du monde, qui de surcroît sont relativement faciles à extraire et raffiner. Une raison complémentaire est que 15 des 19 terroristes ayant perpétré les attentats du 11 septembre 2001, ainsi que son instigateur présumé, étaient des citoyens saoudiens : la permanence de la présence des États-Unis en Arabie saoudite était évidemment remise en question.

Cette stratégie fut élaborée par le think tank nommé Projet pour le Nouveau Siècle Américain auxquels Jeb Bush, Dick Cheney, Dan Quayle, Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz participèrent.

    • Dans une certaine mesure, une continuité est observable dans la politique états-unienne voire occidentale dans cette région depuis la chute du Shah. Celle-ci a conduit à l'instauration d'un régime défavorable aux États-Unis, qui ont poussé S. Hussein, à l'époque en bons termes avec l'Occident, à attaquer son voisin[14]. Cette attaque a échoué, et entraîné l'invasion du Koweït par l'Irak[15]. Celui-ci a entraîné une nouvelle Guerre du Golfe, et l'installation de troupes états-uniennes sur le sol de l'Arabie Saoudite. Cette installation a conduit aux attentats du 11 septembre 2001 [16], qui eux-mêmes ont servi de prétexte pour écraser le régime de S. Hussein. Cette défaite a entraîné l'inquiétude de ses voisins, dont l'Iran, qui affiche en 2006 sa volonté de disposer d'une capacité nucléaire.
Sinistre des Tours Khobar en 1996; leur situation à Dhahran, Arabie saoudite, rend limpide le message à l'adresse des autorités : cette ville est en effet le siège de l'Aramco.
Sinistre des Tours Khobar en 1996; leur situation à Dhahran, Arabie saoudite, rend limpide le message à l'adresse des autorités : cette ville est en effet le siège de l'Aramco.
    • En revanche, le désengagement des forces armées des États-Unis hors du sol de l'Arabie saoudite représente une discontinuité, jamais observée depuis 1945.
      Pour une part, le rapport Cheney de 2001 [17] précisa qu'à l'horizon 2020 la production de pétrole mondiale serait dépendante à hauteur de 54 à 67 % des gisements situés dans le triangle du pétrole (Oil triangle). D'une manière étonnamment synchrone, le quartier général avancé de l'USCENTCOM déménagea de Riyadh au Qatar, situé au beau milieu de ces réserves.
      Pour une autre part, cette décision doit tenir compte de la politique intérieure du royaume d'Arabie saoudite, désormais troublée : les enjeux liés à la rente pétrolière sont l'objet d'un possible conflit successoral en cours, dans la mesure où la famille princière Saoud, dont les liens sont ténus avec la famille Bin Ladin, vit les conséquences du onze septembre à l'intérieur de son territoire par l'émergence d'une rébellion depuis 2003 [18], dont les prodromes étaient perceptibles avec l'explosion des tours Khobar remontant à 1996.

[modifier] Prospective du début du XXIe

Dans cette carte des pays exportateurs de pétrole, l'OPEP figure en bleu.
Dans cette carte des pays exportateurs de pétrole, l'OPEP figure en bleu.
Cette carte des importations de pétrole révèle deux acteurs éminemment concernés : les États-Unis et le Japon ; et trois challengers : la Chine, l'Inde et l'Europe.
Cette carte des importations de pétrole révèle deux acteurs éminemment concernés : les États-Unis et le Japon ; et trois challengers : la Chine, l'Inde et l'Europe.

Le tableau des deux précédents siècles permet d'établir une prospective géopolitique, une fois assimilée la théorie du pic de Hubbert laissant percevoir une déplétion, suivie d'une raréfaction inéluctable de la ressource stratégique (horizon 2100).

Les politiques de prépositionnement décrites plus bas, des États-Unis ou de la Chine, n'empêchent pas la diplomatie active de continuer à s'exercer : ainsi, à l'automne 2003, les États-Unis ont soutenu une tentative de coup d'État contre le président vénézuélien Hugo Chavez, qui ne leur est guère favorable mais soutenu fermement par une majorité de sa population.

[modifier] Intensité énergétique

La façon la plus performante de réduire sa dépendance énergétique est de réduire son intensité énergétique La France a l'intention de la réduire d'au moins 2% par an à partir de 2015 et de 2,5% sur 2015-2030.[19]

[modifier] Importateurs principaux

Actuellement, les trois principaux importateurs mondiaux de pétrole sont les États-Unis, la Chine (importateur net depuis 1996 et deuxième consommateur mondial depuis le deuxième trimestre 2003) et le Japon (deuxième consommateur jusqu'en 2003). La Chine notamment voit ses importations croître de 9 % par an, et consomme déjà 20 % de l'énergie des pays de l'OCDE.

