Eva Joly

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Eva Joly
Eva Joly

Eva Joly, de son nom de jeune fille Gro Eva Farseth, est une magistrate française d'origine norvégienne, en retraite[1] née le 5 décembre 1943 à Oslo (Norvège). Elle a instruit des dossiers politico-financiers français comme l'affaire Elf.

Sommaire

[modifier] Biographie

Du côté maternel, ses ancêtres étaient des producteurs de framboises. Sa famille paternelle était une lignée d'agriculteurs de montagne (cf. Joly, 2003).

Gro Farseth passe une partie de son enfance dans le quartier ouvrier de Grünerløkka (blanchisseries, boulangeries, meuneries, fabriques de voiles pour bateaux…), et en fréquente les écoles.

À 18 ans, elle quitte la Norvège avant d'exercer divers métiers : fille au pair, secrétaire chez Eddie Barclay, styliste de mode. Elle devient ensuite conseillère juridique de l'hôpital psychiatrique d'Étampes puis se marie avec Pascal, le fils aîné (cousin de Sylvie Joly) de la famille qui l'accueillait au pair, malgré l'opposition de ses futurs beaux-parents.

À 38 ans, elle fait son entrée dans la magistrature. En 1981, elle est nommée substitute du procureur de la République à Orléans. En 1989, elle est détachée au Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), organisme rattaché au Ministère des finances, qui épaule les entreprises en difficulté dans les zones sinistrées. Elle en devient la première secrétaire générale adjointe à ne pas sortir de l'ÉNA.

[modifier] Affaire Elf

Nommée en 1990 juge d'instruction au pôle financier au Palais de Justice de Paris, elle instruit des affaires connues, comme celle de Bernard Tapie, puis hérite du dossier Bidermann, qui conduit via Elf-Gabon à l'affaire Elf, qu'elle instruit avec Laurence Vichnievsky.

Le 5 juillet 1996, elle fait incarcérer le patron Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d'Elf et président en exercice de la SNCF.

Puis elle ouvre les dossiers de l'affaire des frégates de Taïwan et de l'affaire Dumas-Deviers-Joncour. Elle pousse à la démission le président[réf. nécessaire] du Conseil constitutionnel en 2000, qui sera condamné en 2001, puis relaxé en appel en 2003.

[modifier] Retour en Norvège

En 2002, elle se met en disponibilité de la magistrature pour devenir conseillère du gouvernement norvégien dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière internationale, déplorant au passage la complaisance en France avec les malversations financières. Elle explique son départ en Norvège comme un véritable exil pour se mettre à l'abri : « J'ai quitté la France. Je suis partie parce que je ne voulais laisser à personne les moyens et le temps de se venger. »[2]

Son nom a été choisi par la promotion 2007 de l'école nationale de la magistrature. Dénonçant toujours la soumission de la magistrature au pouvoir politique, elle a critiqué le projet de Nicolas Sarkozy de dépénaliser le droit des affaires[3].

À l'occasion de la convention sur l'Europe du Mouvement démocrate, le 8 juin 2008, elle n'exclut pas de porter les couleurs du parti démocrate lors des élections européennes de 2009[4].

[modifier] Publications

[modifier] Œuvres

[modifier] Articles de presse

[modifier] Manifeste

Elle est l'une des initiatrices de la Déclaration de Paris avec l'ancien procureur de Genève, Bernard Bertossa, le juge espagnol Baltasar Garzón, le juge italien Antonio Di Pietro, à l'origine de l'opération Mani pulite, ou le Chilien Juan Guzmán, qui a inculpé l'ancien dictateur Augusto Pinochet. Le texte de La Déclaration de Paris: [1]).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. [pdf] Arrêté du Journal officiel.
  2. Quatrième de couverture de "La force qui nous manque".
  3. Le Monde, 13 septembre 2007, page 11.
  4. Européennes: Eva Joly possible candidate, AFP, 8 juin 2008.

[modifier] Livres

  • Eva ou La justice est un roman, de Marie-France Etchegoin et Matthieu Aron, Éd. Robert Laffont
  • Notre affaire à tous, d'Eva Joly avec la collaboration de Laurent Beccaria,
  • Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, d'Eva Joly, Éd. Les Arènes
  • La force qui nous manque, d'Eva Joly, Éd. Les Arènes

[modifier] Films

En 2006, le cinéaste Claude Chabrol s'est inspiré de l'affaire Elf et de la vie d'Eva Joly pour son film L'Ivresse du pouvoir. Eva Joly a critiqué le film comme « un petit théâtre de mœurs, qui conforte chacun dans l'immobilisme », et souligné que dans la réalité, « des circuits financiers occultes d'une ampleur sans précédent en Europe ont été découverts. La justice a apporté la preuve de détournements massifs (jusqu'à 150 millions d'euros) par les dirigeants de la firme, en grande partie pour leur usage personnel. Elle a éclairé les citoyens sur les pratiques corruptrices entre les pays développés et ceux en voie de développement. »

Elle a estimé que le film réduisait l'enquête à « une suite de clichés » et regretté que Claude Chabrol ait selon elle violé l'intimité de sa vie privée, ajoutant lors de la promotion du film « des détails sordides et erronés sur [sa] vie personnelle » (Claude Chabrol a rétréci l'affaire Elf, Le Monde du 17 mars 2006).

[modifier] Articles de presse