Flora Tristan

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Flora Tristan
Flora Tristan, grand-mère de Gauguin
Flora Tristan, grand-mère de Gauguin
Nom Flora Tristan
Surnom La paria
Naissance 1803
à Paris, France
Décès 1844 (à 41 ans ans)
à Bordeaux, France
Nationalité France France
Profession femme de lettres
Occupation militante socialiste et féministe
Famille Père : Mariano de Tristàn y Moscoso
Mère : Anne-Pierre Laisnay
Petit-fils : Paul Gauguin

Flora Tristan y Moscoso, née à Paris le 7 avril 1803 et morte à Bordeaux le 14 novembre 1844, est une femme de lettres, militante socialiste et féministe française qui fut l’une des figures majeures du débat social dans les années 1840 et participa aux premiers pas de l’internationalisme.

D’origine franco-péruvienne, Flora Tristan prétendait descendre de Montézuma. Elle était la fille d’un noble péruvien, Mariano de Tristàn y Moscoso, et d’une petite bourgeoise parisienne émigrée en Espagne pendant la Révolution, Anne-Pierre Laisnay. Ses parents furent mariés en Espagne par un prêtre réfractaire, mais son père, de retour en France, ne prit jamais le temps de régulariser son mariage. Il mourut peu après leur retour à Paris ; et ce coup du sort fut le premier d’une existence dramatique : « Mon enfance heureuse s’acheva, à quatre ans, à la mort de mon Père. » (Pérégrinations d’une paria)

Flora et sa mère vont alors se débattre avec d’insurmontables difficultés financières qui vont précipiter, à 17 ans, le mariage de Flora avec un graveur en taille-douce, André Chazal. Riche, Chazal était surtout jaloux, médiocre et très violent. Tristan s’évade d’une vie quotidienne où la femme est considérée comme une mineure incapable par la lecture de Rousseau, Lamartine et surtout de Madame de Staël. Elle hait de plus en plus Chazal, son mari. L’échec est total, femme battue, humiliée, séquestrée, Flora réussira à le fuir, bien qu’enceinte de son troisième enfant. Malgré les menaces et les voies de fait de plus en plus graves, elle ne reprendra plus jamais la vie commune. En 1838, Chazal, qui la poursuit toujours, d’un coup de pistolet lui perfore le poumon gauche. Nous sommes à une époque où triomphe depuis la Restauration une forte réaction en matière de mœurs et le divorce est interdit depuis 1815 sauf pour des manquements graves et les juges n’accordent à Flora que « la séparation de corps » (alors qu’ils étaient déjà séparés depuis près de dix ans), mais lui refuse le divorce « faute d’éléments probants ». Aussi, pour le restant de sa vie, Flora se battra pour le divorce des femmes.

Elle retourne au Pérou, espérant se faire reconnaître par son grand-père, noble péruvien, mais il la traite de « bâtarde », de « paria » et la chasse de la maison familiale. C’est un nouvel et douloureux échec.

Sans perdre le moral, Flora affûte ses talents d’enquêtrice sociale avec la publication des Promenades dans Londres (1840) - où elle y fait l'éloge de Mary Wollstonecraft - et s’investit de la mission d’organiser les classes laborieuses.

Ouvrière dans les filatures, les imprimeries mais aussi femme de lettres, militante socialiste et féministe, elle fut l’une des figures majeures du débat social dans les années 1840, et participa aux premiers pas de l’internationalisme.

Pour répandre ses idées, Tristan s’est embarquée, en 1843, dans « un tour de France », le circuit traditionnel des apprentis-compagnons. Son journal, publié posthumement, trace ses rencontres avec les femmes et les hommes ouvriers à travers la France. Tristan n’a jamais achevé son voyage. Elle est morte prématurément de la fièvre typhoïde en 1844 à Bordeaux. Elle est enterrée au cimetière de la Chartreuse à Bordeaux.

« Aristocrate déchue, Femme socialiste et Ouvrière féministe » comme elle aimait à se désigner, son ouvrage majeur sera publié après sa mort par Eliphas Lévi sous le titre L’Émancipation de la Femme ou Le Testament de la Paria.

[modifier] Citation

  • Pérégrinations d’une paria, Extrait de l’avant-propos : « Ma mère est Française : pendant l’émigration elle épousa en Espagne un Péruvien ; des obstacles s’opposant à leur union, ils se marièrent clandestinement, et ce fut un prêtre français émigré qui fit la cérémonie du mariage dans la maison qu’occupait ma mère. J’avais quatre ans lorsque je perdis mon père à Paris. Nous revînmes à Paris, où ma mère m’obligea d’épouser un homme je ne pouvais ni aimer ni même estimer. À cette union je dois tous mes maux... »
  • « L’Affranchissement des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme. Elle est le prolétaire du prolétaire même. »

