Front de libération du Québec

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Le Front de libération du Québec (FLQ) était un groupe révolutionnaire québécois préconisant la séparation du Québec d'avec le Canada. Il a été fondé dans les années 1960 et était basé principalement à Montréal. Ce mouvement clandestin réclamait une insurrection d'inspiration marxiste, le renversement du gouvernement du Québec, l'émancipation des Québécois face au Canada et l'établissement d'une société de travailleurs.

Sommaire

[modifier] Présentation

Selon Gabriel Hudon, le FLQ est né d'un autre mouvement, les Réseaux de résistance[1]. Il raconte qu'il est entré en contact avec un groupe radical lors de son implication au sein du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN). Il a rencontré d'autres membres dans l'appartement d'un individu qu'il surnomme « X ». C'est là qu'il fait la connaissance de Raymond Villeneuve et de Georges Schoeters. Suite à la réception d'une lettre destinée aux membres du Réseau qui affirme : « si vous ne cessez pas vos activités, la police s'en chargera...[2] », Hudon, Villeneuve et Schoeters se retirent du mouvement pour fonder le Front de libération du Québec.

En 1963, les membres du FLQ s'organisèrent et furent entraînés sous l'égide de Georges Schoeters, révolutionnaire belge. Le 7 octobre 1963, Schoeters fut condamné à deux fois cinq ans de prison pour des crimes politiques.

La structure de l'organisation étant plus ou moins précise, le nombre de cellules n'a jamais été déterminé avec certitude Les observateurs ont identifié quelques cellules, telles la cellule Dieppe, la cellule Louis Riel, la cellule Nelson, la cellule Saint-Denis, la cellule d'information Viger, la cellule Libération et la cellule de financement Chénier. Les deux dernières furent impliquées dans ce qu'on appela la Crise d'octobre.

[modifier] La création du FLQ

Le Front de libération du Québec, mieux connu sous le nom de FLQ, a été fondé au début des années 1960 par des nationalistes du parti politique RIN (Rassemblement pour l'indépendance nationale). À cette époque, le contexte particulier du Québec donne plusieurs raisons à ce groupe de nature indépendantiste de faire son apparition dans le paysage politique de la province.

Pour se faire, les contextes sociaux, économiques et politiques seront mis en évidence. Puisque, en effet, au niveau social, les mauvaises conditions de travail des ouvriers canadiens-français, le déséquilibre entre les anglophones et les francophones, la hausse du taux de chômage, etc. sont au nombre des raisons qui ont forcé certaines catégories sociales, tant ouvriers, chauffeurs de taxi qu'intellectuels à se révolter. Puis, au niveau politique, la montée de la pensée souverainiste et la « Révolution tranquille » ont contribué à cette montée du FLQ. De plus, les situations politiques de quelques pays d'Europe et d'Afrique ayant acquis leur indépendance ont inspiré et donné espoir aux nationalistes québécois.

Il importe de rendre compte du contexte sociopolitique qui prévaut dans le Québec des années 1960 pour bien saisir ce qui a déterminé l'apparition d'un mouvement tel que le F.L.Q., au moment où le Québec se trouve en pleine "Révolution tranquille".

[modifier] Actions

De 1963 à 1970, le FLQ commit plusieurs actions terroristes à motivation politique dont le nombre n'a jamais été prouvé. Il y a eu des plasticages, des braquages de banque, causant au moins trois morts par bombes et deux morts par balle. En 1963, Gabriel Hudon et Raymond Villeneuve furent condamnés à 12 ans d'emprisonnement pour des crimes contre l'État après que leur bombe eut tué le sergent O'Neill, gardien d'un centre de recrutement des Forces armées canadiennes. À partir de 1970, 33 membres du FLQ étaient en prison, incluant quatre meurtriers condamnés. Les cibles du FLQ comprenaient notamment des entreprises anglophones, des banques, l'Université McGill ainsi que plusieurs résidences privées dans le riche quartier de Westmount, enclave anglophone au sein de la ville de Montréal.

En tant que groupe marxiste, le FLQ était aussi grandement opposé à la classe dominante des États-Unis. Une cellule du mouvement espérait même faire exploser la Statue de la Liberté mais fut appréhendée avant que cela ne se produise. Une théorie suggère que le groupe a été infiltré à plusieurs reprises par des agents dits provocateurs de la Gendarmerie Royale Canadienne (GRC). Selon cette théorie, des crimes auraient été commis par des policiers de la GRC sous le couvert du FLQ. Carole Deveault, Jean-Jacques Lanciault et François Fritz Séguin en sont des exemples selon Louis Fournier[3].