Pour ces pays, il est vital de savoir à quel prix et en quelles quantités ils peuvent recevoir du pétrole. Il peut être également très intéressant de pouvoir distribuer certaines quantités à des alliés dans le besoin.

[modifier] Politique de prépositionnement : États-Unis

Deux des principaux consommateurs de pétrole au monde mènent une politique de prépositionnement dans les zones pétrolifères. Depuis quelques années, les États-Unis mènent des opérations militaires de manière à occuper une position favorable dans ces zones. Ces opérations remplacent la « diplomatie active » qu'ils menaient auparavant.

L'Asie centrale comme le Moyen-Orient sont les principales régions concernées : le Moyen-Orient car il possède les plus importantes réserves prouvées, l'Asie centrale car elle était considérée, il y a quelques années, comme la région la plus prometteuse. Ainsi, l'Afghanistan est occupé depuis 2001. Plusieurs pays d'Asie centrale et du Caucase accueillent des troupes US ou ont signé des accords de coopération. Mais les espoirs sont déçus, puisqu'en 2002, BP annonça que les gisements inexploités de la Caspienne ne recelaient pas 200 milliards de barils comme espéré, mais 39 milliards d'un pétrole de mauvaise qualité.

Le supertanker AbQaiq, protégé par des hélicoptères de l'USCENTCOM, reçoit son chargement sur un terminal de l'Irak occupé par les forces de la Coalition.
Le supertanker AbQaiq, protégé par des hélicoptères de l'USCENTCOM, reçoit son chargement sur un terminal de l'Irak occupé par les forces de la Coalition.

En 2003, les États-Unis ont envahi l'Irak, qui possède les troisièmes réserves du monde. De plus, il leur donne un droit de regard sur tous les pays environnants :

  • le Caucase (pétrole de Bakou et oléoducs d'Asie centrale vers l'Europe) :
  • sur l'Iran (pris en tenaille avec l'Afghanistan) ;
  • et sur les autres émirats du golfe Persique, au premier chef desquels l'Arabie saoudite.

En 2007, l'échec relatif de cette initiative, et la réaction négative qu'elle a provoquée dans d'autres pays du Golfe, démontrent que cette politique est devenue très délicate à mettre en œuvre ; les États-Unis risquent donc de la remettre en cause.

En 2003 également, les îles de Sao Tomé et Principe ont signé un accord autorisant les États-Unis à implanter des bases militaires sur leur territoire. Ces îles offrent des implantations de choix dans le golfe de Guinée, à proximité des gisements du Nigeria et de l'Angola, qui totaliseraient près de 85 milliards de barils de réserves, soit de quoi satisfaire 3 à 4 années de la demande mondiale. De plus, le golfe de Guinée est traversé par les pétroliers allant du golfe Persique aux États-Unis. L'annonce de la mise en place pour 2008 de l'USAFRICOM sur le plan militaire, dont l'aire de responsabilité est le continent africain, répond vraisemblablement à cette préoccupation de la part des géostratèges nord-américains.

[modifier] Politique de prépositionnement : Chine

Alors qu'elle exportait du pétrole, elle est devenue depuis 1992 importatrice nette, et sa consommation augmente de 15 % l'an depuis 2001. Elle est le deuxième consommateur mondial, et a donc des intérêts vitaux dans les régions productrices : elle a ainsi construit un oléoduc traversant son territoire jusqu'aux portes de l'Asie centrale, et investi de fortes sommes dans les nouveaux gisements d'Asie centrale, d'Iran et d'Afrique. Elle investit également en Amérique latine et surtout au Vénézuela.

Les Chinois ont également investi divers pays d'Afrique, qui jusque alors était dans la zone d'influence occidentale. Ils emploient les mêmes arguments de support au développement économique en échange de l'accès aux ressources pétrolières leur permettant d'assurer une croissance économique à deux chiffres.

Au Soudan, la Chine a beaucoup investi dans l'exploitation des champs pétroliers proches du Darfour. Elle a même participé indirectement au conflit au Darfour en fournissant du matériel militaire au forces gouvernementales, en dépit d'un embargo de l'ONU[20], contre les forces rebelles qui réclament une meilleure répartition des ressources pétrolières actuelles et de celles encore inexploitées. On notera simplement qu'un des principaux chefs rebelles a été reçu par le président américan en Juillet 2006[21].

La Chine mène enfin une campagne d'intimidation vis-à-vis de ses voisins en mer de Chine méridionale à propos de la souveraineté sur les îles Spratley ; ce conflit territorial dissimule des enjeux pétroliers, mais servent également à satisfaire la fierté nationale.