[modifier] Bibliographie

[modifier] Textes de Flora Tristan

  • 1835, Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères. Un écrit à la sensibilité utopiste dans lequel elle imagine les statuts d’une association destinée à fournir accueil et logement aux femmes seules...et spécialement à celles qui viennent de l’Étranger.
  • 1837 Pérégrinations d’une paria. Son échec pour se faire accepter par sa famille péruvienne. Édition numérisée à Gallica (Bibliothèque nationale de France). Autre version en ligne (en français après la première page).
  • 1840, Promenades dans Londres.
  • 1843, L’Union ouvrière. Un ouvrage très important : c’est un manifeste pour l’établissement d’une organisation internationale ouvrière dirigée par les classes laborieuses elles-mêmes et où les femmes auraient leur juste place. Pour répandre cette idée, Tristan s’est embarquée sur un tour de France, le circuit traditionnel des apprentis compagnons. Édition numérisée à Gallica (Bibliothèque nationale de France). Réédition de 1986 numérisée à Gallica, éditions des Femmes, suivie de lettres de Flora Tristan ; éd. préparée par Daniel Armogathe et Jacques Grandjonc -
  • Le Tour de France. Journal 1843-44, publié à titre posthume, nelle éd., Paris, La Découverte, 1980, 2 vol. Retrace ses rencontres avec des ouvriers femmes et hommes, mais aussi avec toutes sortes de gens simples à travers toute la France. Édition numérisée de l'original à Gallica (Bibliothèque nationale de France).

[modifier] Études sur Flora Tristan

  • Dominique Desanti, Flora Tristan, réédition en 10/18
  • Evelyne Bloch-Dano, Flora Tristan La Femme-messie, Grasset, 2001.
  • Stéphane Michaud, Flora Tristan : La paria et son rêve, Sorbonne nouvelle, 2003, établissant une importante partie de sa correspondance.
  • De Flora Tristan à nos jours : l’émancipation en marche, Colloque du bicentenaire de la naissance de Flora Tristan, Bordeaux, 13 novembre 2003 : (1) « De la Paria à la Femme-messie », introduction sur la vie de Flora Tristan par Evelyne Bloch-Dano. (2) « Flora Tristan une singularité dans le XIXe siècle des « Utopistes » par Michèle Riot-Sarcey, historienne, professeure à l’Université Paris 8. (3) « Un maillon fort de l’émancipation et de l’égalité d’hier à aujourd’hui » par Stéphane Michaud, professeur de littérature comparée à la Sorbonne.
  • Máire Cross, The feminism of Flora Tristan, Berg, Oxford, 1992 (ISBN 0-85496-731-1)
  • Leo Gerhard. Flora Tristan : la révolte d’une paria, Les éditions de l’Atelier, 1994, pp.112-135 (ISBN 2-7082-3059-X)

[modifier] Romans

  • Le Paradis - un peu plus loin de Mario Vargas Llosa : ce roman raconte en parallèle la vie de Flora Tristan et celle de Paul Gauguin, son petit-fils. Même si c’est une œuvre de fiction, ce livre donne une image intéressante de Flora Tristan

[modifier] Notes et anecdotes

  • Loin de s’estomper, Flora Tristan semble peu à peu faire l’objet d’un véritable culte à travers le monde. Écrivain, ouvrière militante, fille rejetée, mère battue, elle semble avoir vécu et couvert toutes les facettes de la condition féminine dans ce qu’elle a de plus vrai mais aussi de plus dur. Parfois occultée par ses camarades masculins (Karl Marx, qu’elle n’a pas connu mais qui la cite dans La sainte famille, Proudhon, qu’elle a personnellement connu), elle apparaît aujourd’hui, de plus en plus, comme une figure majeure des luttes de la classe ouvrière et pour la condition féminine partout dans le monde. Flora a toujours revendiqué ces deux aspects de sa personnalité. Ainsi, la principale organisation pour la promotion féminine du Pérou se nomme Centro de la Mujer Peruana Flora Tristán et revendique « 25 años trabajando por los derechos de las mujeres » (25 ans de travail pour le droit des femmes). De par le monde, les centres, lycées, clubs... baptisés de son nom sont toujours plus nombreux.
  • Amie d’Eliphas Lévi et grand-mère du peintre Paul Gauguin.
  • La quinzième promotion de conservateurs de l’ENSSIB (DCB 15) porte son nom.
  • Citations :
« Traitée de paria par le monde entier, Flora Tristan accepte ce nom et s’en fait un titre... Se sentant investie d’une mission quasi-divine, elle se nommait elle-même (un peu par dérision) « la Messiah (le Messie) des Femmes ». » Eléonore Blanc, 1845.
« Il n’est peut-être pas de destinée féminine qui, au firmament de l’esprit, laisse un sillage aussi long et aussi lumineux. » André Breton
  • Une rumeur prétend qu’elle serait aussi la fille de Simon Bolivar qui était un ami de son père lors de ses séjours parisiens. Cette rumeur a été relayée par Flora Tristan elle-même sans que rien ne vienne l’étayer.
s:Accueil

Wikisource propose un ou plusieurs textes écrits par Flora Tristan.

  • Les tours de la Cité du Coq de Jemappes (Mons) portent le nom de Flora Tristan et d'Elsa Triolet.

[modifier] Lien externe

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