Félix Dupanloup

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Félix Dupanloup
Évêque de l'Église catholique
Image de Félix Dupanloup
Mgr Félix Dupanloup
Évêque d'Orléans
titre
Évêque
Blason de Félix Dupanloup
Naissance 3 janvier 1802
Ordination
sacerdotale
18 décembre 1825
Consécration
épiscopale
9 décembre 1849 par l'Archevêque Marie-Dominique-Auguste Sibour
Évêque
Décès 11 octobre 1878
Archevêque · Évêque catholique
Archevêché français ·Évêché français · Diocèse catholique en France
données
Projet Catholicisme · instructions

Monseigneur Félix Antoine Philibert Dupanloup était un théologien enseignant, journaliste, prélat et homme politique français né le 3 janvier 1802 à Saint-Félix (Haute-Savoie) et mort le 11 octobre 1878 au château de La Combe-de-Lancey (Isère).

Sommaire

[modifier] Biographie

Félix Antoine Philibert Dupanloup est un enfant naturel. Son père, Jean-François Dupanloup est issu d'une famille bourgeoise originaire d'Evires dans le Genevois. Homme d’une certaine notabilité puisque Renan parle du « secret de sa naissance » que connaissait sans doute Mgr de Quélen, ainsi que des familles de la bourgeoisie annécienne « qui avaient veillé paternellement sur le jeune ecclésiastique, qui en avaient fait un homme bien élevé et qui l'avaient introduit dans leur monde fermé » ; en tout cas il semble avoir bénéficié très tôt de certaines protections, qui étaient dues peut-être à autre chose qu’à ses qualités. Il est élevé à Paris par sa mère, Anne Dechosal qui, à force de privations, parvient à l'envoyer au collège Sainte-Barbe. Choisissant la carrière ecclésiastique, il étudie la grammaire à la Petite Communauté, les humanités au séminaire préparatoire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, la philosophie au petit séminaire d’Issy et la théologie au grand séminaire de Saint Sulpice avant d'être ordonné prêtre le 18 décembre 1825.

En 1826, il est nommé vicaire de La Madeleine et ne tarde pas à établir une solide réputation de pédagogue. Il est chargé de l'éducation religieuse du duc de Bordeaux, puis des princes d'Orléans. En 1834, il est nommé curé de Saint-Roch et s'y fait une réputation d'orateur. C’est lui que choisit Mgr de Quélen pour obtenir sur son lit de mort la rétractation de Talleyrand. Renan décrit ainsi sa mission :

« Vers le mois d'avril 1838, M. De Talleyrand, en son hôtel de la rue saint-Florentin, sentant sa fin approcher, crut devoir aux conventions humaines un dernier mensonge et résolut de se réconcilier, pour les apparences, avec une Église dont la vérité, une fois reconnue par lui, le convainquait de sacrilège et d'opprobre. Il fallait, pour cette délicate opération, non un prêtre sérieux de la vieille école gallicane, qui aurait pu avoir l'idée de rétractations motivées, de réparations, de pénitence, non un jeune ultramontain de la nouvelle école, qui eût tout d'abord inspiré au vieillard une complète antipathie ; il fallait un prêtre mondain, lettré, aussi peu philosophe que possible, nullement théologien, ayant avec les anciennes classes ces relations d'origine et de société sans lesquelles l'évangile a peu d'accès en des cercles pour lesquels il n'a pas été fait. M. L'abbé Dupanloup, déjà connu par ses succès au catéchisme de l'Assomption, auprès d'un public plus exigeant en fait de jolies phrases qu'en fait de doctrine, était juste l'homme qu'il fallait pour participer innocemment à une collusion que les âmes faciles à se laisser toucher devaient pouvoir envisager comme un édifiant coup de la grâce. Ses relations avec madame la duchesse De Dino, et surtout avec sa fille, dont il avait fait l'éducation religieuse, sa parfaite entente avec M. De Quélen, les protections aristocratiques qui, dès le début de sa carrière, l'avaient entouré et l'avaient fait accepter dans tout le faubourg saint-Germain comme quelqu'un qui en est, le désignaient pour une œuvre de tact mondain plutôt que de théologie, où il fallait savoir duper à la fois le monde et le ciel. »