En 1966, un document secret de huit pages intitulé Stratégie révolutionnaire et le rôle de l'Avant-garde fut préparé par le FLQ et décrivait sa stratégie à long terme : vagues successives de vols, d'actes de violence, de plasticages et d'enlèvements, devant conduire à une insurrection et à la révolution.

[modifier] Crise d'Octobre

Icône de détail Article détaillé : Crise d'octobre.

Le 5 octobre 1970, les membres de la cellule Libération du FLQ enlevèrent James Richard Cross, le commissaire commercial britannique en visite au pays. Peu de temps après, le 10 octobre, la cellule Chénier enlève le vice-premier ministre et ministre du Travail québécois, Pierre Laporte, qui mourut, selon la version officielle et l'issue du procès pour meurtre, assassiné, ou selon la version des membres de la cellule Libération, de façon accidentelle après avoir tenté de s'enfuir en sautant par une fenêtre, le 17 octobre 1970.

  • Les membres de la cellule Libération :
  • Les membres de la cellule Chénier :

Après l'enlèvement de James Cross à sa maison de Westmount par les membres de la cellule de Libération, le FLQ diffusa une liste de demandes pour la libération de Cross :

  • la libération de 23 prisonniers politiques ;
  • 500 000 $ en or ;
  • la diffusion et la publication du manifeste du FLQ ;
  • la publication des noms des informateurs de la police pour les activités terroristes ;
  • un avion pour prendre les kidnappeurs vers Cuba ou l'Algérie ;
  • la cessation de toutes activités de recherche par la police ;
  • le réemploi de 400 ex-employés de l'entreprise Lapalme par Postes Canada à la suite de leur mise à pied.

La police finit par découvrir l'endroit où les kidnappeurs retenaient le diplomate. Sa libération fut négociée et le 3 décembre 1970, la requête de cinq des terroristes du passage sûr vers Cuba par le Gouvernement du Canada, après l'approbation de Fidel Castro, fut acceptée.

En juillet 1980, la police arrête et accuse six personnes en relation avec l'enlèvement de Cross. Nigel Barry Hamer, socialiste britannique radical et sympathisant du FLQ, plaide coupable et est condamné à 12 mois de prison.

Bien que les cinq terroristes qui voulaient se rendre à Cuba fussent exilés du Canada à vie, ils se retrouvèrent, quelques années plus tard, à Paris (France).

Les Cossette-Trudel plaidèrent coupable au jugement et furent condamnés à deux ans de prison pour leur part dans l'enlèvement. Ils furent libérés sur parole après huit mois de pénitencier.

Marc Carbonneau fut condamné à vingt mois de prison et trois ans de probation pour enlèvement, détention forcée, conspiration et extorsion.

Yves Langlois fut condamné à deux ans de prison moins un jour pour sa part dans l'enlèvement. Il fit dix mois.

Quatre semaines après que les kidnappeurs de James Cross aient été trouvés, Paul Rose et les kidnappeurs de Pierre Laporte furent retrouvés dans le coin du sous-sol d'une maison de campagne. Ils furent jugés et condamnés pour enlèvement et meurtre.

[modifier] Loi des mesures de guerre

Suite aux enlèvements, le Premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau a déployé les Forces canadiennes sous l'Acte des mesures de guerre, – lequel n'avait été utilisé que deux fois auparavant dans l'histoire du Canada, les deux en temps de guerre. La loi des mesures de guerre permit l'arrestation sans mandat de près de 457 personnes, dont Pauline Julien. La Crise d'Octobre fut la première crise politique de l'histoire du Québec. L'exécution de Pierre Laporte était seulement le deuxième assassinat politique dans l'histoire canadienne après l'assassinat en 1868 de Thomas D'Arcy McGee.

Les événements d'octobre 1970 occasionnèrent une certaine perte d'appui des moyens violents pour la promotion de l'indépendance du Québec. Néanmoins, le Parti québécois (parti souverainiste), fut élu en 1976 car sa politique portait celle-ci par des moyens démocratiques.