Techniques des guerres du désert (en).
Techniques des guerres du désert (en).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Citations

« Le pétrole brut est le domino maître ; s'il dégringole, tous les autres dominos tombent. »
    — M. Bakhtiari, ex-cadre de la société iranienne des pétroles.[22]

[modifier] Notes et références

  1. ces cinq figurent parmi les six (en) supermajors du marché énergétique.
  2. (en) Bakassi : source.
  3. Source de l'expression : Pentagon Papers.
  4. (en)From coal to oil
  5. Un emploi du gaz : alimentation de l'éclairage public des métropoles, par exemple.
  6. nationalisation du canal annoncée par Nasser : notamment, point de passage obligé pour l'approvisionnement de l'Europe.
  7. Hassi Messaoud (pétrole) et Hassi R'Mel (gaz), découverts en 1956.
  8. (en)les Sept Sœurs, qui contrôlaient la quasi-totalité du pétrole mondial en 1960
  9. Un réseau de stations de carburant du nord-est des États-Unis porte encore le nom de Gulf Oil.
  10. l'année 1970, précisément : fait qui, au passage, apporta de la valeur à la théorie de King Hubbert.
  11. Sans évoquer la théorie du complot nommée Surprise d'octobre, qui rejaillit sur un contexte de politique intérieure aux États-Unis.
  12. Vendredi 27 juillet 1990 : Suite aux demandes de l'Irak, l'OPEP décide, pour la première fois depuis décembre 1986, un relèvement du prix du baril de 18 à 21 US dollars. Ce qui représente pour l'Irak un gain annuel de 4 milliards US dollars, mais insuffisant au regard de ses besoins
  13. source.
  14. Gulf War : entre 1983 et 1990, l'Irak reçut 5 milliards de dollars sous forme de garanties de crédit à l'export du Département de l'Agriculture états-unien.
  15. April Glaspie, récente ambassadrice en Irak, fut convoquée par S. Hussein le 25 juillet 1990, pour l'en avertir ; la conversation fut un exemple historique d'incompréhension qui mena à une guerre.
  16. Attentats : la fatwa initiale de O. Ben Laden faisait état de l'occupation de la péninsule arabique, de l'agression contre l'Irak, du support à Israël.
  17. Source : groupe de réflexion lancé par Dick Cheney : (en) Energy Task Force (mars 2001).
  18. lire l'article en anglais Insurgency in Saudi Arabia.
  19. Source : DGEMP, MINEFI [1]
  20. Comme la Russie, la Chine détourne cet embargo en jouant sur les mots du texte de la résolutionNouvel Observateur du 17 mai 2007
  21. Site de la Maison Blanche
  22. Source : Terre de brut.
Siège de la Royal Dutch Shell, groupe pétrolier anglo-hollandais, à Londres ; il opère au Nigeria, sur des plate-formes offshore.
Siège de la Royal Dutch Shell, groupe pétrolier anglo-hollandais, à Londres ; il opère au Nigeria, sur des plate-formes offshore.

[modifier] Bibliographie et sources

  • Pierre Fontaine, La guerre froide du pétrole, éditions "je sers", 1956.
  • Anthony Sampson, The Seven Sisters: The Great Oil Companies and the World They Shaped, New York, Viking Press, 1975 ISBN 0-553-20449-1
  • Daniel Yergin, The Prize: The Epic Quest for Oil, Money, and Power, New York, Simon & Schuster, 1991.
  • Nico Perrone, Obiettivo Mattei. Petrolio, Stati Uniti e politica dell'ENI, Roma, Gamberetti, 1995 ISBN 88-7990-010-2
  • Philippe Lorec, "Pétrole irakien, un enjeu international", dans "Irak, un an après", revue Maghreb-Machrek, N° 180, été 2004.
  • "Les hydrocarbures dans les Amériques, les nouvelles règles du jeu", Problèmes d'Amérique latine, N°57/58, Été/Automne 2005
  • "Les guerres du pétrole", Géoéconomie, revue de l'Institut Choiseul pour la politique internationale et la géoéconomie, N° 38, été 2006.
  • "Énergies : quel futur ?", Géopolitique, revue de l’Institut international de géopolitique, N° 93, janvier 2006.
  • Christophe-Alexandre Paillard, Pierre Zelenko (dir.) Géopolitique du pétrole, Technip, 2006.
  • Philippe Sébille-Lopez, Géopolitique du pétrole, Armand Colin, 2006.

[modifier] Liens internes

Institutions travaillant le thème
  • Géopolitique
    • Géopolitique du pétrole
    • Théories sur l'impérialisme pétrolier (en)
    • Géostratégie de la Russie
    • Le Grand Jeu : rivalité anglo-russe portant sur l'Iran des Kadjars et l'Afghanistan au XIXe siècle
    • Nouveau Grand Jeu (en) : rivalité des puissances portant sur les ex-républiques soviétiques d'Asie centrale.

[modifier] Liens externes

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