Ernst Cassirer

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Ernst Cassirer né le 28 juillet 1874 à Breslau, Silésie (aujourd'hui Wrocław, Pologne) et mort le 13 avril 1945 à New York. Philosophe allemand, représentant d'une variété de néo-kantisme, courant fondé par Paul Natorp et Hermann Cohen, développé dans ce qu'on appelle aujourd'hui l'école de Marburg.

Sommaire

[modifier] Biographie

Fils d'un commerçant juif de Breslau, il fit des études en droit, littérature allemande et philosophie à l'université de Berlin et, à partir de 1896, à l'université de Marbourg. Il fut fortement influencé par Hermann Cohen et obtint en 1899 son doctorat avec une thèse sur Descartes.

De retour à Berlin, il soutint en 1906 sa thèse d'habilitation, ou thèse d'État, et reste à l'université pendant treize ans en tant qu'assistant. À partir de 1919 il occupa une chaire de philosophie à l'université de Hambourg.

Lors de la montée du national-socialisme et la prise du pouvoir en 1933, il dut quitter l'Allemagne en raison de ses origines juives, enseigna d'abord à Oxford, Angleterre (1933-35), puis à Göteborg, Suède (1935-41). Devenu citoyen suédois en 1939, il s'installa aux États-Unis à partir de 1941, où il travailla aux universités Yale (1941-44) et Columbia (1944-45).

[modifier] Philosophie

Cassirer partit de l'approfondissement de la théorie de la connaissance kantienne, telle qu'elle fut élaborée par le néo-kantisme. Il est d'usage de le considérer comme un membre de l'école de Marbourg. L'originalité de son œuvre, et les orientations qu'il prit en font un penseur original et non pas un simple néo-kantien. Sa plus grande originalité réside sans doute dans sa vision dynamique de la pensée humaine, tant dans sa composante historico-temporelle que constructiviste.

[modifier] L'esprit comme processus temporel de construction

En 1929, il prit part à un séminaire à Davos, resté célèbre de par la confrontation qui y eut lieu entre lui et Heidegger. Alors qu'Heidegger fondait une ontologie, en procédant à une relecture radicale de Kant (et en particulier de la première édition de la 'Critique de la Raison Pure', où l'imagination transcendantale se voit attribuer le rôle d'une faculté de synthèse, susceptible de pouvoir être considérée comme la "racine commune" de l'entendement et de la sensibilité, bref : de pouvoir être considérée comme le cœur du sujet), afin d'explorer l'en-deçà de la représentation. Cassirer ouvrait une voie visant à définir la manière dont le sujet construit sa représentation. En d'autres termes, leurs travaux ne sont pas strictement antagonistes car leurs directions n'étaient pas les mêmes.

Ce qui était en jeu, en revanche, était les orientations à donner à la philosophie du XXe siècle : explorer les fondements existentiels de l'être ou la façon dont la raison se construit et se développe ? Là réside la profonde originalité et l'intérêt de Cassirer. Il anticipe d'une certaine manière, les travaux de Piaget, des structuralistes et des cogniticiens modernes. En effet, il s'attache, dans sa philosophie, à comprendre et décrire comment l'homme construit ses représentations vers toujours plus d'objectivité et la science moderne. Le fil directeur est l'élaboration humaine de symboles, que ceux-ci soient mythiques, linguistiques, artistiques ou scientifiques. L'homme ne naît pas avec des représentations de type kantien, mais il se les construit. C'est là son principal apport à la théorie kantienne de la connaissance.

De ce point de vue, il peut être considéré comme l'un des précurseurs du constructivisme moderne et eut également une influence majeure sur Maurice Merleau-Ponty et en particulier son ouvrage "Phénoménologie de la perception".

[modifier] Le symbole comme fondateur de sens pour l'humain

Sa philosophie peut être qualifiée de philosophie de la culture. L'esprit humain produit des représentations dont on peut écrire l'histoire. Ces représentations constituent la culture humaine, formes objectives de l'esprit. Le langage, le mythe mais également les sciences sont des élaborations de l'esprit humain, qui lui permettent de mieux comprendre le monde et d'agir sur lui.

Celle-ci vise à unifier les différents aspects de l'esprit humain en définissant l'homme, à la suite de Wilhelm von Humboldt, comme un animal symbolique. Pour lui, l'esprit humain se développe par symbolisation toujours plus précise et sophistiquée. Il jeta les bases de sa philosophie dans un article de 1910 Forme et fonction, qu'il reprit et étoffa dans Philosophie des formes symboliques, son ouvrage majeur. Le symbole produit par l'esprit permet à l'être humain de toujours mieux connaître le monde qui l'entoure. Cette symbolisation part de la perception brute telle qu'elle est donnée par les sens, pour ensuite la structurer au moyen de concepts et idées toujours plus exactes. Ainsi, pour Cassirer, la science moderne constitue l'aboutissement du développement de l'esprit humain, tel que l'histoire de la connaissance et de la pensée le montrent. Pour lui, sans que cela soit explicitement exprimé, la science est le mode supérieur de connaissance.

Il résuma sa philosophie dans L'Essai sur l'homme, qui constitue la synthèse de sa vision de l'homme, plus accessible que sa Philosophie des formes symboliques.

Son dernier ouvrage tente d'analyser le phénomène de l'état nazi Le mythe de l'État. Pour ce faire, il propose une philosophie qui intègre un principe élémentaire de stratégie: "se mettre à étudier soigneusement l'origine, la structure et la technique des mythes politiques" contribuera à "regarder l'adversaire en face afin de savoir comment le combattre".

[modifier] Œuvre

Son principal et plus connu ouvrage est Philosophie des formes symboliques en 3 tomes :

  • T1 - Le langage (1923) ;
  • T2 - la pensée mythique(1925) ;
  • T3 - phénoménologie de la connaissance (1929).

Parmi ses autres ouvrages majeurs disponibles en français mentionnons :

  • Substance et fonction : Eléments pour une théorie du concept
  • Le problème de la connaissance dans la philosophie et la science des temps modernes
  • L'essai sur l'homme
  • Le problème Jean-Jacques Rousseau, (paru en allemand en 1932 dans Archiv für Geschichte der Philosophie
  • Theorie de la relativite d'Einstein, Presses Universitaires de France, Paris, 1991.
  • La philosophie des Lumières, Ed. Fayard, 1990, ISBN 2213026033
  • Individu et Cosmos (étude sur la philosophie de la Renaissance, et plus particulièrement sur Nicolas de Cues)

[modifier] Liens externes