Eurodif

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EURODIF Production
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Repères historiques
Création : 1973
Dates clés : Inauguration 1979
Personnages clés : Georges Besse
Fiche d’identité
Forme juridique : Societé Anonyme SA
Siège social : Eurodif SA Vélizy-Villacoublay
Activité(s) : Enrichissement d'uranium civil
Effectif : Environ 1000
Consultez la documentation du modèle

Eurodif, qui signifie European Gaseous Diffusion Uranium Enrichissement Consortium, est une usine d'enrichissement de l'uranium implantée dans le site nucléaire du Tricastin à Pierrelatte dans la Drôme, fondée par Georges Besse en 1973, inauguré en 1979 et exploitée par une filiale de Areva NC, Eurodif SA. Le site nucléaire du Tricastin comprend de nombreuses installations nucléaires dont les plus imposantes sont la centrale nucléaire EDF du Tricastin et l’usine Eurodif.

L'uranium enrichi produit par EURODIF Production est utilisé comme combustible par les centrales nucléaires françaises et de nombreuses centrales étrangères. L'uranium enrichi produit par Eurodif alimente environ 90 réacteurs à eau pressurisée, la filière nucléaire la plus largement répandue dans le monde, dont 58 réacteurs français. L'usine produit à elle seule 25% de la consommation mondiale d'uranium enrichi. Eurodif SA compte parmi ses clients EDF et plus de 30 compagnies d'électricité dans le monde avec pour principaux concurrents les États-Unis et la Russie.

Sommaire

[modifier] Histoire

EURODIF Production est une coentreprise fondée en 1973 par Georges Besse entre 5 pays : la France, la Belgique, l'Italie, l'Espagne et la Suède.

[modifier] Affaire Uranium enrichi Iranien

En 1975, la part suédoise de 10 % dans Eurodif était parvenue à l'Iran à la suite d'un accord franco-iranien. La société française nationalisée Cogéma et le gouvernement iranien ont alors fondé la Sofidif (Société franco–iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), possédant respectivement 60 % et 40 % des parts. En retour, la Sofidif a acquis une part de 25 % dans Eurodif, ce qui donnait à l'Iran sa part de 10 % dans Eurodif. Reza Shah Pahlavi a prêté un milliard de dollars US (et encore 180 millions de US$ en 1977) pour la construction de l'usine Eurodif, afin d'avoir le droit d'acheter 10 % de la production d'uranium enrichi du site[1]. Suite à la révolution islamique de 1979, l'Iran suspend ses paiements et réclame le remboursement du prêt en faisant pression sur la France.

En avril 1979, le premier ministre Raymond Barre inaugure l'usine d'Eurodif. Dans le même temps, l'ayatollah Khomeiny rompt le contrat de fourniture de centrales nucléaires passé avec la France. Mais il confirme l’actionnariat dans Eurodif de l’Iran qui possède toujours 10 % des parts de cette usine. La France refuse de laisser l'Iran exercer son statut d'actionnaire d'Eurodif.

En 1981, après la mise en service de l'usine Eurodif, l'Iran réclame 10 % de la production d'uranium enrichi auquel ils ont contractuellement droit, ce que la France refuse. De 1981 à 1991, le régime des mollahs est soupçonné d'avoir perpétré plusieurs assassinats, prises d’otages et attentats meurtriers : probablement des centaines de Français ont payé de leur vie avant que la France et l’Iran ne règlent le contentieux Eurodif[2].

Le 17 novembre 1986, après plusieurs attentats meurtriers à Paris, et l'enlèvement de journalistes français (Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat, …) retenus en otage au Liban par des groupes liés à l'Iran, la France rembourse 330 millions de dollars, mais refuse de fournir toute livraison d'uranium enrichi. Le même jour se produit l'assassinat de Georges Besse, le fondateur d’Eurodif. En décembre 1987 a lieu un 2e versement officiel de 330 millions de dollars par la France à l'Iran.

Le 5 février 1987, Michel Baroin meurt dans un accident d'avion au départ de Brazzaville, accident supposé organisé par l'Iran, en connections avec les affaires Eurodif.[réf. souhaitée]

Le 6 mai 1988, entre les deux tours de l'élection présidentielle, les otages français sont libérés. Le Premier ministre Jacques Chirac assure dans un accord avec l'Iran des « garanties politiques sur l'octroi sans restrictions par le gouvernement français de licence d'exportation d'uranium enrichi » et le rétablissement du statut d'actionnaire de l'Iran dans Eurodif sous la condition du retour des derniers otages du Liban.

En septembre 1989, le président François Mitterrand confie à François Scheer la formalisation d'un accord définitif de règlement du contentieux franco-iranien. Finalement un accord est trouvé en 1991 : la France remboursa plus de 1,6 milliard de dollars. L’Iran est rétabli dans son statut d’actionnaire d’Eurodif via un consortium franco-iranien nommé Sofidif, avec le droit de prélever 10 % de l’uranium enrichi à des fins civiles.

