Ernest Coyecque

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Ernest Coyecque est un bibliothécaire et archiviste français né le 15 août 1864 et mort le 15 janvier 1954.

Sommaire

[modifier] Études et premiers postes

Après des études secondaires au lycée Charlemagne, à Paris, il entre à l’École des chartes, dont il sort second en 1887, après avoir soutenu une thèse sur l’Hôtel-Dieu de Paris au Moyen Âge. Il est chargé de quelques missions avant d’être nommé aux Archives de la Seine et de la ville de Paris en 1889. Il y reconstitue et organise notamment l’état-civil parisien après les incendies de la Commune de Paris. Bien que relativement isolé dans son travail, sa réflexions théorique sur les archives et son réseau social lui permettent d’inspirer une proposition de loi de plusieurs députés, parmi lesquels Jaurès et Millerand, sur la réorganisation générale des services d'archives publics. Cette dernière n’a pas d’influence dans un premier temps mais c’est de cette proposition que sortent plusieurs grands textes importants : les loi du 11 mai 1921 sur les Archives départementales et le versement des administrations et du 14 mars 1928 sur le versement des archives notariales, ainsi que le décret du 21 juillet 1936 sur les versements des ministères.
Coyecque quitte les archives en 1913 pour passer à la Direction des bibliothèques de la ville de Paris, devenant inspecteur en 1916.

[modifier] Le bibliothécaire : une lutte pour la modernisation

Il entreprend la réformation du réseau des bibliothèques de la ville de Paris, cherchant à moderniser et à optimiser leur fonctionnement jusqu’à son départ en retraite en 1924. Cette entreprise se fonde sur une réflexion théorique, largement exposée dans les journaux professionnels de l’époque. Coyecque assigne aux bibliothèques des rôles très larges, qui visent à la fois au bien de l’individu et à celui de la société. Elles doivent être des lieux de savoir, d’instruction, de culture et de divertissement, servant à « la distraction de chacun, pour son instruction, sa formation physique, morale, professionnelle et civique ». D’où une grande exigence vis-à-vis des personnels qui – contrairement aux habitudes de l’époque – doivent être de véritables professionnels ayant reçu une formation pour être à la hauteur de leur tâche, celle de « guide du lecteur, directeur d’études, promoteur de vacations, professeur de lecture ».

Ernest Coyecque rédige des recommandations servant de base à la rédaction des catalogues des différentes bibliothèques de la ville de Paris, qui en étaient jusque là dépourvues. Il est l’auteur d’un projet de réforme des bibliothèques de la ville de Paris, qui a pour but de développer la lecture publique et passe par une meilleure répartition des salles de lecture et un meilleur choix de personnel. Il va jusqu’à suggérer la création d’un véritable corps de bibliothécaires, qui garantisse leur compétence et leur avancement.

Ses idées sont mises en pratique lors de la création, à son initiative, de la bibliothèque de la rue Fessart par le Comité américain pour les régions sinistrées. Cette bibliothèque modèle est donnée à la ville de Paris, à la condition expresse de mettre à disposition des professionnels qualifiés et formés.

[modifier] La fondation du Minutier central des notaires parisiens

Ernest Coyecque a eu une grande part à l’élaboration de la loi du 14 mars 1928 qui oblige les notaires du département de la Seine (Paris) à verser leurs archives aux Archives nationales et ceux des autres départements aux Archives départementales. Il insiste sur l’importance de tels documents pour l’histoire de l’art et l’histoire économique et sociale dans de très nombreux articles et combat avec énergie les résistances à l’ouverture et au versement de ces archives pendant près de trente ans. Une fois la loi votée, il est habilité par la direction des Archives et la Chambre des notaires à effectuer le transfert des archives de l’étude de chaque notaire aux AN. Il effectue un gros travail de classement, de récolement et de conditionnement de ces archives souvent conservées dans des caves ou des greniers. Il se trouve ainsi à l’origine du Minutier central des notaires parisiens des Archives nationales, source d’une extraordinaire richesse pour l’historien, du Moyen Âge à nos jours.

[modifier] L’érudit et l’historien

Parallèlement à sa carrière administrative, Ernest Coyecque n’a jamais renoncé à faire œuvre d’historien. Membre de nombreuses sociétés savantes, il est l’auteur de très nombreux travaux portant sur notamment sur l’histoire du livre et de l’édition au XVIe siècle, sur la ville de Paris et sur les archives notariales, récompensés à plusieurs reprises par l’Institut. Il est également l’auteur de catalogues de bibliothèque (Inventaire de la collection Anisson Duperron à la Bibliothèque nationale, collaboration à l’inventaire des manuscrits de la bibliothèque municipale de Chartres ou d’Amiens, etc.) et d’archives (arch. Doudeauville, arch. d’Ormesson, etc.) et de très nombreux articles dans des revues scientifiques.

[modifier] Œuvres (non exhaustif)

  • L’Hôtel-Dieu de Paris au Moyen Âge, Paris 1889-1891, 2 vol.
  • Cinq librairies françaises sous François Ier (1521-1529), Nogent-le-Rotrou, 1894
  • Les archives notariales de la Seine à l’hôtel de Lauzun, Paris, 1899
  • Inventaire de la collection Anisson Duperron à la Bibliothèque nationale, Paris, 1900, 2 vol.
  • Les catalogues des bibliothèques municipales de Paris. Introduction et cadre de classement, Paris, 1915.

Les papiers personnels d’Ernest Coyecque sont conservés aux Archives nationales sous la cote 162 AP 1 à 25. Il en existe un inventaire semi-analytique dactylographié par M.-Th. Labignette, 1959, 61 p.