Film pornographique

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Photographies d'un film érotique autrichien, vers 1906, par le photographe Johann Schwarzer.
Photographies d'un film érotique autrichien, vers 1906, par le photographe Johann Schwarzer.

Un film pornographique, aussi appelé film X est un film contenant des scènes où l'acte sexuel humain est explicitement et délibérément montré dans le but d'exciter le spectateur.

Sommaire

[modifier] Le X en France

Pour le cinéma français, de tels films ont longtemps été soumis à la censure. Aujourd'hui, la classification X est simplement adoptée volontairement par les producteurs de certains films. Toutefois, certains films peuvent être interdits aux moins de 18 ans. Les interdictions d'un film à certains publics sont réalisées par la commission d'exploitation dépendant du ministère de la Culture et peuvent avoir des conséquences importantes sur la viabilité économique du film. L'appellation X viendrait du fait que l'on barrait autrefois de croix les affiches des films censurés. Elle est devenue une convention internationale.

À l'heure actuelle cependant il n'existe plus de films pornographiques au sens strict du terme. Toutes les prises de vues sont effectuées en vidéo et l'exploitation se fait uniquement par la vente de celles-ci sous la forme de DVD, par la télévision et par internet, et non plus par exploitation en salle. Il subsiste néanmoins une salle dédiée au cinéma X dans la région de Reims, et une autre à Paris ("Le Beverley").

À ce titre, les films X ne sont plus soumis à la législation du cinéma, mais à celle du multimédia. Les seules obligations en sont donc le dépôt légal et d'en empêcher l'accès aux mineurs.

Les films pornographiques sont autorisés en France.

[modifier] Films autorisés à la distribution en France

Films autorisés à la vente et à la location:

  • Films hétérosexuels, professionnel ou amateur, avec scénarios
  • Films gay ou lesbiens, professionnel ou amateur, avec scénarios
  • Films transsexuels, professionnel ou amateur, avec scénarios

Ces catégories peuvent être déclinées chacune selon des pratiques sexuelles (fellation, sodomie, gang-bang, fist fucking, etc) ou encore des spécialités (fétichisme, sado-masochisme, gérontophilie, urophilie, etc).

Cependant de nombreux films sont multicritères, ainsi de nombreux films hétérosexuels incorporent des scènes homosexuelles mais uniquement féminine. Les films transexuels sont souvent catalogués comme films gay ou lesbien.

[modifier] Catégories spécifiques aux films gays

Dans les films gays, on note l'apparition de catégories retenues en France comme dans le monde entier, et notamment :

  • Minets (jeunes gens de plus de 18 ans)
  • Bears (hommes poilus et gros ou musclés)
  • Ethniques (noirs, asiatique, arabe, etc)
  • Musclés (studios états-uniens essentiellement)
  • Hard (fist fucking, sado-masochisme, urophilie, etc)
  • Uniformes (infirmières, militaires, policiers, pompiers, etc)

L'apparition de ces catégories permet une diffusion plus ciblée aux personnes concernées et donne à ces dernières la possibilité de trouver plus facilement les films correspondants à leurs goûts.

[modifier] Films autorisés à la télédiffusion

En France les films à caractère pornographique sont autorisés uniquement entre minuit et quatre heures du matin, sur des chaînes payantes (abonnement en double cryptage ou Pay per view) avec de nombreuses restrictions par rapport aux films autorisés à la vente et à la location.

  • Films autorisés sur chaîne à abonnement

Les films doivent avoir un scénario, lequel ne doit pas comporter de scènes de viol ou d'inceste. Ils ne peuvent pas se référer aux déclinaisons des pratiques ou des spécialités.

En pratique, les chaînes n'ont pas utilisé pleinement cette semi-liberté, ainsi l'homosexualité masculine avant l'apparition de la chaîne Pink tv était absente (hors événement exceptionnel type Gay pride ou le film mensuel de la chaîne XXL), quant à l'homosexualité féminine limitée à quelques scènes (exclusivement lesbiennes ou bisexuelles) dans un ensemble de scènes hétérosexuelles. Enfin, le choix des films privilégie les acteurs et actrices jeunes et en bonne santé (pas de handicap physique, actrice de moins de 35 ans, pas de femmes enceintes, ...).

  • Films autorisés en Pay-per-view

Tous les films autorisés à la vente, avec comme restriction l'absence de scène de viol ou d'inceste et les déclinaisons de spécialité.