De source diplomatique française, on indique que « l'Iran est bien membre d'Eurodif. Mais en l'absence de centrale nucléaire civile opérant en Iran, il n'y a pas de livraison d'uranium enrichi. »

[modifier] Fonctionnement actuel

L'usine, baptisée Georges Besse, du nom du fondateur d'EURODIF Production, fournit en uranium enrichi une quarantaine de producteurs d'électricité dans le monde, dont Électricité de France.

L'uranium naturel contient 0,7 % d'uranium 235. Actuellement, il est enrichi jusqu'à 5 % par un procédé de diffusion gazeuse utilisant l'hexafluorure d'uranium (UF6).

L'uranium est transformé sous forme gazeux (hexafluorure d'uranium) puis poussé par des compresseurs à travers une cascade de diffuseurs contenant des barrières de diffusion poreuses pour séparer les atomes d'uranium 235 des atomes d'uranium 238 plus lourds. Le processus est répété 1 400 fois pour produire de l'uranium enrichi utilisable dans les réacteurs nucléaires (3 à 5 % d'uranium fissile).

À cette fin, les compresseurs de l'usine d'enrichissement Eurodif (des moteurs électriques de plusieurs MegaWatts) consomment environ 17 TWh par an, or la centrale nucléaire de Tricastin produisant environ 25 TWh/an, on peut donc en déduire que les 2/3 de la production de la centrale de Tricastin, soit près de trois des quatre réacteurs, sont utilisés pour alimenter Eurodif, ce qui fait d'Areva le plus important client d'EDF.

Le transport du combustible aux centrales se fait par train. Un autre flux majeur de cette usine est l'arrivée de matière première sous forme d'hexafluorure d'uranium (UF6) de la filiale Comurhex du site par train également (Transport du combustible nucléaire).

L'eau chaude produite par l'usine possède une température plus élevée que celle produite par la centrale nucléaire. Ceci explique le fait qu'Eurodif n'a pas eu l'autorisation d'utiliser l'eau du Canal de Donzère-Mondragon (canal du Rhône) pour la refroidir. C'est pourquoi il y a deux tours de refroidissement sur le site. Celles-ci sont donc utilisées exclusivement par Eurodif. De plus, cette eau chaude permet d'alimenter la Ferme aux crocodiles, les bâtiments sportifs, les serres agricoles et 2500 logements de la ville de Pierrelatte.

[modifier] Projet d'Usine Georges Besse II d'enrichissement par centrifugation

Pour réduire la facture énergétique de l'enrichissement à Eurodif, Areva a pour projet d'abandonner le procédé d'enrichissement par diffusion gazeuse actuellement utilisé à l'usine Eurodif pour un procédé par centrifugation, dans le cadre de la création de l'usine Georges Besse II pour le début 2009. L'avantage de ce nouveau procédé par centrifugation est la moindre consommation d'énergie : 10 à 40 fois moins d'électricité que le procédé actuel par diffusion gazeuse[3]. Le projet a fait l'objet d'un débat public en Rhône-Alpes du 1er septembre au 22 octobre 2004, débat organisé par AREVA, le maître d'ouvrage du projet[4].

Areva financerait ce projet par un investissement de l'ordre de 3 milliards d'euros. Le calendrier prévisionnel, qui prévoit la première production de l'usine Georges Besse II au premier trimestre 2009, la prévoyait initialement fin 2007. Le projet a pris retard en raison des études de sûreté concernant le risque de sismicité, le risque de criticité et le risque de chute d'avion, qui ont été demandées par l'autorité de sûreté nucléaire (ASN).

La fin des opérations de démantèlement de l'usine actuelle " George Besse " est prévue pour fin 2020.

[modifier] Analyse de l'environnement

Chaque année, près de 21 000 analyses en laboratoire sont effectuées sur 9 500 échantillons prélevés dans le milieu naturel (air et végétaux, eaux de pluie, d'irrigation et de pompage, nappes phréatiques, végétaux etc) en 200 points géographiques répartis sur le site et dans son proche environnement. Les résultats de ces analyses sont rendus publics après calculs spécialisés et vérifications.

[modifier] Références

  1. Économie politique de l'industrie nucléaire iranienne, Nader Barzin, Thèse à l'EHESS, 2004
  2. Documentaire " La République atomique ", de David Carr-Brown et Dominique Lorentz, qui a été diffusé le 14 novembre 2001 sur Arte, et le livre Affaires atomiques, Dominique Lorentz, Les Arènes (ISBN 2-912485-22-3).
  3. M. Schneider et al., Research and Development Expenditure on Nuclear Issues in France : 1960-1996, WISE-Paris pour Energy Services, Lohmar, Allemagne, février 1998
  4. Page d'accueil

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

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