Il est ensuite chargé du séminaire préparatoire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, qui compte deux cents élèves. Il le réforme complètement ne laissant debout que les murs. Son intention était d’en faire un creuset où se mêleraient les jeunes garçons de familles riches et l’élite des élèves pauvres, signalés par des succès constants. Renan qui y fut élève écrit :

« La vieille maison de la rue Saint-Victor fut ainsi, pendant quelques années, la maison de France où il y eut le plus de noms historiques ou connus ; y obtenir une place pour un jeune homme était une grâce chèrement marchandée […] Pour une élite de la jeunesse cléricale, il espérait qu'il sortirait de ce mélange avec des jeunes gens du monde, soumis aux mêmes disciplines, une teinture et des habitudes plus distinguées que celles qui résultent de séminaires peuplés uniquement d'enfants pauvres et de fils de paysans. Le fait est qu'il réalisa sous ce rapport des prodiges. Composée de deux éléments en apparence inconciliables, la maison avait une parfaite unité. L'idée que le talent primait tout le reste étouffait les divisions, et, au bout de huit jours, le plus pauvre garçon débarqué de province, gauche, embarrassé, s'il faisait un bon thème ou quelques vers latins bien tournés, était l'objet de l'envie du petit millionnaire qui payait sa pension sans s'en douter. »

A partir de 1844, il est l'un des plus actifs défenseurs de la liberté de l'enseignement aux côtés de Charles de Montalembert. Pour mener ce combat, il quitte ses fonctions au séminaire en 1845 et l'archevêque de Paris, Mgr Affre, le nomme chanoine de Notre-Dame. En 1848, il fait partie de la commission extra-parlementaire présidée par Adolphe Thiers qui élabore le texte qui deviendra la loi Falloux du 15 mars 1850.

Nommé évêque d'Orléans en 1849, il œuvre notamment pour la reconnaissance des mérites religieux de Jeanne d'Arc, qui sera canonisée en 1920, 42 ans après la disparition du vrai initiateur de ses procès en béatification puis en canonisation. Il lui avait consacré un Panégyrique en 1855.

Il est élu à l'Académie française le 18 mai 1854 au 16e fauteuil, où il succède à Pierre-François Tissot. Il y devient le chef du parti religieux, s'opposant violemment en 1863 à la candidature d'Émile Littré, à qui il reproche son agnosticisme, et empêchant son élection. Il s'oppose de même aux candidatures de Taine et de Renan. En 1871, Littré est à nouveau candidat, mais cette fois il est élu, à la grande colère de Dupanloup, qui dans un premier temps annonce sa démission de l'Académie.

Il a de toute façon d'autres occasion de s'opposer à Littré, puisque tous deux viennent, la même année, d'être élus députés. Mgr Dupanloup est en effet élu député du Loiret le 8 février 1871 avant d'être l'un des 75 sénateurs inamovibles élus par l'Assemblée nationale le 18 décembre 1875.

Les anticléricaux s'inspirèrent de ce personnage pour créer la chanson Le Père Dupanloup[1].

[modifier] Bibliographie

  • 'Dupanloup, Félix, 1802-1878'

La Convention du 8 décembre par Mgr. l'évêque d'Orléans, de l'Académie française. Suivie d'une lettre au Journal des débats'', 28e éd., Paris, Charles Douniol, 1865, 160 p.

Etude sur la franc-maçonnerie par Mgr. l'évêque d'Orléans. 3e éd., Paris,Charles Douniol, 1875, 92 p.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

[modifier] Notes

  1. Les paroles de la chanson paillarde "Le Père DUPANLOUP"

[modifier] Articles connexes



Précédé par
Pierre-François Tissot
Fauteuil 16 de l’Académie française
1854-1878
Suivi par
Duc d'Audiffret-Pasquier
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