[modifier] L'après-FLQ

Les voies qu'empruntèrent deux des fondateurs du FLQ, Charles Gagnon et Pierre Vallières, à la « mort » du FLQ illustrent bien les tendances générales qui se profilaient. Les livres L'urgence de choisir et Pour un parti prolétarien qu'écrivirent respectivement Vallières et Gagnon résument bien les positions de ces deux leaders. Alors que Vallières embrassa la voie électoraliste, en joignant les rangs du PQ, Charles Gagnon s'engagea fermement dans la voie révolutionnaire en fondant le groupe marxiste-léniniste En lutte!. Dans les années 1970, peu d'anciens felquistes ou sympathisants felquistes suivirent Vallières qui d'ailleurs était assez isolé au PQ. Rejetant la « collaboration de classe », une bonne partie des ex-militants se joignirent au groupe de Gagnon, rejetant le « nationalisme bourgeois ». Cela les conduisit même à faire la promotion du boycott du premier référendum sur la souveraineté du Québec.

[modifier] L'après-Crise d'Octobre

Certaines activités revendicatrices furent l'œuvre de quelques membres isolés de l'organisation après les événements d'octobre 1970. En 2001, Rhéal Mathieu, un membre de la BAF (Brigade d'auto-défense du français) qui en 1967 avait été condamné à neuf ans de prison pour activités terroristes, fut condamné de nouveau pour avoir essayé d'incendier trois cafés-restaurants Second Cup à Montréal. Mathieu visait le plus grand revendeur de café spécialisé du Canada pour l'usage par la compagnie de sa marque anglaise Second Cup. Mathieu fut condamné à un mois de prison. Peu de temps après, sept restaurants McDonald's furent incendiés avec des cocktails Molotov. Après la couverture des médias sur les bombes incendiaires, les Second Cup du Québec changèrent leur insigne pour Les cafés Second Cup pour ensuite redevenir à leur nom original en 2007.

[modifier] Militants du FLQ

[modifier] Notes et références

  1. Gabriel Hudon, Ce n'est qu'un début. Ou la petite histoire des premiers pas du FLQ.
  2. Gabriel Hudon, op. cit., p. 56.
  3. Louis Fournier, FLQ. Histoire d'un mouvement clandestin.

[modifier] Article connexe

[modifier] Bibliographie

  • Éric Bédard, Chronique d'une insurrection appréhendée. La Crise d'octobre et le milieu universitaire, Septentrion, 1998
  • Normand Lester, Enquêtes sur les services secrets, aux Éditions de l'Homme, 1998
  • Léon Dion, La Révolution dérouté 1960-1976, Montréal, Boréal, 1998, 321 pages
  • Louis Fournier, FLQ : Histoire d’un mouvement clandestin, Outremont, Lanctôt, 1998. 533 pages
  • Bernard Dagenais, La crise d’octobre et les médias : le miroir à dix faces, VLB éditeur, Outremont, 1990. 217 p.
  • Marc Laurendeau, Les Québécois violents, Éditions du Boréal, 1990
  • Robert Comeau (dir), FLQ : un projet révolutionnaire. Lettres et écrits felquistes (1963-1982), Outremont, VLB & R. Comeau, D. Cooper et P. Vallières, 1990. 275 p.
  • Jean-François Cardin, Comprendre Octobre 1970. Le FLQ, la crise et le syndicalisme, Méridien, 1990
  • Germain Dion, Une Tornade de 60 jours: la crise d’octobre à la Chambre des communes, Hull, Éditions Asticou, 1985, 222 pages.
  • Luc Gosselin et Georges Paradis, État et violence: le terrorisme politique, une méthode d'opposition et d'affrontement, essai d'analyse, inédit, 1980
  • Louis Fournier, La police secrète au Québec, Éditions Québec-Amérique, 1978
  • Jean Paré, Le temps des otages (Le Québec entre parenthèses) 1970-1976, Montréal, Éditions Quinze, 1977, 269 pages.
  • Jean Provencher, La grande peur d’octobre 70, Montréal, Éditions de l'Aurore, 1974, 123 pages.
  • Jacques Lacoursière, Alarme citoyens!, Éditions La Presse, 1972
  • Gérard Pelletier, La crise d’octobre, Montréal, Éditions du jour, 1971, 268 pages.
  • Ron Hoggart et Aubrey Goldon, Octobre 1970 un an après, Éditions Hurtubise-HMH, 1971 (traduction de Rumours of War)
  • Dr Serge Mongeau, Kidnappé par la police, Éditions du Jour, 1970
  • Joseph Costisella, Peuple de la nuit, Éditions Chénier, 1965
  • Claude Savoie, La véritable histoire du FLQ, Éditions du Jour, 1963