[modifier] Films interdits en France

Le fait de réaliser, posséder ou distribuer un film de l'une des catégories suivantes constitue un délit pénal, pouvant aboutir à des peines de prison et d'amendes :

Les films contenant des scènes de zoophilie ne tombent plus sous les sanctions du Code pénal et sont distribués en France. Ne sont passibles de poursuites que ceux comprenant des « actes de barbarie » envers les animaux.

[modifier] Les scènes dites « classiques » des films pornographiques

En ce qui concerne les films hétérosexuels, longtemps et encore majoritairement réalisés par des hommes et pour des hommes, les films pornographiques véhiculent une conception tronquée des rapports sexuels, marquée par la séquence fellation, pénétration vaginale et très souvent ensuite anale, éjaculation hors du sexe de la femme, en général sur son visage, dans sa bouche (la femme peut alors avaler le sperme) ou sur les seins. Outre ces scènes, des scène de "genre" sont de plus en plus représentées, tels que la double pénétration, le gang bang, etc.

Les positions des acteurs pendant l'acte sexuel doivent donner aux spectateurs une visibilité maximale. Il y a ainsi de nombreux gros plans sur la bouche de la femme lors de la fellation, ou sur son sexe lors d'un cunnilingus. Pendant le coït, la caméra cadre en gros plan la pénétration, le visage de la femme qui prend du plaisir, parfois également (mais plus rarement, surtout lors de l'éjaculation) le visage de l'homme, et enfin le visage épanoui de la femme qui reçoit l'éjaculation.

Les scènes ont un rythme typé (fellation, pénétration, éjaculation) et sont généralement conçues pour durer un temps raisonnable qui coïnciderait idéalement avec la durée de la pratique de la masturbation par le spectateur.

Les dialogues sont généralement réduits au strict minimum, et se limitent souvent à des avances directes, des exclamations et des soupirs de plaisir. Cela peut s'expliquer par la réalité présentée. Il s'agit d'une réalité inversée dans laquelle l'acte sexuel prend une place très naturelle dans l'ensemble des rapports sociaux humains. En ce sens, la pornographie peut être rapprochée des Saturnales, fêtes d'esclaves à qui on donnait temporairement le droit de renverser les rapports sociaux. Les films pornographiques sont orientés de cette façon dans le but de ne jamais créer de frustration dans l'esprit de l'homme qui le regarde, mais d'en provoquer une libération imaginaire. Tout doit sembler simple et naturel au regard du fantasme de celui qui regarde.

Ceci pourrait conduire des spectateurs influençables et peu avertis, parmi les plus jeunes en particulier, à une vision exagérément machiste de la sexualité. Cette pratique a été récemment remise en cause par des producteurs comme Laetitia ou Lars von Trier, ou Marc Dorcel et Private qui proposent des films X mettant davantage les femmes en valeur.

[modifier] Pornographie dans les films non classés X

Quelques exemples connus:

  • L'un des tout premiers films non destiné à être diffusé dans le circuit du cinéma pornographique mais contenant des scènes explicites fut le film canadien L'Ange et la Femme (1978) - Scènes de fellation, de pénétration et d'éjaculation faciale avec Carole Laure et Lewis Furey.
  • Baise-moi de Virginie Despentes défraye la chronique lors de sa sortie en 2000 par le caractère complètement explicite de toutes les scènes sexuelles et violentes.


  • Caligula de Tinto Brass 1979 est un film traditionnel retraçant les quelques années du règne de Caligula césar de 37 à 41 après J.C. agremmenté de scènes pornographiques rajoutés au montage (pour une version longue de 3 heures) contre l'avis du réalisateur.

[modifier] Témoignages sur le milieu du X

Dans le documentaire suédois "Shocking Truth" (présenté au parlement suédois en 2000), un producteur de film pornographique suédois affirme à propos des actrices : « Ce sont très souvent d’anciennes victimes de viol ou d’inceste dans l’enfance.» [...] « Bien sûr, dans ces conditions, on peut se demander si elles choisissent ce métier librement ». Le même producteur, à propos des acteurs : « Les hommes ne doivent pas être émotifs pendant. Il ne faut pas, par exemple, qu’ils attendent une réponse de leur partenaire, qu’ils soient attentifs à leurs réactions. S’ils sont émotifs, ils ne peuvent pas vraiment faire ce travail. En fait, les hommes doivent pouvoir agir comme des machines. »

Dans le même documentaire un ancien commissaire qui a enquété sur de nombreuses prostituées et actrices du porno déclare : « J’ai connu des milliers de filles. En fait, j’ai plus l’impression d’avoir rempli une fonction de travailleur social. Ce ne sont pas les mêmes filles dans le porno et dans la prostitution. Mais elles ont les mêmes origines. Presque toutes ont été abusées dans l’enfance. »

Interview d'une actrice dans ce documentaire :

"- Si un inconnu vous mettait sa bite dans la bouche en pleine rue, ça vous dérangerait ?

