Expulsion d'Allemands après la Seconde Guerre mondiale

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L’expulsion d'Allemands après la Seconde Guerre mondiale désigne la fuite et la déportation massive de personnes considérées comme allemandes (tant Reichsdeutsche que Volksdeutsche) des régions d'Europe occupées par les Soviétiques, en 1945 et pendant les trois années qui ont suivi.

L'extermination des Juifs par les nazis, rendue publique à la même époque, a interdit jusqu'à récemment toute référence aux souffrances des Allemands expulsés et tués, y compris dans leur propre pays. Aujourd'hui, le rappel de certaines de ces catastrophes vécus par les Allemands à l'époque est parfois exploité par des groupuscules d'extrême-droite.

Expulsion des Sudetendeutsche après la guerre
Expulsion des Sudetendeutsche après la guerre

La première étape de cet événement, qui a coûté de nombreuses vies, fut l'évacuation des civils organisée par les Allemands eux-même de façon de plus en plus chaotique dans une grande partie du Reich. Par la suite, ceux qui étaient restés dans les régions occupées par les Soviétiques ont été déportés dans l'intention de créer des états ethniquement homogènes. Cette expulsion massive de minorités ethniques allemandes a été légalisée par la conférence de Potsdam de 1945, laquelle s'est contentée d'émettre le vœu platonique qu'elle s'opérât « d'une manière ordonnée et humaine ».

Dans l'atmosphère d'après-guerre caractérisée par le chaos, la famine, la maladie, la rigueur des hivers, le crime, les milices violentes et les meurtres gratuits, le nombre des victimes civiles allemandes a été considérable pendant toute la durée de l'évacuation et de l'expulsion. Les estimations varient selon les sources, mais on admet généralement qu'entre un et trois millions de civils allemands y ont perdu la vie. Selon des sources alliées publiées après 1990, la déportation d'Allemands ethniques a pu affecter jusqu'à seize millions et demi de personnes et a été la plus grande des diverses migrations du même genre organisées par les Alliés occidentaux victorieux et l'Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale. Cette période a été aussi marquée par la migration forcée et l'expulsion de millions des Polonais, de Moldaves de Roumains, de Kachoubes, d'Ukrainiens, de Hongrois et de Juifs dans toute l'Europe de l'Est et l'Union soviétique.

Les différentes nationalités sur le territoire polonais de l'entre-deux-guerres
Les différentes nationalités sur le territoire polonais de l'entre-deux-guerres

Les déportations des Allemands vivant à l'est de la nouvelle frontière germano-polonaise, la ligne Oder-Neisse, eurent lieux en grande partie dans les régions de l'ancien Empire Allemand : de Prusse-Orientale, de Poméranie, de Pomérélie, de la région de Neumark, de la Posnanie, de la Silésie, des Sudètes, mais aussi dans la totalité des pays d'Europe de l'Est et correspondant souvent à l'ancien empire Austro-Hongrois ; de la Roumanie (les Saxons de Transylvanie), de la Hongrie (Donauschwaben), de la Russie (les Allemands de la Volga), de la Pologne, des Pays baltes, de la Slovénie et de la Slovaquie. Parmi ceux qui ont émigré ou ont été expulsés, on compte à la fois des vrais citoyens allemands, dont certains avaient reçu la citoyenneté allemande pendant l'occupation nazie, d'autres simplement considérés comme des allemands ethniques ou des anciens collaborateurs, tels les Kachoubes et leurs proche parents les Slovinces, les Masuriens ou les Silésiens. Certains ont été persécutés à cause de leurs activités pendant la guerre, d'autres uniquement à cause de leur ethnicité allemande.

Une histoire terrible, celle du Wilhelm Gustloff, ancien paquebot de croisière réquisitionné par l’armée en septembre 1939. En janvier 1945, transportant plusieurs milliers de réfugiés de Prusse-Orientale fuyant la progression de l'Armée rouge, il est torpillé par un sous-marin de la marine soviétique le 30 janvier 1945. Selon des études récentes (Heinz Schön), son naufrage provoqua la mort d'au moins 5 300 personnes, une source allemande annonce le chiffre d'environ 9 343 personnes, selon d'autres sources, le nombre de victimes du Gustloff serait même de 12 000, ce qui en ferait la plus grande catastrophe maritime de tous les temps.

Plus d'un demi-siècle plus tard, les relations entre l'Allemagne unifiée et ses voisins de l'Europe de l'Est continuent à être gênées en raison d'une controverse âpre et émotionnelle concernant la légitimité des expulsions et les droits des expulsés (les Heimatvertriebene). Une grande partie de la controverse est entretenue par les revendications de certains groupes d'expulsés ou de leurs descendants qui exigent des excuses officielles, la révocation de décrets d'expulsion et la mise en accusation de leurs auteurs, ainsi qu'une indemnisation pour les biens confisqués. Cette controverse est compliquée par des désaccords sur la responsabilité des expulsions, leurs motivations et leur justification.

Bien qu'aucun organisme judiciaire international n'ait considéré cette question précise, toute déportation de population pourrait être considérée un crime contre l'humanité conformément à la loi internationale telle que la Cour criminelle internationale le fait aujourd'hui.

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