Espéranto et militantisme

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Sommaire

[modifier] L'espéranto et la construction européenne

Les élections européennes de juin 2004 ont vu l'apparition en France de la liste Europe - Démocratie - Espéranto organisée par Christian Garino qui n'avait pas pour vocation d'avoir des élus mais souhaitait ainsi faire connaître l'espéranto et proposer cette langue neutre comme une alternative à l'anglais, dont l'utilisation comme langue commune aurait favorisé les anglophones de naissance (English native speakers). Cette initiative était néanmoins controversée au sein des mouvements espérantistes car l'espéranto se veut être une langue apolitique et internationale (c'est-à-dire pas seulement européenne). La liste a reçu 25 259 voix, soit environ 0,15% des voix exprimées. Elle se structure désormais au niveau européen.[réf. souhaitée].

Christian Garino, membre de Europe - Démocratie - Espéranto, fut candidat aux présidentielles de 2007, avec son mouvement (rataché à Europe - Démocratie - Espéranto), Esperanto - Liberté, puis il a confondé avec Jérémy Bizet, Europe - Liberté, qui replace l'esperanto comme mesure phare de son projet.

[modifier] L'espéranto comme défense contre l'impérialisme linguistique

D'aucuns argumentent qu'apprendre une langue implique de se soumettre à la culture qui lui est liée[1] ; c'est aujourd'hui l'anglais qui est en ligne de mire, de par son emploi considérable dans les échanges internationaux. Cette utilisation de l'anglais s'est développée après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l'Europe de l’Ouest passa sous influence des États-Unis. Le besoin de créer artificiellement une langue auxiliaire commune semblait avant cette époque plus évident, car il n'existait pas vraiment d'alternative établie.

Parmi les arguments qui peuvent être exposés par les partisans d'une langue alternative à l'anglais pour les relations internationales, on peut énoncer les suivants :

  • L'utilisation de l'anglais dans les relations internationales favorise les anglophones de naissance dans le recrutement ; viennent ensuite les personnes qui auront eu la possibilité (financière entre autres) d'aller étudier dans un pays anglophone. L'Union européenne, qui dépense 1% de son budget dans la traduction de ses directives, traités ou séances dans ses vingt-trois langues officielles fait plus volontiers appel à des employés de langue maternelle anglaise[2].
  • L'anglais, comme toute langue étrangère, nécessite un apprentissage long et complexe, ce qui rend donc plus difficile sa maîtrise. Bien qu'en France, il soit généralement appris dès le collège, voire introduit dès le cours moyen, la maîtrise n'en est pas totalement acquise au baccalauréat.[3] L'accès à une éducation longue, à la culture mondialisée et à Internet n'est pas aussi évidente qu'on pourrait le croire.
  • Corrolaire, l'anglais est rarement utilisé correctement et fait place à des formes simplifiées comme le globish[4], appauvrissement dont risquerait de pâtir l'anglais même. Si, lors de voyages, un anglais simplifié peut s'avérer utile dans les aéroports, les hôtels, les taxis, ou les contextes professionnels techniques restreints, c'est-à-dire pour des tâches particulières, une maitrise plus complète est indispensable pour des conversations généralistes ("de tous les jours").
Icône de détail Articles connexes : franglais, denglish et spanglish.

Dès sa création, le but de l'espéranto a été d'être une langue auxiliaire neutre, facile à apprendre et n'appartenant à aucune puissance, afin de réduire le risque d'uniformisation culturelle, permettant à chaque peuple de conserver et développer l'usage de sa langue. Plutôt que de s'opposer à une langue dominante (maintenant l'anglais, mais alors le français) comme outil de communication international, l'espéranto est proposé comme alternative à tous les impérialismes linguistiques. L'espéranto ne s'étant pas développé comme l'anglais, il est difficile de savoir si plus de personnes dans le monde auraient pu l'utiliser comme outil de communication ou si son usage aurait permis plus de choses qu'un usage pratique ; il reste néanmoins le fait que cette langue n'appartient à personne et permet par là davantage d'égalité au départ.

Il faut noter que cette opposition anglais-espéranto pour le choix d'une langue internationale, n'est pas forcément teintée d'anti-américanisme. Elle est parfois motivée par une volonté de protéger l'anglais d'un appauvrissement. De plus, l'espéranto a eu l'occasion de devenir une langue de communication internationale, mais la France s'y opposa lorsque la proposition fut faite à la Société des Nations[6], pensant que le français serait encore pour longtemps la langue de la diplomatie.

Par ailleurs, les personnes apprenant l'espéranto développent en général un intérêt vaste pour les langues étrangères et diverses expériences ont montré la valeur propédeutique de l'espéranto, c'est-à-dire que l'apprentissage de l'espéranto facilite l'étude ultérieure d'autres langues.



[modifier] Annexes

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Robert Phillipson : Linguistic imperialism. Oxford university Press, 1992, ISBN 0194371468, English-Only Europe ?. Londono : Routledge. 2003, ISBN 041528807X et « L’anglais pour transformer l’univers des étudiants ».
  2. European jobs for English native speakers only
  3. Il est désormais presque obligatoire d'obtenir en France un score de 750 points sur 990 au test du TOEIC, pour valider un diplôme d'ingénieur, ce qui correspond au niveau « Opérationel de base ». En 2005, la moyenne nationale était de 692 points, tout en étant passé principalement par des étudiants ayant un haut niveau d'études. Les pays d'Europe ont des scores relativement hauts (en moyenne 688 en 2005), mais sont les pays qui passent le moins ce test. Toujours en 2005, la moyenne d'Asie hors Japon et Corée était de 530 points, et celle d'Amérique du Sud de 427 points (référence site News TOEIC : ici et ici). Il faut également noter que ce test est, à quelques exceptions près, passé par une très faible partie de la population, cette partie étant généralement composée d'étudiants visant un métier lié à l'international, ayant déjà effectué plusieurs années d'apprentissage, et pouvant payer ce test.
  4. Le Globish: pour ceux qui n'ont pas la bosse des langues...
  5. Globish ? Le choix de l’infériorité totale, Article et réactions sur Agoravox
  6. L’occasion manquée