Fête de la Fédération

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Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 au Champ-de-Mars
Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 au Champ-de-Mars
Histoire de France

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Chronologie de la France

On désigne particulièrement sous le nom de Fête de la Fédération la fête qui fut célébrée au Champ-de- Mars de Paris, le 14 juillet 1790, premier anniversaire de la prise de la Bastille. On y vit réunis les députés des 83 départements, au nombre de 60 000. Louis XVI assista à cette fête, et y jura la Constitution.

L'enthousiasme y fut porté à son comble. Une seconde fédération eut lieu le 14 juillet 1792 ; mais l'union et l'entraînement qui avaient signalé la première avaient déjà fait place aux méfiances. Pendant les Cent-Jours (1815), on tenta de renouveler les anciennes fédérations à Paris et dans la Bretagne, mais sans aucun résultat.

Sommaire

[modifier] Présentation

À l’imitation des fédérations régionales de gardes nationales qui avaient commencé dans le Midi dès août 1789 et s’étaient étendues à toute la France, La Fayette, commandant de la Garde nationale de Paris, fait organiser à Paris pour l’anniversaire de la prise de la Bastille une fête nationale de la Fédération.

[modifier] Fête de la réconciliation et de l’unité

En 1790, l’Assemblée voulut que cette première commémoration du 14 juillet 1789 soit la fête de la réconciliation et de l’unité de tous les Français.

[modifier] Aménagement du Champ-de-Mars

Dès le 1er juillet 1790, 1 200 ouvriers commencèrent les travaux de terrassement. Ils étaient nourris mais mal payés et, quand on leur reprochait leur lenteur, ils menaçaient de quitter le chantier. Il s’agissait de transformer le Champ-de-Mars en un vaste cirque, d’une capacité de 100 000 spectateurs, au centre duquel s’élevait l’autel de la Patrie. On fit appel à la bonne volonté des Parisiens. Ils répondirent en masse. Louis XVI vint de Saint-Cloud donner un coup de pioche, La Fayette, en manches de chemise travailla comme un ouvrier. Bientôt ce fut une fourmilière humaine, où les ouvriers du Faubourg Saint-Antoine côtoyaient les nobles, où les moines côtoyaient les bourgeois, où les courtisanes donnaient la main aux dames des beaux quartiers. Les charbonniers, les bouchers, les imprimeurs vinrent avec leurs bannières décorées de tricolore. On chantait gaiement le Ah! ça ira et autres couplets patriotiques. Les soldats se mêlaient aux gardes nationaux. On hébergeait les fédérés venus de la province ; ils étaient au moins 50 000.

[modifier] Fête de la Fédération

100 000 Parisiens au Champ-de-Mars
100 000 Parisiens au Champ-de-Mars

La Fête de la Fédération eut lieu le 14 juillet 1790, pendant la Révolution française, un an jour pour jour après la prise de la Bastille. Les fédérés défilèrent avec leurs tambours et leurs drapeaux ; ils étaient 100 000, y compris ceux de Paris. Les Parisiens prirent place sur les talus que l’on avait élevés autour de l’esplanade. Louis XVI arriva de Saint-Cloud et prit place dans le pavillon dressé devant l’École militaire. La participation de la foule fut immense, très enthousiaste, malgré le mauvais temps. La messe est célébrée par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d’Autun. La Fayette, en grand uniforme, arriva sur un cheval blanc et monta sur l’estrade. Louis XVI prêta serment à la Nation et à la loi, la multitude le répéta et l’on entonna un Te Deum , puis on se sépara au milieu des embrassements et des vivats dont beaucoup s’adressaient à Louis XVI. À l’étranger, dans plusieurs villes, notamment à Hambourg, on célébra l’anniversaire de la prise de la Bastille.

C’est le 6 juillet 1880 que le 14 juillet devint officiellement jour de la Fête nationale française, sur proposition du député Benjamin Raspail, en mémoire de la fête de la fédération.

[modifier] Postérité

L'historien Jules Michelet lui consacre deux longs chapitres de son Histoire de la Révolution française[1], contre un petit chapitre pour Edgar Quinet[2] et quelques pages pour Adolphe Thiers[3]

Plus récemment, Mona Ozouf consacre un chapitre entier à cette seule fête dans La fête révolutionnaire, 1789-1799[4].

La Fête de la Fédération a donné lieu à une importante iconographie. Hubert Robert, Charles Thévenin, François Louis Swebach-Desfontaines, Jean-François Janinet et Jacques-François de Machy l'ont représentée.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, Paris, Chamerot, 1847, tome II, livre III, chapitre XI : « De la religion nouvelle. Fédérations (juillet 89-juillet 90) » et chapitre XII : « De la religion nouvelle. Fédération générale (14 juillet 1790) », p. 161-195.
  2. Edgar Quinet, La Révolution, Paris, A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, 1866, tome 1, livre sept : « Varennes », chapitre 1 : « Fédération », p. 251-253
  3. Adolphe Thiers, Histoire de la révolution française, Bruxelles, J. P. Meline, 1834, tome 1, chapitre V, p. 167-175
  4. Mona Ozouf, La fête révolutionnaire, 1789-1799, Paris, Gallimard, 1976, chapitre II : « La fête de la Fédération : le modèle et les réalités ».
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