- Vous croyez que je les connais bien, les hommes avec qui je viens de tourner ? Je ne les avais jamais rencontrés avant le tournage. Alors si un inconnu jouissait dans ma bouche, non, ça ne me dérangerait pas. Mais n’oubliez jamais que j’aime ça. J’adore le sexe, je suis une vraie pute et j’aime ça. »"

Deux autres actrices interviewées, le visage plein de sperme, entre deux scènes:

« Je sais que je suis une grosse pute. Mais je ne me rappelle plus quand ça a commencé » .

L'autre : « Peut-être… quand je me suis fait enculer par l’avocat de mon père. Enfin, je ne sais plus si c’était son avocat ou un de ses collègues. J’avais douze ans. »

Cependant ces témoignages doivent être remis en perspective. D'une part ils sont spécifiques sociologiquement d'une époque et d'un lieu donné, et il est difficile d'en recueillir suffisamment d'origines différentes pour avoir une vision globale.

D'autre part les personnes qui participent à des films pornographiques ou les réalisent considèrent qu'elles exercent une activité de spectacle, et donnent en général leurs témoignages dans un but de médiatisation, ce qui peut les fausser.

Enfin les témoignages peuvent être filtrés, soit de manière polémique pour favoriser les défenseurs ou les pourfendeurs de la pornographie, soit en fonction des relations ou des pressions qui peuvent exister dans ce milieu, qui n'est pas étanche aux autres activités des professions du sexe (voir Industrie du sexe).

Par exemple certaines actrices de films pornographiques ont exercé ou exercent parallèlement, notamment si elles ne font pas une grande carrière, une activité de strip teaseuse, ou même d'escort ou de "massage".

Ajoutons qu'il serait aussi possible de dresser une liste d'anciennes vedettes de films X qui assurent complètement leur passé dans cette activité (Brigitte Lahaie en France, La Cicciolina en Italie, Nina Hartley au Etats-Unis) ainsi que de personnalités qui n'ont fait qu'un bref passage dans ce milieu sans que cela ne leur pose de problème apparent (Catherine Ringer, du groupe Rita Mitsouko)

[modifier] Bareback contre rapports protégés

Les films pornographiques filment traditionnellement des rapports non protégés. Avec l'apparition du SIDA, l'usage du préservatif s'est répandu et les films pornographiques gays ont été les premiers à adopter majoritairement l'usage du préservatif. Toutefois, et jusqu'à maintenant, très peu de films pornographiques hétérosexuels ont adhéré à cette politique de préservation de la santé publique.

Avec l'apparition du relapse dans le milieu gay, phénomène se traduisant par l'abandon du préservatif dans les relations sexuelles car il est de plus en plus mal supporté, est apparue dans les films pornographiques une nouvelle catégorie de films dit "barebacks" (chevauchée sauvage) qui présentent des rapports sexuels entre hommes consentants non protégés. Ces films, libérant l'imaginaire de ceux qui les regardent qui les trouvent plus excitant, connaissent un grand succès et représentent maintenant plus de 25% du marché pornographique en France alors que pendant près de 20 ans ils n'étaient qu'une production très marginale.

Toutefois les associations de prévention et de lutte contre le SIDA ont jusqu'à ce jour toujours essayé de lutter contre ces productions, tentant même en vain de les faire interdire. Ce phénomène se répand de plus en plus et que les studios précisent que soit leurs acteurs sont tous séropositifs ou tous séronégatifs vérifiés (alors que, d'une part, il existe toujours un délai d'incubation de la maladie pendant laquelle la personne parait séronégative et que, d'autre part, la surinfection d'un individu seropositif par un partenaire seropositif complique la prise en charge médicale et réduit l'espérance de (sur)vie et mettent systématiquement en préambule de leur film un message d'avertissement sur les dangers du SIDA.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes